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Simon Ardonceau : «Maurice est dans le premier tiers en termes de développement immobilier en Afrique»

De passage à Maurice dans le cadre d’une conférence sur l’immobilier résidentiel de luxe qui se tient ce mercredi, Simon Ardonceau a accordé un entretien à Business Magazine. Le Head of Consulting and Business Development Africa de JLL revient sur le positionnement du pays face à la concurrence internationale et évoque les nombreux défis que devront relever les promoteurs à court terme s’ils ne veulent pas se laisser distancer.

Vous organisez cette semaine une conférence sur le positionnement de Maurice sur le marché de l’immobilier résidentiel de luxe. Quel est l’objectif de cet événement ?

Maurice demeure pour JLL un marché clé au niveau de l’Afrique. Nous y sommes d’ailleurs présents depuis maintenant sept ans et constatons que le pays est doté d’un secteur immobilier très dynamique sur l’ensemble du spectre du secteur. Cette tendance se distingue particulièrement sur des projets tels que les Smart cities, où l’on retrouve toutes les composantes immobilières sur lesquelles notre expertise est régulièrement sollicitée.

Cette conférence, que nous organisons chaque année, a pour objectif de réunir nos clients mais également les acteurs du marché de l’immobilier dans leur ensemble, qu’ils soient du privé ou du public. Nous évoquerons, lors de cette conférence qui portera cette année sur l’immobilier résidentiel de luxe, le positionnement de Maurice ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement pour attirer les investisseurs. Le ministre des Finances y fera d’ailleurs un discours en ce sens.

Il est aujourd’hui très important de sensibiliser l’opinion quant à l’importance que tient l’immobilier dans l’économie mauricienne. L’on a tendance à oublier le rôle majeur joué par ce secteur en termes de contribution au produit intérieur brut (PIB), de création d’emplois, de chaîne de valeur et d’impact sur l’économie. L’immobilier crée des emplois en amont, pendant la phase de construction, mais également en aval, dans l’opération et notamment sur toute la partie Property management et Facilities management. L’immobilier est, au sens large, une véritable courroie de transmission au service de l’activité économique.

Nous profiterons de cette conférence pour dresser un panorama des investissements globaux dans l’immobilier. L’on évoquera les flots de capitaux entre les différentes régions du monde pour montrer aux principaux concernés d’où ils viennent et où ils vont. Nous parlerons également des classes d’actifs les plus représentées dans les transactions de plus de 5 millions de dollars. Nous parlons ici d’immobilier institutionnel où le résidentiel représente 31 % des transactions effectuées, le bureau à 25 %, la logistique 20 %, le retail 14 %. Le reste concerne ce qu’on appelle les classes d’actifs alternatives comme les résidences étudiants ou seniors.

Nous passerons, par ailleurs, en revue les principaux concurrents de Maurice sur le marché de l’immobilier résidentiel qui proposent, eux aussi, aux investisseurs étrangers des permis de résidence permanents, voire des passeports lorsqu’ils font l’acquisition d’un bien immobilier. Concrètement, nous présenterons six marchés qui font concurrence à Maurice, à savoir, la Grèce, le Portugal, Chypre, Saint Kitts et Nevis, l’Espagne et Malte. Cela afin de mettre en perspective le marché immobilier résidentiel, identifier les domaines d’amélioration et voir comment permettre à Maurice de mieux faire face à une concurrence de plus en plus dure.

Maurice a certes multiplié les mesures pour attirer toujours plus d’investissements étrangers. Qu’en est-il du profil d’investisseur recherché?

L’investissement dans l’immobilier va de pair avec une volonté d’ouvrir l’économie non seulement aux capitaux, mais aussi au savoir-faire étrangers.

Il s’agit pour Maurice non pas de créer un marché de spéculation, mais bien d’attirer des investisseurs qui non seulement apporteront des capitaux, mais aussi des compétences qui pourront, pourquoi pas, permettre la création de nouveaux secteurs d’activités porteurs qui contribueront à l’économie locale sur le long terme. Et c’est justement ce que Maurice est parvenu à faire.

Lorsqu’on regarde les chiffres, l’on voit clairement que ceux qui investissent dans l’immobilier ont une vision à long terme tout simplement parce qu’ils apprécient la destination. En 2021, le nombre de transactions était de 381, ce qui était une très bonne année pour Maurice. Il faut savoir qu’un investisseur peut aujourd’hui choisir parmi une douzaine de projets qui affichent tous des prix compétitifs. Nous ne sommes clairement pas, à Maurice, sur du «flipping», comme on peut le voir dans d’autres marchés, notamment au Moyen-Orient et en Europe. Si Maurice arrive à mieux développer une stratégie plus claire et à affiner les schemes, l’immobilier mauricien a assurément un bel avenir.

À l’échelle de l’Afrique, Maurice est un tout petit marché. Comment expliquer l’attrait des investisseurs pour la destination?

Si l’on met Maurice dans une perspective africaine, l’île est très clairement dans le premier tiers en termes de développement du marché immobilier, d’infrastructures et de stabilité politique.

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