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Finance islamique La banque et le client marchent main dans la main

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Finance islamique La banque et le client marchent main dans la main | business-magazine.mu

La Century Banking Corporation a inauguré l’ère de la finance islamique à Maurice. Elle a été la première institution bancaire à obtenir une licence de la Banque de Maurice pour opérer en tant que banque islamique. L’institution est le fruit d’un partenariat stratégique entre des investisseurs du Qatar, à travers la compagnie Domasol qui compte 60 % des actions, et le groupe British American Investment, qui détient les 40 % restants.

Le système bancaire islamique est fondé sur la Charia. Il se différencie des méthodes bancaires traditionnelles par une approche plus éthique, avec le soutien actif des banquiers aux clients à travers des conseils, mais aussi la participation aux risques des clients.

L’intérêt prohibé

« Le financement provenant d’une banque islamique sera basé sur le concept du commerce, du crédit- bail, du mandat ou d’une jointventure », précise Idham Baharum, Head of Global Markets à la Century Banking Corporation. « Il y a un plus fort engagement de notre part par rapport aux banques classiques. Notre banque est ouverte à toutes les communautés, indépendamment de la religion. »

Il faut savoir qu’une banque islamique ne prélève pas ni n’accorde des intérêts bancaires. La finance islamique est encore à ses balbutiements à Maurice. Fondé sur les principes de la Charia, ce système qui réprouve le recours aux intérêts prône plutôt un joint-venture entre la banque et son client dans le cadre d’un projet d’investissement qui permet de générer de la valeur ajoutée. Finance islamique La banque et le client marchent main dans la main Le concept d’intérêts est interdit par l’islam parce qu’un taux d’intérêt est un nombre arbitraire qui ne bénéficie qu’à une personne ou à une partie, et pas nécessairement à l’autre. C’est le dur labeur d’une personne ou d’une compagnie qui doit apporter un plus, au niveau économique, à de l’argent. Dans toute transaction en finance islamique, il doit y avoir cette notion de valeur économique ajoutée.

Par ailleurs, le retour sur investissement peut être généré par des activités commerciales. « Le commerce est encouragé par l’islam. D’ailleurs, 90 % des revenus à travers le monde proviennent d’échanges commerciaux. Le commerce répond à notre critère d’éthique car si un commerçant propose à la vente des produits avec une marge bénéficiaire trop forte, ses clients vont se tourner vers d’autres fournisseurs. S’il les vend à un prix dérisoire, il ne tiendra pas la route. Il sera tenu de vendre à un prix raisonnable », indique Idham Baharum. S’agissant de la marge que peut demander une banque islamique à ses clients, la Century Banking Corporation précise qu’elle va déterminer, en consultation avec le client, son « mark up » sur le montant proposé sur chaque financement.

Calculer le mark up

\Cette marge va dépendre de plusieurs facteurs, notamment la nature du produit et le « mark up » pratiqué en moyenne par les autres banques traditionnelles sur le marché mauricien. L’institution financière islamique ne peut être plus chère car, d’une part, cela découragera le client et, d’autre part, trop faible car cela n’aura aucun sens d’un point de vue économique.

Outre les financements traditionnels, la Century Banking Corporation privilégie les partenariats où un entrepreneur apporte son savoir-faire. La banque islamique prend alors un certain pourcentage des actions de sa compagnie et des éventuels profits, en lui avançant des fonds. Ce pourcentage est déterminé à travers une discussion entre l’entrepreneur et la banque. L’entrepreneur évaluera l’apport de son expertise et nous aussi, avant d’arriver à un accord.

Par exemple, à travers la « diminishing equity participation » ou durant une période prédéterminée, l’entrepreneur va racheter à la fin de chaque année 20 % des actions que détient la banque à un prix qui aura été convenu d’avance et en commun accord.

« En tant que financiers, nous nous attendons à obtenir un retour sur investissement raisonnable. L’entrepreneur deviendra l’unique propriétaire de la compagnie à la fin de notre partenariat. C’est équitable ! » observe Idham Baharum.

La Century Banking Corporation n’accepte pas pour le moment des dépôts en espèces des clients, des grosses compagnies et des High net worth individuals, car elle opère pour l’instant comme une Wholesale bank à Maurice. Et s’agissant du critère pour définir ce High net worth individual, notre interlocuteur fait remarquer : « Rs 2 millions sont considérées comme faible dans d’autres juridictions. Il est difficile de donner une indication du chiffre car nous pouvons aussi avoir affaire à une association regroupant des milliers de gens qui souhaiteraient que nous fassions des investissements conformes aux règles islamiques et dans laquelle chaque personne pourrait y avoir placé cinq mille roupies. »

Parmi les clients de la Century Banking Corporation, figure un concessionnaire de véhicules qui a récemment bénéficié d’un investissement des clients de la banque d’une durée de trois mois, pour financer ses opérations. L’investisseur place son argent dans un certificat d’investissement pour un retour attendu sur investissement de 4,5 % par an. En finance islamique, le client n’a pas à proprement parler un retour garanti sur l’investissement. Le client doit aussi accepter de prendre les risques en cas de perte.

Une banque islamique de « retail » en 2013

La Century Banking Corporation offrira des produits et services au grand public, en entrant dans le créneau du « retail banking » vers le milieu de 2013. « Nous commencerons alors à prendre des dépôts des clients individuels et à leur proposer des prêts. Ces produits et services seront conformes à la Charia », indique Idham Baharum. Ces dépôts pourront se faire à travers le « wadiah », un « safe keeping» où un déposant confie son agent à la banque pour une durée déterminée. « La banque gardera l’argent « on trust » pour le client et devra s’assurer de pouvoir mettre à sa disposition cette somme quand il voudra la retirer », souligne Idham Baharum. Le client n’obtiendra que le montant qu’il aura placé comme dans un compte courant d’une banque traditionnelle.

À travers un compte « wadiah », les clients peuvent bénéficier de retours selon les principes du « hibah », la banque offrant un « cadeau » au déposant. « Si la banque islamique a utilisé les fonds qui lui ont été confiés et a réalisé un profit, elle prendra la décision de vous offrir un cadeau. Même si c’est la prérogative de la banque d’offrir un cadeau, cela devra être suffisamment attrayant afin de s’assurer que les clients ne sont pas désavantagés en plaçant leur argent dans des banques islamiques », ajoute Idham Baharum.

La vocation de Century Banking

La Century Banking Corporation est sur le marché bancaire avant tout pour proposer un service et non pour casser les prix afin de prendre des parts de marché à d’autres opérateurs, insiste Idham Baharum. « Nous avons des obligations envers nos actionnaires qui s’attendent à un retour raisonnable sur l’argent qu’ils ont placé dans notre banque. Les banques islamiques ne sont pas des institutions charitables qui vont accepter les clients dont les demandes ont été refusées par les autres institutions bancaires. Nous devons être compétitifs et nos retours sur investissement correspondent à la moyenne de ceux que les banques classiques à Maurice. Mais la beauté, c’est que toutes les transactions bancaires que nous faisons, à chaque étape, au niveau des procédures, du degré d’engagement et des aspects légaux, sont de nature islamique. Tout se fait dans la transparence et le client sait quelle est notre marge », fait remarquer notre interlocuteur.
Quels sont les interdits ?

Une banque islamique ne pourra pas avancer des fonds à un entrepreneur ou à une compagnie opérant dans le secteur bancaire, du jeu, commercialisant de l’alcool, spécialisée dans la pornographie ou dans l’élevage ou la vente de porc…

« Dans le cas d’un point de vente qui propose des produits alimentaires, pour avoir accès à nos services, les revenus générés par les produits non halal devront être en dessous du seuil de 5 %. Le tourisme pourrait constituer un problème si la majeure partie des recettes d’un hôtel provient de la vente d’alcool ou de son casino », précise Idham Baharum.

Anticiper sur le retour d’investissement

Il existe un genre de convention appelée « wakala » qui offre aux clients le choix d’opportunités d’investissements qui généreront des retours souhaité. La banque agit à ce moment comme un agent et comme mesure incitative, elle retiendra la marge qu’elle pourra dégager au-dessus du retour attendu. De cette façon, la banque en tant qu’agent s’assurera que les investissements généreront suffisamment de retour pour qu’elle puisse aussi en béneficier.
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