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Consommation la demande intérieure Peut-elle relancer la croissance ?

La consommation et l’investissement sont les deux principaux moteurs de croissance de l’économie mauricienne. À elle seule, la consommation compte pour environ 75 % de notre produit intérieur brut (PIB). Il va sans dire que la demande intérieure jouera un rôle clef dans la relance de l’économie.

Selon le directeur de Pluri-Conseil, Eric Ng, le mois de décembre sera vital pour de nombreux commerces. Grosso modo, cette période représente environ un tiers des revenus annuels cumulés des petites structures commerciales. Et environ 50 % de revenus supplémentaires, des recettes mensuellement générées pour les enseignes de grande distribution. C’est dire les bouleversements qu’un changement de paradigme, causé par les multiples retombées économiques de la pandémie de Covid- 19, apporte à la stabilité de cet écosystème.

Cela dit, le Mauricien vat- il mettre de l’argent de côté, notamment pour la prochaine rentrée scolaire ou va-t-il lâcher la bride après des mois de privation et de stress ? Pour Eric Ng, il est clair qu’en cette fin d’année, les dépenses des ménages ne seront pas similaires aux années précédentes. «Tout au plus, les consommations seront davantage en volume qu’en valeur.

Je pense que les gens seront plus prudents dans leurs dépenses en ce mois de décembre, et que le volume de consommation sera plus modéré. Entre ceux qui ont perdu leur emploi et ceux qui ont vu leurs salaires diminuer, la tendance pointe vers la modération dans la consommation des ménages», observe l’économiste.

Qu’en sera-t-il de l’utilisation du boni de fin d’année ? Est-ce qu’il constituera une incitation à la dépense ? Eric Ng donne son avis : «Revenu supplémentaire en ce mois de décembre, le boni de fin

d’année permet, en effet, aux ménages de stimuler la consommation en cette période. Cependant, en cette fin d’année, les Mauriciens auront plus tendance à économiser leur boni de fin d’année. Non dans des plans d’épargne ou d’investissement, puisque les consommateurs voudront garder à portée de main des liquidités pour des dépenses courantes, dont les fournitures scolaires pour la rentrée des classes».

La Managing Partner de Rwenzori Consulting, Manisha Dookhony, abonde dans le même sens. «Je ne pense pas que les gens vont tout dépenser. En tâtant le pouls autour de moi, je constate que les personnes préfèrent être prudentes, car on ne sait pas de quoi demain sera fait.

Ainsi, il y a pas mal qui mettent de l’argent de côté, surtout pour parer à d’éventuelles incertitudes», soutient-elle.

EFFET DÉVASTATEUR DU CONFINEMENT

Du point de vue des maisons de commerce, le confinement, qui s’est étendu de la mi-mars à fin mai, a un effet dévastateur. Ainsi, l’analyse du PIB trimestriel par dépenses en glissement annuel montre que la dépense totale de consommation finale en termes réels s’est contractée de 34,2 % au deuxième trimestre par rapport à la période correspondante en 2019. Les dépenses de consommation finale des ménages ont diminué de 42,2%. Analysant cette tendance, l’économiste Ali Mansoor fait remarquer que «lorsque le pouvoir d’achat diminue, les consommateurs sont contraints de réduire leur consommation ou de puiser dans leurs économies pour maintenir leur niveau de vie. À moins que de nouvelles opportunités d’exportation ne soient rapidement créées, il n’est ainsi pas durable de réduire l’épargne. Donc, finalement le niveau de vie connaîtra une baisse».

Toujours au deuxième trimestre, la dépense de consommation finale, qui comprend les dépenses de consommation des ménages et du gouvernement, s’est élevée à Rs 75,9 milliards, soit 90 % du PIB trimestriel aux prix du marché. Sur les 90 % du PIB trimestriel, la consommation finale des ménages représentait 64 %, soit Rs 53,8 milliards et celle du gouvernement 26 % soit 22,1 milliards. L’analyse des données trimestrielles montre la saisonnalité des dépenses de consommation des ménages, la consommation la plus élevée se produisant au cours du quatrième trimestre. À titre de comparaison, en 2019, on constate que les dépenses de consommation des ménages au quatrième trimestre ont représenté 28 % du total annuel contre 23 % au premier trimestre, 24 % au deuxième trimestre et 25 % au troisième trimestre.

«Le PIB est composé de la consommation, de l’investissement privé et public, des dépenses gouvernementales, des exportations, moins les importations.

Comme l’investissement privé est en berne, les exportations sont aussi impactées. Et nos importations deviennent plus chères. Il reste donc l’investissement public avec les chantiers qui sont déjà en cours et la consommation. Du coup, la consommation devient de plus en plus importante pour l’économie.

C’est bien pour cela que le gouvernement continue à soutenir les entreprises à travers le ‘Wage Assistance Scheme’ ou encore en mettant de l’avant une compensation salariale plus élevée que le taux d’inflation», observe Manisha Dookhony.

Ainsi, cette période de fin d’année est vitale pour le secteur de la consommation qui a été lourdement impacté par le confinement. Comme le rappelle Manisha Dookhony, l’activité économique est d’habitude très intense en fin d’année avec les fêtes. Il y a des entreprises qui font le plus gros de leur chiffre d’affaires en cette période et nous avons eu de la demande refoulée pendant toute cette période.

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