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Kamal Taposeea : «Seul, le MTC ne pourra garantir l’avenir des courses»

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Kamal Taposeea : «Seul

Les amendements à l’Immigration Act sont liés au monde des courses hippiques. Qu’en est-il ?

Ces amendements assez vastes ont été largement débattus à l’Assemblée nationale et sont maintenant devenus loi. Pour que vos lecteurs comprennent l’impact de cette loi sur l’industrie hippique, ils doivent comprendre le processus d’octroi de licences aux jockeys étrangers, aux jockeys étrangers mariés à un/une de nos compatriotes et aux jockeys mauriciens. Quand une écurie souhaite employer un jockey étranger (non marié à un/ une de nos compatriotes), elle soumet sa candidature au MTC. Notre Chief Stipe mène une enquête approfondie sur les références du jockey. Ensuite, le comité des licences du MTC examine le cas, puis soumet ses recommandations aux administrateurs pour approbation. Une fois la candidature autorisée par le MTC, l’écurie en est informée et celle-ci peut alors faire la demande de permis de travail auprès des autorités qui l’approuvent ou la rejettent.

Jusqu’à présent, les autorités n’ont jamais expliqué pourquoi les permis de travail avaient été refusés pour certains jockeys étrangers. Ce manque de clarté et de transparence a entraîné des spéculations et des difficultés pour certains entraîneurs. Le MTC a abordé la question avec les autorités à de nombreuses reprises sans succès jusqu’à présent. Maintenant que les entraîneurs ont formé leur propre association (ce qui est très apprécié du club), ils pourront directement demander des explications aux autorités compétentes. Après tout, ce sont les écuries qui emploient les jockeys et non le MTC. Pour les jockeys mauriciens et pour les jockeys étrangers mariés à un/une de nos compatriotes, le même processus de validation est effectué par le Club. En vertu de l’ancienne loi, ces derniers n’étaient pas tenus d’obtenir l’autorisation des autorités pour travailler à Maurice dans leurs écuries respectives. Avec la nouvelle loi, les autorités auront désormais leur mot à dire quant à savoir si un jockey étranger marié à un/une compatriote sera en mesure de travailler ou non. Reste à voir si la nouvelle loi exige des justificatifs ou non de la part des autorités en cas de refus.

À ce jour, combien de jockeys étrangers évoluent-ils au Champ de Mars ?

Les jockeys mauriciens sont majoritaires au Champ de Mars. Ils sont actuellement au nombre de 18 pour 8 étrangers, dont 3 mariés à des compatriotes. Certains des jockeys mauriciens sont attitrés à une écurie.

Comment accueillez-vous le moratoire de trois mois pour l’obtention d’un permis de travail aux jockeys étrangers ?

En fait, c’est un problème pour les entraîneurs dont les jockeys sont concernés par cette nouvelle loi qui, il est vrai, a pris tout le monde à contre-pied. Le moratoire accordé a donc été accueilli avec soulagement car cela permettra aux jockeys de faire les démarches nécessaires pour qu’ils soient en règle avec les lois du pays.

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Dans le dernier rapport annuel, l’ancien General Manager annonçait que 2019 serait une année de défis pour l’organisme. Partagez-vous le même avis ?

Chaque saison comporte ses défis et je l’ai dit lors de notre assemblée générale, il nous reste beaucoup à faire pour la promotion, le développement et l’épanouissement du sport hippique mauricien. Ce secteur reste fragile et c’est à nous, et quand je dis, nous, je veux dire le MTC et les autorités concernées, de lui procurer une assise et une structure plus solides et plus fiables afin qu’il puisse faire face aux défis de demain. Il y a certaines décisions, comme le nombre de journées et le nombre de courses par journée, qui peuvent instantanément apporter une bouffée d’air frais à ce secteur, mais il nous faut de la volonté et le soutien de la Gambling Regulatory Authority. Nous savons ce qu’il faut faire pour que cette industrie réussisse et nous ne demandons aucune subvention du gouvernement. Tout ce que nous demandons, c’est de nous donner les moyens pour faire notre travail pour le bien de ce noble sport, ainsi que pour les nombreux Mauriciens qui chaque samedi ont la chance et l’opportunité d’avoir un divertissement de choix, qu’ils soient au Champ de Mars ou devant le téléviseur. Au final, tout le monde sortira gagnant car plus nous avons de courses, plus les taxes rapporteront au gouvernement.

Il y a le sentiment qu’en matière de paris, le sport hippique est désavantagé par rapport au football international ?

Ceux qui sont dans le giron vous diront qu’effectivement, le sport hippique n’est pas traité sur un pied d’égalité et les exemples ne manquent pas. C’est un sentiment général. Nous n’avons qu’une seule journée de courses par semaine alors que les paris sur les matches de football se font tous les jours, 365 sur 365, ainsi que les paris sur les courses françaises à travers le PMU toute la semaine et pendant toute l’année. 

Nous sommes tenus d’organiser huit courses par journée et cela pour seulement 37 journées ; alors qu’une journée de football peut comprendre plus de 80 matches. Cela dit, vous ne pouvez pas comparer des pommes et des poires car le MTC est un organisateur de courses et n’est pas un organisateur de paris. C’est malheureux que le Club n’ait pas son propre Tote, mais cela est lié à des raisons historiques. Tout l’argent que le MTC reçoit, sous forme de commissions de la part des opérateurs du Tote et pour la diffusion en direct de ses journées de courses à l’étranger (Tabcorp en Australie, SIS en Europe et Phumelela en Afrique du Sud), retourne à l’industrie. Nous sommes en discussions actuellement avec d’autres opérateurs de Tote étrangers pour la vente de nos images. En 2018, le montant des prix remis aux écuries gagnantes s’élevait à Rs 98 millions et les subventions aux écuries à Rs 55 millions. Nous savons tous que les prix remis aux écuries sont en dessous de la moyenne et doivent être augmentés afin que les écuries et les propriétaires de chevaux puissent couvrir les frais relatifs à leurs activités, à l’entretien des chevaux et à leurs investissements. En fait, plus les prix remis aux gagnants sont élevés, plus les sponsors sont importants et plus les courses sont saines et compétitives ; cela se voit dans les autres juridictions. Afin de remédier à ces lacunes, il faudra plus de courses ainsi qu’une volonté commune de la part de tous les acteurs de créer un comingling pool.

Kamal

En 2017, le MTC a versé Rs 650 millions à l’État sous forme de frais de licence et de taxes…

Ce ne sont pas les estimations du MTC, mais bien le chiffre qui est souvent cité par les experts de l’industrie. Le MTC verse des redevances annuelles d’un million de roupies à la GRA pour les frais de licence et notre facture de TVA nette annuelle varie entre Rs 28 millions et Rs 35 millions. Quand nous faisons des profits, nous payons également l’impôt sur les sociétés de 15 %. Je suis heureux que vous posiez cette question car l’effet positif réel de l’industrie des courses de chevaux n’a jamais été évalué de façon précise. C’est pour cette raison que nous avons demandé à un des cabinets comptables faisant partie des Big 4 de réaliser une évaluation indépendante de l’impact économique de l’industrie des courses hippiques à Maurice. Cette étude est actuellement en préparation et sera disponible d’ici un mois à six semaines.

Dans quelle mesure les frais d’opération impactent-ils la performance du MTC ?

Ce ne sont pas uniquement ces taxes et redevances gouvernementales qui entravent notre croissance et nos résultats. Afin de garder les courses aussi ‘propres’ que possible, nous avons dû effectuer de nombreux tests sur les chevaux pour un montant de Rs 22 millions en 2018. Alors que le chiffre d’affaires des paris a effectivement diminué en 2018 par rapport à 2017 - Rs 5,7 milliards contre Rs 5,8 milliards. Nous avons déployé de gros efforts sur les revenus contrôlables tels que les sponsors et la location de loges aux entreprises. Un contrôle strict des coûts opérationnels a également été appliqué. Ces initiatives ont permis à notre résultat opérationnel ajusté (EBITA) pour 2018 de croître de 75 % (de Rs 10,4 millions en 2017 à Rs 18,2 millions en 2018) et à notre résultat net de passer de Rs 3,3 millions en 2017 à Rs 8,6 millions en 2018. Cependant, en 2019, nous avons déjà été confrontés à de nombreux défis en ce qui concerne le financement du déficit du plan de pension, qui s’élève à Rs 67 millions et qui a maintenant été approuvé par la FSC. Cela se traduira par des frais financiers supplémentaires pour le Club. C’est pour ces raisons, entre autres, que nous demandons à la GRA d’approuver plus de journées et plus de courses lors de ces journées quand suffisamment de chevaux sont disponibles.

La récente décision de la cour en faveur de ces «offcourse bookmakers» signifie la reprise de leurs activités professionnelles, et le retour de revenus de ses bookmakers depuis le début de la saison. Par ailleurs, nous travaillons avec notre nouveau PDG, Mike Rishworth, sur les différentes options qui nous permettront d’augmenter nos revenus de sponsoring. Mike Rishworth a une grande expérience dans ce domaine. Des efforts supplémentaires seront également déployés pour promouvoir la discipline financière dans son ensemble. Du reste, nombreux sont les bookmakers qui ont rendu leur licence, estimant que le jeu n’en vaut plus la chandelle. Vous ne pouvez pas continuellement puiser des millions d’une industrie sans lui retourner l’ascenseur. Si nous persistons dans cette direction, elle finira par s’essouffler et par la suite disparaître. Personne ne veut cela car, qu’on le veuille ou non, le Champ de Mars fait partie de notre patrimoine. Le MTC a plus de 200 ans d’existence et en matière d’organisation des courses, il a fait ses preuves. Certes, ‘there is room for improvement’, mais il faudrait que les paramètres, voire les prérogatives de chacun soient respectés. 

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