Type to search

En couverture

Budget 2020-21 : reconstruire l’île Maurice d’après

Share
Budget 2020-21 : reconstruire l’île Maurice d’après | business-magazine.mu

Le Budget du 4 juin sera inédit : il répondra à des besoins immédiats et urgents d’un point de vue socio-économique. Alors que le pays lève les verrous du confinement, le constat est alarmant : une contraction qui pourrait atteindre jusqu’à 15 % du produit intérieur brut (PIB) – dixit le Gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam –, la perspective d’une progression de 150 % du taux de chômage pouvant déboucher sur une crise sociale, mais aussi une crise de la demande. Sans compter un creusement du déficit de la balance des paiements et de la dette publique.

Pour se dépêtrer de ce bourbier, l’État s’appuiera pleinement sur le levier monétaire pour financer la politique fiscale. Dans cette optique, il viendra de l’avant avec deux mesures exceptionnelles. Primo, la Banque de Maurice injectera jusqu’à $ 2 milliards (Rs 80 milliards) dans la Mauritius Investment Corporation, une structure ad hoc (Special purpose vehicle – SPV) qui participera au capital des moyennes et grandes entreprises, soit celles dont le chiffre d’affaires dépasse Rs 100 millions, à travers des actions ordinaires et des quasi fonds propres (obligations convertibles). Et secundo, elle effectuera un transfert de Rs 60 milliards au Trésor public en levant des fonds sur le marché financier local, notamment en rachetant l’excédent de liquidités dans le circuit bancaire en émettant des obligations.

À ce bazooka monétaire de Rs 140 milliards, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, pourra recourir aux Rs 7,7 milliards octroyées par la Banque africaine de développement, ainsi qu’aux Rs 11 milliards inutilisées lors du transfert du Special Reserve Fund dans le dernier Budget et qui sont toujours dans le Consolidated Fund. Quoique contesté, ce tour de passe-passe monétaire donne la latitude au Grand argentier de financer le Budget en abreuvant l’économie de cash tout en évitant de s’endetter davantage.

LA FACTURE DE LA COVID-19 INCONNUE

Commentant la décision de l’État d’utiliser à fond l’arme monétaire, le Country Senior Partner de PwC, Anthony Leung Shing, concède que même si le montant de Rs 140 milliards est énorme, il faut toutefois se rappeler «que la facture de Manisha Dookhony (Managing Director de Rwenzori Consulting) la Covid-19 reste inconnue. Les montants ne cessent d’augmenter et les gouvernements promettent des mesures quoi qu’il en coûte. Ma crainte, c’est qu’on gaspille l’argent en prenant plus de risques dans l’espoir que les cours se retournent en notre faveur. Il est impératif que tout investissement soit sujet à une ‘due diligence’ rigoureuse afin d’évaluer les risques sectoriels, opérationnels et commerciaux de ces entreprises. Le gouvernement doit définir une stratégie de sortie dès le départ».

De son côté, Manisha Dookhony, Managing Director de Rwenzori Consulting, soutient que les Rs 80 milliards de la Mauritius Investment Corporation ne feront pas partie de l’exercice budgétaire. «Ces réserves seront utilisées de façon non conventionnelle, à l’instar d’une mesure similaire mise en place par la Réserve fédérale. Ainsi, ces fonds seront dédiés à aider les entreprises de grande taille, importantes et viables sur le plan systémique à Maurice, qui sont en difficulté financière à cause de la pandémie de Covid-19. Ce seront des entreprises qui représentent une menace directe pour la stabilité financière. Si ces entreprises n’arrivent pas à honorer leurs obligations financières, cela aura un impact négatif sur le secteur bancaire. Les investissements se font aussi pour diminuer les risques de perte d’emplois», soutient-elle. Concernant le transfert de Rs 60 milliards vers le Consolidated Fund, Manisha Dookhony estime que c’est l’action appropriée dans la conjoncture actuelle d’autant plus qu’il y a amplement de liquidités sur le marché. 

Leave a Comment