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Formation professionnelle : Outil indispensable pour se réinventer Post-2020

Formation professionnelle : Recycler, reconvertir et renforcer ses compétences professionnelles. Autant de priorités qui sont à l’agenda de la population active et des apprentis depuis 2020. Face à la nouvelle normalité qui s’installe dans divers secteurs de la vie économique, qui impose un changement de paradigmes, se réinventer est devenu nécessaire pour pouvoir rebondir et assurer la pérennité de ses activités. 

L’année 2020 a marqué un tournant dans le secteur de l’emploi à Maurice. Les retombées socio-économiques de la pandémie de la Covid-19, l’inscription de la juridiction mauricienne sur la liste des pays tiers à hauts risques de l’Union européenne ou encore l’impact du déversement d’hydrocarbures au large de Mahébourg par le MV Wakashio ont été des catalyseurs de crises à moyen et long termes. Décroissance et arrêt total des activités des secteurs clés de l’économie ont, en effet, débouché sur du chômage total, partiel ou technique, poussant des milliers d’individus engagés dans la vie active à se reconvertir professionnellement ou à renforcer leur champ de compétences. 

Pour s’aligner sur les normes de conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, comme pour contourner les effets de la pollution de la zone maritime et côtière du sud-est de l’île, des cols blancs aussi bien que les cols bleus ont dû se repenser. 

Tant pour changer d’orientation professionnelle momentanément, si ce n’est durablement, que pour monter en compétences face à la nouvelle normalité dans le secteur de l’hospitalité, des services financiers, de la pêche et des loisirs nautiques. Contrairement aux répercussions causées par l’inscription de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne et le déversement d’hydrocarbures au large de Mahébourg par le MV Wakashio, celles apparues dans le sillage de l’éclatement de la pandémie de la Covid-19 laissent peu ou pas de visibilité quant à leur durée. 

Ici comme à l’échelle internationale, la pandémie de la Covid-19 a fondamentalement transformé le paysage de plusieurs écosystèmes. Il en va de même pour l’offre, la demande et les modes de livraison des formations destinées aux apprenants en quête d’un modèle de formation professionnelle pouvant les aider à monter en compétences aussi bien techniques que transversales, et accélérer leur carrière. Les reconversions ou montées en compétences professionnelles sont-elles plus courantes depuis l’éclatement de la pandémie de la Covid-19 ? 

«Il est peut-être un peu tôt pour avoir une idée exacte de l’impact de la pandémie sur les nouveaux diplômés. Je crois qu’effectivement les besoins en reconversion et en développement de nouvelles compétences se font de plus en plus sentir, surtout pour les personnes déjà en emploi et dans les filières durement touchées par la pandémie», répond Torriden Chellapermal, CEO de MCCI Business School (MCCIBS).  

Pour accompagner et assister les membres de la population active engagés dans une démarche de changement ou de valorisation professionnels, la MCCIBS travaille étroitement avec les entreprises dans l’optique d’offrir des programmes de formation permettant l’acquisition de nouvelles compétences et aptitudes, nous dit Torriden Chellapermal. Tout en affirmant qu’à la MCCIBS, «nous sommes satisfaits et confiants que nos formations sont polyvalentes et permettent à nos diplômés de moduler les choix de carrière en fonction de la demande du marché». 

REQUALIFIER LES CHÔMEURS 

À la Rushmore Business School, évoque le Dr Nittin Essoo, son directeur-fondateur, des «programmes innovateurs» pour servir les secteurs émergents comme la fintech et l’intelligence artificielle ont été élaborés depuis quelque temps déjà. «Nous prenons aussi en considération la demande venant des employeurs pour tailler des formations sur mesure. Par exemple, nous offrons cette année un programme en finance pour les health care professionals», soutient Torriden Chellapermal. Sadhna Juwaheer, Acting Public Relations Officer au Mauritius Institute of Trainig and Development (MITD), indique que l’établissement engagé dans la formation professionnelle, notamment technique, travaille sur une série de petits cours destinés à ceux ayant perdu leur emploi. 

«L’objectif est de les requalifier dans les métiers où l’emploi est disponible, par exemple dans la construction et les métiers connexes», fait-elle ressortir. Alors qu’au niveau de Formaclic, de nouveaux parcours de formation sont proposés, tant pour accompagner l’entrée dans le monde du travail de futurs employés que pour les inculquer des savoirs et savoir-faire à travers de nouvelles formations professionnelles et de nouvelles formations en technique de langue, dispensées en ligne et remboursées intégralement par le Human Resource and Development Council (HRDC). 

La pandémie de la Covid-19 n’a pas seulement bousculé le cursus pédagogique et la demande des professionnels et apprentis en formation. La Covid– 19 a certainement changé le paysage de la formation, aussi bien au sujet de l’offre que de la façon dont sont prodigués les cours. Les gens cherchent à s’adapter aux conséquences de la pandémie sur leur vie professionnelle et personnelle, et ils recherchent donc des formations ou des conseils sur les «soft skills» et sur la manière de mieux atteindre un équilibre de vie, en plus de se former professionnellement. 

FORMATION EN LIGNE

Se réinventer face à la nouvelle normalité est désormais une nécessité. Avec un marché du travail en perpétuel mouvement, propulsé par de nouvelles industries et la révolution technologique, la clé demeure la formation professionnelle pour parfaire ses connaissances et aiguiser ses compétences.

Celle-ci était donc déjà au cœur des enjeux avant la crise sanitaire. Mais la pandémie globale de la Covid-19 est venue redessiner durablement le paysage de l’enseignement et de la formation professionnelle. Forcées au télétravail largement démocratisé suite à la mise en vigueur et au renforcement des obligations de distanciation sociale, les entreprises ont dû réduire, voire annuler les formations en présentiel. Certaines, plus réactives et adaptives, ont pu se réinventer en établissant rapidement une bibliothèque de matériel d’apprentissage en ligne pour assurer la continuité des programmes de formation de leur personnel.

À leur tour, les professionnels ont capitalisé sur les dispositifs de formation en ligne pour accroître leurs compétences et en développer de nouvelles face à un marché de l’emploi subitement fragilisé et instable. «La période de confinement a, en effet, mis en valeur les diverses plateformes existantes qui dispensent des formations professionnelles courtes à travers la vidéo. LinkedIn Learning, Udemy, EdX, ou encore Emeritus, partenaire de MCB Institute of Finance, parmi tant d’autres, offrent de vastes bibliothèques d’apprentissage vidéo sur divers sujets et ont permis aux professionnels d’avoir accès à une panoplie de cours et d’acquérir un large éventail de nouvelles compétences. Cette situation particulière et sans précédent a d’autant plus poussé les organismes de formation à repenser leurs stratégies, déployer des dispositifs sur mesure et capitaliser sur les outils technologiques à disposition pour transmettre savoir et compétences à leurs audiences respectives.


La convergence des méthodes de dispense et de livraison de la formation professionnelle a aussi changé. Si la pandémie a accentué la convergence et l’adoption accrue de process, prestations et facilités numériques également pour la filière de la formation professionnelle, ce changement de paradigme ne sonne pas pour autant le glas pour la formation en présentiel, estime Steena Kistnen. La pandémie de la Covid-19 a bouleversé les modèles éducatifs et poussé autant les organismes de formation que les professionnels à se réinventer et s’adapter au contexte incertain. 

Cette instabilité caractérisée par des pertes d’emploi ou des industries devenues rapidement caduques a incité les professionnels à élargir leurs connaissances afin de se donner les moyens de diversifier leurs activités professionnelles si la conjoncture économique l’oblige. Cette transition s’est toutefois opérée de manière naturelle et fluide dans une configuration où la tenue des formations en présentiel était quasi impossible, mais où le besoin de formation revêtait toute son importance dans l’écosystème de l’entreprise pour rester engagé et disposer les compétences nécessaires.

Si les enregistrements et usages des plateformes de formation en ligne ont connu une nette progression pendant la période de confinement, la formation en présentiel et même en distanciel gardent toute leur légitimité car elles sont synonymes d’émulation, d’entraide et de collaboration. Aussi, malgré la distanciation physique, les professionnels s’engagent dans une réelle expérience en faveur du partage et de la transmission de savoirs. En revanche, le vrai changement de paradigme et les défis majeurs qui s’imposent aux formateurs et organismes concernés dans le cadre de cette crise sanitaire sont principalement de définir les meilleures stratégies et les dispositifs appropriés pour offrir une expérience virtuelle pertinente aux apprenants. 

PRÉFÉRENCE POUR LES COURS EN PRÉSENTIEL 

Si l’on devait comparer la formation en mode présentiel à celle en mode distanciel, donc virtuellement accessible en ligne ou offline sur mobile ou ordinateur, les enseignants et étudiants auront toujours une préférence pour les cours en présentiel, d’après Madhavi Ramdin-Clark, Head of ACCA Mauritius. «Mais la crise de la Covid-19 a propulsé les cours en ligne dans une dimension supérieure. Avec le soutien de l’ACCA, nos partenaires de formation dans les pays les plus touchés ont su s’adapter, avec plus d’interactions en ligne», soutient-elle. 

Un avis que partage Torriden Chellapermal, CEO de la MCCIBS. «La formation en présentiel est certainement l’approche pédagogique la plus appréciée, que ce soit pour les étudiants et les enseignants. Cependant, la situation a fait qu’on a eu à réfléchir sur un mode de fonctionnement visant à ne pas pénaliser les étudiants, surtout ceux bloqués à l’étranger. 

Il faut préciser que la MCCIBS s’appuie en partie sur les formations en ligne depuis un moment déjà. Pour les autres formations en présentiel, notre équipe pédagogique, nos professeurs et nos étudiants se sont adaptés rapidement à cette nouvelle méthode d’apprentissage et les classes en ligne se sont déroulées sans souci majeur. Nous prônons, pour notre part, davantage l’adoption d’un modèle hybride, qui offre une certaine flexibilité d’éducation avec de réels avantages.

Il nous faut donc nous méfier de cette tendance à parler de la fin du présentiel car il ne faut pas oublier que l’enseignement supérieur est aussi une expérience humaine basée sur des interactions avec des enseignants, d’autres étudiants, mauriciens et étrangers sans négliger le développement des «soft skills», comme la communication, qui contribuent au développement de la personnalité», dit-il. Des aspects importants, et parfois essentiels pour les entreprises avec lesquelles nous travaillons, rappelle le Dr Myriam Blin, Head du Charles Telfair Campus (CTC) Leadership Centre. 

Il n’empêche que cette petite révolution qu’occasionne la croissance vers la formation digitale est intéressante, fait valoir le Dr Nittin Essoo, directeur- fondateur de Rushmore Business School, bien que certains parcours de formation maintiendront le présentiel comme mode de dispense. 

«Nous passons par une phase très intéressante dans l’évolution de la formation. Effectivement, la pandémie a accéléré la transition vers les modes d’apprentissage numérisés et en ligne. Mais pour certains types de formations, le présentiel va perdurer», ajoute-t-il. 

D’autant plus que la montée en compétences ou la formation continue en mode présentiel ou pas s’illustre comme un facteur de compétitivité dans un environnement déjà fragilisé. La réussite de certaines organisations dans un environnement déjà fragilisé dépendra certainement de leur capacité à anticiper les besoins en compétences de leurs employés et à comprendre l’écosystème dans lequel l’entreprise doit opérer afin d’agir en conséquence. 

La formation professionnelle est bien souvent reléguée au second plan dans un contexte de crise, et les budgets souvent réduits, alors qu’elle revêt toute sa légitimité pour favoriser la réussite et permettre aux professionnels de bâtir des compétences clés pour réaliser leurs missions dans de bonnes conditions. Il convient à toutes les entreprises – et à leurs employés – d’adapter et de repenser leur modèle en fonction de la nouvelle donne, car seules les plus résilientes resteront en activité. 

 DE NOUVELLES COMPÉTENCES NÉCESSAIRES AVEC LE TÉLÉTRAVAIL 

La nécessaire transition vers l’adoption du télétravail requiert-elle aujourd’hui de nouveaux types de compétences et de savoir-être ? C’est le cas d’après Madhavi Ramdin-Clark, Head of ACCA Mauritius. «On ne met pas assez en avant, à ce sujet, les compétences humaines et sociales. Le télétravail implique, en effet, qu’on laisse en quelque sorte les gens entrer dans notre foyer. Cela implique justement un savoir-être, une gestion saine de ces réunions et échanges en ligne, une discipline dans le travail mais aussi dans la façon de se comporter soimême et envers les autres. Bien sûr, l’importance de cette «présence» dépend du fait que la communication se fasse en vidéo ou pas. Les équipes informatiques de l’ACCA ont rapidement mis en place des outils qui nous ont permis de travailler en collaboration et dans les meilleures conditions dans un contexte de confinement ou de déplacement limité», souligne-t-elle. 

LES FILIÈRES DU TOURISME ET DE L’AVIATION BOUDÉES 

Répercussion de la pandémie de la Covid-19, la demande pour certaines filières, dont le tourisme et l’aviation, a connu une «baisse certaine» en réponse à la stagnation dans ces secteurs, fait remarquer le Dr Nittin Essoo, directeur-fondateur de Rushmore Business School. 

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