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L’inversion de la courbe de rendement affole les marchés

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L’inversion de la courbe de rendement affole les marchés | business-magazine.mu

Un signal qu’on ne peut occulter à un moment où la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’intensifie et que les craintes d’une récession se précisent. Car une inversion de la courbe de rendement est le reflet des appréhensions des investisseurs que les vents contraires qui traversent le commerce mondial pourraient impacter leurs futurs rendements.

À la mi-août, le rendement sur les bons du Trésor à dix ans est descendu en dessous des titres d’État à deux ans. Il faut savoir que l’écart entre le rendement de ces deux véhicules d’investissement est l’un des indicateurs de récession les plus scrutés.

Une inversion de la courbe est aussi observée sur les bons du Trésor à trois ans comparé aux titres de dix ans. La cloche d’alarme continue à clignoter en dépit de la décision de la Réserve fédérale d’abaisser le taux d’intérêt, en juillet dernier, et ce pour la première fois depuis 2008. À noter qu’aux débuts des années 90 et 2000, ainsi qu’en 2007, lorsqu’il y a eu des récessions à l’échelle mondiale, l’on avait à chaque fois noté une inversion de la courbe de rendement.

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Une croissance mondiale autour de 3,2 %

Dans son World Economic Outlook Update publié fin juillet dernier, le Fonds monétaire international (FMI) s’inquiète de la faible croissance mondiale. Celle-ci devrait s’établir à 3,2 % contre des prévisions initiales de 3,7 %. Ces prévisions tiennent compte de la décision de l’administration Trump de relever les taxes douanières de 10 % à 25 % sur des importations chinoises équivalent à $200 milliards et de la riposte de l’Empire du Milieu.

ProjectionsRevoir le marketing du «Mauritius brand»

Clensy

En 2008-2009, l’on s’attendait à des licenciements importants, se souvient Clensy Appavoo, qui était à l’époque le président de la Mauritius Employers Federation (MEF). C’est à cette période que le Welfare Programme a été créé. Selon le Senior Partner d’Appavoo Associates, l’économie mauricienne s’est montrée résiliente parce que les secteurs traditionnels étaient dans un cycle de croissance.

Mais le contexte est aujourd’hui différent, fait-il remarquer. «Nous sommes une petite économie qui dépend beaucoup de l’extérieur et nous ne sommes pas à l’abri. De plus, Maurice est en train de devenir un pays endetté. Certains trouvent normal que le gouvernement utilise les réserves pour payer la dette publique parce que l’Inde l’a fait également. Il ne faut pas comparer l’économie locale à celle de l’Inde. Nos secteurs traditionnels s’essoufflent. Le textile est presque moribond, de même que le sucre. Le secteur financier n’est pas en train de se réinventer à la vitesse que l’on croyait, et c’est dommage ! Il y a pas mal de reproches au niveau de la Financial Services Commission qui ne suit guère le pas. Et l’Economic Development Board n’a pas apporté une réelle refonte au niveau du marketing de la destination», observe Clensy Appavoo.

Selon lui, pour l’heure, l’économie mauricienne va droit dans le mur. La solution serait que dans chaque secteur, les capitaines d’industrie unissent leurs efforts avec le gouvernement pour promouvoir nos produits. Et d’insister qu’il faut une stratégie de marketing pour chaque secteur.

Les clés pour bâtir la résilience

L’économiste

Alors qu’une nouvelle récession mondiale se profile à l’horizon, la question de construire la résilience de l’économie mauricienne est plus que jamais d’actualité. Revenant sur la crise de 2007, l’économiste Pierre Dinan (photo) rappelle qu’à l’époque, la plupart des analystes n’avaient rien vu venir.

Concernant la dégradation de l’environnement mondial, Pierre Dinan soutient que pour les politiques, c’est difficile d’en parler car nous sommes en période pré-électorale. N’empêche, il faut prendre le taureau par les cornes afin de renforcer l’économie mauricienne. «Les industries matures doivent être revues. Je fais ici référence à l’agriculture, au secteur manufacturier, au tourisme et aux services financiers. De même, il faut mettre l’accent sur la recherche. Et faire une meilleure utilisation de nos ressources que sont la mer, la nature et le capital humain. Nous disposons d’une zone économique exclusive de 2,3 millions de kilomètres carrés. Il faut une stratégie gouvernementale pour exploiter nos ressources marines», recommande Pierre Dinan.

L’économiste se dit, par ailleurs, confiant dans la capacité de résilience de l’économie mauricienne. Déjà, rappelle-t-il, nous avons été en mesure de déjouer les prédictions de James Meade qui vouait Maurice au sous-développement.

Jusqu’où utiliser le levier monétaire ?

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Au vu de la dégradation de l’environnement mondial, le comité de politique monétaire de la Banque de Maurice a récemment tranché en faveur d’une baisse de 15 points de base du taux directeur. Fallait-il aller plus loin dans cette volonté de détente monétaire ? Rishy Lutchman, trésorier à Bank One, reste nuancé sur la question car s’il était nécessaire de soutenir la croissance, on ne pouvait pas prendre de gros risques sur l’épargne. «Maurice a vu une érosion de son taux d’épargne ces dernières années, et une baisse trop conséquente des taux d’intérêt peut aggraver la situation. D’un autre côté, l’émergence de nouveaux produits comme les Silver Bonds et des plans d’épargne et d’investissement par le gouvernement et la Banque de Maurice élargissent la gamme des solutions d’investissement et d’épargne. Il faut noter qu’une réduction des coûts liés à l’emprunt permet au secteur privé d’emprunter à meilleur marché et d’investir dans ses activités. Cependant, l’environnement de faible taux d’intérêt incite les particuliers à emprunter davantage. Cela a une incidence sur l’endettement des ménages», argue-t-il. 

Rishy