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Féculents : La demande se maintient malgré des prix qui grimpent

Faisant partie des aliments incontournables des tables mauriciennes, et ce indépendamment des saisons, les féculents sont toujours en grande demande malgré leurs prix en hausse constante. Que ce soit le pain, le riz, les pâtes ou même des frites, ils font partie de notre quotidien. Leur consommation va même augmenter avec la période festive qui pointe le bout du nez.

AMIT DOOKHOOAH, CHEF DE DÉPARTEMENT DE SUPER U FLACQ

LES MAURICIENS raffolent des pâtes et sont de grands consommateurs de riz, de grains secs, de pain et de pomme de terre. En curry ou en sauce, ces féculents tiennent une place de choix dans le panier alimentaire. Ils sont rapides et faciles à cuisiner et sont disponibles partout, peu importe la saison. Cependant, petit bémol, les problèmes d’importations persistent, conséquence de la guerre en Ukraine, des inondations en Inde et au Pakistan, des perturbations maritimes, etc.

Selon un rapport de la Banque mondiale publié fin octobre 2022, les indices des prix des produits agricoles, des céréales et des exportations ont baissé au cours des deux dernières semaines de 4 %, 3 % et 10 %, respectivement. «Après avoir enregistré une hausse deux semaines plus tôt, les prix du blé ont chuté de 8 %, entraînant la baisse de l’indice des prix des céréales, bien qu’ils soient 17 % plus élevés qu’en octobre 2021. Les prix du maïs et du riz sont restés relativement stables, clôturant 1 point de pourcentage de moins qu’il y a deux semaines bien qu’ils soient respectivement 28 % et 10 % plus élevés qu’en octobre 2021. Les prix du maïs et du blé sont respectivement supérieurs de 33 % et 27 % à ceux de janvier 2021, et ceux du riz sont inférieurs de 13 %. »

Par ailleurs, la guerre en Ukraine a multiplié les politiques commerciales. La Banque mondiale fait ressortir dans le même rapport que la crise alimentaire a partiellement affecté le nombre croissant de restrictions commerciales alimentaires, cela dans le but de faire grimper l’offre nationale et de réduire les prix. Ce rapport précise que le 21 octobre, 20 pays ont mis en place 25 interdictions d’exportation de produits alimentaires, et huit ont mis en place 12 mesures de limitation des exportations. «La guerre en Ukraine a modifié la structure mondiale des échanges, de la production et de la consommation de produits de base d’une manière qui maintiendra les prix à des niveaux élevés jusqu’à la fin de 2024, exacerbant ainsi l’insécurité alimentaire et l’inflation.»

Les importations mauriciennes de céréales, de farine, d’amidon, de préparations et produits laitiers se sont élevées à 65,57 millions de dollars US en 2021, selon la base de données COMTRADE des Nations unies sur le commerce international. Maurice a importé 52,1 millions de dollars de riz, devenant ainsi le 87e plus grand importateur de riz au monde en 2020. La même année, le riz était le 7e produit le plus importé à Maurice.

Riz : Une hausse des prix attendue

«L’île Maurice importe du riz principalement de l’Inde (43,9 millions de dollars), du Pakistan (7,19 millions de dollars), de la Thaïlande (772 000 dollars), du Bangladesh (79 000 dollars) et des Émirats arabes unis (57 000 dollars). Le chiffre d’affaires du segment du riz s’élève à 29,28 millions de dollars US en 2022. Le marché devrait connaître une croissance annuelle de 3,37 %», indique Hemraz Hanoomanjee, Operational Manager de SaveMart Trading Ltd, en se basant sur les chiffres de COMTRADE des Nations unies. Il précise que Maurice risque d’être confronté à de graves problèmes concernant l’importation du riz basmati. «Il y aura une hausse inévitable, ce qui fait craindre le pire sur le marché mondial. Après avoir déjà grimpé en juillet, le prix du riz devrait à nouveau augmenter la semaine prochaine. Il faudra compter entre Rs 50 et 75 supplémentaires pour le sac de 20 kilos. Le prix du riz restera serré jusqu’en octobre-novembre 2023, c’est-à dire jusqu’à la prochaine récolte en Inde», indique Hemraz Hanoomanjee, Operational Manager de SaveMart Trading Ltd.

Il rappelle que le prix du riz a subi plusieurs augmentations ces derniers mois. De mars à juin, le prix du riz a augmenté d’environ 15 %. Avec la hausse du dollar, le fret qui reste élevé et le retard des navires, il dit s’attendre à une augmentation de 5 à 6 % des nouvelles cargaisons arrivant dans le pays la semaine prochaine. Mais à la prochaine récolte en Inde, les prix vont baisser, prévoit-il.

Du côté de Super U, Amit Dookhooah, chef de département de Super U Flacq, indique que le prix du paquet de 20 kg de riz a augmenté de Rs 100. Il constate que même si le prix des produits est contrôlé par le gouvernement à travers le mark-up system, le prix des autres féculents continue de grimper. Parallèlement, les autres féculents sont aussi très appréciés par les Mauriciens. «Riz, pâtes, grains secs, nos étagères se vident à chaque fin de mois. Nous veillions à les remplir afin que tous les clients aient le panier rempli et ne manquent de rien.»

HEMRAZ HANOOMANJEE, OPERATIONAL MANAGER DE SAVEMART TRADING

Concernant les féculents en général, la baisse du pouvoir d’achat impacte grandement le portefeuille du consommateur. Amit Dookhooah constate que malgré le contrôle des prix et le système de «mark-up», les prix restent en hausse.

Même constat pour l’Operational Manager de SaveMart Trading Ltd, qui explique que cela signifie que les entreprises vendront moins et que leurs bénéfices seront potentiellement plus faibles. Une baisse des bénéfices signifie une diminution de la capacité à se développer ou à investir dans l’entreprise. Avec un taux d’inflation estimé à 10 %, le pouvoir d’achat de nombreux clients a diminué au cours de l’année.

«Cependant, beaucoup de ces produits ont un prix contrôlé et ont des subsides du gouvernement pour permettre aux clients de faire face à ces augmentations subites quasi chaque semaine. Nous ne pensons pas que l’inflation va baisser de sitôt. Nous faisons tout pour revoir notre fonctionnent interne, pour améliorer notre efficacité et aussi réduire les coûts d’opération pour être toujours compétitif au profit de nos clients. Nous savons que nos clients traversent une période difficile et qu’ils surveillent chaque sou pour joindre les deux bouts.»

 


Les produits bio trop chers pour certains

Les produits le plus en vogue selon Amit Dookhooah sont le riz et les pâtes. Cependant, il note que les produits bio se vendent de mieux en mieux. «Très recherchés, ces produits sans gluten sont néanmoins chers. Très peu de clients peuvent se permettre d’en acheter.» Il est rejoint par Hemraz Hanoomanjee, qui constate que les pains et les autres aliments céréaliers tels que le riz, les pâtes, le blé, le maïs, certaines céréales du petit déjeuner, les légumes secs et les légumineuses, dont les haricots blancs et rouges, les lentilles, les pois chiches et les pommes de terre, sont privilégiés pour leur contribution en glucides complexes dans l’alimentation et pour leur place dans la structure des repas à Maurice. Ce sont les féculents les plus consommés, généralement en accompagnement d’un plat ou cuisinés en plat complet.

Quant aux produits bio, outre le prix, il est aussi d’avis que les Mauriciens sont préoccupés par les caractéristiques de cuisson des pâtes, le goût et les avantages nutritionnels des produits. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux à consommer des pâtes sans gluten ou à base de blé et de quinoa. «Pour répondre aux besoins de nos clients soucieux de leur santé, nous proposons, entre autres, du riz brun pour les diabétiques et du riz biologique. Nous constatons également une plus grande demande pour les pâtes fraîches et biologiques. Il en va de même pour les céréales. Proposer des produits biologiques est devenu une nécessité dans le secteur de la distribution» dit-il.


Rupture de stock

Toute une préparation

Qu’il s’agisse de pâtes, de riz, de frites, les féculents sont très prisés pas seulement par les Mauriciens, mais aussi par le monde entier. La grande distribution a retrouvé le rythme d’approvisionnement alimentaire afin de ne pas être en rupture de stock. Le chef de département de Super U Flacq estime que les produits doivent être commandés à temps pour que les fournisseurs disposent toujours de ces produits. «Nous nous assurons de toujours avoir assez de stock. Certains jours, nous achetons même un conteneur entier et nous traitons avec les fournisseurs pour nous assurer que nous avons suffisamment de stock dans notre magasin afin d’éviter les ruptures d’approvisionnement de produits alimentaires.» Pour Hemraz Hanoomanjee, il est important de comprendre l’ensemble de la chaîne de valeur et son exposition aux chocs de la chaîne d’approvisionnement. «On ne se contente pas d’apprendre à connaître notre fournisseur immédiat. Il faut savoir qu’il y a toute une chaîne d’approvisionnement derrière. Il faut évaluer le risque de perturbation à chaque étape, développer des sources d’approvisionnement alternatives et conserver des stocks suffisants. L’époque où l’on gardait des stocks réduits, en flux tendu, est révolue» , soutient-il.

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