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Clensy Appavoo : «La finance durable sera cruciale dans la lutte contre le changement climatique»

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Se protéger contre les aléas du changement climatique requiert la mobilisation de fonds colossaux. Ainsi, jusqu’en 2030, le pays devra affecter tous les ans 3,6 % de son pib à des projets d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. Mais compte tenu de notre marge de manœuvre limitée sur le plan budgétaire et de notre vulnérabilité face à une dette élevée, il nous faudra trouver des formules intelligentes pour lever des fonds.

La lutte contre le réchauffement climatique est le plus grand défi de ce siècle. Les récentes inondations meurtrières au Pakistan doivent nous servir de piqûre de rappel. Face à l’ampleur du désastre avec plus 1 300 morts recensés à ce jour et un tiers du pays inondé, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutterres, a dénoncé l’indifférence du monde face au changement climatique en parlant de «suicide collectif». De même, il a rappelé que le Groupe d’experts climatiques des Nations unies (Giec) a exposé les risques associés à un réchauffement de 1,5 degré qui déclencherait des points de non-retour climatique.

Étant un petit État insulaire, Maurice est particulièrement vulnérable à ce phénomène planétaire. Les risques, on les connaît, des cyclones de plus forte intensité, des inondations et crues soudaines, des glissements de terrain, des périodes de sécheresse prolongées, entre autres. Il faut agir vite et maintenant. Les autorités en sont pleinement conscientes et prévoient d’investir Rs 58 milliards d’ici à 2030. De son côté, dans un récent rapport sur le pays, le Fonds monétaire international (FMI) recommande que jusqu’en 2030, l’État affecte chaque année 3,6 % de son budget, contre 2 % actuellement, à des projets d’adaptation et d’atténuation au changement climatique.

Toutefois, selon certains experts en développement durable et changement climatique, le financement n’est qu’une partie de la solution pour rendre Maurice plus résilient face aux risques et effets que pose le dérèglement climatique.

Le continent africain émet moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et Maurice ne participe qu’à 0,01 % des gaz à effet de serre à l’échelle planétaire. Le pays ne demeure pas moins en première ligne des territoires menacés par le dérèglement climatique. Il figurait à la 51e place en matière des risques les plus élevés en matière des catastrophes du World Risk Report 2021. La volonté politique et un financement adéquat sont essentiels pour faire avancer les choses. Mais force est de constater qu’il y a un déficit de financement, notamment pour les solutions d’adaptation au changement climatique. Du reste, en s’appuyant sur la dernière version (2021) des Contributions déterminées au niveau national (CDN) de Maurice, le FMI rappelle que le pays a besoin de mobiliser une enveloppe de 6,5 milliards d’USD pour augmenter l’aptitude de ces territoires à faire face au changement climatique.

Ce montant fixé pour la période 2014-2015 suivant la signature de l’Accord de Paris, l’horizon pour la réduction promise d’émissions de gaz à effets de serre comprend 2 milliards d’USD pour les plans d’atténuation et 4,5 milliards d’USD pour les solutions d’adaptation. Ainsi, le montant du financement affiché par Maurice pour honorer ses engagements internationaux figure parmi les plus élevés formulé en termes de dollars auprès des petits États insulaires. L’Agence française de développement (AFD) a soutenu sous le programme Adapt’Action la mise à jour des CDN et l’élaboration du plan d’action2 de Maurice. Elle a également aidé le pays à chiffrer les mesures prioritaires, et pour la branche port-louisienne de l’AFD, l’enveloppe définie pour la lutte contre le changement climatique se justifie.

«La CDN révisée de Maurice a été soumise au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) le 5 octobre 2021, et effectivement estimé à 2 milliards d’USD la mobilisation de financements nécessaires pour des actions d’atténuation et à 4,5 milliards d’USD le montant à mobiliser pour des actions d’adaptation. L’évaluation des financements dédiés à l’adaptation est plus complexe que les financements consacrés à l’atténuation. Les défis sont nombreux et leur implication considérable pour l’ensemble des secteurs d’activité. Cela, que ce soit pour la hausse des températures, l’élévation du niveau de la mer – dont les dernières modélisations estiment qu’elle pourrait atteindre deux mètres d’ici la fin du siècle –, les cyclones dont l’intensité sera renforcée et dont la zone de passage se décalera vers le sud dans l’océan Indien, aux inondations et crues soudaines, aux glissements de terrain, aux précipitations, aux périodes de sécheresse prolongées qui se dessinent», explique-t-on à l’AFD. S’agissant de l’ampleur des enjeux, l’AFD précise qu’à +2°C de réchauffement, les dommages liés aux inondations en zones urbaines seraient en moyenne multipliés par deux par rapport à ceux de +1,5°C ; à +3°C, ces mêmes dommages seraient multipliés par quatre.

 

 

 

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