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Kirk Varaden : «Le secteur de l’assurance a pris beaucoup de retard»

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Kirk Varaden : «Le secteur de l’assurance a pris beaucoup de retard» | business-magazine.mu

Maurice connaît sa pire crise économique depuis celle de 1980 avec une contraction de 14,2 % attendue cette année, selon le FMI. Quoique résilient, le secteur de l’assurance n’est pas épargné par la crise. Vos commentaires ?

Sur la question de résilience du secteur, j’ai une lecture assez personnelle. Comme vous le savez, pendant presque trois mois, il n’y a pas eu d’activité économique. Le pays était au point mort. Durant cette période, l’on a enregistré très peu d’accidents. Il n’y a pas eu, non plus, beaucoup d’activité sur les assurances médicales et les couvertures pour les accidents de travail. Cela pour dire que le nombre des réclamations aux assureurs était presque nul. En contrepartie, les assureurs ont continué à toucher leurs primes. Du coup, ils ont réalisé des gains exceptionnels (windfall gains). N’oublions pas que ces trois mois représentent environ 25 % des activités des assureurs.

Il faut savoir que le secteur de l’assurance générale génère un chiffre d’affaires de plus de Rs 10 milliards annuellement. Quand on parle de 25 % des activités, c’est bien évidemment une somme considérable. La question est : qu’est-ce qu’on fait avec cette masse monétaire ? Si on considère certains modèles à l’étranger, on constate que certains assureurs sont venus en aide à leurs clients en difficulté.

Ils sont allés au-delà des conditions des plans d’assurance. Par exemple, en Afrique du Sud, certains assureurs sont venus de l’avant avec un fonds d’aide pour soutenir les assurés là où ils n’étaient pas couverts.

Pourquoi, à Maurice, on n’a pas, par exemple, cru bon de créer un Relief Fund ? Je pense qu’il faut engager un dialogue. S’il est vrai qu’une pandémie n’est pas couverte, il n’empêche qu’on peut faire profiter aux souscripteurs ces gains exceptionnels.

Pourquoi est-ce que tout le monde reste tranquille sur ces gains exceptionnels ? C’est vrai, et je ne dis pas le contraire, à cause du ralentissement économique, tous les secteurs sont affectés. C’est là mon premier point.

Deuxièmement, il faut comprendre que l’assurance est un service presque essentiel, que ce soit pour un individu ou une entreprise. Dans les périodes de difficultés, une entreprise ne peut décemment augmenter son exposition aux risques. Déjà, avec la crise actuelle, les opérateurs ont souffert de problèmes d’exploitation. Ils ne peuvent se permettre de ne pas être protégés en cas d’incendie ou de vol.

Si le secteur de l’assurance est résilient, c’est aussi parce que les souscripteurs ne coupent pas vraiment sur leurs couvertures d’assurance. Ils vont négocier les termes de paiement ou chercher à avoir des rabais sur les primes. Je dirai que c’est le cours normal des affaires pendant une crise. Il y a une négociation qui se fait au cas par cas. Il n’y a rien d’extraordinaire : le business roule toujours. Bien sûr, hormis le secteur hôtelier, qui est vraiment affecté avec une baisse drastique des activités, il y a un impact direct sur leurs assurances. Ainsi, les hôteliers – qui ne sont même pas capables de payer les salaires – ne peuvent faire profiter à leurs employés certains avantages sociaux comme la pension ou l’assurance médicale. L’impact qui en résulte sur le secteur de l’assurance reste très sectoriel.

On dit que le secteur de l’assurance est un très bon baromètre de l’économie. Au vu des requêtes des entreprises, notamment pour renégocier leurs primes, peut-on dire que notre économie est sérieusement malade ?

Comme je viens de vous le dire, à notre niveau, on n’a pas ressenti cela sur une grande échelle. Cela dit, l’impact sur l’hotellerie touche une série d’autres opérateurs qui dépendent de la clientèle touristique, à l’instar des tour-opérateurs, de certains restaurants et magasins et des centres de spa. En outre, nous assurons plusieurs centres commerciaux à Maurice. Nous sommes ainsi en mesure de tâter le pouls au niveau du commerce. Le marché domestique a connu une bonne reprise.

Sur le plan de l’assurance, il n’y a pas eu beaucoup d’annulations de contrats en dehors du tourisme direct et indirect. Maintenant, si l’on regarde le secteur de la construction, celui-ci est en plein essor. Je peux vous dire que certains entrepreneurs de bâtiment sont débordés en cette fin d’année. C’est un bon indicateur que les choses bougent dans la bonne direction.

Oui, il y a une reprise dans beaucoup de secteurs, même si certains sont toujours en difficulté. Je pense ici au textile avec la deuxième vague de Covid-19 en Europe, à l’événementiel, au cinéma, à la publicité et à l’automobile.

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