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Dr Bhavish Jugurnath : «les entreprises locales sont en train d’améliorer leur cyberdéfense»

Maurice a le potentiel de s’affirmer comme une plateforme de la fintech à l’échelle de l’afrique. C’est l’avis du Dr Bhavish Jugurnath, président de l’Africa Emerging Tech Hub. Saluant les récentes innovations comme la mise en place d’un cadre juridique dédié aux actifs virtuels, il estime que les nouvelles technologies vont contribuer à améliorer la force de proposition du centre financier mauricien. Dans l’entretien qui suit, il commente également le déclassement de la note souveraine du pays par Moody’s et évoque la révolution que présente la monnaie numérique.

D’abord une question de brûlante actualité. Moody’s précise que la dégradation de la note de Maurice de Baa2 à Baa3 s’explique par le fait que la qualité et l’efficacité des institutions et de l’élaboration des politiques se sont affaiblies. Faut-il comprendre que l’agence internationale fait référence directement aux problèmes de gouvernance au sommet de l’État ?

L’agence de notation Moody’s nous met en garde contre les faiblesses institutionnelles du pays, avec, une fois de plus, la remise en cause de l’indépendance de la Banque centrale. Si son soutien au gouvernement en pleine pandémie était nécessaire, la domination du Budget sur les décisions de politique monétaire comporte des risques. Selon Moody’s, le bilan de la Banque centrale s’est affaibli avec la subvention de Rs 55 milliards – soit 20 % du PIB nominal de 2020 – accordée à l’État et la création de la Mauritius Investment Corporation (MIC), nécessaire à l’époque, mais qui a entraîné une dépréciation durable de la roupie.

Bien qu’une structure indépendante ait été mise en place pour séparer les décisions prises par la MIC des décisions de politique monétaire de la Banque centrale, selon Moody’s, le fait que la MIC investisse une partie des réserves de la Banque centrale compliquera encore l’évaluation de l’efficacité du gouvernement. Le rapport de Moody’s souligne néanmoins la nécessité d’adopter des réformes structurelles cruciales. Il est impératif d’initier des mesures appropriées, notamment au niveau du système de retraite et de la discipline fiscale, afin de créer un écosystème compétitif qui attirera les investisseurs étrangers.

Le FMI et Moody’s recommandent fortement que la Banque de Maurice cède la propriété de la MIC au gouvernement. Peut-on se le permettre ?

Revenons aux circonstances économiques du pays au début de la pandémie. À ce moment précis, la Banque de Maurice puise dans ses réserves pour soutenir le gouvernement. Le Fonds monétaire international (FMI) en a parlé. Il ne s’agit pas de critiquer l’aide du gouvernement pendant cette période, car celle-ci était nécessaire, mais ce qui compte maintenant, c’est le suivi. Le FMI maintient qu’une gestion séparée des politiques monétaires et fiscales est nécessaire. C’est le rôle de la Banque centrale de protéger sa monnaie nationale. La pandémie est sous contrôle dans le pays et les institutions doivent retrouver leur indépendance.

Selon Moody’s, le gouvernement a formulé des objectifs à moyen terme visant à réduire la dette publique nette à 60 % du PIB, à augmenter les réserves internationales pour qu’elles couvrent entre 22 et 24 mois d’importations et à maintenir un taux de croissance de 5 %. Ces objectifs pourront-ils être atteints ?

Une dette importante et croissante pourrait freiner le potentiel de croissance de l’économie mauricienne. À l’heure actuelle, cela reste un défi. Toutefois, si des réformes économiques structurelles appropriées sont mises en place, l’objectif de ramener la dette publique à 60 % du PIB sera réalisable, de même qu’un taux de croissance de 5 %.

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