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Stratégie africaine – Maurice en quête de la bonne formule

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Stratégie africaine - Maurice en quête de la bonne formule | business-magazine.mu

L’Afrique possède environ 30 % des ressources minérales restantes de la planète. Soit plus de 200 millions d’hectares des terres arables disponibles dans le monde. Conscient du potentiel du continent Maurice met en œuvre des politiques proafricaines visant à améliorer le climat des investissements et les conditions d’accès aux marchés. L’objectif étant de devenir une plateforme pertinente pour l’Afrique.

Cette fameuse stratégie africaine est devenue un mot à la mode. Toutefois, les choses ne sont pas aussi simples. Le continent et si vaste et complexe que ce n’est pas une stratégie africaine pensée en monobloc qui pourra être déployée, mais bien des stratégies africaines en fonction des besoins de chaque pays et des atouts que Maurice présente pour chacun d’entre eux. D’un autre côté, pendant que Maurice est toujours à élaborer la bonne formule, d’autres pays se positionnent sur le continent. Effectivement, le Singapour, le Maroc, le Rwanda ont, eux, des stratégies bien définies et peuvent bouger vite.

«Il convient de souligner que Maurice entretient des relations économiques, culturelles et diplomatiques avec l’Afrique depuis des décennies, voire des siècles. Maurice fait partie du continent. La stratégie africaine pour Maurice est menée à la fois par les secteurs public et privé et est très instillée à différents niveaux pour réussir. Ce n’est pas juste un slogan ; Maurice s’est efforcée de renforcer la collaboration économique avec les États africains afin de tirer parti de la position géostratégique de l’île pour stimuler les investissements et le commerce sur le continent», explique Yogesh Gokool, Senior Executive - Head Global Business d’AfrAsia.

Il rappelle que certaines entreprises mauriciennes ont choisi l’Afrique pour leur expansion hors de l’île, soit parce que le marché domestique est saturé, soit parce qu’elles sont ambitieuses. Les exemples incluent Innodis dans l’aviculture à Madagascar, Velogic dans le secteur des transports dans quelques pays africains, Alteo dans la production de sucre en Tanzanie et Omnicane au Kenya. «Cependant, le continent est souvent confronté à des insuffisances et des défis sont présents à différents niveaux, ce qui décourage les investissements étrangers» ajoute Yogesh Gokool.

Même si l’Afrique est un continent complexe et diversifié, elle reste en pleine mutation et cela joue un rôle important sur la scène mondiale. Neerish Chooramun, Corporate Manager - Projects & Business Development de Velogic Group, constate qu’à court terme, le commerce régional reste faible, en particulier dans l’agriculture. Or, de nombreux pays africains importent des denrées alimentaires et agricoles d’autres continents quand certains pays du même continent auraient pu être producteurs.

«D’après notre analyse, les meilleures opportunités à long terme sont d’améliorer les capacités pour produire les biens afin d’accroître le commerce régional. Les opportunités d’affaires pour les entreprises mauriciennes se feront là où elles ont des compétences que nous pourrons exporter, et surtout ou il y a un besoin sur le continent», fait remarquer Neerish Chooramun.

Effectivement, l’Afrique compte déjà autant de villes de plus d’un million d’habitants que l’Amérique du Nord et plus de 80 % de sa croissance démographique au cours des deux prochaines décennies se produira dans les villes. Le revenu par habitant des villes africaines est déjà plus du double de la moyenne continentale, ce qui en fait des marchés attrayants pour de nombreuses entreprises. Et l’urbanisation contribue à l’augmentation rapide des dépenses de consommation. Les consommateurs africains ont dépensé $ 1,4 trillion en 2015. D’ici à 2025, ce chiffre devrait atteindre près de $ 2,1 trillions.

De son côté, Jean-Pierre Dalais, Group Chief Executive de CIEL, est convaincu que le développement de Maurice et de ses entreprises passera par notre capacité d’ouverture, que ce soit pour nous ouvrir aux étrangers en recrutant les talents qui nous manquent, ou pour nous développer sur les marchés émergents comme cela a été le cas au niveau du Groupe CIEL dans le textile à Madagascar, en Inde et au Bangladesh ou dans l’industrie cannière avec Alteo qui est aujourd’hui implanté en Tanzanie et au Kenya.

«Historiquement tournés vers des marchés lointains en Europe ou aux États-Unis, que ce soit pour le sucre, le tourisme ou le textile, nous avons aujourd’hui la chance de pouvoir nous développer et vendre nos produits et services dans des marchés à forte croissance et beaucoup plus proches de nous. La finance ou la santé, par exemple, sont des secteurs extrêmement porteurs où nous pouvons capitaliser sur notre expertise locale pour attirer une clientèle étrangère et également nous développer sur le continent ou sur la Grande île comme nous le faisons avec BNI Madagascar», fait ressortir Jean-Pierre Dalais. 

S'adapter aux réalités locales

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Mais comme le fait ressortir Thierry de Spéville, General Manager d’Avipro et COO d’Eclosia, il n’est jamais évident d’opérer loin de sa base. Il est donc fondamental de connaître et comprendre l’environnement économique et culturel de chacun des pays pour pouvoir s’adapter aux réalités locales du terrain.

«Concrètement, les difficultés dans beaucoup de pays africains se situent souvent au niveau de la facilitation des affaires, ce qui peut décourager de nombreux entrepreneurs. Une bonne connaissance du cadre légal, en l’absence de accord de non-double imposition dans certains pays ou par rapport à l’achat de terrains agricoles par des étrangers par exemple, est une nécessité. Enfin, dans notre secteur avicole en particulier, un des challenges majeurs reste le respect de la chaîne du froid. En effet, dans bien des cas, les infrastructures de logistique et de distribution ne répondent pas aux normes internationales», soutient Thierry de Spéville.

Jusqu’ici, Maurice a été à la pointe des investissements de qualité en Afrique. C’est la raison pour laquelle la communauté internationale des investisseurs a choisi Maurice comme plaque tournante de choix pour ses opérations et ses investissements en Afrique, notamment parce que le pays s’est imposé comme une juridiction solide, transparente, fiable et propice aux affaires. Et graduellement, Maurice se démarque comme une juridiction pour structurer les fonds de capital-investissement à destination de l’Afrique. Il faut savoir qu’en 2016, le montant des investissements entrant en Afrique s’élevait à $ 59 milliards, dont près de 50 % via Maurice. En outre, plus de 450 fonds de capital-investissement sont domiciliés dans le centre financier international de Maurice et investissent sur le continent africain. L’année dernière, près de $ 30 milliards d’investissements destinés à l’Afrique ont été structurés via Maurice.

Consolider les relations commerciales avec l’Afrique

Le gouvernement a déjà lancé plusieurs initiatives pour consolider nos relations avec la plupart des États africains. Il y a eu la mise en place de commissions mixtes permanentes avec l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Kenya et le Ghana pour explorer des pistes de coopération et renforcer la diplomatie économique, notamment en fournissant un mécanisme de promotion du commerce et des investissements par la suppression des barrières commerciales, le partage de la technologie, l’amélioration de l’environnement des entreprises et la formulation des structures nécessaires pour des projets communs. Il y a eu également le développement de zones économiques spéciales au Sénégal, au Ghana, à Madagascar en Côte d’Ivoire afin de créer un environnement favorable permettant aux opérateurs mauriciens de tirer parti des opportunités commerciales dans ces pays et de développer des corridors commerciaux.
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