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Le BPO tisse sa toile hors de l’Europe

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Le BPO tisse sa toile hors de l’Europe | business-magazine.mu

En 2003, la grande libéralisation était enclenchée dans le domaine des télécommunications. Un objectif qui cadrait avec la vision du gouvernement de transformer Maurice en une cyber-île.

L’industrie a, dans un premier temps, avancé à tâtons avant de prendre son envol, attirant essentiellement les entreprises engagées dans l’externalisation ou le Business Process Outsourcing (BPO). Si bien qu’aujourd’hui, l’avenir des Tic et celui du BPO sont indissociables. Les chiffres émanant du Board of Investment (BoI) indiquent une forte croissance de 40 % ces cinq dernières années. Concrètement, les recettes de l’industrie des Tic-BPO ont crû de Rs 12,9 milliards à Rs 19 milliards en 2011. Les estimations pour 2012 font état de recettes de Rs 20,9 milliards. Il est estimé que le créneau BPO constitue environ 75 % de l’ensemble de l’industrie des Tic. Si l’industrie affiche une belle croissance année après année, n’empêche que la crise dans la zone Euro interpelle les opérateurs et les autorités qui s’accordent sur un point : la prospérité à venir des activités d’externalisation dépendra, dans une grande mesure, de notre capacité à traiter avec d’autres partenaires. Concrètement, nous devons sortir de notre eurocentrisme. Actuellement, notre principal marché est la France : 40 % de nos investisseurs dans les Tic-BPO proviennent de l’Hexagone, selon les chiffres de la BoI.

\Comme l’indique Shamima Mallam Hassam, International Business Services Director du BoI, « en dépit de la volatilité du climat économique mondial, le secteur des Tic-BPO à Maurice a su maintenir le progrès et émerger comme un pilier incontournable de l’économie mauricienne. Ce qui explique que des firmes internationales de renom comme Accenture, Ceridian, Orange Business Services, Blue Connect, Huawei, Infosys et CSS Corp ont continué à opérer à Maurice. La présence de ces opérateurs existants et l’avènement de nouveaux entrants font de Maurice une destination de plus en plus intéressante pour les investisseurs internationaux potentiels. » Si l’industrie affiche une belle santé, les opérateurs restent toutefois prudents. « On ne peut sous-estimer la crise. Nous devons demeurer vigilants », observe le président de l’Outsourcing and Telecommunication Association of Mauritius (OTAM), Roshan Seetohul.

Crise économique oblige, les entreprises européennes sont contraintes à remettre en question leur politique de soustraitance. D’une part, elles recherchent des destinations moins chères et, d’autre part, elles sont tenues de se soumettre aux restrictions législatives de leurs pays. Celles-ci émanent des gouvernements prônant une politique réprimant l’externalisation dans la perspective de sauver des emplois domestiques. L’administration de François Hollande a été la dernière en date à envisager de telles réformes législatives. Dans le cadre des consultations pré-budgétaires, l’OTAM a soumis une liste de recommandations au ministère des Finances sur les moyens pour mitiger les effets de la crise économique et parer à un éventuel exode des entreprises françaises.

\« Il y a eu surtout l’effet d’annonce de la politique envisagée par le gouvernement français concernant le rapatriement des opérateurs français vers l’Hexagone. Même si cela n’a pas l’air réaliste, nous ne devons pas sous-estimer la crise », souligne Roshan Seetohul.

Pour sa part, Shamima Mallam Hassam estime que, dans une telle éventualité, ce sont les PME qui seront surtout affectées. Si les opérateurs ont des avis divergents sur un probable départ des entreprises françaises, par contre, la contraction du marché est sans appel.

\Jean Marc Santucci, General Manager d’Evolution, entreprise spécialisée dans le traitement des fichiers avant publication, est d’opinion que « la crise économique a débouché sur une contraction générale du marché. Cela affecte tous les secteurs et non spécifiquement le BPO. Cela dit, certaines opérations sont plus résilientes que d’autres. Par exemple, chez nous, nos marchés dans l’alimentation sont moins affectés que ceux du secteur financier. D’où l’avantage de diversifier son portefeuille d’activités. » Les problèmes internes et externes qui minent ces jours-ci l’industrie du BPO font entrevoir la nécessité de diversifier nos marchés et de contempler les possibilités qui s’offrent à nous au-delà de l’Europe.

« L’Europe a été, pendant plusieurs années, un marché traditionnel pour l’externalisation. Toutefois, avec la crise économique qui affecte les économies principales dans la zone Euro, il est impératif de diversifier et de rééquilibrer notre stratégie afin de minimiser notre dépendance de l’Europe », insiste Shamima Mallam Hassam.

Prospecter du côté de l’Afrique

L’État est pleinement conscient de la nécessité de cet exercice de rééquilibrage. D’où les efforts du ministère des Tic qui prospecte surtout du côté de l’Afrique.

\Comme le fait ressortir Vasenden Dorasami, Senior Adviser au ministère des Tic, la diversification de nos marchés est une priorité : « On doit anticiper les facteurs exogènes. D’où le déploiement d’efforts par notre ministère pour trouver des marchés alternatifs en Afrique, aux États-Unis, voire même en Asie. Les pays de l’Afrique sub-saharienne sont plus attrayants que jamais en termes d’opportunités d’investissement. Le Ghana et le Kenya, par exemple, ont de meilleures assises sur le marché américain que Maurice qui est traditionnellement eurocentrique. En collaborant avec ces pays africains, on peut diversifier notre portefeuille pour le secteur des Tic et de l’externalisation », observe-t-il.

Cette diversification des marchés peut se faire en capitalisant sur la proximité géoéconomique de Maurice avec le continent africain. Comme l’explique Shamima Mallam Hassam, Maurice peut devenir une passerelle vers le continent africain : « Il y a actuellement de nombreuses firmes indiennes et chinoises qui investissent massivement dans les secteurs de la télécommunication et des infrastructures en Afrique. Avec les multiples opportunités qui s’y développent, Maurice a un rôle de facilitateur à jouer pour précisément faciliter l’investissement en se positionnant comme porte d’entrée vers le continent africain ».

C’est d’ailleurs dans cette optique que le BoI encourage les firmes souhaitant investir en Afrique à effectuer leurs opérations de back office à Maurice. D’autre part, le BoI, qui a eu des directives claires du gouvernement de promouvoir les secteurs orientés vers les services dont les Tic-BPO, s’engage dans des campagnes de promotion dans plusieurs pays africains, en l’occurrence le Kenya, la Zambie, le Botswana et le Zimbabwe.

Affaiblissement de l’euro : les opérateurs inquiets

La glissade de l’euro face à la roupie ces derniers mois est aussi une source de nervosité chez les opérateurs. « Il y a des entreprises qui ont subi des pertes en raison de la disparité du taux de change réel et du taux prévu dans leur ‘business plan’. En outre, l’effet de la roupie forte combiné à une augmentation quasi-obligatoire du salaire de base, au coût du transport et du loyer met la pression sur les petites boîtes qui ont des difficultés à rester profitables, quoique les grosses entreprises parviennent à rester à flots, voire à prospérer », analyse Roshan Seetohul, président de l’OTAM. L’association note d’ores et déjà un manque à gagner de l’ordre de 9 à 12 % dans les entreprises d’externalisation résultant de l’affaiblissement de l’euro face à la roupie. Jean Marc Santucci abonde dans le même sens : « Nos tarifs sont négociés sur la base d’un euro à Rs 40. Or, avec un euro qui s’affaiblit, et une roupie forte, notre marge est considérablement affectée ». Il faut savoir que l’euro a perdu 15,43 % face à la roupie en l’espace de trois ans, passant de Rs 45,48 en septembre 2009 à Rs 38,46 au 10 septembre 2012.
Ascension rapide des Tic

L’importance grandissante des Tic-BPO dans l’économie mauricienne est mise en exergue dans le Global Information Technology Report 2012 présenté par le ministère des Tic au World Economic Forum : “…the ICT sector – albeit a nascent industry a few years ago – has recently been propelled into its new role as the third pillar of the Mauritian economy. ICT’s contribution to the nation’s GDP stood at 6.5 percent in 2011, with a turnover of US$1 billion; the sector employs some 15,000 people, which represents around 4 to 5 percent of the total workforce.” D’ici à 2015, les autorités s’attendent à ce que l’industrie génère quelque 25 000 emplois.
Financement aux PME

Les petites entreprises engagées dans le domaine de l’externalisation peuvent bénéficier d’une aide financière sous le SME Partnership Refund Scheme dans le cadre de leur stratégie pour explorer de nouveaux marchés à l’exportation.
Une croissance de plus de 10 % en moyenne

\L’industrie des Tic-BPO a enregistré une croissance soutenue à deux chiffres en moyenne depuis 2008. Les recettes du secteur sont comme suit : Rs 12,99 milliards (2008), Rs 14,85 milliards (2009), 17,03 milliards (2010), Rs 19 milliards (2011) et Rs 20,97 (estimations pour 2012). Durant la même période, le taux de croissance de l’industrie était de 13,2 % (2008), 13,1 % (2009), 13,3 % (2010), 10,5 % (2011). Pour 2012, l’expansion des Tic-BPO devrait être de 9,7 %.
Recul des investissements

\Les investissements directs étrangers (IDE) pour les projets touchant au secteur des Tic-BPO sont en recul. Ils étaient de l’ordre de Rs 76 millions en 2011 contre Rs 235 millions en 2010. Mais il est toutefois à noter que ces deux dernières années, les IDE concernaient davantage des projets à valeur ajoutée dans les services et produits comme l’externalisation des activités financières ou de comptabilité ou encore le Legal Process Outsourcing.
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