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Consommation – Forte pression sur le marché des produits laitiers

La production mondiale de lait a augmenté de 1,3 % en 2019 pour atteindre environ 852 tonnes métriques. Cette production est à 81 % constituée de lait de vache, 15 % de lait de bufflonne et 4 % de lait de chèvre, de brebis et de chamelle combinés, selon la Food and Agriculture Organisation (FAO) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans leur étude commune intitulée Agricultural Outlook 2020-2029. Le marché du lait et des produits laitiers est constamment en hausse, poussé par la croissance démographique mondiale et l’amélioration des conditions de vie. Mais la Covid-19, qui a engendré des perturbations au niveau des chaînes d’approvisionnement, est venue changer la donne.

Si ces deux organisations internationales ont maintenu une projection à la hausse pour cette année, elles indiquent dans leurs perspectives qu’il faudra composer avec la Covid-19 pour la production de lait et de produits laitiers dans les années à venir. «La pandémie de Covid-19 a affecté la vie quotidienne dans le monde entier. On suppose que les chaînes alimentaires sont moins affectées par les contraintes mises en place pour limiter sa propagation, même si des perturbations importantes des chaînes d’approvisionnement pourraient se produire pour les produits périssables tels que le lait et les produits laitiers», souligne le rapport, qui met en exergue l’impact potentiel sur certains produits laitiers comme le fromage, qui sont souvent consommés hors des pays où ils sont produits, et peuvent voir une réduction des niveaux de consommation. «Les effets au cours de la prochaine décennie sont plus incertains car ils dépendent de la durée pendant laquelle les contraintes sont maintenues en place, de la rapidité avec laquelle l’économie mondiale se rétablira et de la question de savoir s’il y aura des changements structurels dans les interactions mondiales», indiquent les auteurs de l’Agricultural Outlook 2020-2029. 

Sur le plan local, la consommation de produits laitiers suit la pente ascendante que connaît le marché à l’international. Déjà, les enseignes de distribution notent une diminution au niveau de la consommation de certains types de produits laitiers. «La situation varie en fonction du type de produit. Toutefois, on peut dire que s’il y avait une croissance l’an dernier, le coronavirus est venu rebattre les cartes. Les produits laitiers ont clairement fait partie de ces produits essentiels pendant la période de confinement. Par exemple, nous avons reçu des sollicitations régulières de la part de consommateurs pour les yaourts pendant toute cette période. De même, le fromage et le beurre font partie des produits de base demandés par les consommateurs», indique Yovan Jankee, Head of Strategy and Communication à Panagora. Un point de vue que partage Amitsha Jugoo, Brand Executive à Brand-Activ qui explique également que la consommation de lait et de produits laitiers n’a pas diminué pendant le confinement. «Le lait est un essentiel de tous les jours dont les gens ne peuvent se passer, tant pour les adultes que les enfants. Il reste un produit de base avec une demande qui continue de croître», soutient-elle.

Baisse notable de la demande

Néanmoins, depuis la levée du confinement, la situation a bien évolué. «Ces deux derniers mois, nous avons enregistré des croissances de 2 % à 6 % selon les références sur notre portefeuille de produits laitiers, hors desserts. Il y a toutefois une réduction notable de la demande pour certains types de produits comme les laits aromatisés ou le lait caillé», note Yovan Jankee. Il semble que le consommateur se soit fait rattraper par la dure réalité post-confinement. Son pouvoir d’achat est en baisse alors que le prix ne cesse de croître. Du coup, on s’offre le minimum et le prix devient un facteur de plus en plus important. D’ailleurs, le Consumer Price Index pour le second semestre montre que le prix du lait en poudre a augmenté de 0,2 point. Même si la qualité reste un facteur important pour le Mauricien, il privilégie de plus en plus le prix.

«Les produits laitiers sont plus sensibles au niveau de la qualité que beaucoup d’autres. Un yaourt est un produit «vivant», avec des bienfaits nutritionnels connus et recherchés par les consommateurs. Lorsqu’un parent achète un produit laitier pour son enfant, il est évident qu’il a en tête la qualité du produit. Toutefois, il faut être réaliste: nous nous dirigeons vraisemblablement vers une crise économique de grande ampleur. Quel que soit le produit, le prix va être sans doute le premier facteur d”achat. Cela sera d’autant plus vrai pour les produits dont les qualités autres que gustatives sont parfois plus difficiles à saisir pour le consommateur lambda. Ce constat posé, notre politique à Panagora ne changera pas. Nous offrons du ‘value for money’», indique Yovan Jankee.  

Face à cette conjoncture difficile, les distributeurs ne lésinent pas sur les moyens pour répondre aux besoins des consommateurs. «Il y a une bonne partie des consommateurs qui restent fidèles à une marque et vont continuer à l’acheter malgré tout. C’est sur cette fidélité que nous travaillons beaucoup, soit avec des discounts ou des promotions», indique Amitsha Jugoo.

Malgré la crise, le marché des produits laitiers à Maurice, comme ailleurs, ne cesse de s’enrichir pour repondre à la demande pour des besoins nutritionnels spécifiques. «Il y a, par exemple, ceux qui sont ‘health conscious’ et qui recherchent du lait ‘low fat’ ou ‘non fat’. Nous avons chez BrandActiv Régilait toute une gamme de laits : écrémé ou demi-écrémé, mais aussi les laits enrichis aux vitamines et au calcium», précise Amitsha Jugoo. La demande porte aussi sur le lait vegan et le bio. C’est aussi le cas chez Innodis où le lait UHT bio Twin Cows répond à cette demande. «Les laits ‘alternatifs’ coûtent plus cher, ce qui contribue sans doute à en faire un marché de niche. Dans le contexte économique actuel, le facteur prix devient prépondérant. Il est clair que les consommateurs vegan ou qui préfèrent ces laits alternatifs ne vont pas arrêter de les consommer. Néanmoins, la demande sera sans doute moindre», note, pour sa part, Yovan Jankee en se basant sur les nouvelles réalités du marché local.

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