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Les entreprises face aux défis éthiques

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Une étude sur le climat éthique dans les entreprises dessine les contours de cet aspect à Maurice. 523 employés émanant de 19 industries ont été interrogés à cet effet. Bien que le rapport fasse émerger des points positifs, il met au jour de multiples zones d’ombre.

L’ÉTHIQUE guide les entreprises dans leurs décisions financières, leurs négociations et leurs transactions, leur responsabilité sociale, entre autres. Sans une éthique solide, une entreprise peut enfreindre la loi, rencontrer des difficultés financières et être confrontée à des dilemmes moraux. Par ailleurs, une bonne éthique des affaires garantit qu’une entreprise respecte les règlements et fait ce qu’il faut pour ses clients, ses employés et les autres parties prenantes.

Dr Rishi O. Sookdawoor

Cela, le Dr Rishi O. Sookdawoor, chercheur académique dans le domaine du leadership, l’a bien compris et a souhaité apporter sa pierre à l’édifice. Il a réalisé une étude pour faire le point de la situation à Maurice. «En cette Journée mondiale de l’Éthique, sera lancée la plateforme LEADETHICS dans le cadre d’une initiative de partage des connaissances, d’expériences et de découvertes. Le but est d’apporter en toute humilité une contribution personnelle à la communauté́ des affaires. Cela, afin de motiver davantage la transformation et le renforcement d’une culture éthique au sein des entreprises, de prioriser et de promouvoir l’ethical leadership pour le bien-être de toutes les parties prenantes et de contribuer à faire de l’île Maurice une référence en matière de pratiques éthiques et de bonne gouvernance. Dans les mois qui viennent, d’autres White Papers seront publiés sur une base volontaire et serviront à conscientiser davantage la communauté des affaires sur l’Ethical Leadership et la transformation de la culture éthique à travers le 7-stage Corporate Ethics Journey, entre autres».

Le questionnaire a été élaboré sur la base d’études similaires menées dans d’autres pays pour évaluer le climat éthique et les pressions sur le lieu de travail à Maurice. Au total, 85 questions ont été posées pour mesurer spécifiquement les types et l’intensité des pressions sur le lieu de travail, le climat éthique, les normes et les pratiques éthiques en place dans les entreprises mauriciennes. Il convient de noter que trois facteurs clés déterminent le climat éthique dans les entreprises à Maurice, notamment, les principes caractérisés par la mise en application des règles, des lois, des principes et des standards éthiques dans l’entreprise, la bienveillance ainsi que l’altruisme.

Ces résultats montrent que les Mauriciens respectent globalement les règlements, les lois, les principes organisationnels et les normes, ainsi que leur propension à se soucier du bien-être des autres, y compris des consommateurs, des travailleurs et des personnes en général. «79 % des organisations de tous les secteurs promeuvent l’éthique et la conformité à des degrés divers, 12 % ne le font jamais et 9 % le font rarement.» De nombreuses failles ont été mises au jour.

La prévalence pour la Politique sur les règles, normes et pratiques éthiques et le Code d’éthique afin de gérer le comportement éthique dans les entreprises est faible, soit de 35 % et de 19 % respectivement. «De plus, le taux de formation aux codes et aux normes d’éthique est assez faible, 12 % de ceux interrogés affirmant que de tels programmes de formation sont en place. Les moyens de signaler une violation éthique et les moyens disciplinaires contre les comportements déviants et contraires à l’éthique sont quasi absents, soit avec une très faible prévalence de 2 % et 3 % respectivement. Les résultats démontrent aussi que les normes et pratiques éthiques sont encore à un stade embryonnaire.»

CONTRAINTES ET REPRÉSAILLES

En ce qu’il s’agit des pressions exercées sur le lieu de travail, 55 % des personnes interrogées se sentent obligées de violer les normes éthiques afin d’atteindre les objectifs de l’entreprise. 26 % se sont senties obligées d’adopter un comportement contraire à l’éthique afin de préserver leur emploi, leurs sources d’argent ou leurs chances professionnelles. Pour décrocher des contrats commerciaux, 44 % des personnes interrogées ont déclaré se sentir obligées de sacrifier leurs principes éthiques. «Il y a un niveau important de pression pour assurer le succès financier de l’entreprise et celle-ci doit continuellement innover pour devenir plus efficace. De même, on constate que la protection de la réputation de l’entreprise est d’une importance capitale, car 52 % des répondants confirment avoir subi des pressions pour protéger l’image de l’entreprise. Il faut aussi souligner que les représailles sont bien présentes. Environ 17 % des personnes interrogées ont, au fil du temps, subi des représailles lorsqu’elles ont signalé une violation de l’éthique à leurs supérieurs. 63 % des répondants confirment également que la nature et l’intensité de la pression au travail ont des conséquences néfastes sur la santé, le moral et la performance des employés.»

Le document présente les principales initiatives stratégiques en matière d’éthique que les dirigeants d’entreprise peuvent entreprendre afin de modifier la culture éthique et de maximiser les performances de leurs employés. «Par exemple, la mise en place d’un Ethics Office et sa capacité à promouvoir les codes éthiques, les pratiques, la formation et fournir une plate-forme indépendante pour conseiller et aider à résoudre les dilemmes éthiques sans aucune crainte de représailles, est l’une de ces mesures transformationnelles. Une autre mesure de ce modèle serait la mise en place de processus formels pour discipliner ceux qui enfreignent les codes d’éthique, ou même de reconnaître et de récompenser ceux qui promeuvent les principes éthiques de manière exemplaire.»

Par ailleurs, LeadEthics lancera le 7-stage Corporate Ethics Journey qui servira à adopter un processus structuré afin de transformer et renforcer davantage le climat et la culture éthiques au sein des entreprises. Le modèle proposé aidera les entreprises à adopter une méthode organisée pour la mise en œuvre d’un programme d’éthique complet ainsi qu’une maturation constante des normes éthiques. «Aussi, au niveau national, un mouvement collectif des décideurs et de différents acteurs clés prônant la mise en œuvre d’un National Ethics Framework afin de promouvoir et de mesurer des pratiques et des normes éthiques dans toutes les organisations du pays aurait été un catalyseur de transformation. L’appel lancé aujourd’hui est en faveur d’une volonté et d’une mobilisation communes et collectives dans le but de promouvoir l’éthique au premier plan dans les entreprises et les industries mauriciennes, et de contribuer à façonner un avenir meilleur pour le bien-être de tous.»


DISTINGUER LE COMPORTEMENT MORAL DU COMPORTEMENT LÉGAL

Il est important de souligner que certaines personnes assimilent le comportement moral au comportement légal, sans tenir compte du fait que même si une action n’est pas illégale, elle n’est pas nécessairement morale. Comment faire cette distinction ? «Il ressort de l’étude que près de 30 % des participants n’étaient pas certains de pouvoir faire la distinction entre les comportements éthiques et ceux qui ne le sont pas. Il serait utile pour cela de poser ces trois questions : Premièrement, en faisant ladite action, la personne enfreindrait-elle les lois, les règles ou les procédures de l’entreprise ? L’action cause-t-elle une injustice à qui que ce soit ? En dernier lieu, est-ce que la personne se sentirait déshonorée si l’action était connue de ses proches ou d’autrui ?”

Quid des whistleblowers ? Ils sont primordiaux pour dénoncer les maldonnes dans les entreprises mais les représailles ne sont pas écartées. «Aujourd’hui, le cadre juridique et les codes de la bonne gouvernance encouragent les whistleblowers à se manifester et signaler les mauvaises pratiques. Les organisations ont le devoir de mettre en place des ressources à la disposition des employés de manière efficace afin de promouvoir une culture d’intégrité, de bonne gouvernance et ainsi réduire le niveau de corruption au travail. Si les whistleblowers sont protégés contre toute forme de représailles et qu’ils estiment que leurs dénonciations ne seront pas ignorées, cela motivera les personnes à se manifester pour tenter de résoudre les problèmes qui vont à l’encontre des normes éthiques. Les dirigeants qui facilitent l’imprégnation d’une telle culture éthique au sein de l’organisation se verront grandement aidés par ces derniers pour dénoncer les ‘unethical practices’ d’une manière soutenue.»


Cliquez pour voir l’infographie “Pressure in the workplace”

 

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