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Macadamia : dix ans pour produire un volume suffisant à l’exportation – Dr Dhaneshwar Puchooa

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Macadamia : dix ans pour produire un volume suffisant à l’exportation - Dr Dhaneshwar Puchooa | business-magazine.mu

Le macadamia est la dernière alternative trouvée pour diversifier la culture cannière, et surtout limiter l’abandon des terres sous canne. Est-ce un recours fiable et viable à l’échelle locale ?

Dr Dhaneshwar Puchooa : Il existe actuellement plusieurs arpents de terres qui ont été abandonnés par les planteurs. Au lieu de les laisser à l’abandon, nous croyons que cette alternative est viable. Mais comment inciter, encou-rager les petits planteurs à cultiver cette plante est une autre paire de manches. Car l’investissement ne rapportera les résultats qu’après plusieurs années.

Dispose-t-on des compétences, des connaissances, des outils et des technologies pour développer à long terme toute une industrie autour du macadamia ?

Dr Dhaneshwar Puchooa : Il est certain que nous devons bâtir des compétences et des connaissances pour développer la culture de macadamia, car c’est une nouveauté pour notre pays. Nous avons des cadres formés dans d’autres cultures, et nous croyons qu’acquérir de nouvelles compétences ne sera pas difficile. Cependant, il est important de nouer des partenariats solides et fiables avec des pays producteurs pour bénéficier de leur expertise. Cela est en train de se faire avec l’Afrique du Sud, qui a acquis une solide réputation dans la culture de macadamia. Il faut reconnaître que les pays (tels qu’Hawaii, le Malawi ou encore le Kenya) qui ont introduit le macadamia ont réussi leur pari avec le soutient institutionnel et les partenariats avec le privé.

Kamleshwar Boodhoo : Par exemple, nous avons besoin de spécialistes en matière de plantation, de recherche, de développement et de protection de plantes de macadamia contre les maladies, entre autres, mais également en production des semences de qualité, gestion des pépi-nières, et vergers, manutention et commercialisation après récolte. Si le secteur des noix de macadamia doit croître et se développer économiquement, contribuer à la création d’emplois et au développement durable, l’industrie devra alors se développer et rester au courant des développements technologiques.

Si l’on devait comparer la production de macadamia à Maurice par rapport à la canne à sucre, quels seraient d’après vous les avantages et les inconvénients ?

Dr Dhaneshwar Puchooa : D’emblée il faut faire ressortir que l’industrie sucrière fonctionne dans un cadre institutionnel, bien établi, qui donne tout le support voulu (ex.MCIA, MSS, etc.) tandis que pour la culture du macadamia, il nous faut acquérir des connaissances appropriées. Cela dit, il faut reconnaître qu’il existe actuellement plusieurs arpents de terres qui ont été abandonnés par les planteurs de canne à sucre. Nous pensons que la culture du macadamia doit se faire sur ces terres au lieu de les laisser à l’abandon, afin de les rendre productives et rentables.

Kamleshwar Boodhoo : Selon un dernier rapport, la noix de macadamia est estimée à 5 euros sur le marché mondial. Et avec 35 kg par plante qui a atteint la maturité, cela représente une source de revenus importante. Selon un des promoteurs locaux, sur un arpent de culture, un planteur peut récolter Rs 300 000 par an alors que pour la canne à sucre, ce n’est même pas sûr qu’il pourra en tirer Rs 50 000. Mais il faut faire une étude plus approfondie pour chiffrer les coûts de production et la rentabilité.

L’arbre macadamia est généralement propagé par greffage et ne commence à produire des quantités commerciales de graines que lorsqu’il a entre 7 et 10 ans. Mais une fois établie, cette plante peut continuer à produire pendant plus de 30 ans. Du point de vue du ministère, la production de noix de macadamia serait une bonne alternative pour les agriculteurs. Les capitaux à investir sont relativement faibles, la culture exige peu d’intrants et la plante tolère assez bien la sécheresse. L’arbre pousse d’ailleurs dans des régions comme Hawaï, le Costa Rica ou encore le Brésil, qui ont un climat qui ne diffère pas beaucoup de celui de Maurice. Il est impératif de mettre sur pied des fermes expérimentales pour voir comment les cultures se développent sous les différents microclimats et types de terres de Maurice.

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Dr Dhaneshwar Puchooa : Il faudra adopter une approche filière pour étudier la chaîne totale de la production. Les investisseurs sud-africains comptent également mettre sur pied une usine pour le traitement des noix. Mais la question qu’on se pose : est-ce qu’il y aura un volume suffisant de noix pour maintenir l’usine à flot ? Du reste, cela devrait prendre au minimum dix ans avant de produire du volume pour l’exportation.

Alteo ferme la centrale de Beau Champ, Medine arrête ses activités sucrières… Est-ce le commencement de la fin pour l’ancien pilier de l’économie mauricienne ?

Kamleshwar Boodhoo : La baisse des revenus, le manque de main-d’œuvre, un surplus sur le marché mondial et la hausse des coûts de production mettent l’industrie cannière en danger. Néanmoins, la culture de la canne est trop importante à Maurice pour la préservation de l’environnement. Donc, je pense que l’industrie cannière résistera aux problèmes. Des propositions pour restructurer la manière d’opérer et changer les mesures d’accompagnement sont à l’étude au ministère. Il faut nous assurer d’une masse critique d’au moins 50 000 hectares sous canne pour produire 400 000 tonnes de sucre par an pour maintenir l’industrie en vie, insiste le ministre de l’Agroindustrie.

La centrale thermique de 25 MW a été conçue pour générer de l’énergie électrique à partir de la bagasse et du charbon. Toutefois, avec la fermeture de l’usine sucrière de Beau Champ, il n’y a pas assez de bagasse, d’où son recours au charbon. Donc, c’est peut-être une raison pour la fermeture de cette centrale. Mais il faut faire ressortir que le groupe Alteo a créé une ferme photovoltaïque. Cela est considéré comme un développement propre, contribue à l’amélioration de l’environnement, comparé à la centrale thermique qui tourne uniquement au charbon, et s’inscrit dans la stratégie de développement durable de Maurice, notamment des objectifs de réduction des émissions issus de la COP 21.

Bagasse, éthanol, paille agricole, mélasse… Pourquoi tarde-t-on autant à donner un nouvel essor aux coproduits dérivés de la production cannière ?

Dr Dhaneshwar Puchooa : Auparavant, on parlait uniquement de production de sucre. Mais pour survivre, il a fallu diversifier. Pour tirer le maximum de revenus de la canne, Maurice a commencé à produire de la mélasse, avec laquelle on produit de l’éthanol, du vinaigre et du rhum ; de la bagasse pour produire de l’électricité ; de la vinasse pour fabriquer du fertilisant liquide ; et des biofertilisants. Je ne pense pas qu’on tarde, car il y a des groupes comme Omnicane qui ont investi pour valoriser les coproduits dérivés de la production cannière.

Cela permet également de réduire l’impact environnemental de l’industrie cannière à travers une valorisation des produits dérivés. D’après les rapports, les revenus émanant de ces produits sont substantiels.

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