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Ces entreprises mauriciennes qui vivent leur rêve africain

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Ces entreprises mauriciennes qui vivent leur rêve africain | business-magazine.mu

Le vent tourne et il souffle en direction de l’Afrique. Ces dernières années, alors que l’Empire occidental connaissait ses premières brèches, le continent africain se fortifiait, enregistrant des records en termes de croissance et d’investissements directs étrangers. Nombre d’entreprises mauriciennes ont pris le train en marche.

L’Afrique s’est débarrassée de ses vieux démons. Longtemps considéré comme une terre hostile aux affaires en raison de décennies de dictature et de misère, le continent noir s’est racheté une conduite avec le nouveau millénaire. Alors que les dysfonctionnements internes au capitalisme provoquaient l’effritement des États-Unis et de l’Europe, l’Afrique, au même titre que les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), gagnait du terrain. Ainsi, en termes d’investissements directs étrangers (IDE) dans de nouveaux projets, l’Afrique a fait un bond quantitatif en l’espace de huit ans.

La zone Afrique domine ainsi le Brésil et la Russie en termes de nouveaux IDE et se rapproche année après année de l’Inde. Depuis 2003, l’Afrique a attiré 4,3 % des IDE à l’échelle mondiale, contre 5 % à l’Inde et 10,5 % à la Chine. Dans le Top 5 des pays africains, on retrouve l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Le Mozambique, la nouvelle terre d’asile des entreprises mauriciennes, figure à la 14e place.

La ruée vers l’Afrique

Pour la période 2003-11, les IDE dans les nouveaux projets étaient répartis comme suit : les services (50,9 %), les infrastructures (13 %), l’exploitation minière (9,9 %), le secteur manufacturier (24,6 %) et autres (1,5 %).

Cette ruée vers l’Afrique, amorcée dans un premier temps par les entreprises chinoises qui se sont implantées ces dix dernières années surtout en Afrique de l’Ouest, notamment en Angola, n’aurait pas été possible si le souffle de la démocratie n’avait pas soufflé sur le continent. Dans son rapport intitulé Building Bridges pour l’Afrique, le cabinet Ernst & Young note que des élections libres seront organisées dans pas moins de 25 pays africains, cette année. À l’indice de la démocratie, l’Economist Intelligence Unit souligne que des pays comme Maurice, l’Afrique du Sud et le Cap Vert sont mieux placés que la France, l’Italie, l’ensemble des BRIC et la majorité des économies émergentes telles que l’Argentine, la Colombie, l’Indonésie, la Malaisie, la Pologne, la Thaïlande et la Turquie. N’empêche, la corruption reste un dard difficile à enlever et tisse toujours sa toile dans des pays comme le Tchad, la Démocratique du Congo ou encore le Soudan.

Maurice, un hub en devenir

Le processus de développement accéléré en Afrique est de bon augure pour Maurice qui, de par son positionnement stratégique, est en mesure de servir de passerelle entre l’Asie et l’Afrique.

« Sa présence géographique stratégique dans l’océan Indien constitue un atout pour Maurice, qui fait aussi partie de groupements régionaux de la SADC, du COMESA et de l’Indian Ocean Rim-Association for Regional Cooperation. De plus, avec ses 37 accords de non-double imposition (DTAA), Maurice est une plate-forme majeure pour les investissements en Asie et en Afrique à travers les DTAA », analyse André Tait, Chief International and Investment Executive de Cim Group.

Ces cartes, Maurice doit les utiliser à fond, d’autant plus que le continent africain est en pleine expansion. Pour cette année, en dépit du ralentissement de l’économie mondiale, l’Afrique affichera une croissance de 5,5 %. La bonne santé de l’économie africaine dure depuis plus d’une décennie. De 2001 à 2010, six pays africains figuraient parmi les dix économies à plus forte croissance, l’Angola occupant la première position de ce classement avec 11,1 %. Les cinq autres pays africains sont : Nigeria, Ethiopie, Tchad, Mozambique et Rwanda. À l’horizon 2015, six pays africains demeureront dans le Top 10 mondial, à savoir l’Ethiopie, le Mozambique, la Tanzanie, le Ghana, la Zambie et le Nigeria.

Des données qui devraient donner matière à réflexion aux hommes d’affaires mauriciens les plus sceptiques.

Les dix pays à plus forte croissance (%)

Pays2001-2010
Angola11,1
Chine10,5
Myanmar10,3
Nigeria8,9
Ethiopie8,4
Kazakhstan8,2
Tchad7,9
Mozambique7,9
Cambodge7,7
Rwanda7,6

 

Pays2011-15
Chine9,5
Inde8,2
Ethiopie8,1
Mozambique7,7
Tanzanie7,2
Viêtnam7,2
Congo7
Ghana7
Zambie6,9
Nigeria6,8

Afro-pessimisme et approche prudentielle

Si les investisseurs sont aujourd’hui moins frileux à se tourner vers l’Afrique, il est un fait qu’il y a une forme d ’ a f r o - p e s s i m i s m e qui hante toujours les esprits de nombre d’hommes d’affaires, observe Ajen Sita, Area Manager Partner pour l’Afrique d’Ernst & Young. Il est rejoint dans cette observation par son collègue Mark Otty, Area Managing Partner pour l’Europe, le Moyen- Orient, l’Inde et l’Afrique du cabinet. Ce dernier fait la distinction entre deux catégories d’investisseurs. D’abord, ceux qui croient que l’Afrique a un fort potentiel de croissance. Ensuite, les sempiternels sceptiques pour qui cette partie du monde reste minée par l’instabilité, les conflits et la corruption.

S’il est un fait que l’Afrique est de plus en plus perçue comme le nouvel eldorado des investisseurs, n’empêche il convient de faire preuve de prudence et de mener des études de marché appropriées avant de se lancer à l’aventure. Une approche prudentielle adoptée par Innodis, qui est implantée au Mozambique.

Reynolds Moothoo, General Manager de la Poultry Division du groupe, en explique les raisons : « Il faut rester réaliste et prudent. Il n’est pas nécessairement facile de faire du business en Afrique. On parle d’une cinquantaine de pays avec des cultures diverses et l’Afrique est très hétérogène en termes de ressources disponibles, d’infrastructuresexistantes, au niveau du pouvoir d’achat et du style de vie. En somme, l’Afrique présente une certaine complexité qu’il ne faudrait pas ignorer par naïveté entrepreneuriale. Nous allons dans un premier temps probablement nous concentrer sur des pôles d’activité où les risques peuvent être gérés plus facilement. Par exemple, nous avons déjà pourvu notre savoir-faire dans le domaine de l’assistance technique pour l’implantation d’une filière de production de poulet au Nigeria. »

Ces terres d’accueil des entreprises mauriciennes

Maroc
Influx d’investissement : USD 5 milliards
Entreprise : New Mauritius Hotels

Mozambique Influx d’investissement : USD 1,4 milliard Entreprises : GML (Fuel), BAI, Innodis, Food and Allied, Rogers, MCB, Ramphul

Madagascar Entreprises : UBP, Ciel, Rogers, Gamma-Civic, Food and Allied, GML, BAI, HM Rawat, Mauritius Telecom, Harel Mallac, MCB, SBM, Bank One (en projet), La Sentinelle

Seychelles Entreprises : Anglo-Mauritius, Constance, New Mauritius Hotels, Currimjee, ENL, Mauritius Union, MCB

Tanzanie Influx d’investissement : USD 2,2 milliards Entreprises : Ciel, Harel Mallac, GML

Kenya Influx d’investissement : USD 1,3 milliard Entreprises : Omnicane, BAI, Rogers

Burundi Entreprise : Harel Mallac

Rwanda Influx d’investissement : USD 450 millions Entreprise : Harel Mallac

Mayotte Entreprises : Rogers, Harel Mallac, MCB

Comores Entreprise : Rogers

Afrique du Sud Influx d’investissement : USD 10 milliards Entreprises : Rogers, GML, BAI, New Mauritius Hotels, Currimjee, MCB, AfrAsia

Côte d’Ivoire Entreprise : Terra

Zambie Influx d’investissement : USD 1,9 milliard Entreprises : Projet d’ENL, Harel Mallac

Réunion Entreprises : Rogers, Lux, GML, Phoenix Beverages, HM Rawat, Leal, MCB

Zimbabwe Entreprise : AfrAsia
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