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Pierre Dinan: «Il faudrait encourager les personnes actives à contribuer davantage pour leurs jours de retraite »

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Laurent Garnier

La population mauricienne devient vieillissante d’année en année avec pour conséquence une demande grandissante pour la pension de vieillesse, ce qui alourdit le fardeau sur le budget national. Pierre Dinan, économiste, nous éclaire sur ce qui nous attend dans quelques années si rien n’est entrepris pour réformer le système des pensions tout en livrant des pistes à explorer.

BUSINESSMAG. D’après les projections de Statistics Mauritius, en 2026, 26 % de la population sera âgée de 60 ans. Quelles en seront les conséquences sur la pension de vieillesse et quelles mesures préconisez-vous ?

Il y a pas mal de temps déjà, j’ai tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. Par définition, tout ce qui concerne la démographie prend du temps ; c’est une bombe à retardement. Mais gouverner, c’est prévoir, et il y a quelques mesures à prendre pour faire face à ce problème. Le premier serait de repousser l’âge de la retraite ; cela réduirait le nombre de bénéficiaires de la Basic Retirement Pension. Un autre moyen serait le ciblage, mesure mise en place à Maurice en 2004, puis abandonnée car perçue comme une atteinte aux personnes âgées. J’estime qu’il n’y a aucun mal à déterminer qui sont les personnes qui ont besoin d’une pension de vieillesse et celles qui n’en ont pas besoin. Nous sommes en passe de résoudre ce problème car nous avons maintenant un Social Register à la sécurité sociale. Cette banque de données relativement nouvelle a été créée, afin de venir en aide aux personnes qui vivent sous le seuil de la pauvreté. Qu’est-ce qui nous empêche de créer une banque de données pour les personnes âgées ?

Pour ce qui est de la pension contributive, il faudrait encourager les personnes actives à contribuer davantage pour leurs jours de retraite. Pour commencer, il faudrait introduire un abattement fiscal pour encourager les travailleurs à mettre de l’argent de côté pour leurs vieux jours. Cela permettra d’accroître l’épargne, qui est un plus pour l’économie nationale. Au lieu de forcer une personne à épargner pour sa retraite, le gouvernement pourrait créer un fonds et offrir aux Mauriciens le choix d’y contribuer ou pas. Ce n’est pas dictatorial dans le sens où la
personne a le choix de opt out.

Cette démarche pourrait se faire au niveau du National Pension Fund ou des fonds de pension privés reconnus par le gouvernement. Il est nécessaire d’encourager les gens en leur accordant un abattement fiscal tout en offrant le choix de opt out, c’est-à-dire de contribuer ou pas. Le gouvernement devrait prendre cette initiative et se mettre en rapport avec le secteur privé des assurances, des finances et trouver un système auquel participeront ses parties prenantes avec les lois fiscales et régulatrices appropriées.

Ce qui se passe, c’est que le Mauricien moyen ne sait pas s’il est en train de prévoir suffisamment pour sa pension. Il faut l’encourager à travers la fiscalité. La Banque mondiale recommande que les personnes actives contribuent de leur propre gré à un fonds autre que le fonds gouvernemental. Il y a une grosse sensibilisation à faire sur le vieillissement de la population du côté des jeunes.

BUSINESSMAG. Avec un coût de la vie en hausse constante, les gens ont-ils les moyens de souscrire à un plan de retraite ?

Il y a évidemment un certain nombre de personnes très pauvres. Encourager les gens à prévoir pour leur vieillesse ne concerne pas ceux au bas de l’échelle. Le gouvernement doit aider ces gens. Dans cette optique, dans le dernier budget, des aides aux personnes pauvres ont été prévues. Mais, à Maurice, il y a une surconsommation de la classe moyenne. Les Mauriciens ne savent pas établir leurs priorités. Mettre sur pied un système de fonds comme discuté précédemment aidera les gens à prendre conscience qu’ils doivent penser à leurs vieux jours...

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