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Jean-Pierre Dalais : «Menons les réformes nécessaires pour accélérer l’innovation»

La troisième vague de Covid-19 intervient à un moment où l’économie mauricienne montre les signes évidents d’une reprise, observe le président de Business Mauritius. Selon Jean-pierre Dalais, la réouverture des frontières a été un catalyseur. Ainsi, les hôtels affichent un taux d’occupation soutenu qui va au-delà des espérances initiales des opérateurs. De même, d’autres secteurs reprennent également des couleurs, à l’instar de l’exportation et de l’immobilier. Il se dit, par ailleurs, satisfait que le dialogue entre le secteur public et le privé se soit renforcé, notamment en ce qui concerne la reprise et les réformes à enclencher.

Extrait de l’interview :

Vous avez pris la présidence de Business Mauritius il y a tout juste un mois. Quel est le mood dans le monde des affaires, surtout depuis la mise en œuvre des récentes mesures ?

Nous vivons depuis bientôt deux ans une situation sans précédent à travers le monde avec de graves conséquences sanitaires, économiques et sociales. Maurice n’a pas été épargné. Néanmoins, nous avons pu éviter en grande partie les fermetures d’entreprises et des licenciements massifs grâce aux mesures telles que le Wage Assistance Scheme, les financements de la Mauritius Investment Corporation (MIC) et l’agilité de nos entreprises. Grâce au dialogue public-privé et les efforts de tous, nous avons pu préserver la machine productive et les emplois. La récente réouverture des frontières indique, par ailleurs, de bons signes de redémarrage. La production locale augmente, on exporte, les touristes reviennent, les étrangers commencent à réinvestir et les devises commencent à rentrer dans le pays. La Bourse de Maurice a également retrouvé son dynamisme d’avant-crise, ce qui est très encourageant mais il nous faut être extrêmement vigilants. Cette reprise reste encore fragile dans le contexte actuel ; il nous faut impérativement gérer la crise sanitaire au plus vite et consolider un redémarrage sur le long terme.

Justement parlons de cette troisième vague de la pandémie, cela alors que l’industrie touristique redémarre et que les premiers signes de la reprise sont visibles. Peut-on se permettre d’être optimiste à un moment où la Covid-19 continue son œuvre destructrice ?

Cette crise nous oblige à faire preuve de prudence et d’humilité car on ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants de ce virus et il semble très difficile de prévoir son évolution. Nous sommes aujourd’hui mieux préparés pour faire face à cette vague. Notre population est largement vaccinée et des arrivages réguliers d’équipements et de médicaments sont en cours, mais il ne faut pas négliger la pression que cette situation pose sur notre système de santé. C’est pourquoi nous avons proposé au gouvernement la mise en place d’un comité publicprivé pour coordonner nos actions et mettre nos moyens en commun en mobilisant notamment les opérateurs de santé privés. Je reste toutefois optimiste d’un point de vue économique car cette troisième vague intervient dans un contexte mondial très différent. Il y a 18 mois, le monde entier s’était mis à l’arrêt. Aujourd’hui, l’économie mondiale est clairement repartie, l’industrie du voyage est en plein essor, la consommation des ménages dans les pays développés est en forte croissance. Au niveau local, nous voyons que la réouverture de nos frontières a permis à de nombreux secteurs de reprendre leurs activités : les hôtels affichent un taux d’occupation soutenu qui va au-delà de nos espérances initiales, et d’autres secteurs reprennent également des couleurs, à l’instar de l’exportation et de l’immobilier.

La vaccination est le gamechanger dans cette guerre contre la pandémie, disaiton. Aujourd’hui, bien que nous ayons atteint l’immunité collective, il semble que nous soyons toujours vulnérables. Sommes-nous entrés dans une nouvelle ère d’incertitude ?

La vaccination reste notre meilleure arme préventive contre la Covid-19 et il est urgent d’accélérer l’administration de la troisième dose pour notamment contrer les formes graves de la maladie et protéger les plus vulnérables. En parallèle, nous voyons des avancées notables et extrêmement encourageantes avec la mise sur le marché de nouveaux médicaments. En attendant que ces solutions soient accessibles à tous, il nous faut tout mettre en œuvre pour réduire la propagation du virus et épauler les équipes médicales. Le privé a été partie prenante dans le combat contre le virus, avec notamment la vaccination et le dépistage dans les centres de santé privés, l’approvisionnement d’oxygène, ainsi que la mise en place d’unités de traitement dans l’idée de soutenir les autorités. Nous allons poursuivre dans cette voie.

Au niveau de Business Mauritius, êtes-vous satisfait de l’efficacité du plan de continuité des activités mis en place par les entreprises ?

Après une période de crise aiguë qui a débuté en mars 2020, finalement soulagés par une campagne mondiale de vaccination, il nous faut trouver aujourd’hui le juste milieu et c’est tout l’enjeu de la période dans laquelle nous sommes. Business Mauritius a rappelé à ses membres l’importance d’adopter les protocoles que l’association a mis en place afin d’assurer une continuité dans les opérations, en privilégiant, par exemple, le télétravail dans la mesure du possible. Des campagnes de vaccination ont été facilitées et des systèmes de rotation ont également été instaurés au sein des entreprises. Nos recommandations afin de minimiser les risques ont été bien suivies.

Dans son dernier rapport, MCB Focus a abaissé ses prévisions de croissance à 4,4 %. Dans la conjoncture actuelle, est-ce une bonne performance ?

Après une contraction économique historique de -14,9 % en 2020, atteindre une croissance de 4,4 % cette année va dans le bon sens. Mais nous nous devons de tout mettre en œuvre afin de pérenniser et surtout accélérer cette reprise.

«Si nous continuons à travailler sur un meilleur accès aérien sur nos marchés principaux et émergents, le redémarrage va s’accélérer”

La troisième vague risquet-elle de nous coûter des points de croissance ?

Nul ne peut être prophète dans le contexte actuel, mais c’est certes un risque incontestable. D’où l’importance de se montrer responsables, solidaires et unis dans ce combat collectif. Si nous nous acquittons de notre devoir et de notre responsabilité de citoyen, nous parviendrons à briser la chaîne de transmission du virus. Si nous arrivons à prendre le contrôle sur la situation sanitaire, cela nous permettra de garantir la santé de notre population, de maintenir nos activités et ainsi protéger notre économie, en pleine reprise. Il nous faut également être transparents sur la capacité existante dans nos hôpitaux face à la demande croissante actuelle et planifier au mieux les besoins en matière d’infrastructures médicales.

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