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Assurance médicale : un secteur dynamique en croissance

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Le secteur de l’assurance santé s’est considérablement transformé ces dernières années. L’évolution des comportements et besoins de consommation entraîne une hausse de la demande d’année en année. Ce marché évalué à plus de Rs 3 milliards est, selon les acteurs, du secteur en forte croissance.

AUJOURD’HUI, les personnes sont de plus en plus conscientes de l’importance de leur santé et de celle de leurs proches. Le marché de l’assurance santé reste ainsi très dynamique. Sa croissance est estimée autour de 7 % en 2022. Depuis ces dix dernières années, Erika Roussety, Business Development Manager, General Insurance, à la MUA, précise que le public est plus sensible à la qualité des soins et souhaite avoir accès à la technologie de pointe, que ce soit à Maurice ou à l’étranger. L’amélioration du niveau de vie a également largement contribué à la croissance du marché.

«La pandémie de la Covid-19 est encore venue accentuer la prise de conscience du besoin de se protéger, de la valeur d’une assurance santé. Cette prise de conscience ne s’est certes pas traduite par une demande accrue pour les produits d’assurance santé ces derniers mois : l’environnement économique a été et reste difficile, et la souscription à une assurance n’est pas toujours une priorité. Mais il faut s’attendre à ce que la tendance positive s’accélère lorsque la situation économique sera redevenue à la normale», fait ressortir Erika Roussety.

Effectivement, Nikola Genevieve, Manager de Good Harvest, explique que la pandémie a eu des répercussions importantes sur le marché. «Nous avons constaté une véritable prise de conscience des Mauriciens en ce qu’il s’agit des risques auxquels ils font face quotidiennement. Ils démontrent un intérêt grandissant pour les produits d’assurance, plus particulièrement l’assurance santé. L’augmentation des dépenses liées à la santé ayant également pris l’ascenseur ces dernières années, les Mauriciens se responsabilisent davantage et optent de plus en plus pour l’assurance santé

Jean Christophe Cluzeau, Chief Executive Officer de City Brokers, abonde dans le même sens. Si cette croissance est notamment due à la pandémie et la prise de conscience de l’importance d’avoir une bonne couverture santé, il y a aussi l’augmentation régulière des prix des produits pharmaceutiques et des coûts d’hospitalisation. Ceux-ci impactent grandement ce secteur.

Il est donc important d’investir dans une assurance santé adaptée pour pouvoir accéder à ces bénéfices. Aussi, les employeurs du privé se mobilisent afin d’offrir de plus en plus une assurance médicale comme partie intégrante des offres salariales, ce qui permet de dynamiser le secteur. «D’après les chiffres de la Financial Services Commission (FSC) publiés récemment, les primes d’assurance santé s’élèveraient autour de Rs 3,5 milliards en 2021. Elle est dans une ascendance constante, surtout après la pandémie», souligne Ivan Thomas, Senior Manager – Health à la SWAN.

Clément Cartier, président de la Business Mauritius Provident Association, rappelle que le marché de l’assurance a connu une croissance constante au cours des dernières années car de plus en plus de personnes sont conscientes de l’importance d’avoir une couverture médicale. Ceux qui disposent déjà d’une couverture médicale souhaitent avoir plus d’options pour augmenter leurs limites et bénéfices. De leur côté, les prestataires de services revoient continuellement leurs produits afin d’offrir une couverture plus étendue. Cette augmentation est également liée à l’introduction de l’allègement de la taxe sur la prime ou contribution médicale par le gouvernement depuis quelques années, dont le plafond est passé de Rs 15 000 à Rs 25 000 dans le dernier exercice budgétaire.

D’un autre côté, durant ces deux années de crise, il y a eu de nombreuses pertes d’emplois et de fermetures d’entreprises. Comme le souligne Rishi Imrit, Senior Manager, Business Development chez Eagle Insurance, la pandémie a définitivement eu un impact sur le marché des assurances santé. «On a vu une baisse considérable des souscriptions à l’assurance médicale. Cependant, cela a considérablement repris depuis la levée des restrictions sanitaires partielles du gouvernement. C’est bon de noter que même si certaines entreprises ont subi les séquelles de la pandémie, les employés soucieux de leur santé ont majoritairement souscrit à une couverture individuelle/personnelle

Les licenciements ou encore les fermetures d’entreprises ont conséquemment impacté les acteurs de ce secteur ; les clients ont dû revoir leur priorité budgétaire. Il y a eu, en effet, des fermetures d’entreprises, mais Jean Christophe Cluzeau note que paradoxalement City Brokers a ressenti une forte demande des entreprises pour souscrire de nouveaux plans et inclure de nouvelles options à leurs couvertures actuelles. Surtout celles concernant les pandémies/épidémies qui sont généralement exclues des offres standards des assureurs.

COÛTS EN HAUSSE

Il faut savoir que les dépenses de soins de santé ont considérablement augmenté dans le privé. À cause d’une inflation médicale relativement élevée sous forme d’augmentation des coûts des médecins, des médicaments et aussi les tarifs des cliniques, celles-ci ont inévitablement impacté les coûts des polices d’assurances médicales, causant une augmentation variant entre 5 et 7 %. Avec la dépréciation de la roupie et l’augmentation du fret, les institutions de santé ont dû, comme les autres, revoir leurs tarifs. À titre d’exemple, à la MUA, les coûts sont grandement impactés. Mais la MUA essaie autant que possible de maintenir les primes à des tarifs accessibles, mais elles augmentent inévitablement.

«Nous constatons une augmentation des coûts des soins médicaux. L’une des raisons est pour satisfaire le protocole imposé par les cliniques en raison de la pandémie, c’est-à-dire les tests virologiques et les mesures sanitaires instaurées. L’autre raison est surtout liée à l’inflation générale qui tourne autour de 11 % ainsi que la dépréciation de la roupie. Les primes ont été ajustées pour subvenir à la flambée des coûts des réclamations», ajoute Ivan Thomas.

L’augmentation des dépenses de santé entraîne inévitablement une augmentation des primes d’assurance, d’autant plus, comme l’explique Jean Christophe Cluzeau, même si les produits offerts sont généralement les mêmes, les clients tendent à augmenter leurs limites de couverture en cas d’hospitalisation. Ces augmentations peuvent être très importantes d’où l’intérêt de faire appel à des spécialistes pour négocier avec les assureurs.

La question est de savoir si les Mauriciens sont de plus en plus nombreux à souscrire à une assurance santé ? «En tant qu’intermédiaire entre le client et l’assureur, nous n’offrons pas de produits mais aidons et assistons nos clients à mettre en place le plan qui correspond le mieux à leurs besoins. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises du secteur privé contribuent à la prime de leurs salariés, positionnant l’assurance santé comme un bénéfice et un ‘outil’ de fidélisation. Mais cela coûte de plus en plus cher et les entreprises sont de plus en plus exigeantes dans leurs demandes et besoins», explique Jean Christophe Cluzeau.

De nos jours, les Mauriciens sont plus consciencieux par rapport à leur santé et cherchent aussi à avoir un service de qualité en termes de soins médicaux. Eagle Insurance a noté une augmentation de 30 % par rapport à son chiffre d’affaires (assurance médicale) comparativement à l’année dernière. «Les Mauriciens sont définitivement de plus en plus conscients de l’importance de souscrire à une assurance santé du fait que les soins en clinique coûtent de plus en plus cher. Par ailleurs, ils s’intéressent également aux plans ‘Catastrophe’ du fait que les maladies complexes, dites incurables, arrivent à être traitées aujourd’hui moyennant la possibilité de financer le traitement. L’assurance santé offre cette possibilité avec un plafond de garantie allant jusqu’à Rs 10 millions», fait ressortir Ivan Thomas.


LE CALCUL DES PRIMES

L’assurance santé reste obscure pour beaucoup de personnes. Souvent incompris, le taux de remboursement varie selon différents critères. «L’une des complexités dans le secteur de l’assurance médicale réside dans le fait que les coûts des divers traitements médicaux ainsi que les honoraires des médecins varient selon les établissements hospitaliers et les tarifs appliqués à leur discrétion. Il y a aussi le spectre des couvertures proposées comprenant toute la panoplie, allant des soins curatifs à la maternité incluant les visites prénatales, en passant par les soins dentaires et ophtalmologiques, les frais optiques et les appareils auditifs, entre autres», explique Ivan Thomas, Senior Manager – Health à la SWAN.

Il ajoute qu’il est donc important pour les compagnies d’assurances d’établir le paiement selon un barème, surtout sous la couverture Inpatient et Catastrophe. En ce qui concerne la couverture Outpatient, notamment qui ne nécessite pas d’hospitalisation, les remboursements se font généralement selon un certain pourcentage des dépenses encourues par le patient. À noter qu’il existe aussi différents plafonds de garanties pour chaque couverture, tels que les frais pour des soins médicaux, dentaires et optiques, entre autres.

Erika Roussety, Business Development Manager, General Insurance, à la MUA, est d’accord qu’il y a certainement un niveau d’incompréhension autour de l’assurance santé. «Pour les soins Outpatient, ou hors hospitalisation, l’assureur rembourse les réclamations à hauteur de 80 %, et l’assuré s’acquitte des 20 % restants. La réclamation ne sera pas remboursée si elle dépasse le plafond fixé. En ce qui concerne les frais des patients hospitalisés, le client doit idéalement avoir une couverture Inpatient accompagnée d’un plan catastrophe, pour être plus serein. Chaque plan d’assurance comprend un certain nombre de conditions, par exemple une maladie préexistante (au moment de la souscription) ne sera pas couverte, ainsi que certaines maladies chroniques

Jean Christophe Cluzeau ajoute que les assureurs locaux ont différentes façons de présenter leurs offres et produits mais cela reste généralement dans la même optique. Pour Rishi Imrit, Senior Manager, Business Development chez Eagle Insurance, c’est le devoir de l’assureur d’éduquer le client par rapport aux différentes conditions attachées à la police d’assurance, que ce soit en termes de maladies couvertes et aux différentes franchises applicables.

Du côté de la Business Mauritius Provident Association, Clément Cartier explique que leurs couvertures se déclinent sous différents niveaux de limites. Par exemple, leur couverture Outpatient comporte sept niveaux, allant d’une limite annuelle de Rs 5 000 à Rs 50 000. Sous ces différentes options, il y a des sous-limites, pour les consultations chez le médecin, et les soins dentaires et optiques parmi d’autres. Pour l’Outpatient, une franchise de 20 % est payable par le membre et le reste est couvert par Mosanté. Une franchise monétaire minimale pour chaque réclamation n’est pas imposée.

Quand il s’agit de la couverture Inpatient, sa limite annuelle est de Rs 50 000 qui peut être alimentée par une couverture Catastrophe pour un coût supplémentaire en cas d’interventions chirurgicales. Certainement, les plans médicaux sont assez complexes à expliquer. C’est dans ce contexte que Mosanté met l’accent sur les initiatives de communication, notamment via des moyens numériques, pour conscientiser les membres sur ses bénéfices et services.


Ainsi, en tenant compte des points énoncés plus haut – une plus grande prise de conscience de la santé et un accès élargi à des offres et équipements sophistiqués – on peut raisonnablement avancer que la pénétration de l’assurance santé sera plus élevée sur le marché dans les années à venir. Erika Roussety explique qu’avant 2021, le segment connaissait déjà une bonne croissance. Il faut ajouter à cela le fait que les entreprises privées sont de plus en plus nombreuses à inclure une assurance médicale dans les bénéfices offerts à leurs employés, ce qui permet de dynamiser le secteur.

SE DIFFÉRENCIER

Ce secteur est sujet à une forte concurrence. Ce qui fait dire à Ivan Thomas que l’assurance santé doit, dans le court terme, concentrer sa stratégie sur trois axes : le service, l’accessibilité et la proximité. Dans le moyen terme, l’accent devra être mis sur l’importance de se maintenir en forme pour jouir d’une bonne santé, à travers la mise en place de programmes sportifs, diététiques et préventifs pour ainsi encourager la population à vivre plus sainement et aussi à être productive tout en profitant de la vie.

Nikola Genevieve dit avoir noté que le nombre de polices d’assurance est en hausse et il est d’avis que le nombre de prestataires continuera, lui aussi, de grossir. «Nous estimons que tout se joue aujourd’hui sur la capacité de répondre aux besoins du client, la qualité de la prestation, plus particulièrement lors des réclamations. Avec l’utilisation grandissante de la technologie par les sociétés d’assurances, nous pensons que pour se démarquer sur ce marché très concurrentiel, un prestataire doit avoir la capacité de répondre aux challenges technologiques et de s’adapter aux besoins d’une population qui vit de plus en plus longtemps

Pour Jean Christophe Cluzeau, l’envolée des dépenses de santé et l’évolution des techniques médicales vont entraîner inévitablement une évolution du marché de l’assurance santé. Un des rôles de City Brokers est d’accompagner ses clients pour définir leurs besoins et trouver sur le marché la meilleure offre. Mais comme il le précise, leur rôle est aussi d’amener les assureurs à innover autour de la prévention, de l’accompagnement santé, d’innover dans l’évolution des garanties et la proposition de nouvelles offres telles que la téléconsultation ou encore le coaching santé.


L’ASSURANCE S’ADAPTE AU NOUVEAU PAYSAGE MÉDICAL

Le paysage médical privé comprend désormais des soins à domicile, les soins palliatifs ou encore des soins en télémédecine. Les assureurs bougent avec la tendance et font provision pour ces types de soins. Ivan Thomas fait effectivement ressortir que le secteur des assurances, en général, évolue selon la demande et les besoins. «Nous avons déjà donné notre accord aux cliniques qui pratiquent les soins palliatifs et la télémédecine. Quant aux soins à domicile ou sur les lieux de travail, nous avons un service opérationnel 7 jours sur 7 de 8 heures à 20 heures où les frais des visites sont pris en charge directement par la maison d’assurance selon les termes et conditions y relatifs

Quant à la télémédecine, le MUA a placé le digital au centre de sa stratégie de développement et a pleinement pris avantage des technologies digitales pour adapter ses offres et sa distribution à son marché. «Nous sommes donc le premier assureur à faire bénéficier les assurés d’un partenariat en matière de médecine internationale grâce à un accord avec la société MediGence, une plateforme offrant un service de conciergerie médicale et de téléconsultations avec des médecins à l’étranger. Elle permet à tout patient souhaitant obtenir un second diagnostic de s’entretenir en ligne avec un spécialiste de renommée internationale. Les téléconsultations MediGence sont 100 % confidentielles et sécurisées», souligne Erika Roussety.

Clément Cartier ajoute qu’il faut avancer avec le temps. La Business Mauritius Provident Association porte un grand intérêt à l’évolution du paysage médical. En général, Mosanté couvre les traitements palliatifs, les soins à domicile et la télémédecine. «Par contre, à ce jour, nous n’avons pas reçu de demandes pour la télémédecine. Lorsque l’occasion se présentera, elles seront traitées conformément à la sous-limite dont dispose le membre dans le cadre de sa couverture d’Outpatient pour les consultations

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