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Bien-être au travail : Le bureau devient lieu d’interaction et d’échange

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Assurer une meilleure productivité tout en veillant à l’épanouissement du personnel. Un exercice d’équilibriste auquel se livrent de plus en plus d’entreprises à maurice. La question du bien-être au travail est en effet aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises. «Plus qu’un sujet, c’est une urgence», alerte Jennifer Webb de Comarmond, directrice de proactive HR services. Il faut dire que la crise sanitaire a poussé de nombreux salariés à remettre en question leur bien-être et leur épanouissement sur leur lieu de travail.

Une étude, baptisée ‘Workmonitor’ et menée par l’agence Randstrad dans 34 pays, a révélé que 56 % des salariés interrogés se disent inquiets de voir leur vie professionnelle empiéter sur leur vie privée. Décrété véritable enjeu de santé publique dans de nombreux pays, et plus particulièrement en Europe, le bien-être au travail est pris très au sérieux par les entreprises. Car au-delà de l’aspect santé, il y a, pour ces dernières, de nombreux avantages financiers. Une autre étude, cette fois réalisée par l’institut Chapman, indique, quant à elle, que des salariés heureux seraient 55 % plus créatifs, neuf fois plus loyaux, six fois moins absents et deux fois moins malades. En France, on estime ainsi à 14 580 euros le coût moyen annuel qu’engendre le mal-être au travail par salarié. Plus qu’un concept vague, un employé mal dans sa peau représente donc pour son employeur, mais également pour la sécurité sociale, un coût réel.

À Maurice, bien qu’aucune étude n’ait été menée sur cette question, il semble que les entreprises aient pris conscience des enjeux à la fois humains et économiques. Elles n’hésitent ainsi plus à faire appel à des professionnels pour les aider à mieux cerner les attentes et les besoins de leurs salariés mais également à mettre en place un cadre de travail adéquat. Great Place To Work, l’un des principaux acteurs de référence mondiale sur la qualité de vie au travail, est régulièrement sollicitée sur cette question. Face à la demande, l’entreprise a ouvert, l’année dernière, un bureau afin «d’approfondir l’accompagnement des entreprises mauriciennes initié depuis 2016».

Il faut dire que la thématique du bien-être au travail est revenue avec force au-devant de la scène dans le sillage de la crise sanitaire. Les confinements successifs, les vagues de licenciements et la situation économique incertaine ont, en effet, fait peser sur les épaules des travailleurs énormément de pression. «La crise sanitaire a énormément contribué à faire réaliser que ce sont les hommes et les femmes qui constituent l’entreprise», confie Areff Salauroo, président de l’Association des Professionnels des Ressources Humaines de Maurice (MAHRP). De nombreuses entreprises, à l’image du groupe Attitude, ont multiplié les initiatives ces derniers mois afin de mettre en place un environnement de travail répondant aux nouvelles attentes de leurs salariés. «Le ‘Work Life Balance’ est l’une des priorités de notre stratégie en ressources humaines. Le groupe prend l’engagement d’aller encore plus loin. D’ici à la fin de 2023, nous étofferons nos ‘welfare activities’ et repenserons notre mode de travail pour y inclure des opportunités additionnelles pour l’équilibre vie familiale et vie professionnelle», assure Kannen Packiry Poullé, Chief Human Resources Officer d’Attitude Hotels.

LE MODE DE TRAVAIL APPELÉ À SE RÉINVENTER DANS LES ANNÉES À VENIR

Cette nouvelle approche plébiscitée par les salariés ne serait, selon certains observateurs, que la première étape vers un mode de travail appelé à se réinventer dans les années à venir. «Désormais, le travail se repense, devient hybride, et c’est tant mieux. L’équilibre travail-vie familiale redevient une priorité», constate Nicolas Dalais, fondateur de The Hive. Dans le sillage du télétravail, cette société spécialisée dans le property management flexible a témoigné du succès auprès des Mauriciens de ses espaces de coworking au sortir du confinement. Devant ce succès, The Hive, qui gère actuellement 1 200 m2 d’espaces de bureaux et de bien-être passera, d’ici à la fin de l’année, à 10 000 m2 sous gestion. «Les entreprises cherchent à s’étendre sur le territoire avec des ‘antennes’ autonomes sans avoir à gérer d’espaces additionnels. Les employés préfèrent encore travailler au bureau plutôt qu’à la maison. Mais le bureau devient aujourd’hui un lieu social, un terrain d’interaction, d’échange, de créativité et d’innovation tandis que la maison est souvent un lieu de production. Nous savons tous que le work from home comprend de nombreuses contraintes. Du coup, les espaces de coworking comme tiers-lieux prennent leur sens. Travailler et être productif à côté de chez soi, c’est une option qui plaît de plus en plus», observe Nicolas Dalais.

Afin d’aider leurs cadres dirigeants à mieux faire face à l’évolution du monde du travail, les entreprises multiplient les formations, n’hésitent pas à mettre à la disposition du personnel des professionnels dans plusieurs domaines et vont jusqu’à revoir l’agencement des espaces de travail. «De plus en plus, les entreprises mettent à disposition des psychologues et des cellules d’écoute. Nous voyons aussi des facilités pour la famille, telles que des garderies en entreprise», soutient Jennifer Webb de Comarmond. Et de poursuivre : «Notre nouveau monde du travail post-Covid a amplifié le besoin d’un leadership à l’écoute et centré sur l’Humain.»

Assurer le bien-être des salariés passe également par la formation. Le campus de Charles Telfair, à Moka, a ainsi mis au point un programme destiné aux professionnels des ressources humaines. «Chaque programme de formation est réfléchi et construit à la suite d’échanges importants avec les ressources humaines et en fonction de leurs chantiers et de leurs réalités. Concernant le bien-être, nous intervenons à plusieurs niveaux», explique Marine Boullé, Leadership Academy Manager au Charles Telfair Campus. Le groupe Attitude, de son côté, ouvrira en octobre 2022 son centre de formation, baptisé Attitude Academy. Celui-ci proposera, dans un premier temps, trois parcours : Food & Beverages, Kitchen et Housekeeping.

On l’aura compris, le monde du travail, qui connaît depuis quelques années de profondes mutations, a contraint toutes les parties prenantes à se repositionner et à revoir leurs priorités. Cela dans un contexte toujours aussi incertain.


LES INDIENS, EMPLOYÉS LES PLUS HEUREUX
Les Indiens seraient, à croire une étude menée par Randstad dans 34 pays juste avant la crise sanitaire, les employés les plus heureux au monde. Et pour cause : 89 % des salariés sondés en Inde se disent très satisfaits de leurs conditions de travail. En deuxième position viennent les Mexicains (85 %), suivis des Américains (78 %), des Chinois (74 %), des Britanniques (74 %), des Allemands (71 %) et des Français (68 %). À la dernière place de ce Top 10, l’on retrouve le Japon, où seulement 41 % des salariés interrogés ont affirmé être satisfaits de leurs conditions de travail. Le Japon a longtemps fait parler de lui pour la nature impitoyable de la culture de travail qui y prévalait. Mais une loi votée en juin 2020 protège désormais les travailleurs contre les abus et les brimades. Une longue mention de la violence physique dans la loi met d’ailleurs en lumière les graves problèmes de harcèlement au travail qui persistent dans le pays.
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