Les enjeux des législatives 2019 : au-delà de la lutte pour le pouvoir

Il y a un retour au militantisme. Ce sentiment est palpable en cette campagne électorale. Le leader emblématique du Mouvement militant mauricien (MMM), Paul Bérenger, donne lui-même le ton : «Il faut un pays propre, un gouvernement juste». Son parti entend incarner un vrai changement dans l’éventualité où il accéderait au pouvoir. C’est d’ailleurs le thème de son manifeste qui, soit dit en passant, est habité par les valeurs propres au militantisme : l’unité nationale, la solidarité nationale, la justice sociale, la consolidation de la démocratie, la méritocratie et le féminisme.

La publication de la fameuse photo de Paul Bérenger le visage ensanglanté après son passage à tabac en 1969 donne une indication claire de cette volonté de venir bousculer l’ordre établi et de transformer le pays. Une philosophie humaniste et pro-socialiste qui sous-tend le modèle de développement prôné par le MMM, qui ne manque toutefois pas de s’inscrire dans le contexte de la mondialisation et de la révolution numérique. Ce projet de société repose sur cinq piliers : dignité, sécurité, opportunité, écologie et gouvernance.

20 MESURES PHARES

Parmi la vingtaine de mesures phares annoncées par le MMM, on relève l’alignement de la pension de vieillesse sur le salaire minimum, le paiement d’une allocation chômage de Rs 5 000 par mois aux jeunes de 18 à 25 ans, des pouvoirs étendus au Bureau de l’Audit pour sévir contre le gaspillage des fonds publics, l’introduction d’une Freedom of Information Act ou encore le paiement d’un bonus de performance dans la fonction publique conformément aux recommandations du Pay Research Bureau. Certaines de ces mesures sont budgétivores, mais elles participent à une volonté de consolider l’État providence, à travers un soutien appuyé à ceux au bas de l’échelle.

Sur le plan économique, le MMM prône un ensemble de mesures pour favoriser la relance. Ainsi, il s’agira de créer un environnement propice aux investissements étrangers dans des secteurs productifs, de renforcer l’autonomie du comité de politique monétaire pour qu’il puisse exercer un meilleur contrôle sur l’inflation et d’encourager les banques à offrir des taux d’intérêt plus attrayants sur l’épargne.

Au vu du combat qu’il a mené, notamment sur le terrain syndical, pour améliorer les conditions de travail dans l’industrie sucrière, le MMM estime qu’il faudra coûte que coûte se battre pour sa survie. Dans cette optique, il préconise une consultation élargie entre toutes les parties prenantes pour développer une stratégie de sortie de crise. Aussi est-il primordial de développer un plan de diversification vers des produits à forte valeur ajoutée.

Concernant le secteur industriel, là aussi, le MMM opte pour un changement de cap. Il préconise un modèle de développement orienté vers une industrie de transformation et d’assemblage à forte valeur ajoutée destinée à l’exportation. De plus, il s’agira d’exploiter les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale pour trouver de nouveaux marchés.

S’agissant du secteur financier, tout l’enjeu sera de soigner notre image comme une juridiction crédible et transparente. En outre, il est nécessaire de diversifier la palette de nos solutions financières. Le MMM recommande, notamment, de réglementer la FinTech, de réviser le cadre touchant aux fonds d’investissement collectif, à la gestion de fortune et à l’office familial et de développer des produits financiers islamiques.

Au chapitre des nouvelles technologies, l’une des priorités du MMM sera d’accorder une attention particulière au déploiement de la 5G, qui sera le principal moteur de l’économie numérique du futur. Pour assurer une plus grande pénétration des technologies émergentes – intelligence artificielle, robotique, cloud, réseau machine à machine, blockchain, crypto-monnaie et financement participatif –, le processus d’octroi des licences sera simplifié. Dans le même temps, les cadres de sécurité appropriés seront adoptés.

100% CITOYENS

Revaloriser les PME

Remettre les PME au cœur de la croissance. C’est l’une des principales mesures économiques affichées par 100% Citoyens, jeune formation politique qui participe, cette année, à sa première joute électorale. Le programme économique de ce parti, rendu public durant la campagne, entend ainsi «créer une nation d’innovateurs». 

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