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Agrex – Diversification réussie dans les détergents

Se tourner vers la commercialisation de produits détergents a été une décision déterminante pour Agrex qui, depuis 2017, trouve dans ce marché un vecteur de croissance. Alban Doger de Spéville, le General Manager, confie que ce segment a connu la plus forte croissance au cours des deux dernières années. De ce fait, il table sur une progression totale de plus 10 % pour cette année financière.

En conséquence, deux ans après le lancement de sa Business unit engagée dans la commercialisation de produits détergents, qu’elle distribue principalement aux hôtels, Agrex prévoit d’élargir ce segment en ciblant également le secteur médical.

Cette subsidiaire du groupe ENL a été créée en 1986. Démarrant ses activités dans les locaux du groupe, à SaintPierre, elle occupe depuis l’année dernière un nouveau local à Belle Terre. Rs 2 millions ont été investies au total dans l’aménagement du bâtiment. Il faut dire qu’Agrex a complètement changé de modèle d’affaires. Au début, elle s’engageait dans la production et la vente agricoles, exportant des produits frais comme l’ananas et le haricot vert. Mais l’entreprise a construit sa notoriété en misant sur la production de fleurs d’anthurium à la fin des années 80.

C’est d’ailleurs dans l’optique de relancer l’exportation d’anthuriums qu’Alban Doger de Spéville a rejoint la société en 2008 en tant que Marketing Manager. Agrex exportait alors des anthuriums vers La Réunion, Dubaï, l’Italie, la France, le Canada, les États-Unis et le Japon. Une trentaine de personnes sont alors engagées pour la production. Pour mener à bien ses missions, Alban Doger de Spéville effectue des déplacements en Italie et aux États-Unis. Toutefois, l’activité est au point mort. Les prix stagnent depuis une dizaine d’années alors que les coûts de production sont revus à la hausse. «Il était également difficile de se faire payer.

C’est ainsi quand vous travaillez sur des produits périssables comme les anthuriums», fait ressortir Alban Doger de Spéville.

La taille de l’entreprise dans ce segment de marché ne permet pas d’aspirer à une croissance. C’est ainsi que la direction prend la décision de supprimer progressivement cette activité. La dernière exportation d’anthuriums date de 2018. C’était une commande à destination d’un client au Canada.

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NOUVEAU MODÈLE D’AFFAIRES

S’inspirant de la compagnie mère, ENL Agri, Alban Doger de Spéville se tourne vers l’hydroponie. Démarrent alors les imports et la mise en place de toute une structure pour la chaîne de production. L’entreprise a développé au cours des sept dernières années un pôle agricole présenté comme du Value-added horticultural product. Pour son nouveau modèle d’affaires, la société mise autant sur la qualité que sur la valeur ajoutée.

C’est ainsi qu’elle s’est lancée dans l’importation de fibre de coco et de semences ; cela a été un véritable succès ! Alban Doger de Spéville souligne que la production agricole est un travail très risqué et loin d’être rémunérateur : «Nous avons des conditions extrêmement difficiles dans le pays à cause du climat et de l’attaque de nuisibles, entre autres. Maurice est un des pays qui utilisent le plus de pesticides au monde». Pour lui, étant donné que la mise en place d’une serre coûte autour de Rs 5 millions, il est clair que les producteurs n’ont le choix que de s’orienter vers la qualité. La quasi-totalité de la production d’Agrex se destine d’ailleurs à la production en serre. À noter que pas moins de 800 000 semences de laitue importées de la Hollande sont vendues chaque mois ; c’est le produit le plus vendu, et une semence coûte en moyenne 70 sous.

Agrex s’est diversifiée en 2012. L’entreprise a véritablement franchi un palier et a pris une nouvelle dimension avec l’ouverture d’autres Business units. Parmi elles, l’agro-supplies, dont l’activité se déroule à Gros-Bois. L’année 2012 marque également un tournant important avec le lancement de la marque Feel Good. Les produits étaient commercialisés principalement auprès des hôtels et des supermarchés. Toutefois, cette marque passe sous un nouveau distributeur en ce mois de novembre. Alban Doger de Spéville explique que «c’est une décision stratégique, car la concentration d’acteurs au niveau de la grande distribution entrave la progression des petits distributeurs».

Agrex mise sur Diversey, marque américaine lancée en 2017, pour pallier le manque à gagner suivant l’arrêt de commercialisation des produits Feel Good, soit Rs 1 million de profit net. En effet, ce segment de produits détergents tire la croissance de l’entreprise. Pour le lancement, l’entreprise a investi pas moins de Rs 12 millions afin de s’approvisionner du premier stock d’Industrial Chemicals and Care Products. Elle est aujourd’hui bien implantée dans deux segments à Maurice, l’hôtellerie et l’agroalimentaire. Et le General Manager entend y consolider son positionnement. Cepepdant, Alban Doger de Spéville fait ressortir : «Nous ne sommes pas dans la production ; il faut souligner le fait que les grands groupes ne vendent pas leurs formules aujourd’hui».

Agrex a choisi de distribuer exclusivement les produits de la marque Diversey, présentée comme un des leaders mondiaux de l’industrie et comme un précurseur lorsqu’il s’agit de produits écologiques. Agrex propose également des additifs pour le nettoyage des citernes. Elle compte dans son portefeuille clientèle un des plus grands producteurs de boissons à Maurice. Ce produit permet, notamment, d’économiser de l’énergie tout en assurant une utilisation réduite d’eau. Agrex commercialise, par ailleurs, Suma Freeze, destiné au nettoyage des chambres froides. Alors qu’Agrex commercialise ses produits Diversey à des «flight caterers», l’entreprise convoite également d’autres marchés, dont le médical et les salles de sport. Des discussions sont notamment en cours avec des hôpitaux.

Les limites de la production bio

Alban Doger de Spéville est d’avis que Maurice ne peut entièrement se fier à la production bio : «La production agricole se recoupe en différentes catégories : conventionnelle, raisonnée, sans chimie et bio. Il faut dire que le pesticide bio a ses limites. C’est une erreur du gouvernement de dire que nous allons faire du bio. Pour moi, le bio est une vision et une direction. Nous ne pourrons produire du bio pour la masse à Maurice. Cela coûterait trop cher et le rendement serait trop faible. Parallèlement, il est d’avis que le concept de smart agriculture, mis en place par la Chambre d’Agriculture, pourrait être plus qu’une alternative aux serres». Agrex importe des produits à cet effet, dont un genre de moustiquaire importée d’Italie. Ce produit novateur protège contre les insectes.

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