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Salaires – Les femmes touchent 30 % de moins que les hommes

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Salaires - Les femmes touchent 30 % de moins que les hommes | business-magazine.mu

«Sans l'inclusion égale de la moitié des talents mondiaux, nous ne pourrons pas tenir la promesse de la quatrième révolution industrielle pour l’ensemble de la société, faire croître nos économies pour une plus grande prospérité partagée ou atteindre les objectifs de développement durable des Nations unies», insiste Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du World Economic Forum (WEF). En effet, le Global Gender Gap Report 2020 en fait une question d’urgence, mais montre néanmoins que les disparités financières entre hommes et femmes restent importantes.

Dans ce rapport, qui compare 153 pays sur la parité entre les sexes dans l’éducation, la santé, la politique et la participation économique, Maurice prend la 115e place. Un de ses points faibles, comme dans bien des pays dans le monde, concerne la participation et les opportunités économiques. C’est d’ailleurs l’un des constats clés car cela reste le deuxième plus grand écart, après la politique. Avec un indice de presque 58 %, il est même en léger recul par rapport à l’année dernière. S’il y a des progrès lents mais positifs en termes de postes de direction, la participation des femmes au marché du travail est au point mort. Les disparités financières restent plus importantes, expliquant le recul enregistré. En moyenne, seulement 55 % des femmes adultes sont sur le marché du travail, contre 78 % pour les hommes. L’écart salarial (le rapport du salaire d’une femme à celui d’un homme dans une position similaire) est à plus de 40 % alors que l’écart de revenu (le rapport du revenu salarial et non salarial total des femmes à celui des hommes) est à 50 %, selon le rapport.

À Maurice, la disparité financière est une réalité, fait remarquer Linda Mamet, la CEO par intérim du Mauritius Institute of Directors. Ainsi, le Gender Report 2018 livre un résultat sans appel sur les écarts de salaires entre les hommes et les femmes. En moyenne, dans toutes les catégories d’emplois, un Mauricien touchait Rs 24 400 contre une moyenne de Rs 18 600 pour les femmes, soit un écart moyen de Rs 5 800. L’écart le plus important se situait dans la catégorie des managers, les hommes percevant en moyenne Rs 42 800, alors que le salaire des femmes se situait à Rs 32 100, soit un écart de Rs 10 700. Cet écart se creuse davantage au plus haut de la hiérarchie.

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TRIPLE DÉFI

Selon l’économiste Manisha Dookhony, la différence salariale se reflète à tous les niveaux dans le secteur privé où une femme ne gagne que 72 sous pour chaque roupie qu’un homme perçoit. Et de faire ressortir : «Une étude pour la période 2004 et 2015 révèle que les Mauriciennes travaillant dans le secteur privé étaient payées, en moyenne, environ 30 % en moins que les hommes par heure travaillée». 

Les femmes sont soumises à un triple défi en matière de participation économique car il ne s’agit plus seulement de parler de salaire, mais aussi de revenus. D’abord, elles rencontrent des difficultés pour accéder à des postes supérieurs et ou être employées dans des segments de l’économie à rémunération élevée. Ensuite, celles occupant des postes similaires à ceux des hommes, tant par l’ancienneté que les niveaux de compétences, sont toujours moins payées. Finalement, les disparités de revenus sont plus importantes car les femmes sont moins susceptibles que les hommes de tirer des revenus d’activités non liées à l’emploi. Il est ici question d’investissements financiers ou d’entrepreneuriat, où les gains financiers sont sensiblement plus élevés. Selon l’estimation fournie par ce rapport, la moyenne mondiale du revenu des femmes est d’environ $ 11 000 (en parité du pouvoir d’achat – PPA) tandis que le revenu moyen d’un homme est de $ 21 000 (en PPA).

Une des raisons de cette disparité est que dans de nombreux pays, les femmes sont considérablement désavantagées dans l’accès au crédit, à la terre ou aux produits financiers. Ce qui les empêche de créer une entreprise ou de gagner leur vie en gérant des actifs financiers, indique le rapport. Une réalité à laquelle les entrepreneures sont confrontées à Maurice, comme en témoigne Shahannah Abdoolakhan, la CEO d’Abler Consulting. «En tant qu’entrepreneure, cela n’a pas été possible d’avoir accès au crédit pour financer mon projet. On dit qu’il y a un fonds, mais les femmes y ont difficilement accès et les banques demandent de grosses garanties, comme les actifs personnels que toutes n’ont peutêtre pas», commente-t-elle. Autre point faible à Maurice : un manque de visibilité sur les salaires qui ne permet vraiment pas de prendre la mesure de cette disparité salariale et d’y remédier.

Le

Les responsabilités familiales et les tâches ménagères, fardeau disproportionnellement attribué aux femmes par rapport aux hommes, pèsent aussi dans la balance. «Dans les pays avancés et en développement, il existe une relation négative entre le temps relatif consacré par les femmes au travail domestique non rémunéré et la participation économique et les inégalités entre les sexes», souligne le Global Gender Report. En effet, le rapport indique que dans aucun pays au monde, le temps consacré par les hommes au travail non rémunéré (principalement le travail domestique et bénévole) n’est égal à celui des femmes alors que dans de nombreux pays, les femmes consacrent encore plusieurs fois autant de temps que les hommes à ces activités. Même dans les pays où ce ratio est le plus faible (la Norvège ou les États-Unis), les femmes consacrent presque deux fois plus de temps que les hommes aux travaux domestiques non rémunérés.

Quand

Il y a une grande différence entre les pays les plus performants et ceux en bas du classement en matière de participation et opportunités économiques entre hommes et femmes. Alors que les 10 premiers pays ont comblé au moins 80 % de l’écart, les 10 pays les moins avancés n’ont réduit que de 40 % l’écart entre les hommes et les femmes sur le lieu de travail. Parmi les 10 pays les plus performants, quatre sont originaires de l’Afrique subsaharienne : le Bénin a jusqu’à présent fermé 84,7 % de son écart de participation économique et aux opportunités économiques, le Burundi (83,7 %), la Zambie (83,1 %) et la Guinée (80,3 %). À l’autre extrémité du spectre, les opportunités économiques pour les femmes sont extrêmement limitées en Inde (35,4 %), au Pakistan (32,7 %), au Yémen (27,3 %), en Syrie (24,9 %) et en Irak (22,7 %).