Après la ruée sur les équipements informatiques dans le sillage de la covid-19, le marché semble connaître une légère méforme. Une situation qui s’explique par la forte inflation qui prévaut depuis quelques mois déjà. Les acteurs du secteur confient cependant pouvoir continuer à compter sur une forte demande émanant notamment des entreprises qui ont accéléré leur transformation numérique. Un virage essentiel que des entreprises spécialisées se proposent d’accompagner en proposant des solutions informatiques sur mesure.
«LA crise sanitaire a accéléré la numérisation des entreprises, petites comme grandes, et cela a forcément dopé la vente d’équipements et de solutions technologiques pendant les 30 derniers mois. Cette numérisation rapide a également obligé les fabricants et éditeurs à augmenter eux-aussi leur capacité à innover et proposer des produits et solutions adaptés au contexte», explique Vincent Bourelly, Chief Operating Officer chez Elytis. La généralisation du télétravail, ainsi que l’accélération de la transformation numérique des entreprises ont été vecteurs de croissance pour le secteur. Une vague sur laquelle les entreprises spécialisées se sont évertuées à surfer afin d’offrir un service et un accompagnement personnalisés.
La crise sanitaire désormais derrière nous, la reprise des activités économiques s’est heurtée à de nouveaux obstacles depuis, notamment la guerre en Ukraine, qui a entraîné une crise inflationniste et des tensions sur les chaînes d’approvisionnement. «Le marché informatique est affecté par la pénurie des composants causée par l’augmentation de la demande et en parallèle l’inactivité de la production chinoise pendant de longs mois. Même si la situation s’est bien améliorée, certaines catégories de produits sont toujours très affectées avec des délais de production atteignant parfois un an», constate Vincent Bourelly.
Face à l’inflation galopante, les acteurs du secteur s’attendent, à moyen terme, à ce que la demande pour les produits et services informatiques accuse une baisse. «Dès que les effets du ralentissement économique se feront sentir, on verra les entreprises revoir leur budget de dépenses et d’investissement à la baisse», anticipe Neemalen Gopal, directeur général du Leal Group IT Cluster.
La transformation des entreprises a fait naître chez ces dernières de nouveaux besoins nécessitant une expertise pointue. «Les entreprises ont revu à la hausse leur budget de dépenses informatiques, principalement pour investir dans leurs activités de réingénierie des processus d’entreprise, en mettant en œuvre des systèmes tels que la RPA (remote monitoring of assets) – la surveillance ou le contrôle à distance des actifs», fait ressortir Uways Kureeman, acting General Manager d’Island Communications Ltd. La mise en place de ces nouveaux systèmes a nécessité de lourds investissements tant sur le plan matériel que sur le plan humain puisqu’il a fallu, dans de nombreux cas, former les salariés à l’utilisation de ces nouveaux outils informatiques.
Contraintes de laisser leurs employés travailler à distance, les entreprises locales ont par la même occasion dû renforcer leur système de sécurité afin de garantir l’intégration de leurs données. «La cybersécurité devient une priorité pour protéger nos infrastructures informatiques. C’est devenu la priorité dans les banques, les télécommunications, les assurances administrations et les entreprises privées», note Neemalen Gopal. Contrairement à d’autres pays, où les cas de piratage sont en forte augmentation durant les périodes de confinement, Maurice semble avoir été relativement épargnée par ce phénomène, au grand soulagement des principales concernées.
En constante évolution, le secteur met tout en œuvre pour s’adapter aux nouvelles attentes et aux besoins de plus en plus techniques des entreprises. D’aucuns estiment que l’infrastructure informatique du pays doit pouvoir permettre aux acteurs de l’économie locale d’atteindre leur plein potentiel. «Nous avons l’infrastructure appropriée disponible localement pour mettre en place des systèmes avancés comme les solutions IOT ou de télémétrie. Nous nous dirigeons de plus en plus vers une économie numérique où les transactions en ligne sont en croissance, de nouvelles plateformes émergent et davantage de personnes sont désormais connectées», fait valoir Uways Kureeman. Neemalen Gopal concède, pour sa part, que des efforts restent à être faits : «S’agissant de l’informatique, on a encore beaucoup à faire pour la transformation digitale afin de rendre nos services plus réactifs et plus efficaces à Maurice.»
INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
Contrairement à d’autres secteurs d’activité, celui de l’innovation technologique et des applications mobiles a enregistré, dans le sillage de la crise sanitaire, une forte croissance. Une augmentation qui s’explique, d’une part, par la généralisation du télétravail et, d’autre part, par la numérisation de nombreux services publics et privés au travers d’applications mobiles. De la vente au détail aux services bancaires en passant par le paiement des factures, tout ou presque se fait aujourd’hui sur un téléphone portable. Les entreprises, contraintes par la pandémie de la Covid-19, de prendre le virage numérique, ont été nombreuses à s’entourer de professionnels en la matière.
«Le secteur a plutôt bénéficié de la crise sanitaire dans la mesure où les entreprises et les particuliers ont eu un fort besoin d’équipement pour répondre à la nécessité du télétravail et de l’école à domicile. Cette très forte demande a impacté les chaînes de production qui n’étaient pas prêtes, entraînant une pénurie sur tout le secteur des semi-conducteurs», reconnaît Gilles Debert, directeur général de MC3 Holding. Même constat à Cagan Tech, une entreprise spécialisée dans les solutions logicielles. «La crise sanitaire mondiale a été un catalyseur dans de nombreux domaines, et celui des technologies n’a pas fait exception. Le logiciel en tant que service support des grandes fonctions de l’entreprise s’est développé de manière significative ces deux dernières années, tout comme le cloud et le “machine learning”», constate John Quinn, dirigeant et fondateur de l’entreprise.
Bien que ses activités aient enregistré une forte hausse, IRC Web Services, une entreprise qui accompagne les entreprises dans leur transformation digitale, a dû revoir son offre pour mieux répondre aux attentes de sa clientèle dans un futur économique incertain. «Il était auparavant plus facile d’obtenir de gros projets avec des budgets conséquents mais depuis la crise, de tels projets ne sont maintenant réalisés que par phases, et ces dernières sont souvent espacées de plusieurs mois», regrette Yannick Cornet, directeur et project manager au sein de l’entreprise. Une opinion partagée par un grand nombre d’entreprises qui ont été contraintes de s’adapter à ce nouvel environnement économique.
Malgré quelques difficultés, la grande majorité des acteurs du secteur des technologies se disent confiants que la demande pour des solutions informatiques se maintiendra en 2022. Il faut dire que les entreprises, tous secteurs confondus, sont aujourd’hui bien conscientes qu’elles doivent dorénavant proposer des solutions numériques pour correspondre aux nouvelles habitudes de consommation des Mauriciens.