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Deva Marianen : «Nous gérons la première obligation verte liée au secteur médical à Maurice»

Après six ans d’existence, Safyr Capital Partners a facilité les transactions pour plus d’une vingtaine de projets représentant plus de 1 milliard de dollars. Pouvez-vous nous parler des principaux projets pour lesquels vous avez travaillé jusqu’ici comme «Transaction Advisor»?

Safyr Capital a piloté et représenté plusieurs conglomérats et entreprises établies qui contribuent activement à la croissance économique de nombreux pays d’Afrique, où elle a donné la possibilité à ces entreprises de bénéficier de solutions innovantes sur notre marché des capitaux, essentiellement par le biais de solutions financières structurées. Dans cette optique, les transactions que nous menons à travers notre banque d’affaires sont en grande partie axées sur la dette structurée, qui est un instrument financier spécialisé pour financer les secteurs tels que l’agroalimentaire, les énergies renouvelables ou les projets d’infrastructures. Safyr Capital a apporté à ces grands acteurs la garantie que Maurice peut contribuer à leurs initiatives de levées de fonds comme centre financier.

Il était essentiel pour nous de prouver que notre pays est non seulement une «global business industry» réputée, mais qu’il est également apte à apporter une valeur ajoutée en offrant des solutions bancaires et non bancaires à diverses institutions qui se tournent vers Maurice pour accéder au continent africain.

Deux des récentes transactions conduites par Safyr Capital portaient sur le secteur agricole. Ces entreprises dominent le marché dans leurs pays respectifs. L’un de nos clients est Premium Tobacco, qui est l’une des plus grosses firmes agricoles, qui contribue significativement à l’économie du Zimbabwe, de la Tanzanie, du Malawi et de l’Ouganda. Premium Tobacco emploie à elle seule un total de plus de 75 000 agriculteurs en Afrique et contribue ainsi de manière significative à la croissance économique de certains pays clés en Afrique.

Nous pouvons également citer le groupe Meridian, un des principaux commerçants en fertilisants en Afrique, dont les actions sont détenues par une société cotée en Arabie saoudite, qui figure parmi les plus grandes sociétés minières du monde. Pour Premium Tobacco et Meridian, Safyr Capital a pris en charge l’émission d’un programme d’obligations de près de 100 millions de dollars.

Cette stratégie de levée de capitaux est axée sur des souscriptions provenant principalement d’investisseurs institutionnels ayant la capacité d’accéder à notre base d’investissement diversifiée grâce à l’utilisation de financements structurés et à la souscription de grands groupes d’assurances en Afrique et en Europe.

Depuis 2020, le secteur financier passe par une série de transformations, notamment dans le sillage du douloureux épisode de la liste noire. En tant qu’opérateur, comment avez-vous vécu ces moments troubles ?

L’inscription de Maurice sur la liste grise a été un véritable choc pour notre juridiction car nous accordons beaucoup d’importance à notre image en tant que centre financier réputé et étant donné que notre secteur financier contribue jusqu’à 14% du PIB.

Cette phase difficile a permis aux Mauriciens de mesurer l’impact que cela pourrait avoir sur leur quotidien si Maurice était placé sur une liste noire par des organismes tels que l’OCDE et le Groupe d’action financière (GAFI).

Nous faisons référence ici aux difficultés et aux défis liés aux transferts financiers les plus simples entre pays ou au financement de l’éducation de vos enfants dans des pays tels que le Royaume-Uni, la France et l’Australie.

En tant qu’opérateurs du secteur financier, nous avons été soumis à de nombreuses questions de la part de nos clients quant à la sécurité des fonds qu’ils ont placés chez nous. Nos clients et nos partenaires ont remis en question la crédibilité de Maurice comme juridiction de premier choix pour leurs affaires.

Nos régulateurs ont dû se réajuster et renforcer nos compliance standards. Cela a été positif pour nous, en tant que pays, mais a aussi entraîné l’augmentation des coûts de compliance. Après cet épisode, il faudra trouver le juste équilibre entre good compliance et commerciality pour faire de notre juridiction un centre financier attrayant.

Aujourd’hui, le centre financier mauricien sort grandi de cette épreuve. La juridiction est pleinement conforme à toutes les recommandations du Groupe d’action financière. Est-ce que Maurice est devenu plus attrayant au regard des investissements internationaux ?

Je ne dirais pas que Maurice est devenu plus attrayant pour les investisseurs parce qu’il ne figure plus sur la liste grise. Toutefois, je dirais que cela a apporté plus de stabilité en ce qui concerne Maurice comme territoire de référence en matière de domiciliation et de services bancaires.

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