Tourisme : Une relance à la croisée de l’inflation et de la durabilité

Si le taux de réservations au sein des principaux groupes hôteliers devrait frôler voire dépasser le niveau précovid-19, pour la majeure partie de la haute saison touristique 2022-2023, la prudence est de mise. Passé la «reprise réussite» une année après la pleine réouverture des frontières, comme le souligne le ministre du tourisme et vice-premier ministre, Steven Obeegadoo, l’année 2023 s’avère périlleuse pour le secteur touristique. La perte du pouvoir d’achat, en raison notamment des taux d’intérêt à la hausse sur les marchés local et international, et le niveau d’inflation record s’annoncent comme des défis majeurs pour le tourisme mauricien. Repenser la destination mauricienne, non seulement la qualité de son produit touristique et la pertinence de son positionnement actuel, mais aussi sa réponse et son adaptation aux enjeux actuels – crise climatique, désintérêt des jeunes pour l’industrie touristique, diversification de ses sous-segments – sont d’ailleurs à l’ordre du jour en 2023.

Lux* Resorts & Hotels :  Améliorer ses résultats financiers et rouvrir Lux* Belle mare en octobre 2023

AVEC 10 projets d’hôtels en gestation en Europe, aux Émirats arabes unis et en Asie Pacifique portant la marque d’hospitalité de luxe, le groupe LUX* Island Resorts, opérateur de LUX* Resorts & Hotels est dans une phase de développement dynamique et consolidé.

«En termes de performance du groupe, après la construction et l’ouverture de LUX* Grand Baie et les rénovations effectuées à LUX* Le Morne en 2021, ainsi que la rénovation de LUX* Grand Gaube et LUX* South Ari Atoll il y a trois ans, la plupart de nos propriétés sont bien placées pour profiter de la reprise. Une fois que nous aurons reconstruit LUX* Belle Mare, suite à l’incendie survenu en juillet 2022, Lux Island Resorts Group bénéficiera d’une position plus forte et plus sûre sur le marché. Ce qui permettra au groupe d’accueillir avec confiance de nouvelles opportunités intéressantes à l’avenir», fait valoir Désiré Elliah, son CEO.

Alors que le secteur de l’hospitalité surfe sur la voie de la reprise et d’une stabilité durable, LUX* Resorts & Hotels a l’intention de travailler en étroite collaboration avec l’équipe de développement durable d’IBL afin de trouver des angles respectueux de l’environnement et socialement inclusifs pour mieux gérer ces actifs et ces activités.

Les réservations de tous les biens en exploitation de LUX* Resorts & Hotels pour le deuxième trimestre se terminant le 31 décembre 2022 sont d’ailleurs en hausse. 2023 s’annonce cependant plus périlleuse pour le secteur touristique régional. Il semble que le prochain semestre, qui se terminera le 30 juin 2023, sera plus difficile, avec une inflation atteignant son plus haut niveau depuis 70 ans en Europe et des taux d’intérêt en hausse tant sur le marché local qu’international.

Sunlife : Une deuxième jeunesse pour l’ex-Sun Resorts

OPÉRATION rajeunissement de son identité, repositionnement de sa marque, adaptation aux nouveaux courants du secteur touristique… L’ex-Sun Resorts a déployé Sunlife, son projet de transformation incluant la nouvelle vision de l’entreprise, son objectif et ses valeurs, ainsi qu’un ensemble de nouvelles expériences pour les clients, «visant à revigorer les promesses des marques et les identités de nos hôtels». D’ailleurs, le rythme des réservations pour le deuxième trimestre de l’année financière 2022-2023 semble encourageant pour les complexes Sunlife et le Shangri-La Le Touessrok et Four Seasons à l’île Maurice.

S’agissant de sa performance, le groupe hôtelier a réalisé au 30 septembre 2022 un retour de profitabilité malgré la basse saison touristique. Le bénéfice après impôt s’est établi à Rs 9 millions, comparativement à une perte de Rs 456 millions en 2021, et Rs 172 millions de perte pour le trimestre comparable avant la Covid-19. Le chiffre d’affaires pour le trimestre clos le 30 septembre 2022 s’est élevé à Rs 1,5 milliard, en hausse de 23 % par rapport au trimestre comparable pré-Covid. En matière de durabilité, Sunlife s’engage à travers son programme à montrer la voie en termes d’expériences de voyage durables.

Beachcomber Resorts & Hotels : 70 ans dans le secteur touristique en 2022

PREMIER groupe hôtelier de l’île (édition 2022 de The Top 100 Companies), New Mauritius Hotels Limited est aussi un pionnier de l’industrie touristique. Fort de ses 70 ans d’activité et de développement dans ce secteur vital pour l’économie mauricienne, Beachcomber Resorts & Hotels est résolument tourné vers l’avenir, avec la promesse «d’être créateur de bonheur pour ses hôtes» et d’un «attachement profond au développement durable et ses artisans»

«Les prévisions pour l’année financière 2023 sont très encourageantes. Les résultats du premier trimestre sont nettement supérieurs au budget et à ceux de la période comparative avant la pandémie. L’augmentation prochaine de la capacité des vols est également de bon augure pour nos résultats du deuxième trimestre. L’évolution des coûts est toutefois surveillée de près et l’évolution défavorable des taux d’intérêt et des taux de change pourrait avoir un impact négatif sur les résultats. La direction est convaincue que si l’augmentation de la capacité des vols est maintenue, et sauf événement inattendu, toutes les opérations du groupe, tant au niveau local qu’à l’étranger, contribueront positivement au bénéfice après impôt du groupe pour l’exercice se terminant en juin 2023», fait ressortir Gilbert Espitalier-Noel, CEO de Beachcomber Resorts & Hotels

En 2023, le groupe hôtelier envisage de rattraper les travaux de rénovation majeurs en cours qui ont été mis en attente en raison de la crise de la Covid-19. La rénovation des 172 chambres tropicales ainsi que des restaurants La Palma et Blue Marlin du Paradis Beachcomber est envisagée, d’où la fermeture de l’hôtel de la mi-juin à la mi-octobre 2023. Mais l’actualité la plus emblématique de Beachcomber Resorts & Hotels en 2023 demeurera la prise de fonction de Stéphane Poupinel comme CEO du groupe en remplacement de Gilbert Espitalier-Noël, et ce, à compter du 30 juin 2023.

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François Eynaud (CEO, Sunlife) : Une bonne desserte aérien«ne reste essentielle pour la croissance de l’industrie touristique»

Une année après la pleine ouverture de nos frontières, le début de la haute saison touristique 2022- 2023 connaît un véritable essor. Avec l’objectif du million de touristes qui semble à portée de main pour la période, quelles sont vos perspectives pour 2023 ?

Les perspectives pour 2023 en termes de réservations sont pour l’instant plutôt bonnes. Nous avons de l’avance par rapport à 2019. Seul le mois de février paraît plutôt lent. L’inflation et la crise économique qui se dessine dans nos principaux marchés ne semblent pas freiner les réservations de voyage pour notre destination. Les voyageurs n’ont sans doute pas l’intention de réduire leur budget voyage (en particulier dans le haut de gamme). Par contre, la Chine restera semblet-il toujours fermée en 2023. Les destinations qui vendent en dollars comme les Maldives, l’Asie et les Caraïbes sont devenues plus chères, ce qui joue sans doute en faveur de Maurice.

Nous avons cependant des challenges importants d’augmentation de coûts en 2023 (salaires, électricité, taux d’intérêt…) et de manque de main-d’œuvre qualifiée. Nous espérons que l’inflation deviendra plus raisonnable en 2023, notamment avec la baisse du prix du pétrole. Une bonne desserte aérienne à des prix raisonnables reste essentielle pour la croissance de notre industrie touristique. Nous accueillons d’ailleurs très favorablement l’arrivée de deux nouveaux avions dans la flotte d’Air Mauritius début 2023.

Pour repenser le tourisme mauricien dès 2023, deux ateliers sont envisagés. Quelles sont les orientations que l’industrie touristique devraient prendre pour sa résilience et sa croissance durable, face aux crises actuelles ?

Nous accueillons très favorablement l’initiative d’ateliers consultatifs sur l’avenir et les challenges de notre industrie touristique. Il nous faut, en effet, trouver rapidement des solutions à court et long termes aux problèmes de ressources humaines. Il est indispensable de pouvoir faire appel aux compétences étrangères d’une façon équilibrée tout en travaillant sur l’attractivité de notre secteur, surtout auprès des jeunes.

Revoir le produit touristique est également essentiel afin de rafraîchir et moderniser notre offre qui doit s’adapter aux nouvelles tendances du voyage. C’est ce que nous avons fait chez Sunlife en proposant de multiples nouvelles expériences clients. Comme l’a souligné notre ministre, le tourisme culturel et durable est une piste à développer davantage, de façon cohérente et harmonieuse. Un autre sujet qui mérite une grande attention est l’approvisionnement en eau des zones côtières qui menace gravement le bon fonctionnement de nos hôtels.