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Vidia Mooneegan : «L’économie locale retrouvera son niveau pré-covid-19 vers 2024-2025»

Ces 18 derniers mois ont été extrêmement éprouvants pour la communauté des affaires. Au niveau de Business Mauritius, l’on a dû redoubler d’efforts et être sur tous les fronts pour surmonter les défis liés à la crise de Covid-19, mais aussi à l’inclusion de maurice sur la liste noire de l’Union Européenne et l’échouement du MV Wakashio. Son président, Vidia Mooneegan, se dit agréablement surpris par le sens de patriotisme dont il a été témoin parmi les chefs d’entreprise. Aujourd’hui, l’optimisme est de retour. Mais, prévient-il, la normalité est loin d’être atteinte. Il faudra quelques années à nos indicateurs économiques pour atteindre les niveaux d’avant la crise.

Après deux ans à la présidence de Business Mauritius, votre mandat arrive à terme. Celui-ci n’a pas été de tout repos car la crise de Covid-19 a chamboulé tous les plans et déraillé l’économie mauricienne. Avezvous le sentiment d’avoir pu pleinement aider le pays à traverser cette crise sans précédent ?

Les années 2020-2021 resteront dans les annales. La Covid-19 a eu un impact sur nos moyens de subsistance comme jamais auparavant et ses perturbations économiques et sociales sont dévastatrices. La crise a entraîné une augmentation de la dette publique à des niveaux sans précédent, la destruction d’entreprises, la perte d’emplois et de vies. Au cours de mon mandat, nous avons été confrontés à un certain nombre de vents contraires, la pandémie de la Covid-19 bien sûr, mais aussi la liste grise du GAFI (Groupe d’action financière) et la liste noire de l’Union européenne, ainsi que la marée noire du MV Wakashio. En outre, le monde des affaires a dû faire face à une charge financière et organisationnelle accrue et à la complexité des nouvelles législations du travail, ainsi qu’à des changements dans les politiques fiscales. Nous devons réévaluer nos forces et nos faiblesses afin de proposer des stratégies qui nous permettront de construire un pays plus résilient, durable et inclusif. À Business Mauritius, peu après le premier confinement, nous avons mis en place sept Covid-19 Response Committees : l’alimentation, les services essentiels et l’énergie ; la santé ; la relance économique ; la logistique transfrontalière ; le comité RH ; la solidarité et communication. Chaque comité était dirigé par un CEO. Grâce à une communication et une collecte de données constantes, nous avons pu fournir des informations à nos membres ainsi qu’au gouvernement afin que des décisions efficaces et opportunes puissent être prises. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement pour mettre en place le Work Access Permit (WAP) afin de permettre aux gens des services essentiels de continuer à opérer. Nos membres ont contribué au National Solidarity Fund. Nous avons également travaillé avec le gouvernement et les ONG pour mettre en place de nombreuses actions de solidarité, y compris des aides alimentaires d’urgence.

«Bien qu’il y ait un sentiment d’optimisme, la normalité est loin d’être atteinte»

La situation globale à l’échelle macroéconomique, on la connaît : le PIB s’est contracté de plus de Rs 100 milliards. Et le chômage frôle les 10 %. Sans compter la dépréciation accélérée de la roupie et la poussée inflationniste. Quel est votre constat à l’échelle des entreprises ?

Afin de mieux comprendre l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur les entreprises, Business Mauritius s’est associée à Statistics Mauritius pour réaliser l’enquête Business Pulse l’année dernière, cela avec l’assistance technique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le soutien financier du gouvernement japonais. Nous avons publié les résultats de l’enquête de suivi la semaine dernière. Dans l’ensemble, de nombreuses entreprises fonctionnent normalement, constatant une amélioration des conditions du marché et sont plus optimistes quant au recrutement dans certains secteurs. Cependant, les principaux défis sont : le manque de liquidités, la baisse de la demande, le Forex qui affecte les prix des importations et les retards dans la chaîne d’approvisionnement. Dans certains secteurs, par exemple les Tic-BPO, le marché du travail se redynamise, entraînant une inflation au niveau des salaires. Les mesures décisives nécessaires pour soutenir les entreprises comprennent des solutions pour les PME et les exportateurs, qui ont été très touchés, des politiques et des facilités pour la transformation numérique, l’innovation et la diversification des marchés, un partenariat public-privé pour faire face aux risques de pertes d’emplois à travers le re-skilling et des facilités de soutien aux entreprises. Bien qu’il y ait un sentiment d’optimisme, la normalité est loin d’être atteinte. Il faudra quelques années à nos indicateurs économiques pour atteindre les niveaux d’avant la crise. En attendant, nous devons rester concentrés, optimiser le rendement de nos ressources limitées et approfondir notre collaboration avec toutes les parties prenantes.

Au niveau de Business Mauritius, comment ces 18 derniers mois se sont-ils déroulés ? Est-ce qu’à un certain, moment vous vous êtes senti impuissant face à une situation totalement inédite ?

Confronté à des défis sans précédent au cours de ces 18 mois, je me suis senti dynamisé et doté d’un plus grand sens du devoir pour trouver des solutions à des problèmes complexes dans un environnement imprévisible. J’ai eu la chance d’être entouré de dirigeants et d’experts engagés et très compétents du conseil de Business Mauritius et du comité consultatif de Business Mauritius. Le CEO et le personnel de Business Mauritius ont dû redoubler d’efforts sur tous les fronts pour surmonter ces défis. J’ai aussi été témoin d’un étonnant sens du patriotisme parmi les chefs d’entreprise. Certes, de nombreux défis se sont présentés tout au long du parcours, mais nous avons continué à faire tourner tous les cylindres et sommes restés concentrés sur notre mission et nos objectifs.

Est-ce que cette crise a quelque part rapproché l’organisation patronale d’avec ses membres ?

Pendant cette période d’incertitude et de changement constant, nous avons dû intensifier notre communication avec nos membres. Nous avons utilisé tous les canaux et technologies disponibles pour communiquer de manière transparente et opportune sur toutes les questions relatives à la crise de la Covid-19, notamment les protocoles, l’accès aux denrées alimentaires essentielles, le renforcement des capacités dans le secteur de la santé, les politiques de l’emploi, la stratégie de relance économique, la logistique, les WAP, etc. Nous avons également vu une augmentation concernant le nombre d’adhésions au cours de cette période.

«Les entreprises doivent mettre en œuvre leurs plans de transformation et ne pas revenir à leurs anciennes méthodes de travail»

Tant bien que mal, les entreprises ont dû se réadapter et revoir leur mode opératoire en privilégiant un modèle de travail hybride. Peut-on dire que nos entreprises ont su faire preuve de résilience et ont grandi dans l’épreuve ?

La pandémie de la Covid-19 a conduit les entreprises à innover et à s’adapter. Les mesures d’optimisation des coûts, les nouveaux modes de fonctionnement tels que le travail à distance et les horaires flexibles, la mise en œuvre d’un plan de continuité des activités, l’investissement dans les nouvelles technologies, l’adoption du commerce électronique sont quelquesunes des mesures prises. Nombre de ces initiatives ont permis de diversifier les activités dans de nouveaux domaines de croissance. La crise a accéléré l’utilisation des technologies numériques pour influencer la façon dont le travail est effectué, transformer la façon dont les clients et les entreprises s’engagent et interagissent, et créer de nouvelles sources de revenus. Les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement transfrontalières étant exposées, celles-ci sont en cours de restructuration, avec une redondance et une résilience intégrées, au détriment d’une certaine efficacité. Les entreprises doivent envisager de nouveaux paradigmes et de nouveaux modèles économiques plus durables et plus inclusifs. Maintenant que l’économie s’améliore, les entreprises doivent mettre en œuvre leurs plans de transformation et ne pas revenir à leurs anciennes méthodes de travail.

Dix-huit mois après l’éclatement de la crise, l’activité économique semble avoir repris son cours normal, mais le rapport au travail a changé. Est-ce que nous sommes définitivement passés à une autre culture d’entreprise ?

Le monde ne sera plus jamais le même, car une nouvelle normalité a été créée. Le travail à distance doit être utilisé à son plein potentiel. Les entreprises peuvent faire évoluer leurs activités à un coût supplémentaire minime. La mobilité de la maind’œuvre a fortement diminué en raison des restrictions en matière de voyages et d’immigration. Ce concept a également changé. Si les gens ne peuvent pas se déplacer pour travailler, le travail se déplacera pour eux. On peut dire que la Covid-19 a ‘tué’ le traditional workplace. Les entreprises dont la culture est la plus forte domineront leur secteur. Elles doivent réfléchir soigneusement à la proposition de valeur et à l’expérience de leurs employés lorsqu’ils retournent au bureau.

Les chefs d’entreprise doivent créer un nouveau monde du travail qui permettra aux employés de rester engagés et productifs. Les managers devront donner la priorité au temps passé en tête à tête, faire en sorte que le travail à domicile et au bureau soit une source d’inspiration et avoir des conversations honnêtes avec les employés sur les besoins et les attentes de l’entreprise. Ils doivent peser les risques d’isolement et d’épuisement professionnel et diriger avec plus d’empathie tout en faisant preuve de compassion face au stress causé par la pandémie sur les familles.

L’immobilisme engendré par la crise a accéléré le processus de numérisation dans les entreprises. Des géants comme Facebook l’ont bien compris et investissent massivement dans l’économie immersive ou le métavers qui dans les décennies va réinventer l’expérience professionnelle. Étant également Managing Director de Ceridian, donc conscient des transformations que peut apporter l’intelligence artificielle, comment voyezvous personnellement le futur du travail ?

Plus tôt cette année, Ceridian a publié les résultats 2021-2022 Executive Survey, qui examine les stratégies et les priorités qui façonnent l’avenir du travail chez les cadres du monde entier. L’enquête a révélé que 53 % des cadres affirment qu’ils augmenteront la taille de leur équipe au sein de l’organisation en raison de l’augmentation de la demande de services et 35 % tireront parti des gig workers. 71 % embaucheront davantage d’employés à distance au cours des deux prochaines années, avec 63 % d’entre eux s’accordant à dire qu’ils embaucheront en dehors de leur pays. À mesure que le gig economy model se généralise, la majorité (62 %) s’accorde à dire que les travailleurs de plateformes ou les gig workers remplaceront en grande partie les employés à temps plein dans les cinq prochaines années. Pour la première fois, il y a cinq générations dans la population active. Les modalités de travail alternatives – gig work, free-lance et opportunités à distance – font de plus en plus partie du tissu des entreprises. L’automatisation, le machine learning et l’intelligence artificielle continuent de transformer notre façon de travailler, tandis que la technologie sur le lieu de travail nous a permis d’opérer à l’échelle mondiale en supprimant les frontières physiques. Les organisations se disputent désormais les talents au-delà des frontières et des secteurs d’activité, surtout dans un marché du travail tendu. Même si les emplois vont probablement changer, il y aura toujours une place pour que les humains et les machines travaillent côte à côte à l’avenir ; et les organisations peuvent en tirer parti lorsqu’elles sont prêtes.

Jusqu’ici, l’État a massivement soutenu les entreprises notamment à travers le mécanisme du Wage Assistance Scheme. Est-ce qu’on peut dire qu’il y a eu un réchauffement de la relation public-privé ?

Le partenariat public-privé a été un atout majeur pour l’île Maurice, car il a aidé le pays à surmonter de nombreux vents contraires depuis son Indépendance. La Covid-19 a provoqué la pire crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Plus que jamais, nous devons travailler ensemble pour en sortir plus forts. Le gouvernement et les entreprises doivent être agiles et répondre rapidement aux conditions changeantes. Business Mauritius s’est toujours engagé à travailler avec le gouvernement sur la croissance économique durable et inclusive de la nation et la prospérité partagée pour tous. Nous avons établi des partenariats fructueux sur l’économie circulaire et l’efficacité énergétique. Nous nous engageons à collaborer sur les réformes de la pension, l’inclusivité, la solidarité et d’autres sujets importants. Le comité mixte public-privé est un bon début. Nous devons élargir la plateforme pour inclure d’autres ministères qui sont pertinents pour soutenir le développement des entreprises. Nous reconnaissons l’effort du gouvernement pour aider les travailleurs à travers le Government Wage Assistance Scheme (GWAS) à maintenir les emplois et à minimiser les difficultés. Les entreprises en ont bénéficié indirectement car leur capacité de production a été préservée afin qu’elles puissent rebondir dès que l’économie s’améliorera. Le gouvernement a également aidé avec d’autres mesures pour permettre aux entreprises et aux employés de reprendre le travail.

Parlant de l’entente public-privé qui, depuis notre Indépendance, a été si cruciale pour bâtir notre succès économique, vous conviendrez que la Contribution Sociale Généralisée (CSG) a été la pierre d’achoppement… En tant que président de Business Mauritius, est-ce que vous pensez toujours que le gouvernement doit faire machine arrière sur la CSG ou du moins revoir ce régime dans sa forme actuelle ?

Business Mauritius a fait part au gouvernement, à plusieurs reprises, de ses préoccupations concernant la CSG, qu’elle juge discriminatoire et non viable. Le National Pension Fund (NPF) a été créé afin de réduire partiellement l’écart de pension entre les secteurs public et privé. En remplaçant le NPF par la CSG, nous augmentons l’écart de pension entre les secteurs public et privé. La Banque mondiale et des experts actuariels ont exprimé leur inquiétude quant à la non-durabilité d’un système de pension sans capitalisation. Les projections faites par les spécialistes indiquent que la CSG ne pourrait financer les cotisations supplémentaires de Rs 4 500 que jusqu’en 2025 et qu’ensuite le fonds sera vide. Avec le vieillissement de la population, certains experts ont estimé que les taux de la CSG devront être multipliés par 4 ou plus à l’avenir. Malgré les dispositions visant à inclure les employés du secteur informel, nous pensons qu’il est urgent de procéder à une réforme en profondeur pour revoir et renforcer les piliers de la pension à Maurice afin de s’assurer qu’ils sont cohérents, complémentaires et plus robustes face au vieillissement de la population et aux autres défis.

L’autre épisode marquant de ces 18 derniers mois a été l’échouement du MV Wakashio, qui a provoqué un véritable élan national. De son côté, la communauté des affaires à joué pleinement son rôle pour aider Maurice à se relever. Quelles sont les leçons à tirer ?

La tragédie du Wakashio a eu des répercussions environnementales, économiques et sociales. Notre réputation en a aussi pris un coup. Cela a mis en évidence la vulnérabilité de notre écosystème face à de telles catastrophes nationales. Cet incident a attiré l’attention du monde entier sur l’insuffisance des dispositifs de préparation et de réaction du pays face aux marées noires. Un grand nombre de volontaires à travers le pays sont intervenus et ont pris des mesures pour réparer les dégâts causés, bien qu’ils n’aient aucune expérience des marées noires. Il s’agit là d’un bel exemple de solidarité de la part de la population mauricienne Business Mauritius a mis en place un Private Sector Response au comité du Wakashio et a pleinement collaboré avec le National Disaster Recovery Committee. Nos membres ont fourni des volontaires et des professionnels ayant les compétences requises, des équipements lourds et du matériel. Business Mauritius a également organisé une séance d’information avec des experts de l’Onu sur les déversements de pétrole du Wakashio pour les membres de la communauté des affaires. En tant que petit État insulaire en développement (PEID), l’île Maurice est très vulnérable aux catastrophes écologiques. Nous devons disposer d’un plan d’urgence régional en cas de déversement d’hydrocarbures et de systèmes nationaux de préparation et d’intervention. Notre population doit être suffisamment formée et équipée pour répondre aux marées noires ou autres incidents de pollution marine.

L’un des enseignements de la crise, c’est que Maurice doit accélérer le processus de régionalisation et se concentrer davantage sur l’Afrique. Quelles sont les opportunités qu’offre le marché africain sur le plan commercial ? Et outre l’Afrique, de nouvelles opportunités se dessinent pour Maurice, notamment avec la Chine et l’Inde, avec lesquelles nous avons conclu des accords de libreéchange. Faut-il que nous bougeons davantage vers un modèle de développement Sud-Sud ?

Depuis janvier 2021, trois grands accords de partenariat commercial et économique ont été signés pour Maurice, à savoir, le Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement (CECPA) avec l’Inde, l’Africa FTA et le China FTA. Des comités de coordination ont été mis en place pour poursuivre les discussions sur les questions ouvertes ainsi que pour suivre les progrès. Ces accords sont d’énormes leviers dont les entreprises mauriciennes doivent tirer parti. Avec ses 54 pays, sa population de 1,4 milliard de jeunes et sa croissance rapide, l’Afrique représente un énorme marché pour les produits et services mauriciens. Notre population bilingue est idéalement placée pour servir la majeure partie de l’Afrique et le continent peut également contribuer à remédier à nos pénuries de talents. Les mesures prises par les autorités pour sortir de la liste noire de l’Union européenne feront de Maurice la juridiction la plus avancée et la plus conforme en matière de services financiers dans cette région. La pandémie a obligé les pays à revoir leurs chaînes d’approvisionnement. La fabrication se rapproche des marchés nationaux, ce qui stimule la tendance à la régionalisation et à la relocalisation. Cependant, avec les faibles niveaux de vaccination dans les pays africains, la reprise économique va être très lente. Bien que nous devrions continuer à établir des liens avec l’Afrique, nos marchés traditionnels (Royaume-Uni, France, ÉtatsUnis) resteront la cible principale de nos biens et services dans un avenir proche.

Regardons l’avenir. Les frontières sont désormais rouvertes et l’économie mauricienne peut opérer au maximum de sa capacité. D’aucuns disent que nous devons faire preuve de maîtrise pour manœuvrer le vaisseau amiral alors que la pandémie est toujours là. Est-ce qu’on va s’en sortir et renouer avec une croissance solide, allons dire à la fin de l’exercice financier 2021-2022 ?

La communauté des affaires se félicite de la réouverture des frontières qui accélérera notre reprise économique. L’économie mauricienne devrait retrouver son niveau pré-Covid très probablement en 2024- 2025. Pour atteindre notre objectif, nous devons poursuivre le programme de vaccination, renforcer notre système de santé et rester vigilants pour éviter un pic d’infections. De nombreuses politiques et mesures mises en œuvre ces dernières années ont considérablement augmenté le coût des affaires, rendant Maurice moins attrayant et moins compétitif. Nous devons attirer les investissements afin de créer des produits et des services à plus forte valeur ajoutée. Bien qu’il s’agisse d’un long processus qui nécessite une mise à niveau des compétences, nous devons commencer de toute urgence. Et compte tenu de nos ressources humaines limitées, nous devons disposer d’une feuille de route pour le capital humain afin de prévoir nos besoins futurs en matière de compétences. Nous devons également attirer les investissements dans les industries productives. Maurice est à la traîne en matière d’innovation et d’adoption des technologies. Le pays devra pousser son programme de numérisation de manière plus agressive dans les organisations des secteurs public et privé pour améliorer la productivité. L’innovation, le transfert de connaissances et l’adoption de technologies doivent être au cœur de nos politiques économiques. Le gouvernement doit fournir des incitations et un soutien aux investissements dans la technologie. De nouvelles politiques visant à promouvoir un avenir vert, résilient et inclusif devraient être une priorité car une économie verte peut créer plus d’emplois. À ce propos, nous avons lancé SigneNatir, une initiative communautaire visant à rendre notre île plus respectueuse des personnes et de l’environnement. Nous sommes une petite économie avec une marge de manœuvre budgétaire limitée et nous devons donc adopter une approche de la budgétisation et des dépenses publiques fondée sur les données, en utilisant la modélisation des données. Nous devrions mesurer et rendre compte du rendement de tous les investissements pour une meilleure responsabilisation. Par ailleurs, les PME sont très importantes dans notre paysage économique. Toutefois, une grande partie de nos investissements dans les PME n’a pas donné les résultats escomptés. Nous devons revoir l’ensemble de l’écosystème des PME, identifier les pôles à forte croissance et les possibilités de consolidation afin de faire évoluer les PME vers des Middle Market Enterprises. Finalement, la nouvelle normalité devrait être un tremplin vers un nouveau modèle économique futur. Ce qui nous a menés ici ne nous mènera pas là où nous devons être. Maurice a tous les ingrédients pour sortir plus forte de la crise, à condition que le gouvernement et le secteur privé repensent notre stratégie économique pour les 15 à 20 prochaines années.

«La nouvelle normalité devrait être un tremplin vers un nouveau modèle économique futur»

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