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Cop26 : réussir la transition vers une économie bas-carbone

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Alors que le réchauffement climatique s’accélère en raison de l’activité humaine, la Cop26 sera plus que jamais cruciale pour l’avenir de la planète. Si rien n’est fait pour endiguer l’élévation de la température mondiale, l’impact sur l’écosystème terrestre, l’économie et en termes de vies humaines pourrait être encore plus dévastateur que celui de la Covid-19 lors des décennies à venir. D’où l’urgence pour le concert des nations de prendre des mesures énergiques en guise de mesures d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. En tant que petit état insulaire en développement, maurice est particulièrement vulnérable aux aléas climatiques. Il s’agira de revoir notre modèle de développement et d’accélérer notre transition vers une économie verte.

Le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est alarmant. Le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil de +1,5°C autour de 2030, soit dix ans plus tôt que les estimations initiales. Les conséquences sont multiples : la fonte accélérée des glaces polaires et une montée des eaux, de même que la récurrence de catastrophes naturelles, comme les inondations et les cyclones.

Pour éviter une catastrophe planétaire, il faut coûte que coûte diminuer de manière drastique les émissions de gaz à effet de serre. Le dérèglement climatique menace tout le monde, surtout les petits États insulaires comme Maurice.

Le ton est donné pour la vingt-sixième session de la Conférence des Parties (COP26), qui se tient du 1er au 12 novembre à Glasgow et où Maurice sera notamment représenté par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano. Outre les dégâts irréversibles à notre écosystème, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences terribles sur l’économie mondiale. Ainsi, une étude publiée dans Nature Communications révèle que si les pays développés ne réduisent pas leurs émissions de gaz à effet de serre, l’impact économique pourrait se chiffrer entre 126 000 et 616 000 milliards de dollars. À l’inverse, l’économie mondiale pourrait gagner entre 336 000 et 422 000 milliards de dollars si les objectifs de réchauffement de 1,5°C ou 2°C sont tenus.

En marge de la COP26, Maurice a déjà revu ses engagements sous les Nationally-Defined Contributions en se fixant de nouveaux objectifs, soit de réduire les émissions locales de gaz à effet de serre de 40 % d’ici à 2030. À cette fin, 6,5 milliards de dollars seront nécessaires. De montant, 4,5 milliards de dollars seront utilisés à des fins d’adaptation, et 2 milliards de dollars à des fins d’atténuation. Le financement local, à hauteur de 2,3 milliards de dollars, devrait provenir du gouvernement et du secteur privé.

MAURICE RESTE FORTEMENT VULNÉRABLE

Selon le Dr Avinaash Munohur, politologue et Managing Partner d’Arthésias Ltée, ces engagements et ces propositions sont extrêmement importants pour Maurice car il est placé à la 16e place des pays les plus exposés aux risques et aux désastres du réchauffement climatique selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). «Les conséquences directes pour nous sont la montée des océans – avec le potentiel de destruction de nos lagons, de nos côtes et de nos littoraux – et l’insécurité alimentaire qui devrait s’accentuer sur les prochaines décennies». Pour le Dr Khalil Elahee, professeur en Energy Management, Maurice doit saisir le leadership des petits États insulaires, voire de l’African Group of Negotiators. «On doit défendre comme il se doit la cause d’une justice pour le climat, surtout avec la pandémie où encore une fois nos pays sont les plus défavorisés», soutient-il.

\Malgré la pandémie, la conférence est très attendue avec de nombreux dirigeants, militants et scientifiques. Ce que l’on peut espérer, comme le souligne le Dr Avinaash Munohur, c’est la reconnaissance de la responsabilité des pays qui sont les plus gros pollueurs envers ceux qui polluent drastiquement moins, mais qui se trouvent en première ligne des effets néfastes du réchauffement climatiques, comme Maurice et bien d’autres pays insulaires. En deuxième lieu, il faut des propositions qui aillent dans le sens des programmes de développement économiques et sociaux qui intègrent entièrement les impératifs de l’urgence climatique et qui permettent de faire évoluer le modèle de développement, les infrastructures énergétiques, les dispositifs de sécurité civile et le mode de gouvernance.

«Nous savons, par exemple, qu’il y a un corrélat direct entre le réchauffement climatique et l’accroissement des inégalités sociales, des inégalités économiques, des inégalités des genres ou encore des inégalités des chances, d’accès à une alimentation saine, d’accès à l’eau potable, entre autres. Que proposeront les divers acteurs de la COP26, qui incluent non seulement les États mais les différentes institutions du multilatéralisme aussi, afin de nous permettre de combattre ces effets socio-économiques indésirables ?», se demande-t-il.

Pour sa part, le Dr Khalil Elahee explique que depuis la première conférence sur le climat à Berlin en 1995, il y a eu toujours une résistance à parler ouvertement de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.


UN GREEN NEW DEAL POUR LES ÉTATS INSULAIRES

Au vu de l’impact du changement climatique sur l’élévation de la température mondiale, le Dr Khalil Elahee estime qu’il faut agir ensemble et immédiatement. Le cadre global s’y prête et la menace de la crise énergétique mondiale comme de la pandémie sont des raisons de plus pour consolider la résilience de Maurice. «Nous n’avons aucune excuse car nous avons tant de sources renouvelables, sans oublier le potentiel immense du management de l’énergie, surtout avec l’efficacité énergétique», soutient-il.

Aux dires d’Avinaash Munohur, les intérêts du pays auraient été bien mieux servis si le gouvernement avait plutôt proposé un Green New Deal pour les États insulaires, positionnant par la même occasion Maurice comme le leader mondial de cette revendication. Il explique que ce Green New Deal insulaire aurait dû avancer un agenda de modernisation du modèle social du pays, des dispositifs pour la sécurité civile, pour la surveillance des côtes et des littoraux.

Concrètement, le Green New Deal doit englober une stratégie intégrée comprenant la conservation de nos océans, de nos lagons, de nos forêts, ainsi que la protection de la biodiversité et la régénération des chaînes trophiques de notre faune marine. De plus, estime-t-il, il doit surtout pousser une vision sur le long terme pour la transition énergétique, le développement océanique durable et la création d’une industrie agroalimentaire soutenable. C’est à partir de là que Maurice pourra permettre à son modèle de développement de s’orienter vers des objectifs comme le développement de l’écotourisme, l’augmentation de la sécurité alimentaire, vers l’accroissement de la résilience socio-économique, ou encore vers le développement de nouveaux secteurs d’activités porteurs de croissance verte et d’emplois.


Selon lui, le changement climatique n’était pas sérieusement adressé. «Le dernier rapport du GIEC nous rappelle que nous sommes plus que jamais en état d’urgence climatique. Y aura-t-il une transformation radicale après la COP26 ? Je crains que l’effervescence risque de ne pas trop durer. Dieu nous protège d’une crise énergétique globale qui n’est pas à écarter en 2022 avec les premiers soubresauts ressentis maintenant», lance-t-il.

Le combat contre le dérèglement climatique peut être un important vecteur d’affaires. Pour le Dr Avinaash Munohur, il existe un lien philosophique, voire idéologique entre la logique du PIB et le réchauffement climatique. «Il faut dépenser de l’énergie pour créer de la croissance et plus nous créons de la croissance, plus nos besoins en énergies s’accroissent. C’est un cercle vicieux. C’est dans cet interstice que les énergies décarbonées et renouvelables peuvent venir changer la donne, puisque – dans l’idéal – elles permettent de soutenir une activité économique qui a un besoin constant en énergies, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre», observe-t-il.

Si Maurice ne produit que 0,01 % des émissions de gaz à effet de serre – donc, son impact carbone sur la planète est quasiment nul. Il n’empêche qu’il doit participer à la lutte mondiale contre le changement climatique. Dans le même temps, il s’agira pour le pays d’accélérer sa transition climatique en prônant un nouveau modèle de développement plus durable. Réussir la transition vers une économie bas-carbone permettra notamment d’élargir la base industrielle et de générer de nouvelles sources de richesse.

Comme le rappelle le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, l’énergie renouvelable est perçue comme un des outils clés pour soutenir la relance économique globale post-Covid-19 par des organisations internationales comme l’International Renewable Energy Agency (IRENA), l’Organisation de coopération et de développement économiques et la Banque mondiale. D’ailleurs, l’IRENA estime que la transformation des systèmes énergétiques basés sur les énergies renouvelables pourrait augmenter le PIB mondial de 98 000 milliards de dollars d’ici à 2050 et créer 63 millions de nouveaux emplois dans le monde dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

VERS UNE AUGMENTATION DU PRIX DES ÉNERGIES

DR KHALIL ELAHEE (PROFESSEUR EN ENERGY MANAGEMENT)

D’un point de vue commercial, la transition vers les énergies renouvelables permettra de réduire la dépendance de Maurice des importations en énergies, ce qui peut se révéler extrêmement dangereux dans l’hypothèse d’une multiplication des disruptions mondiales. La conséquence directe est une augmentation exponentielle du prix des énergies, avec des conséquences dramatiques pour les entreprises et les industries. De ce fait, l’accroissement de la souveraineté énergétique de Maurice est un enjeu économique et politique majeur. Quelle est la solution ? Le Dr Avinaash Munohur formule ses propositions. «Il nous faut consolider les infrastructures énergétiques dont l’efficacité a été prouvée dans un premier temps – notamment pour notre ‘base load’–, tout en investissant dans des infrastructures et des dispositifs renouvelables et décarbonés afin de faire face aux pics énergétiques. C’est une transition que nous devons entamer et dont l’objectif sur le long terme se doit d’être l’indépendance énergétique de Maurice. Nous savons que cela prendra des décennies, mais ça doit être notre horizon», insiste-t-il.

Même son de cloche du côté du Dr Khalil Elahee. Il souligne que tout doit s’accélérer aux niveaux local et régional. Selon lui, même s’il n’y a pas de crise énergétique globale avec le prix du baril à plus de USD 100, la transition énergétique doit s’accélérer. Il affirme qu’il ne suffit pas seulement que le gouvernement annonce un objectif de 60 % d’ici à 2030 pour l’élimination du charbon, mais aussi que le secteur privé ainsi que les petites entreprises, les coopératives, les consommateurs et la société civile jouent un rôle clé dans notre stratégie de bas-carbone. «Pour y parvenir, il faut des assises nationales des énergies renouvelables car il y a tant d’idées, de projets et d’intéressés sans mentionner tous les rapports qui dorment dans les tiroirs. C’est un leadership qui fait défaut», fait remarquer le Dr Avinaash Munohur. Et d’ajouter : «D’ici trois mois, il nous faut un plan d’action intégré pour le secteur énergétique, incluant le transport et le secteur de la construction et des infrastructures. Toutes les parties prenantes du secteur doivent être incluses. Il ne manque pas de directeurs de projets dans le public comme dans le privé pour ensuite assurer la mise en œuvre».



Enjeu climatique : ces entreprises qui font le pari de la transition énergétique

Alors que l’écologie est devenue un sujet de préoccupation majeure, les compagnies locales s’impliquent davantage dans le développement durable. Il s’agit non seulement d’une question de responsabilité sociétale, mais aussi d’un changement de culture dans les organisations.

La sonnette d’alarme est tirée. À quelques jours de la COP26, les entreprises le savent : il n’est plus question de tergiverser ; il faut des actes. Ainsi, la position sur le changement climatique exige des innovations régulières et des objectifs plus ambitieux. Il s’agit ni plus ni moins d’avancer progressivement dans un mouvement de transition. Des actions sont mises en œuvre. En ce sens, Alteo est l’un des pionniers en matière de production d’énergie verte puisque le groupe utilise la bagasse, un coproduit de la canne, dans sa centrale thermique depuis 1984. «Avec le temps, nous avons amélioré nos opérations et développé de nouvelles méthodologies qui nous permettent aujourd’hui d’assurer près de 60 % de la production annuelle de notre centrale thermique à base de bagasse et de paille de canne, soit 100 GWh sur un total de 170 GWh», affirme André Bonieux, le CEO. Cette énergie verte est non seulement fournie au réseau du Central Electricity Board (CEB), mais elle est aussi utilisée pour l’alimentation en électricité de la sucrerie à Union Flacq. À noter qu’en 2018, le groupe a également inauguré, en partenariat avec le groupe français Qair, une ferme photovoltaïque à Ernest Florent qui fournit 16 GWh par an au réseau du CEB.

INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE

Toute l’équipe d’Alteo travaille désormais sur de nouveaux projets de production d’électricité à partir de sources renouvelables, notamment un parc éolien et une nouvelle ferme solaire, toujours en partenariat avec Qair, et une centrale thermique 100 % biomasse pour remplacer l’unité d’Union Flacq. Selon André Bonieux, cette nouvelle centrale sera plus efficiente que celle actuellement en opération car elle utilisera de nouvelles technologies et brûlera non seulement de la bagasse et de la paille de canne, mais aussi d’autres sources de biomasse, par exemple des copeaux de bois. «Nous étudions la possibilité de produire cette biomasse additionnelle sur les terres où la culture de canne n’est plus viable. Nous serons aussi clients de fournisseurs de biomasse locale. Ce projet contribuera indéniablement à l’indépendance énergétique du pays et à son combat contre le changement climatique», indique-t-il.

Du côté de Wensum, une société spécialisée dans la fabrication de costumes depuis 1971, l’on a opté pour des packagings biodégradables. «Nous utilisons des produits biodégradables. Nous essayons d’utiliser plus de fret maritime que l’aérien», précise l’Executive Director, Avinash Goburdhun. La compagnie songe également à investir dans des installations d’énergie solaire.

Quant à la MCB, elle s’est fixé des objectifs environnementaux couvrant l’énergie, l’eau, le papier et les émissions de carbone, et s’est engagée à influencer et à mobiliser ses clients, ses prestataires de service et ses employés pour permettre au pays d’avancer sur une trajectoire de neutralité carbone. «Il faut à tout prix réduire l’intensité énergétique de l’économie du pays, c’est-à-dire la quantité d’énergie consommée par unité du produit intérieur brut (PIB) et, en parallèle, réduire drastiquement le contenu en carbone de l’énergie utilisée localement», étaye Stephane Lebon, Sustainability Manager de la MCB.

S’ADAPTER AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Face au défi que représente la transition climatique, la direction de la MCB est d’avis qu’il faut miser sur la force de l’innovation et des initiatives collectives pour contribuer à la neutralité climatique de Maurice. «Nous sommes intimement convaincus qu’une transition juste vers une économie bas-carbone est une source d’opportunités considérables», souligne Stephane Lebon. C’est en ce sens que le groupe a organisé la conférence Klima en février 2020 afin de sensibiliser les acteurs du pays à l’urgence du réchauffement climatique à travers la publication du rapport Klima Neutral 2050, commandité par la MCB auprès du cabinet français Utopies.

Sur la question de transition énergétique, la coopération de toutes les parties prenantes est importante. Car Maurice fait partie des États les plus vulnérables aux effets négatifs du changement climatique. «Il nous faut apprendre à nous adapter au changement climatique pour accroître notre résilience face aux phénomènes météorologiques extrêmes et leurs conséquences sur notre économie», observe-t-il.

Le CEO de Max City, Danny Fon Sing, qui développe ces jours-ci la Montebello Smart City, concède qu’il est très vigilant par rapport à son rôle de promoteur. «Nous proposons des projets intégrés et responsables. Nous sommes conscients des attentes des stakeholders et des contraintes posées par les développements immobiliers. Trois axes nous semblent importants aujourd’hui : la préservation des espaces naturels, la réduction de notre empreinte carbone et la promotion des communautés locales», soutient-il. À noter que la Montebello Smart City est conçue comme un precint à taille humaine, dans lequel le groupe privilégie les zones piétonnes, la proximité des services et un aménagement favorisant le «walkability» afin que les résidents puissent trouver tout à proximité, éliminant le recours aux voitures.

De son côté, André Bonieux fait remarquer que cela fait de nombreuses années qu’Alteo assure un suivi rigoureux de toutes ses activités, tant à Maurice qu’en Tanzanie et au Kenya. «Ce suivi est d’ailleurs rapporté dans le ‘Sustainability Report’ publié annuellement par Alteo sur notre site web et il nous permet de mettre en place des mesures et des outils visant à améliorer notre efficience.» Il explique également que même les eaux usées de l’usine d’Union Flacq sont traitées et réutilisées pour l’irrigation de leurs champs à Queen Victoria. À noter qu’Alteo s’est engagée dans le processus de certification Bonsucro, qui est la référence dans l’industrie mondiale du sucre. Cet engagement illustre clairement la vision du groupe en faveur d’un développement environnemental et social durable.

À la MCB, quasiment tous les intrants et extrants de ses activités sont mesurés et surveillés sur ses différents sites. «Ce suivi rapproché nous permet notamment d’identifier les lieux nécessitant une intervention pour améliorer notre performance et réduire notre impact environnemental», souligne Stephane Lebon. Le groupe s’est aussi fixé des objectifs de réduction de consommation d’énergie, d’eau et de papier et fournit les moyens nécessaires. «Notre consommation énergétique a connu une baisse de 0,5 % de 2018 à 2019 et l’intensité énergétique a, quant à elle, baissé de 8 %, durant la même période. Les déchets de nos bureaux sont systématiquement triés et pris en charge par des prestataires qualifiés afin d’être recyclés ou exportés vers des usines de recyclage. Nous avons recyclé plus de 136 tonnes de papier en 2020», indique-t-il.

VERS DES SOLUTIONS ÉCOLOGIQUES ET BAS-CARBONE

De plus, la MCB en tant que signataire des Equator Principles, opère un système de gestion de risques environnementaux et sociaux. À travers ce procédé, tous les projets majeurs sont évalués en termes d’impact environnemental et social, et un suivi est formalisé auprès du client pour assurer de la maîtrise de son impact durant toute la durée du prêt. Et Stephane Lebon de faire ressortir : «Nous nous sommes engagés, à l’horizon 2022 à arrêter tout nouveau financement international d’infrastructures et de commerce du charbon, qu’il soit thermique ou métallurgique. Nous ne financerons plus de nouvelles centrales à charbon et nous engageons à poursuivre le dialogue avec nos clients mauriciens afin de les aider à opter pour des solutions plus écologiques et bas-carbone».


MONTEBELLO SMART CITY : CRÉER DAVANTAGE D’ESPACES VERTS

La Montebello Smart City se veut la ville du futur, durable et verte. Comme l’explique Danny Fon Sing, la vraie richesse de ce projet a été la découverte du «green corridor» entouré de plantes endémiques et de grands arbres, tout le long du ruisseau St Louis, qui traverse le site. Ainsi, le Ruisseau St Louis est conservé en tant qu’atout environnemental. La création d’une zone tampon (un corridor fluvial), longeant le ruisseau, favorisera ce lien avec la nature si essentiel à l’équilibre des résidents et des employés. C’est cette richesse naturelle que l’on fera découvrir et partager avec les Mauriciens avec la création d’un Nature Walk long d’environ 1,5 km sur une partie des berges du ruisseau Saint-Louis.

Soutenir les communautés locales : telle sera la philosophie du principal Food Mall intégré au sein de la Montebello Smart City. La cuisine locale et les circuits courts seront privilégiés. La gestion des déchets et l’efficience énergétique sont parmi les exigences du cahier des charges de nos futurs résidents. «Nous bâtissons de meilleurs modes de vie. Nous savons aujourd’hui créer des espaces qui suivent les évolutions de nos modes de vie. C’est le socle de la planification de tous nos projets immobiliers. Cela nous ramène à notre ‘core purpose’ : ‘Better life experiences through creating better places’», soutient Danny Fon Sing.


Kavy Ramano (Ministre de l’environnement) : «Rendre l’économie verte peut améliorer la productivité de maurice»

Un plan directeur pour le secteur de l’environnement est en voie de finalisation. Il comprend un ensemble de recommandations et de stratégies politiques pour les dix prochaines années, indique le ministre de l’environnement, Kavy Ramano, qui participera à la Cop26 à Glasgow.

Le gouvernement a annoncé l’élimination du charbon dans la production d’électricité en 2030. Quelles sont les stratégies mises en place pour atteindre cet objectif ?

Le ministère de l’Énergie et des Utilités publiques a déjà publié une feuille de route pour l’énergie renouvelable. L’objectif de 40 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique national d’ici à 2030 a été préconisé. Cependant, cet objectif a été revu à la hausse. Ainsi, le Budget 2021- 2022 prévoit des mesures plus ambitieuses, notamment un taux de 60 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030 et la suppression progressive du charbon dans la production d’électricité avant 2030 sont en préparation. La biomasse sera préconisée dans ce contexte et un Biomass Framework est également en phase de préparation.

Vous avez déclaré que le dérèglement climatique menaçait les progrès durement acquis par Maurice jusqu’à présent et la capacité à atteindre les objectifs de développement durable. Vos commentaires ?

Les événements climatiques extrêmes peuvent avoir des impacts considérables. En tant que petit État insulaire, nous sommes exposés et vulnérables. Il faut se rappeler que nous avons déjà observé des cyclones de catégorie 5, notamment le cyclone Faraji en février dernier.

Les pertes peuvent être colossales. À titre d’exemple, il est estimé qu’en 2020, le coût de pertes liées à des catastrophes naturelles dû au changement climatique était de plus de 210 milliards de dollars.

Il est à noter que des investissements massifs sont effectués chaque année pour soutenir l’adaptation et la préparation en cas de désastres et catastrophes naturelles. Plus de Rs 2 milliards sont injectées dans le National Environment and Climate Change Fund pour soutenir nos objectifs. Même si cette somme aurait pu être utilisée dans d’autres secteurs, notamment l’éducation ou l’éradication de la pauvreté, le changement climatique nous a obligés à revoir nos priorités.

Avec la crise sanitaire qui joue les prolongations, Maurice estil prêt pour une économie plus verte ?

La Covid-19 nous a incités à repenser nos activités business as usual et nous a obligés à réorienter notre stratégie de développement afin qu’elles soient conformes à la conservation de la nature et à la protection de l’environnement. Il est impératif de travailler vers une reprise verte qui soit inclusive et durable. Cela ne peut être réalisé que par une transition écologique qui générera de la croissance tout en garantissant que les politiques environnementales et la protection du capital naturel soient intégrées dans les secteurs économiques clés.

Pour réaliser cette transition écologique, mon ministère travaille déjà sur sa stratégie nationale pour le secteur de l’environnement, la formulation des politiques et de réglementations pour renforcer la protection de l’environnement et aussi sur la sensibilisation aux préoccupations environnementales. Un plan directeur pour le secteur de l’environnement est en mode de finalisation.

Ce document propose un ensemble de recommandations et de stratégies politiques solides pour les dix prochaines années afin de redynamiser le secteur de l’environnement et est accompagné d’un plan d’action sur cinq ans. Le plan directeur comprendra également la révision de notre cadre juridique, c’est-à-dire la loi sur la protection de l’environnement et le cadre institutionnel pour renforcer notre capacité à relever les défis nouveaux et émergents.

Pour soutenir sa démarche pour une économie plus verte, le gouvernement souhaite une île sans plastique. Pour ces raisons, nous avons mis des règlements plus stricts pour interdire l’utilisation de sacs en plastique et des contenants en plastique à usage unique. On prévoit également le remplacement des sacs plastiques par des alternatives biodégradables. Cette mesure vise non seulement à freiner l’utilisation des sacs plastiques et à réduire la pollution, mais également à encourager la production de sacs écologiques et durables afin de stimuler l’émergence de petites et moyennes entreprises locales.

Dans le but de rendre plus verte notre économie, le ministère de l’Environnement met actuellement en œuvre le projet SWITCH Africa Green qui est un partenariat avec les pays africains et l’Union européenne pour promouvoir la consommation et la production responsables. L’objectif est de donner le soutien nécessaire aux entreprises opérant dans le secteur manufacturier, l’agriculture et le tourisme pour rendre plus efficients et efficaces leurs modes de production et de consommation afin d’assurer la conservation des ressources et la réduction des déchets.

Je crois fermement que le fait de rendre notre économie plus verte offre une potentielle augmentation de la productivité du pays. Elle est essentielle pour renforcer notre résilience, mais c’est également un facteur clé pour réduire nos vulnérabilités face au changement climatique.

Est-ce la clef de la relance de l’économie mauricienne ?

Le gouvernement est appelé à renforcer la résilience de l’économie en enclenchant des mesures et initiatives stratégiques. Nous avons mis en place diverses politiques, stratégies et autres instruments légaux qui contribuent de façon significative à rendre notre économie plus durable et équitable.

Nous sommes engagés à renforcer les capacités et les compétences de notre capital humain. Nous pensons que l’économie verte et l’économie bleue sont les deux créneaux porteurs de notre stratégie de développement durable. De plus, nos programmes d’adaptation au changement climatique peuvent être vus comme des opportunités pour une meilleure planification de l’économie et de l’aménagement du territoire.

Par ailleurs, nous privilégions une approche intégrée pour assurer le développement dans le respect de l’environnement. Ainsi, nous soutenons l’engagement de la société civile, des citoyens et du monde académique dans la promotion d’approches innovatrices pour relever les défis environnementaux mondiaux et favoriser une production et une consommation durables.

Lors de la présentation du Budget 2021-22, Renganaden Padayachy a annoncé des investissements colossaux dans les énergies renouvelables au cours des dix prochaines années. Qu’en est-il ?

Si nous voulons progresser vers un mode de développement durable, il est impératif d’investir dans l’énergie verte. Ce sont des investissements qui sont importants pour que nous puissions songer à une Low-carbon economy. Il faudra d’ores et déjà penser à mettre en place les infrastructures nécessaires comme les fermes solaires et éoliennes, faire installer des panneaux solaires sur les réservoirs et la mer et des systèmes de batteries pour stabiliser le réseau, entre autres.

Ces mesures représentent une initiative majeure en ce qui concerne l’atténuation du changement climatique. Quelque Rs 5,3 milliards ont été affectés dans le secteur de l’énergie, en plus des Rs 2,4 milliards du secteur privé. En outre, plusieurs initiatives et subventions sont fournies pour promouvoir les technologies d’énergie renouvelable, à savoir, l’utilisation de la biomasse, de l’énergie éolienne et solaire.

De plus, l’énergie renouvelable est perçue comme un des outils clés pour soutenir la relance économique globale post-Covid-19 par plusieurs organes internationaux, notamment par des agences comme l’International Renewable Energy Agency (IRENA), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale.

D’ailleurs, l’IRENA estime que la transformation des systèmes énergétiques basés sur les énergies renouvelables pourrait faire croître le PIB mondial de 98 000 milliards de dollars d’ici à 2050 et créer 63 millions de nouveaux emplois dans le monde dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

C’est dans ce même contexte que le Budget a privilégié ce secteur comme l’un des outils de la relance. Ainsi, Rs 650 millions ont été allouées à des projets d’énergie renouvelable grâce à l’installation de panneaux solaires sur les toits des bâtiments gouvernementaux, y compris les hôpitaux et les établissements d’enseignement et aussi pour la fourniture de chauffe-eau solaires à quelque 2 000 ménages.

En sus des objectifs de produire 60 % des besoins énergétiques à partir de sources vertes d’ici à 2030 et la suppression du charbon avant 2030, il est prévu que le CEB investira quelque Rs 5,3 milliards au cours des trois prochaines années pour atteindre cet objectif. La promotion des véhicules électriques sera aussi soutenue. À ce propos, une feuille de route pour les véhicules électriques est déjà une réalité et les modalités de son application sont en cours de finalisation.

Qu’en est-il du partenariat public-privé ?

C’est l’occasion de souligner la nécessité des efforts d’un partenariat public-privé et de la société civile pour ‘mieux construire’ l’avenir dans cette nouvelle normalité.

Il en est de même pour la technologie. La transformation numérique s’est accélérée pendant la crise. Elle peut accroître la productivité, créer de nouvelles opportunités pour les entreprises et contribuer à la réduction des émissions de carbone sur le long terme.

Le télétravail est porteur d’un vaste potentiel de transformations et peut améliorer le bien-être et la productivité de la population active. Pour soutenir la reprise, il convient, en particulier, d’offrir un accompagnement permanent aux jeunes entreprises compte tenu de leur rôle essentiel dans l’innovation, la création d’emplois, la croissance de la productivité et le jeu de la concurrence. L’action publique devrait aussi chercher à résoudre les difficultés que les entreprises rencontreront probablement lorsqu’elles voudront accéder aux sources de financement des investissements de plus long terme qui sont favorables à la productivité, lesquels investissements sont importants pour la productivité et la croissance économique.

Le développement durable transcende le monde économique. Avons-nous toutes les solutions aujourd’hui ?

Le transfert de technologie et l’adoption d’une économie circulaire établiront la base de la voie à suivre. Pour une meilleure gestion des déchets et la valorisation des ressources, nous avons adopté un modèle économique circulaire où la valeur économique des ressources est pleinement utilisée et la charge pesant sur les ressources naturelles est réduite.

La technique d’Industrial Symbiosis, qui encourage la réutilisation des déchets d’entreprises comme matières premières dans d’autres circuits de production, a été encouragée à travers la formation des petites et moyennes entreprises.

De plus, la promotion du tourisme durable est mise en place pour rendre le secteur plus vert. Par exemple, des guides touristiques et des opérateurs de taxi ont bénéficié de formations sous le projet Sustainable Island Mauritius dirigé par la Tourism Authority. Les normes de tourisme durable ‘MS 165’ ont eu l’accréditation du Global Sustainable Tourism Council qui est reconnu sur le plan international. La certification des PME sur les meilleures pratiques durables a été encouragée sous ce même projet.

En sus de cette initiative, des politiques vertes telles que le recyclage des déchets, la collecte et la valorisation des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont en train d’être mises en oeuvre.

Nos plages sont également des atouts majeurs pour l’économie, le tourisme et les loisirs. Conscient de ce problème croissant, mon ministère a entrepris un programme continu de réhabilitation côtière sur les sites érodés prioritaires de manière intégrée pour sauvegarder nos atouts naturels au profit de nos citoyens et du tourisme. Au cours des cinq dernières années, des ressources substantielles ont été injectées dans la réhabilitation des côtes érodées avec environ 6,5 km réhabilités.

Plus que jamais, les entreprises doivent être sensibles aux notions de produits biologiques, d’éco-étiquetage, de modes de production plus propres et de crédits carbone. Tandis que les consommateurs doivent être conscients qu’une transition écologique ne peut être réalisée que si notre état d’esprit et notre mode de vie sont transformés.

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