Business Magazine

L’après-1er octobre

Le 1er octobre. Une date porteuse d’espoir, mais qui suscite aussi les pires appréhensions. S’étant renfermé sur lui-même telle une coquille depuis le confinement, Maurice n’aura d’autre choix que d’affronter le monde et de prendre courageusement son destin en main.

Deux événements majeurs nous attendent au tournant. D’abord, l’amorce de la deuxième phase de la réouverture des frontières qui, soit dit en passant, ne représentera pas dans l’immédiat de risque majeur d’une recrudescence de la Covid-19 quand on sait qu’on accueillera essentiellement les Mauriciens qui veulent rentrer au pays ou encore les touristes qui ont prévu un long séjour dans l’île avec l’obligation de passer 14 jours en quarantaine dans l’un des dix hôtels agréés par le ministère de la Santé. Pour les hôteliers, c’est un début d’espoir, après l’arrêt net et brutal de leurs activités pendant plus de six mois, qui a asséché leurs liquidités. Mais il s’agira pour eux de manœuvrer avec prudence, d’être rigoureux sur le respect des protocoles sanitaires. Qu’on se le dise : la responsabilité qui repose sur leurs épaules est grande. Dans le cadre de cette stratégie de réouverture progressive, il faudra coûte que coûte éviter une seconde vague de la pandémie. Valeur du jour, le Trésor public dispose d’un coffre de guerre de Rs 180 milliards. Une énorme masse monétaire qui équivaudra à environ 40 % du PIB du pays pour 2020. Mais cet argent si généreusement offert par la Banque de Maurice ne coulera pas à flots éternellement.

Le second événement, c’est bien évidemment, l’entrée en vigueur effective de Maurice sur la liste infâme de l’Union européenne. Et là, il convient de souligner que les efforts déployés pour l’adoption d’une loi contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les mesures énergiques de la Banque centrale pour ramener à l’ordre les banques exposées aux créances douteuses de NMC Healthcare ou encore les enquêtes diligentées par la Financial Services Commission auprès des sociétés de gestion n’ont pas suffi pour convaincre le Groupe d’Action Financière (GAFI) d’accélérer le processus de radiation de sa liste grise. Au train où vont les choses, on pourra dans le meilleur des scénarios quitter cette liste en février 2021. De là, il faudra compter encore six semaines pour que les instances européennes enlèvent Maurice de leur liste noire. Les opérateurs sont aujourd’hui résignés à cette réalité.

Qu’adviendra-t-il après le 1er octobre ? Chacun y va de son postulat. Les plus optimistes pensent que le fameux bip annonciateur de transactions provenant d’une juridiction suspecte poussera les banques correspondantes à retarder celles-ci de quelques jours, le temps d’un exercice de diligence raisonnable en bonne et due forme. Alors que les plus pessimistes craignent un exode de capitaux étrangers au profit de juridictions concurrentes comme Singapour, qui d’ailleurs nous a supplantés en tant que destination privilégiée des investissements en Inde.

D’ailleurs, d’ores et déjà, les opérateurs notent un ralentissement de leurs activités. Le pire est-il à venir ou bien saura-t-on manœuvrer au cœur de la tempête sans trop de casse en attendant que Bruxelles reconnaisse à nouveau que Maurice est une juridiction de substance résolue à tourner le dos aux pratiques fiscales dommageables ? Quand on sait que le global business compte pour environ 40 % des actifs du secteur bancaire, on n’ose imaginer l’impact sur tout le système financier d’un éventuel déraillement de cette industrie. 

Exit mobile version