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L’après-plastique – Une longue bataille qui s’annonce

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L’après-plastique - Une longue bataille qui s’annonce | business-magazine.mu

Debout sur son paddle board, un homme pagaie au milieu d’une mer de plastique au lieu d’une mer turquoise. La partie sud de l’océan Indien, où se situe Maurice, échappe à ce cauchemar éveillé. Selon une récente étude, les chercheurs Mirjam van der Mheen, Charitha Pattiaratchi et Erik van Sebille expliquent que les amas de gros débris de plastique sont transportés par les flux maritimes pour une partie vers l’océan Atlantique et pour l’autre, à la dérive vers l’Australie et le Pacifique. Pourtant, les microparticules en suspension sous la surface de l’eau et invisibles à l’œil nu polluent déjà la zone autour de la Corne de l’Afrique. Maurice, comme tous les pays du monde, est dans l’urgence d’innover et d’adopter des pratiques écologiques pour combattre et réduire la présence de ces agents polluants dans les eaux.

Il y a une semaine, deux baleines à bec mortes ont été retrouvées le long des côtes du sud de Maurice, à Gris-Gris précisément. Si la raison de la mort de ces cétacés n’est pas encore connue, ce qui est une quasicertitude, malheureusement, c’est que l’exploration de leur estomac révélera la présence de débris de plastique plus ou moins importants. Toutefois, malgré cette situation globale alarmante, Maurice n’est pas encore délivrée du joug du polymère. Valeur du jour, les rayons des supermarchés débordent de bouteilles en tous genres et de contenants de détergents et de shampooings. De même, des vêtements bas de gamme en polystyrène inondent les magasins et les emballages superflus continuent à remplir les poubelles. Les initiatives écologiques restent timides et isolées.

Selon les données de Statistics Mauritius, entre 2017 et 2018, la valeur des importations de matières plastiques non transformées a augmenté de Rs 1,5 milliard à Rs 2, 2 milliards. Alors que la valeur d’importation des matières plastiques trans-formées est passée de Rs 1,2 milliard à Rs 1,37 milliard. Le ralentissement d’importation des produits à base de plastique ne semble pas près de donner des signes de diminution. Cela peut s’expliquer par le fait que le polymère est devenu indispensable dans toutes les catégories de produits.

À Maurice, la liste de produits importés est extrêmement hétérogène. On y retrouve des bouteilles d’eau minérale, de l’électroménager, des fournitures électriques, des peignes, des adhésifs, des semelles de chaussures, des sacs, des gants, des fleurs artificielles, des meubles, des boutons, des matelas, entre autres. Ces produits arrivent de toutes parts, et non seulement de Chine. 

DragonLA CONSCIENCE VERTE S’INSTALLE

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La mesure phare qu’adoptent de nombreux pays, se limite pourtant, pour l’heure, à l’interdiction des sacs en plastique. C’est également le cas à Maurice où depuis le début de 2016, il est interdit de commercialiser les sacs en plastique.

Dans cette mouvance, l’on a constaté que dans l’hôtellerie et les fast-foods, les pailles en cellulose et en bambous ont fait leur apparition. Dans les supermarchés, les sacs en plastique sont remplacés par des sacs en papier recyclés. Les contenants jetables sont aussi en matière non rigides, biodégradables. En matière d’emballage, des pays en Asie, refont honneur aux emballages en feuilles. Ces premiers pas, fort louables, sont-ils suffisants au vu de la diversité des produits dans lequel le plastique est présent ? Le doute est permis. Surtout que la profitabilité de nombreuses entreprises repose sur l’obsolescence programmée des produits, utilisant des composants en polymère ayant une durée de vie limitée.

Par ailleurs, les produits biodégradables nécessitent des environnements particuliers pour se dégrader complètement. Ainsi, les sacs en plastique biodégradables ont pour la plupart besoin d’être enfouis sous le sol à une température élevée, et être en interaction avec d’autres minéraux pour se dégrader complètement. Sinon, ils restent quasi intacts et continuent à polluer. Si de nombreuses entreprises se tournent vers la réutilisation de la bagasse ou du maïs ou encore du soja pour produire de nouveaux types de polymères et sauver les énergies fossiles, la question de la biodégradabilité reste entière. De plus, ces nouveaux polymères n’ont pas encore prouvé leur capacité à remplacer les plastiques à base d’énergies fossiles.

Selon la ZERI, dirigée par Gunter Pauli, de nombreuses solutions sont présentes dans la nature. Les bactéries, les algues, les champignons, les animaux et les plantes sont de redoutables et puissants vecteurs de transformation que les industries n’étudient et n’utilisent pas suffisamment. D’ailleurs, estime Gunter Pauli, il est temps que les ingénieurs cessent de penser selon les diktats de l’industrie classique car, on le constate, cela reste inadapté et catastrophique pour la nature. Le message est clair : il faut faire preuve de créativité et innover en puisant dans l’exemple et la force des éléments de la nature. 

Une consommation écoresponsable

Les bonnes initiatives s’accélèrent autour du monde, poussées par les jeunes générations de consommateurs. À Maurice, la jeune enseignante et autoentrepreneur Fishta Golée illustre la nouvelle attitude des milléniaux et xénies vis-à-vis de la consommation responsable. «Je ne conçois pas ma vie sans l’enseignement car c’est ainsi que je peux partager et éduquer la jeune génération. Mes élèves sont inventifs et ont une réelle passion pour l’écologie. Nous travaillons sur les ‘Sustainable Development Goals’ à l’horizon 2030. Et, sans nul doute, ces jeunes seront les futurs chefs d’entreprise qui penseront l’industrie différemment de leurs aînés», soutient-elle.
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