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Fruits et légumes : Demande grandissante pour le bio et le surgelé

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Du 16 au 20 mars, le secteur de l’agriculture était au rendezvous au Côte D’or National Sports Complex pour promouvoir la production locale et tout mettre en oeuvre pour atteindre la sécurité alimentaire. Le point sur le secteur des fruits et des légumes.

LES fruits et les légumes permettent de faire le plein de vitamines, de minéraux, d’antioxydants et de fibres, et constituent une assurance santé à long terme. Ils présentent aussi l’avantage de contenir peu de matières grasses, tout en étant disponibles dans une grande diversité de goûts et de saveurs. Toutefois, bien trop nombreux sont ceux qui ne peuvent pas suivre les normes recommandées de consommation quotidienne, faute d’avoir accès à suffisamment de fruits et de légumes à des prix accessibles.

Yan Mayer, Managing Director de Proxifresh, constate que le marché des fruits et légumes est confronté à plusieurs enjeux majeurs. Tout d’abord, la volatilité des prix est néfaste pour la filière. Ce problème est dû principalement aux conditions climatiques qui affectent les rendements, mais aussi au manque de planification des cultures. Il relève également une forte pression sur les prix. Les Mauriciens ne veulent pas ou ne peuvent bien souvent pas payer le juste prix. L’agriculture souffre quand les prix baissent et très souvent, quand les prix augmentent, les rendements sont plus faibles et la rentabilité est également affectée. Ensuite, il y a un manque grandissant de main-d’oeuvre car l’agriculture n’attire plus les jeunes. Il fait aussi remarquer que la population des agriculteurs est vieillissante. Il est important aujourd’hui de redonner de la valeur à ce métier.

Depuis quelques années, la saisonnalité est présente dans les esprits et dans les assiettes des Mauriciens. Beaucoup de personnes déclarent consommer des fruits de saison et achètent les mêmes légumes, présents toute l’année sur les étals. Alain Saverettiar, le Managing Director de King Savers, soutient que les ventes de fruits et surtout de légumes ont augmenté d’au moins 80 % de 2021 à 2022. Dans les supermarchés King Savers, on a noté un plus grand engouement pour les fruits locaux (ananas, melon d’eau, mangue, letchis, longane, pitaya, entre autres), ces derniers temps, comparativement aux fruits importés.

L’équipe d’Udis Ltée, la compagnie gérante de Super U, abonde dans le même sens. Elle souligne que les Mauriciens s’intéressent de plus en plus à ce qu’il y a dans leurs assiettes, à la provenance des produits qu’ils consomment. Les gens s’intéressent plus à manger des légumes et des fruits de saison. À titre d’exemple, en ce moment, la vente d’avocats et de pitayas est en hausse.

LE MARCHÉ DU BIO, TRÈS DEMANDÉ MAIS COÛTEUX

Sur ce marché, la part du bio est en croissance. Il faut dire que de nombreux Mauriciens prêtent attention à la présence de pesticides dans les fruits et légumes frais qu’ils achètent. Dans les King Savers, ce comportement est un peu plus segmenté car les légumes bio sont souvent jusqu’à 30 – 40 % plus coûteux. Sinon, les marchands et planteurs ont une clientèle très locale et fidèle qui achète directement sur leurs plantations. La demande pour des légumes bio a aussi augmenté.

Du côté de Proxifresh, on estime que le bio à l’île Maurice se limite à une très petite part du marché. Il est difficile de produire de façon rentable en bio en raison des conditions climatiques locales. Cela requiert des investissements importants en infrastructure, en équipement et nécessite un savoir-faire. Ce qui augmente les coûts de production et rend les produits plus chers. «Je n’ai pas de statistiques sur le sujet, mais j’aurais tendance à dire que la part des Mauriciens qui sont conscients du problème de pesticides et qui prêtent attention à ce qu’ils mangent a tendance à augmenter », soutient Yan Mayer.

Suivant les averses de ces dernières semaines qui ont entraîné un manque de fruits et de légumes sur les étals, la consommation de légumes surgelés est privilégiée. «À chaque fois qu’une hausse significative est notée sur un légume frais en particulier, les clients considèrent l’option frigorifiée instantanément. En conséquence, la vente de légumes frigorifiés est en hausse», observe Alain Saverettiar. «Il faut noter aussi que nous avons de bons produits frigorifiés de nos jours en provenance de l’Inde et de l’Egypte. Des légumes comme les épinards sont prisés et disponibles frigorifiés. À noter aussi que les légumes frigorifiés sont très prisés par les restaurateurs.»

ABC Foods distribue toute une gamme de légumes surgelés de la marque Ardo et des frites et produits réalisés à base de pomme de terre de la marque Aviko qui sont disponibles dans les supermarchés et hypermarchés.

HAUSSE DE LA PRODUCTION VIVRIÈRE

La superficie dédiée aux cultures vivrières sous serres a augmenté de 47,2 % : de 53 hectares en 2021, elle est passée à 78 hectares en 2022. La production a augmenté de 51,2 %, passant de 6 111 tonnes à 9 237 tonnes. Globalement, la superficie totale des cultures vivrières a diminué de 2,9 % (de 8 004 hectares en 2021 à 7 770 hectares en 2022). La production, pour sa part, a enregistré une hausse de 6,7 %, soit de 108 012 tonnes à 115 211 tonnes.

L’AGROÉCOLOGIE PARMI LES SOLUTIONS POUR AMÉLIORER L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE

L’insécurité alimentaire est un vrai problème de société tant qualitatif que quantitatif.

Les pays du nord du globe disposent de ressources abondantes mais souvent issus de l’agriculture intensive avec les problèmes associés tels que l’appauvrissement des sols, usage outrancier des engrais, assèchement des nappes souterraines, organisme génétiquement modifié ; d’autres pays sont dépendants des sources d’approvisionnement externes. La période Covid-19 est venue rappeler combien ces approvisionnements externes sont sources de fragilité (rupture de la chaîne, inflation importée…). L’autosuffisance alimentaire est donc un sujet d’importance vitale ; pour cela, penser local et agriculture raisonnée sont deux impératifs majeurs.

Cette année, Vivo Energy, dans le cadre de la création de sa fondation d’entreprise, a repensé sa responsabilité environnementale, sociétale et de gouvernance. Elle souhaite agir pour la protection des personnes et de la planète, le volet alimentaire étant un des piliers d’intervention. Pour y arriver, elle a établi des partenariats qui ciblent et accélèrent la mise en place d’activités pratiques. L’autosuffisance alimentaire passe par des solutions à petite échelle ; chaque toit, chaque espace libre peut devenir un lieu de production. Le souhait serait de voir les Mauriciens produire une grande partie de leur électricité via des panneaux solaires à domicile et produire une partie de leur alimentation via l’agroécologie.

L’AVENIR DE L’AGRICULTURE, C’EST LE 4.0

L’agriculture 4.0 offre un soutien aussi grand et précis que possible à l’agriculteur dans le processus de prise de décision concernant sa propre activité et la relation avec les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement. De nouveaux concepts de qualité et de contrôle font leur apparition, liés à la sensibilisation accrue des consommateurs aux questions environnementales et à la nécessité de mieux gérer les ressources disponibles. Avec les conditions climatiques, il est très important et parfois essentiel de produire en environnement contrôlé.

Pour ce faire, toutes les techniques d’agriculture hors-sol permettent un meilleur contrôle de l’environnement, et donc une meilleure rentabilité. Il est important de soutenir ce type de production. En ce sens, Proxifresh, en partenariat avec GreenAgro Farm, a lancé, il y a deux ans, un projet d’agriculture indoor en environnement contrôlé en utilisant une technologie américaine. Aujourd’hui, l’entreprise produit de la jeune pousse de salade toute l’année dans des conteneurs hermétiquement fermés avec un contrôle de tous les paramètres climatiques. Cette technologie est une première dans l’océan Indien et permet de produire sans pesticide et de remplacer l’importation par du produit local. C’est un début et cela permet de mieux appréhender l’application de la technologie pour aider l’agriculture.

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