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Construction : Une résilience à toute épreuve

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La crise sanitaire de la covid-19 avec ses conséquences sur le plan économique a sévèrement affecté l’industrie de la construction. Il a fallu l’aide de l’état pour relancer les activités et remettre sur pied l’économie locale. Les chantiers d’infrastructures publiques se sont alors multipliés à travers l’île. Mais tandis que s’annonçait la reprise, le conflit russo-ukrainien est venu affaiblir davantage ce secteur qui parvient graduellement à se reconstruire.

Le secteur rompt mais ne plie pas. Chahutée ces derniers mois par la hausse du prix du fret, une inflation galopante et la dépréciation de la roupie, l’industrie de la construction parvient malgré tout à résister aux vents contraires. Une résilience qui témoigne de la bonne santé d’un secteur qui pèse tout de même autour de 4,4 % du produit intérieur brut. à noter que le secteur de la construction a enregistré, en 2022, une croissance de 6 % de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente, atteignant un sommet de rs 44,5 milliards. De plus, il a connu une augmentation de 27 % de son bénéfice avant impôt, atteignant rs 3,2 milliards.

Au sortir de la crise sanitaire, l’industrie de la construction était pourtant à genoux. Il a fallu un sérieux coup de pouce de l’état pour relancer le secteur et remettre sur pied l’économie locale. Les chantiers d’infrastructures publiques se sont alors multipliés à travers l’île. Mais tandis que s’annonçait la reprise, le conflit russo-ukrainien est venu mettre à mal une fois de plus tout un secteur déjà affaibli. Car il faut savoir qu’au cours des trois dernières années, le coût d’exploitation dans le secteur de la construction a augmenté de 25 à 35%.

Bien que les prix aient légèrement baissé depuis septembre dernier, ils restent supérieurs à ceux de la même période en 2021. L’indice des prix de la construction (CPI) a diminué légèrement pour atteindre 131,9, puis a continué de baisser pour atteindre 130,8 en décembre. «La hausse du taux d’inflation pénalise grandement les compagnies de construction comme la nôtre puisque les prix que nous cotons sont fixes et ne peuvent être majorés en aucune façon en cours de route. En ce qui concerne la hausse du taux d’intérêt, il affecte directement la liquidité de l’entreprise qui fait face à une pénurie de trésorerie en payant davantage d’intérêts», souligne Anwar Ramdin, CEO de Hyvec Partners Ltd.

Malgré ces difficultés, certaines entreprises dont les activités sont directement tributaires du secteur de la construction affichent, quant à elles, bonne mine. «Nous avons constaté une augmentation de notre chiffre d’affaires d’au moins 10 % durant cette période avec notre gamme de peintures pour bâtiments de la marque Polycolor. Nous prévoyons une croissance de 10 à 15 % pour l`année 2023», indique-t-on du côté de Polytol Paints. L’entreprise travaille directement avec les contracteurs ainsi que les entrepreneurs en peintures et indirectement avec les architectes et ingénieurs sur les projets de construction. Tass Construction & Renovation, une société sœur de Polytol Paints, qui se spécialise dans l’application d’une large gamme de peintures et de revêtements sur des surfaces telles que le béton, le métal et le bois, enregistre, elle aussi, une demande croissante pour ses produits.

LE MANQUE DE MAIN-D’ŒUVRE PERDURE 

Au-delà des difficultés conjoncturelles auxquelles fait face le secteur de la construction, il en est une que les principaux opérateurs peinent à résoudre. Tous affirment, en effet, souffrir depuis de nombreuses années maintenant d’un cruel manque de main-d’œuvre. Un problème qui, malgré le recours à des travailleurs étrangers, tend à s’aggraver au fil des ans. «Le gouvernement doit s’atteler à réduire le délai entre le moment que les demandes de permis sont faites et l’arrivée des travailleurs étrangers sur le sol mauricien. Cela prend à ce jour de 5 à 6 mois et c’est beaucoup trop long, pénalisant l’entreprise entre-temps sur de nombreux projets qui restent en suspens», fait ressortir Anwar Ramdin. Face au manque de main-d’œuvre, Transinvest Construction, l’un des poids lourds du secteur à Maurice, a organisé, au début du mois de février, une journée portes ouvertes afin de tenter de recruter des maçons, des aide-maçons, des charpentiers, des soudeurs, des chauffeurs, des mécaniciens, des opérateurs/opératrices de grue et de machinerie lourde, ainsi que des handymen. 

À l’image de Transinvest, de nombreux opérateurs privilégient de plus en plus la formation afin de faire naître des vocations et attirer davantage de jeunes et de femmes. Du côté de Hyvec, l’on abonde dans le même sens et propose même la création d’une École des Métiers. «L’accent doit également être mis sur la formation et la valorisation de la main-d’œuvre locale. Les secteurs public et privé envisagent la mise en place d’une ‘École des Métiers’ mais sa mise en place tarde trop. Il faut absolument une étroite collaboration entre les deux secteurs pour attirer nos jeunes vers l’industrie de la construction», soutient le CEO de Hyvec Partners Ltd. Même constat chez Palco Waterproofing, qui peut cependant compter sur une équipe loyale et expérimentée : «Le plus grand défi est la main-d’œuvre, qui est difficile à trouver mais heureusement que chez Palco, nous avons des techniciens qui sont avec nous depuis plus de 20 ans.»

Outre le recrutement, le secteur de la construction devra encore relever de nombreux défis avant de pouvoir renouer avec les performances pré-pandémiques. «Les défis sont nombreux. Nous ferons face, entre autres, à l’affaiblissement de notre roupie, à une hausse du coût des matières premières, à une pénurie de main-d’œuvre locale, à de possibles retards dans l’acheminement des matières premières importées et à une attente excessive pour faire venir de la main-d’œuvre étrangère au pays», explique le CEO de Hyvec Partners Ltd

En attendant, les principaux acteurs du secteur mettent les bouchés doubles afin de poursuivre sur leur lancée et renouer avec la croissance malgré le contexte économique difficile. Des efforts qui visent à donner raison au célèbre adage qui veut que quand la construction va, tout va.

BÂTIMENTS ÉCORESPONSABLES 

Si les chantiers, aussi bien publics que privés, se multiplient, l’on a récemment vu sortir de terre des projets d’un nouveaux genre : les bâtiments écoresponsables. Destinés à réduire leur empreinte environnementale dès le stade de la construction, ces projets pourraient être appelés à se multiplier dans les années à venir. Parmi les pionniers de ce type de construction, l’on compte ENL, qui a inauguré en août dernier Les Fascines, un immeuble de bureaux écoresponsables et ultramodernes au cœur de Vivéa Business Park, à Moka. «Construit selon les critères stricts de développement durable LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), certification américaine, l’immeuble de 8 685 m2 est moins énergivore, moins gourmand en eau et émet moins de carbone, et ce dès sa construction. Ainsi, 62 % des 2 232 tonnes de déchets générés sur site ont été réutilisées, alors que 13 %, soit 287 tonnes de déchets – déchets de béton, de bois, de papier et métalliques – ont été recyclées. Au total, ce sont 75 % des déchets qui ont été soit réutilisés, soit recyclés», a précisé le promoteur lors de l’inauguration. 

S’il s’inscrit dans l’air du temps, ce type de projet, expliquent certains constructeurs, prendra des années avant de se populariser, du fait de son coût élevé. «Le coût de la construction verte est encore très élevé et les coûts initiaux ou d’investissement trop onéreux pour plusieurs promoteurs. Le gouvernement doit jouer un rôle clé en offrant davantage d’incitations aux investisseurs et aux promoteurs pour accélérer cette construction verte», explique Anwar Ramdin.

CIMENT : L’ÉTAT IMPOSE LE CONTRÔLE DES PRIX 

Face à la perspective d’une nouvelle hausse du prix du ciment, le gouvernement a décidé de prendre une décision radicale. Les Consumer Protection (Control of Price of Taxable and Non-Taxable Goods) Regulations ont ainsi été amendées dans le but d’imposer un contrôle du prix du ciment. Résultat : le prix de la pochette de 25 kg est maintenu entre Rs 158 et Rs 175. Une fourchette qui varie selon le lieu d’achat à travers l’île. Au niveau du ministère du Commerce, l’on indique qu’une hausse du prix de 10 % était inenvisageable au regard des multiples hausses depuis deux ans. Les autorités, ont par ailleurs, laissé entendre que la STC mène actuellement une étude sur le marché du ciment afin de savoir s’il serait opportun pour elle d’importer du ciment, cela fin qu’il y ait davantage de concurrence dans ce secteur. Du côté des opérateurs, l’on dit mesurer les conséquences de ce contrôle des prix décidé  par le gouvernement avant de réagir publiquement.

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