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Brian Ah-Chuen : «Maurice saura rebondir malgré la liste noire de l’Union européenne»

ABC Banking Corporation fêtera ses 10 ans d’activités en décembre. Quelles sont les grandes étapes de l’aventure du groupe ABC dans le secteur bancaire au cours de la décennie ?

Fondée en 2010, ABC Banking Corporation puise son origine d’ABC Finance & Leasing, la seule société de crédit-bail de Maurice qui s’est transformée avec succès en une banque commerciale à part entière. Une année plus tard, la banque franchit un nouveau palier. Dans le cadre de sa stratégie de diversification et de développement, ABC Banking fait son entrée sur le Development and Enterprise Market (DEM), devenant la troisième banque du pays et aussi la deuxième société du Groupe ABC à être cotée en Bourse, après ABC Motors ; ouvrant ainsi son capital à des tiers, Mauriciens et étrangers. En 2017, ABC Banking devient la première banque mauricienne à s’implanter en territoire chinois, en ouvrant un bureau de représentation à Hong Kong. Durant la même année, fort de son partenariat avec UnionPay International, elle devient la première institution bancaire en Afrique à lancer la prestigieuse Diamond Card d’UnionPay, offrant ainsi à ses utilisateurs un accès exclusif à des privilèges et avantages.

En août 2018, elle étoffe son offre pour les clients fortunés en dévoilant son Private Banking Lounge, une étape symbolique et cruciale dans la stratégie à long terme de la banque qui vise non seulement à renforcer sa position sur le marché de niche du Private banking, mais aussi à réaffirmer son engagement continu auprès de cette clientèle de prestige. Cette année, en ligne avec son plan d’expansion, ABC Banking agrandit son espace bureau en relocalisant quelques départements dans ses nouveaux locaux à La Plantation House. Il est aussi important de souligner que la banque a démarré avec un portefeuille de dépôt de Rs 2 milliards et des actifs se chiffrant à Rs 2,7 milliards, héritage des activités d’ABC Finance and Leasing. Au 31 mars 2020, les dépôts de la banque ont atteint Rs 17 milliards tandis que ses actifs ont franchi le cap des Rs 20 milliards. Par ailleurs, nous finalisons en ce moment l’ouverture d’un deuxième bureau de représentation dans une juridiction connue et bien régulée.

Qu’est-ce que représente le pôle bancaire dans le chiffre d’affaires du groupe ?

Il m’est impossible de comparer les différents pôles du groupe de par la différence de leurs secteurs d’activités ainsi que leurs opérations. Toutefois, il est indéniable qu’ABC Banking a renforcé la présence du groupe sur le marché. Son adhésion a aussi permis la diversification des activités du groupe qui est déjà présent dans les secteurs de la distribution, de l’automobile et la logistique. J’aimerais préciser que la banque, de par la nature de ses opérations, est tenue d’opérer distinctement et indépendamment des activités des autres filiales du groupe. Cela n’est pas uniquement à cause des réglementations mais surtout du fait que la banque dispose d’un éventail élargi de clients incluant les épargnants.

À juin 2019, votre portefeuille de «Net loans and advances» s’établissait à Rs 7,6 milliards, une hausse de 26 % par rapport à Rs 6,1 milliards lors du précédent exercice ; alors que les revenus issus des intérêts nets (Net Interest) s’élevaient à Rs 482 millions (soit une hausse de 25 %). Qu’en estil de votre performance pour fin juin 2020 ?

Nous finalisons en ce moment les chiffres. Nous comptons les rendre publics prochainement. Néanmoins, nous avons certainement grandi davantage. Et cela se reflète déjà sur nos résultats de mars 2020 où nos actifs ont franchi la barre des Rs 20 milliards.

Pour les neuf mois clôturant le 31 mars 2020, ABC Banking a fait des provisions pour dépréciations de Rs 114 millions liées notamment aux créances douteuses dans les secteurs affectés par la pandémie. Vos commentaires ?

Nous sommes tous conscients qu’en période de crise, les provisions pour les créances douteuses vont augmenter en raison de la mise en application des recommandations de l’IFRS 9. Ces nouvelles mesures s’assureront que les banques disposent d’un juste montant de provisions même lorsque les expositions ne sont pas encore en défaut. L’IFRS 9 utilise d’ailleurs un modèle de pertes de crédit attendues. Le montant des provisions varie en fonction du portefeuille de la banque, mais aussi en se basant sur les facteurs macroéconomiques. En plus de constituer une grave menace pour la santé, la Covid-19 a interrompu la circulation des personnes et des biens dans tout le pays et dans le monde. Avec la restriction des activités commerciales et la fermeture de nos frontières, l’impact sur l’économie ne peut qu’être important. Il est probable que cela entraînera des niveaux élevés de prêts non performants. 

Néanmoins, le gouvernement et la Banque de Maurice ont rapidement pris diverses mesures pour soutenir l’économie, le secteur bancaire et, en fin de compte, la population. Ces plans ont été prolongés et nous espérons que cela donnera aux entreprises en difficulté le temps de se stabiliser pour éviter une détérioration de leur activité. S’agissant de l’impact sur les activités de la banque, je tiens à souligner que le taux de prêts non performants au 30 juin 2019 était de 0,9 %, parmi les plus bas du marché. En dépit de l’augmentation des provisions, le taux demeure toujours inférieur à la moyenne

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