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Maurice île Durable

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Les écolos s’impatientent. La révolution verte se fait toujours attendre. Du côté des autorités, on se veut rassurant. On est en train de déblayer le terrain. Depuis l’annonce du projet Maurice île Durable (MID), il y a eu une série d’initiatives pour vulgariser le concept et élaborer un calendrier qui mènera à l’application d’un plan d’action.
C’est une équipe de consultants de Mott Mc Donald de concert avec Lux Consultant qui a eu la lourde tâche de développer la politique, la stratégie et le plan d’action de Maurice île Durable (MID). Les travaux des consultants, qui ont démarré au mois de février, s’étendent sur six mois.
Donc, d’ici à quelques semaines nous devrons être en mesure de connaître la politique et la stratégie de MID pour la prochaine décennie. De même que le plan d’action réaliste et réalisable ainsi que les projets et autres activités qui seront mis en chantier dans le cadre du MID.
Les consultants britanniques ont eu également pour responsabilité de passer en revue la structure institutionnelle et le cadre législatif en place pour le développement durable. Et développeront des indicateurs pouvant aider à faire un suivi de l’exécution de la politique, de la stratégie et du plan d’action du MID.
L’aboutissement de cette étape marquera un tournant décisif dans le projet MID. Car malgré les tentatives de sensibilisation, l’initiative MID est demeurée jusqu’ici assez confuse aux yeux de la population.
Une situation que Vassen Kauppaymuthoo, océanographe et ingénieur en environnement, attribue au manque d’objectivité et à l’instrumentalisation politique du projet.

Vassen Kauppaymuthoo
(océanographe)

« C’est un projet qui devrait en principe adresser la problématique de la durabilité et la combinaison des facteurs économiques, sociaux et environnementaux », résume-t-il. La mise en place d’un tel projet implique qu’on accorde une importance primordiale à ces trois paramètres. « Or, on le voit bien aujourd’hui, la cupidité, l’ego et le financement des partis politiques ont pris le dessus à Maurice. Générer des bénéfices et de l’investissement direct étranger rapidement et à tout prix reste la priorité, comme en témoignent les divers projets qui se font sans aucune considération environnementale ou sociale. On a vraiment l’impression qu’on est actuellement en train de dépouiller et de décharner notre île, de la vendre au plus offrant au cri du slogan : ‘On ne peut bloquer le développement’ », déplore l’océanographe.
Les autorités rétorquent que Maurice île Durable a évolué d’une initiative visant à réduire la dépendance de Maurice des énergies fossiles à une vision plus large pour devenir le MID 5 E englobant l’énergie, l’économie, l’emploi, l’environnement et l’équité.
Jusqu’ici, au moins une demi- douzaine de rapports ont été publiés à l’issue de 24 ateliers de travail. Des rapports qui devront justement servir de base à la préparation du plan d’action.
Bien que comme l’estime le président exécutif de la Commission MID, Osman Mohamed, Maurice île Durable est une occasion pour se réinventer, la crise économique pourrait refroidir certaines ardeurs. D’autant plus que le consultant aura à déterminer le budget requis pour la mise à exécution des projets qui seront identifiés.
L’économie et l’emploi figurent justement en bonne place dans le projet Maurice île Durable. Les aspects économiques ont d’ailleurs fait l’objet d’un atelier de travail présidé par le directeur du Joint Economic Council (JEC), Raj Makoond. Ce comité constate que la vulnérabilité de Maurice comme petit État insulaire en développement dépendant des énergies fossiles met en exergue la nécessité d’adopter un nouveau type de croissance économique. Le passage au vert peut se révéler être un moteur de croissance à long terme. Un avis que partage l’ingénieur en environnement, Vassen Kauppaymuthoo. « Pour que MID soit un succès, cela requiert un changement total de mentalité, un renversement de la vapeur. Ce n’est pas la direction que nous prenons. La solution, la clé de ce problème se trouve, à mon avis, dans l’économie verte », analyse-t-il. Et d’expliquer que l’économie verte comme l’ensemble de l’activité économique générée par toutes les entreprises qui produisent des biens et services contribue à éviter, réduire ou supprimer des nuisances pour l’environnement. C’est donc une économie qui rapporte de l’argent tout en étant bénéfique pour l’environnement.
Pour Vassen Kauppaymuthoo, l’économie verte n’est pas une finalité. C’est avant tout un moyen pour atteindre l’objectif de durabilité et même plus en intégrant les impératifs sociaux et environnementaux au paramètre économique.
Cependant, il ne faut pas s’attendre à des résultats concrets sans une réforme en profondeur de la mentalité et de l’esprit, estime Vassen Kauppaymuthoo : « C’est ce qui devrait en principe être l’objectif principal du MID. Or, le problème se corse, car c’est un peu comme le chien qui se mord la queue : MID doit transformer les mentalités, mais les mentalités doivent être transformées pour pouvoir promouvoir un projet MID adéquat. »

Le projet MID présenté à Rio

 Le projet Maurice île Durable a été dévoilé à Rio dans le pavillon de la France le 21 Juin. Le thème de la choisi était : « Maurice et la Réunion deux îles voisines de l’océan indien. Quel développement durable pour les petits territoires insulaires ? Des expériences et une coopération phare ». La présentation a été axée sur le projet MID et le projet GERRI à la Réunion sous l’égide de l’Agence Française de Développement (AFD). Ce sont des projets ambitieux, mais il semblerait que la Réunion ait pris une longueur d’avance sur Maurice avec des projets concrets comme l’installation d’une unité permettant d’utiliser l’océan pour faire de l’énergie, soit la technique Ocean Thermal Energy Conversion.

Osman Mohamed, à l’extrême gauche et Deva Virahsawmy à l’extrême droite lors de la présentation du projet MID.
C’est à travers la projection d’un film, nous indique Vassen Kauppaymuthoo, que Maurice a présenté son projet MID. Celle-ci a été suivie de deux interventions d’Osman Mohamed, président exécutif de la Commission MID et du ministre de l’Environnement, Deva Virahsawmy. Selon l’océanographe, Rio + 20 est venu mettre en avant l’orientation océanique des projets futurs à travers le monde, et le concept de l’économie verte, sans cependant prendre réellement en considération les aspects humains et les impératifs de protection de l’environnement. Vassen Kauppaymuthoo constate également que Rio a été une conférence creuse, sans avancement majeur par rapport à la conférence de 1992 qui a vu une réelle reconnaissance de la nécessité de protéger notre patrimoine environnemental. Il en veut pour preuve l’absence remarquée du président américain, du Premier ministre britannique et de la chancelière allemande.

 

Les bailleurs de fonds répondent au rendez-vous
Plusieurs organisations internationales apportent leur expertise et soutien financier au MID. À commencer par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) qui a grandement contribué à l’élaboration d’un livre blanc. L’Agence Française de Développement a également mis à la disposition du MID un expert en développement durable.
L’Union européenne apporte également son soutien financier. Cela à travers le financement de l’organisation de plusieurs ateliers de travail. Un soutien que les autorités attribuent au fait que MID est un projet de société issu d’un processus de consultation démocratique et qui n’a pas été imposé sur la population.

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