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Vishal Nunkoo : «la privatisation du port est essentielle pour améliorer sa productivité»

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Jouant un rôle vital dans l’économie mauricienne, port-louis fait face à un grave problème de productivité. Le danger, c’est qu’on se fasse rattraper par des ports concurrents, dont celui de Tamatave qui met tout en œuvre pour devenir le hub de la région, prévient le CEO de Velogic, Vishal Nunkoo. Si l’on veut rester compétitif aux yeux des compagnies maritimes, l’une des solutions à envisager est la privatisation.

Ces deux dernières années, le monde de la logistique a été perturbé sur tous les fronts. Ce chapitre est-il derrière nous ?

L’ère post-Covid-19 a déjà commencé et le retour à la normale se fait petit à petit. Le gros problème qu’il y avait pendant la pandémie, c’était la congestion des activités portuaires. Premièrement, les conteneurs n’étaient pas au bon endroit et deuxièmement, c’était difficile de les évacuer du port car les gens (operateurs portuaires, chauffeurs de camions) ne travaillaient pas, étant souvent en confinement. Même après, beaucoup d’employés ne sont pas retournés travailler. Donc, l’engorgement des ports principaux du monde était un problème majeur d’offre disponible pendant les confinements.

Concernant le conflit russo- ukrainien, il n’a pas beaucoup perturbé le mouvement des navires comme c’était le cas au beau milieu de la pandémie. La guerre a compliqué les choses au niveau des vraquiers pour l’évacuation du blé. Par contre, le conflit a augmenté le coût du fioul. Cela s’est répercuté sur le Bunker Adjustment Factor. Mais la peur d’une récession fait que le prix du fioul chute.

Ces dernières semaines, le coût du fret maritime a également amorcé une baisse consé-quente, estimée entre 50 % et 65 % en moyenne par rapport à un an auparavant. Cette baisse se répercute-t-elle à Maurice ?

Il y a une baisse surtout au niveau de l’Asie. À un certain mo-ment, le prix du fret maritime a augmenté de plus de 500 %. De-puis quelques semaines, il a chu-té d’environ 50 %, en USD, mais moins en MUR avec l’appréciation du dollar. Ainsi, il est toujours plus cher comparé à l’époque pré-Co-vid-19. Donc, le prix ne sera pas de sitôt ce qu’il était avant.

«DEPUIS QUELQUES SEMAINES,

LE PRIX DU FRET MARITIME A

CHUTÉ D’ENVIRON 50 %»

Une réforme du Shipping Act aux États-Unis a donné plus de pouvoir à la Federal Maritime Commission que Joe Biden avait relancée en 2021. Nous savons que ce marché est dominé par une dizaine de compagnies maritimes au niveau mondial, elles-mêmes regroupées en trois alliances qui représentent 95 % de la capacité totale des navires. Cette baisse des prix découle-t-elle des enquêtes de la Federal Maritime Commis-sion ou de la baisse de la de-mande pour cause d’inflation ?

Non, je ne pense pas per-sonnellement que c’est à cause des enquêtes de la Federal Ma-ritime Commission. C’est princi-palement à cause de la récession qui se profile et de la capacité qui revient suite aux désengor-gements des ports. Les prix ont augmenté ces deux dernières années parce qu’il y avait beau-coup plus de demande que de capacité avec des conteneurs et navires bloqués. Donc, avec une demande en hausse et une capa-cité qui tombe, le prix du fret a pris l’ascenseur. Mais actuellement, il y a de plus en plus de conteneurs et de navires en opération, donc une augmentation des capacités, ce qui fait chuter les prix. Mais avec l’ombre d’une récession, les commandes diminuent. Même à Maurice, les acheteurs de textile ont commencé à indiquer aux producteurs qu’ils pensent commander moins l’année pro-chaine. On se retrouve avec une capacité qui augmente et une demande prévisionnelle qui est en chute.

Avec du recul, peut-on dire que cette crise sanitaire nous a montré que Maurice est un point très isolé de tout ?

Effectivement. C’est vrai que l’île est un point stratégique sur la route des navires, mais il y a différents degrés d’importance. Il faut savoir que le gros échange se fait dans l’hémisphère Nord entre l’Asie et l’Europe et les États-Unis. Quand il y a eu des conteneurs bloqués pendant la Covid-19, les sociétés maritimes ont transféré la grosse partie de leur capacité sur cette axe. Nous avons donc été quelque peu abandonnés parce que de l’autre côté, la demande était énorme. Il y a eu de grosses demandes pour l’import en provenance d’Asie pendant la pandémie car les gens achetaient beaucoup en Europe et surtout aux États-Unis. Quand les demandes ont augmenté, les lignes maritimes se sont focalisées sur cette partie qui est beaucoup plus rémunératrice avec d’énormes volumes tandis que la demande de Maurice et la région sont petits. Ce qui fait que nous sommes passés au deuxième plan.

Cela a duré un bon bout de temps et même aujourd’hui, nous passons encore au deuxième plan pour certaines lignes maritimes. Tant que la situation ne se rétablit pas complètement, cette conjoncture nous impactera car nous ne sommes pas ‘importants’. Dans le commerce mondial, Maurice n’est qu’un petit point. Nous sommes alors le dernier des préoccupations des lignes maritimes.

Le commerce Asie-Afrique australe (notre région) ne représente pas grand-chose comparé à celui de l’Asie-Europe, l’Asie-États-Unis. Les navires qui passent dans notre région sont ceux qui sortent de l’Asie pour aller vers l’Afrique Australe et éventuellement l’Amérique latine.

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