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JEAN-PIERRE DALAIS: «IL FAUT RENDRE LE PAYS PLUS ATTRACTIF POUR LES INVESTISSEURS ET LES ENTREPRENEURS»

En marge du budget 2023-2024, Business Mauritius a soumis un «budget memorandum», lequel englobe un ensemble des propositions visant à soutenir la reprise économique, à renforcer la résilience et à relever les défis auxquels le pays est confronté, conformément à la vision nationale d’une île Maurice inclusive et durable. Dans cet entretien, son président, Jean-Pierre Dalais, souligne que la dynamique est bonne. Et que la confiance est palpable chez les entrepreneurs et les investisseurs. Il aborde les priorités de court et de long termes pour l’économie mauricienne, notamment la nécessité d’améliorer le cadre des affaires et l’environnement fiscal, l’urgence de résoudre la problématique demain-d’oeuvre et l’importance d’accélérer l’ouverture.

Le ministre des Finances a donné le ton. Il estime que le Budget 2023-2024 va créer les conditions pour générer une croissance de 5 % lors des prochaines années. Pouvons-nous réaliser un tel objectif alors que l’on sait que la performance de l’économie mauricienne est largement tributaire de facteurs exogènes ?

Au terme de trois années de crise à l’échelle mondiale comme nationale, il est important de souligner que 2023 est une année déterminante. Il est vrai qu’avec 8,3 % de croissance entre 2021 et 2022, on peut effectivement parler d’une bonne reprise, et la projection de 5 % annoncée cette année s’aligne sur les estimations faites par la commission économique de Business Mauritius dans son Economic Outlook émis en février 2023.

Cependant, comme évoqué par le FMI, le climat des affaires reste complexe, et même si les répercussions sur notre économie ne se font pas encore sentir, il faut rester prudent dans nos projections. Nous notons actuellement une forte reprise dans le tourisme, ainsi qu’une diversification dans le secteur manufacturier grâce à sa stratégie africaine. D’un autre côté, il y a l’innovation, notamment dans le domaine des dispositifs médicaux qui envoie des signaux très positifs.

Pour répondre à votre question, je dirais que toutes les mesures énoncées dans notre Budget Memorandum ont été faites avec pour objectif central la reprise continue de l’économie. Il est essentiel de promouvoir un environnement propice aux affaires et de consolider la confiance qui s’est instaurée avec la reliance économique. Cette confiance est palpable parmi les entrepreneurs et les investisseurs. Il y a un certain nombre d’éléments que nous avons évoqués et préconisés. Il s’agit avant tout de rendre le pays plus attractif pour les investisseurs et les entrepreneurs. À ce sujet, je suis convaincu que malgré les défis internationaux, nous avons un avantage stratégique à Maurice grâce à notre position géopolitique et géographique, qui constitue une opportunité à saisir.De ce fait, si nous parvenons à accélérer la mise en oeuvre des projets, si nous arriverons à assurer un environnement fiscal plus attrayant pour les investisseurs et les entrepreneurs autant mauriciens qu’étrangers, cela pourrait faire toute la différence.

Vous parlez de la nécessité de rendre le pays plus attractif pour les investisseurs. Mais il y a un facteur qui inquiète en ce moment, c’est le risque politique. Les distractions politiques qu’on connaît ces jours-ci ne risquent-elles pas de freiner l’ardeur des investisseurs ?

Nous sommes actuellement engagés dans un processus électoral qui suit son cours naturel. Cependant, la perception de Maurice est positive aux yeux des étrangers, et notre pays fait preuve d’une réelle attractivité. Il est essentiel que nous demeurions vigilants afin de maintenir cette image favorable. À la base, notre attractivité sera toujours égale à la force de nos institutions, et celles-ci sont tenues de faire preuve d’une gouvernance pointue, voire exemplaire.

Sur la question de risque politique et de risque sécuritaire, comment est-ce que Maurice est noté auprès des investisseurs ?

La note est relativement bonne et je ne pense pas que les investisseurs perçoivent Maurice comme un pays présentant des risques politiques ou sécuritaires. Il y a néanmoins un point que je voudrais mettre en exergue : le financement des partis politiques, qui n’est pas suffisamment réglementé, et pour lequel il serait impératif de définir un cadre légal.Au niveau de Business Mauritius,nous espérons vivement que ce cadre sera mis en place dans les meilleurs délais. C’est un sujet qui est débattu depuis longtemps et malheureusement,aucun consensus n’a encore été atteint.

Vous évoquez plus haut l’importance d’un climat fiscal plus attractif. Dites-nous en plus ?

Lorsque nous comparons notre système fiscal à celui d’autres pays qui cherchent également à attirer les investisseurs, nous constatons que Mauricen’est, malheureusement, pasparmi les destinations les plus attractives, notamment depuis l’introduction du Solidarity levy en 2020. À la base, il était question que ce soit une mesure temporaire.Il est nécessaire aujourd’hui de rectifier le tir en effectuant les ajustements nécessaires.

En ce qui concerne l’Income tax, nous avons une fiscalité lourde par rapport à nos compétiteurs directs. Et cela présente un obstacle de taille car Maurice a toujours eu la vocation d’attirer et de retenir ceux qui veulent se baser ici, que ce soit pour investor chez nous et y positionner leurs opérations ou y apporter leurs talents. Mais il nous faut à present être suffisamment attractifs pour inspirer encore plus de talents et d’investisseurs à se relocaliser à Maurice, et pour cela il est important de revoir notre fiscalité. Nous espérons donc que le Solidarity levy sera révisé. Il y va de notre compétitivité.

Selon les derniers chiffres, nous avons attiré environ Rs 27 milliards d’investissements directs étrangers en 2022. Peut-on mieux faire ?

L’ouverture de notre économie a permis cette belle realization et je pense effectivement que nous pouvons certainement faire mieux au vu l’environnement actuel. Pas loin de nous, le continent africain passe par des moments difficiles. Je pense à l’Afrique du Sud, mais aussi à d’autres pays où la situation reste assez compliquée. Nous avons donc, en effet, le potential d’attirer plus de capitaux étrangers, sachant que Maurice plaît à beaucoup d’investisseurs, que ce soit au Moyen-Orient ou en Inde.

 

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