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Gestion de patrimoine: un marché en pleine croissance malgré la crise

Après un démarrage timide dans les années 90, le marché de la gestion privée à Maurice a connu une solide croissance au début du nouveau millénaire. Une croissance impulsée par l’expertise acquise par le secteur financier bancaire et non bancaire dans le domaine de la gestion patrimoniale. Ainsi, le pays est en mesure d’offrir à une clientèle locale et internationale un service hautement professionnel, d’une part, pour l’aider à faire fructifier son patrimoine et, de l’autre, pour assurer que sa fortune est transmise à la prochaine génération. Si bien qu’aujourd’hui, malgré la crise, le marché est en pleine croissance.

Pour Ashees Maunick, Head of Private Banking d’ABC Banking, les autorités ont su trouver les arguments pour accroître l’attractivité de Maurice à travers des dispositifs incitatifs d’acquisition immobilière et d’investissement, une fiscalité attrayante, un droit de propriété sécurisé, un secteur financier dynamique et évolutif, et un secteur bancaire de qualité, entre autres. L’évolution des investissements directs étrangers (IDE) depuis la mise en place de notre centre financier international témoigne de la réussite de cette formule et de l’importance accrue de la gestion privée dans le paysage bancaire mauricien.

Ceci étant, Ashees Maunick précise que nous ne pouvons pas occulter les difficultés récentes éprouvées dans ce secteur émanant directement de la situation sanitaire mondiale ainsi qu’à l’inscription de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne. Ces événements, certes néfastes à court terme, ont eu le mérite de susciter une réflexion globale sur la nécessité de réinventer le secteur financier dans le but d’en assurer la pérennité. «Une de nos forces a toujours été notre adaptabilité, et c’est essentiellement cette qualité qui nous permettra de donner un nouveau souffle à ce secteur et d’assurer que Maurice conserve son rang de place financière d’envergure», soutient-il.

L’évolution de la gestion de fortune s’est considérablement développée au cours de ces dix dernières années à Maurice. En effet, comme l’explique Guillaume Passebecq, Head of Private Banking and Wealth Management de Bank One, sous l’impulsion d’un flux de nouveaux clients fortunés qui ont choisi de s’expatrier à Maurice, ceux-ci ont été en quête d’offres en matière de gestion privée similaires à celles qui sont disponibles dans leur pays d’origine. Cela a constitué ainsi une opportunité pour les banques d’investir tant sur le plan technologique qu’humain. Les banques privées ont dû également s’adapter à la diversité internationale de leurs clients privés et institutionnels. Des Family offices et des sociétés de gestion se sont également développés pour accompagner cette nouvelle clientèle. On notera également que la clientèle, de manière générale, est beaucoup mieux informée et plus sophistiquée, notamment grâce à l’accessibilité de l’information financière et ceux-ci sont ainsi beaucoup plus autonomes dans leurs prises de décision.

Vers une relation clientèle plus virtuelle

Le marché de la gestion de patrimoine a principalement évolué sur deux fronts majeurs. Premièrement, du côté des investissements, la croissance notée a émané de la conséquence directe d’un environnement de taux d’intérêt bas aux niveaux mondial et local. Cela alimente une chasse aux rendements réels et un besoin d’actifs alternatifs et des valeurs refuges. Deuxièmement, l’avènement de la haute technologie d’un point de vue opérationnel – interfaces client et gestionnaire – mais aussi d’un point de vue d’investissement, a également alimenté la croissance organique du marché.

Amit Bakhirta, fondateur et CEO d’Anneau, est d’avis que le marché est susceptible de connaître une croissance significative car un revenu disponible plus élevé alimente la création de la richesse. «À mesure que de plus en plus de personnes acquièrent une compréhension financière minimale et comprennent les avantages évidents de l’investissement et de la gestion professionnelle de leur patrimoine, leur état d’esprit est également susceptible de changer au fil des générations. Plus particulièrement, plus les taux d’intérêt restent bas et négatifs – après ajustement pour l’inflation – plus la recherche de rendements plus élevés soutiendra la croissance», observe-t-il.

Le Head of Private Banking d’AfrAsia Bank, Pierre-Yves Pascal, abonde dans le même sens. Il souligne qu’à moyen terme, le secteur peut s’attendre à une concurrence accrue de la part d’entités non bancaires telles que les gestionnaires de patrimoine. L’autre complexité demeure effectivement le contexte de faible taux d’intérêt dans lequel les banques évoluent. Cela a davantage encouragé la clientèle à se tourner vers des solutions d’investissement à rendement plus élevé tels que les produits structurés.

«La pandémie a posé d’autres défis inattendus, notamment dans la façon dont les banques privées interagissent avec leurs clients. Le numérique transforme notre mode de vie à tous les niveaux et les attentes des clients évoluent dans le même sens. Cette crise sanitaire est venue accélérer ce processus en éliminant davantage les réunions physiques et créant plus de focus sur les outils digitaux. En somme, le banquier privé doit trouver d’autres leviers pour entretenir une relation privilégiée avec ses clients. Notre dernier événement par Microsoft Teams témoigne de cette évolution vers une relation de plus en plus virtuelle», fait ressortir Pierre-Yves Pascal.

Rajeunissement des millionnaires

Comme le rappelle Rozina Abia, Head of Branch Network and Sales d’Absa, en 2020, Maurice s’est classé parmi les Top Rank Nations en Afrique en termes de richesse par habitant d’USD 31 900 (New World Wealth). La Banque mondiale avait également officiellement classé Maurice comme pays à revenu élevé en juillet 2020, ce qui présente un segment en plein essor dans le paysage de la banque privée au niveau local.

De son côté, Louis Lallia, Managing Director – Client Coverage à AXYS, pense que nous aurons beaucoup de nouveaux entrants attirés par la nouvelle qu’il y a 4 400 millionnaires à Maurice, soit un marché minimum d’USD 4,4 milliards. Mais il émet des doutes à ce sujet puisque beaucoup gardent des actifs en dehors de Maurice. D’un autre côté, le coût de lancement d’une société de gestion est important car l’industrie est de plus en plus régulée.

Ainsi, la gestion patrimoniale, dont l’objectif absolu est de préserver, de fructifier et de pérenniser le patrimoine, évolue selon le contexte économique et social, ainsi que les besoins et attentes du client. Pendant ces moments d’incertitude, l’environnement devient assez complexe et seule une approche personnalisée peut répondre aux exigences d’une clientèle qui veut être accompagnée sur tous les volets impactant son mode de vie et son patrimoine. «Le profil des clients qui font appel à la gestion privée a aussi évolué et nous assistons à un rajeunissement de la demande due, par exemple, à l’émergence de jeunes entrepreneurs. Cette tendance exige de mettre en place des solutions holistiques et intégrées pour l’optimisation de tous les avoirs, incluant la valorisation de l’entreprise et de ses activités. Dans les années à venir, la gestion de patrimoine va se démocratiser et se complexifier tout en permettant aux clients, avec divers profils, d’accéder à plus d’opportunités», avance Leila Djakour-Ghurburrun, Manager – Strategic Partnership & Business Development, Capital Markets à SWAN.

Sanjaiye Rawoteea, Divisional Leader – Consumer Banking & Wealth Management à la SBM Bank (Mauritius), ajoute que la banque privée et la gestion de patrimoine sont des services qui reposent essentiellement sur l’élément de confiance. Pour gagner cette confiance, une banque doit non seulement prouver qu’elle maîtrise la confidentialité et la sécurité des données, mais doit aussi démontrer ses capacités à fournir des conseils financiers personnalisés. Cette confiance se gagnait traditionnellement par des réunions en face à face et par les assurances personnelles que les conseillers financiers donnaient à leurs clients. La pandémie de la Covid-19 a remis en question ce modèle et les interactions se font de plus en plus virtuelles.

Il appartient désormais aux conseillers financiers de s’aligner sur les nouvelles tendances pour guider au mieux leurs clients dans cet environnement économique complexe désormais dicté par la nouvelle normalité.

La clientèle HNWI et UHNWI, cible principale des banques privées

Le repositionnement de la clientèle sera l’un des défis majeurs à relever. La question est de savoir si, en 2021, les banques privées se concentrent davantage sur les High-Net-Worth Individuals (HNWI) et les Ultra-High-Net-Worth Individuals (UHNWI) pour assurer une marge suffisante.

Pierre-Yves Pascal, Head of Private Banking à AfrAsia Bank, souligne que la clientèle HNWI et UHNWI reste la cible principale des banques privées. Cependant, il faut rester pragmatique car la cible ultra-fortunée est bien souvent déjà acquise par les géants bancaires européens ou américains, acteurs de niche et qui en ont fait une de leurs cibles privilégiées. Rivaliser dans ce segment requiert donc des moyens très importants. Les banques privées devront continuer à se concentrer sur l’amélioration de leur offre, en particulier dans le domaine de la gestion de patrimoine, afin d’améliorer leurs revenus hors intérêts.

Animée par la philosophie de donner vie aux possibilités des clients et face à l’évolution qui s’opère sur le marché, Absa a revu sa stratégie afin de se positionner comme un acteur majeur dans le segment Premier Banking pour les clients HNWI et UHNWI. L’institution bancaire est en présence d’une résurgence de la demande pour des solutions sur mesure et de produits d’investissement de la part des clients locaux et d’une augmentation des solutions de financement auprès des étrangers.

De son côté, Sanjaiye Rawoteea, Divisional Leader – Consumer Banking & Wealth Management à la SBM Bank (Mauritius), fait ressortir que le renforcement des relations existantes avec les clients HNWI et UHNWI, ainsi que le développement de nouveaux liens, est essentiel pour pérenniser les activités de banque privée et de gestion du patrimoine. «En outre, nous devons continuellement améliorer notre niveau de service, tant bancaire que non bancaire, et rendre nos solutions plus accessibles par voie numérique afin que l’expérience du client demeure irréprochable. Le marché de la banque privée reste très attractif, mais avec l’intensification de la concurrence, gagner et maintenir une position confortable nécessite une compréhension approfondie de l’économie et une approche stratégique

Chaque banque privée ayant sa stratégie propre, Bank One privilégie avant tout un partenariat et un accompagnement dans la durée. Celle-ci a fixé des seuils d’éligibilité, mais Guillaume Passebecq, son Head of Private Banking and Wealth Management, souligne que le modèle d’une banque privée se mesure avant tout dans la construction d’une relation de confiance dans la durée et dans la fidélité des clients.

À BCP Bank (Mauritius), Virginie Constant, directrice de la Gestion Privée, fait ressortir que le repositionnement de la clientèle ne se pose pas vraiment pour le Private Banking car il est déjà orienté vers les HNWI et les UHNWI. «Nous sommes habitués à servir cette clientèle qui connaît l’île Maurice de par l’ouverture et les avantages qu’offre la destination. Quant à la taille de ce marché à l’avenir, il va surtout dépendre de l’évolution de la pandémie, de la résilience de Maurice face au virus et des mesures qui seront prises pour la réouverture de nos frontières. Ce sont ces facteurs qui sont à géométrie variable

Expérience dans le Wealth Management

Ce marché est encore jeune à Maurice, avec à peine vingt ans d’existence. On peut se demander si nos Wealth Managers sont suffisamment expérimentés. Pour Amit Bakhirta, fondateur et CEO d’Anneau, dans le monde de l’investissement, la qualité de l’expérience est parfois plus importante que la quantité. «C’est dans les tempêtes les plus rudes que naissent (et se différencient) les meilleurs capitaines. Par conséquent, oui, nous avons des gestionnaires de patrimoine expérimentés ainsi que les outils et l’accès aux marchés financiers mondiaux pour faire du bon travail dans l’industrie à Maurice.» Ashees Maunick, Head of Private Banking d’ABC Banking, fait ressortir que la gestion de patrimoine est relativement jeune à Maurice ; surtout dans la maîtrise de sa portée mondiale compte tenu de la clientèle internationale que nous gérons désormais. Cela étant, il serait trompeur d’assimiler la jeunesse de ce marché à l’inexpérience de ses intervenants. «Nombreux sont les gérants qui ont eu une expérience à l’international dans le domaine avant de pratiquer à Maurice.» Ensuite, outre les acteurs bancaires traditionnels, la gestion privée est pratiquée à Maurice par les acteurs indépendants de type Family office. Ces derniers ont déjà établi leur renom à l’international avant de s’installer à Maurice et viennent donc avec leur expérience et maîtrise du sujet.

La gestion privée intéresse davantage les banques

 L’ENSEMBLE du secteur bancaire est soumis à un environnement de taux d’intérêt historiquement bas et à une augmentation des coûts qui exercent globalement une pression sur les marges. Dans ce contexte, les banques privées ne peuvent plus se développer sur des services standards, peu rémunérateurs. «L’environnement de faible taux d’intérêt devrait se maintenir pendant un certain temps. Pour générer davantage de profit, l’accent a été mis sur les revenus hors intérêts qui proviennent généralement de services tels que les opérations de change et la gestion de patrimoine. Ces derniers sont en net progrès au niveau de la clientèle privée qui recherche des solutions d’investissement à rendement plus élevé que le traditionnel dépôt fixe qui ne rapporte plus grand-chose de nos jours», fait ressortir Pierre-Yves Pascal.

De son côté, Sanjaiye Rawoteea ajoute que l’environnement marqué par des taux d’intérêt bas entraîne une diminution des marges d’intérêt nettes pour les banques, qui doivent ainsi revoir la rentabilité des différents segments de leur modèle d’entreprise. Les banques privées se tournent donc davantage vers les revenus non liés aux intérêts, en mettant l’accent sur les revenus du trading et de la gestion de patrimoine. Ces derniers ont connu un boom ces dernières années. Un autre levier permettant de renforcer le segment Private Banking est l’accent continu sur la qualité des prestations et des solutions offertes à la clientèle. Au vu de la compétition en matière de banque privée et de gestion du patrimoine, il convient d’offrir des services sur mesure aux clients, tout en diversifiant les offres.

Rozina Abia, Head of Branch Network and Sales à Absa, précise que pour relever les défis, les banques se réinventent en termes de couverture client, de solutions digitales, de modèle opérationnel plus performant et s’engagent sur une voie sociale. Absa prône donc segmentation diversifiée, dont, notamment, jeune pro, prestige, wealth, corporate, etc. et propose également une panoplie d’offres d’investissement attractives pour se différencier de la concurrence.

La gestion de fortune en forte croissance

Selon Africa Wealth Report 2021 publié par AfrAsia Bank, la richesse privée totale détenue en Afrique devrait augmenter de 30 % au cours des dix prochaines années, pour atteindre 2 600 milliards de dollars américains d’ici à 2030. Cette croissance sera tirée par une forte augmentation dans les segments des milliardaires et des centi-millionnaires en particulier. Le rapport prévoit que l’Éthiopie, Maurice, le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda seront les marchés de richesse les plus performants d’Afrique au cours de cette période (60 % + taux de croissance).

Une croissance solide est également prévue en Namibie, au Botswana, au Mozambique et en Zambie (40 % + taux de croissance). L’Afrique du Sud abrite le plus grand marché du luxe en Afrique en termes de chiffre d’affaires, suivie du Kenya et du Maroc. Les principaux composants comprennent : les hôtels et lodges de luxe, les voitures de luxe, les vêtements et accessoires de luxe, les montres de luxe, les jets privés et les yachts.

Environ 140 milliards de dollars américains de la richesse provenant des HNWI d’Afrique sont liés à des gestionnaires de fortune et à des banques privées. En règle générale, les gestionnaires de fortune en Afrique ciblent les personnes détenant plus de USD 500 000 d’actifs investissables. Les services qui leur sont les plus demandés comprennent : la gestion d’actifs, la planification financière et la planification des successions. L’Afrique du Sud (principalement Johannesburg) est le principal centre de gestion de patrimoine en Afrique avec des actifs sous gestion d’environ 80 milliards de dollars américains (en décembre 2020). Le rapport estime également que le marché africain de la gestion de fortune augmentera d’environ 40 % au cours de la prochaine décennie, grâce à une forte croissance au Kenya et à Maurice en particulier.

Par ailleurs, les Family offices sont un segment de gestion de fortune en forte croissance en Afrique et dans le monde. Ils proposent traditionnellement une offre plus personnalisée que les gestionnaires de fortune et les banques privées. Les services qu’ils offrent comprennent : la gestion du personnel de maison, la gestion immobilière, la coordination philanthropique, la gestion de l’éducation familiale, le transfert intergénérationnel et les services juridiques et fiscaux, en plus des services d’investissement habituels. Les Family offices sont généralement réservés aux membres de la famille et aux fiducies familiales, fondations, associations caritatives et sociétés de capital-risque.

 

Pierre-Yves Pascal (Head of Private Banking, AfrAsia Bank)

«Les clients locaux représentent 70 % du segment de

banque privée»

La croissance du segment de private banking d’afrasia devrait se poursuivre malgré les défis actuels auxquels le pays fait face, notamment la pandémie et la liste noire, souligne Pierre-Yves Pascal

 Votre segment Private Banking a connu d’importants changements au cours de ces dernières années. Comment voyez-vous son évolution pour AfrAsia ?

Effectivement, notre segment Private Banking a connu d’importants changements au cours de ces dernières années, avec notamment le renforcement de notre équipe de gestion de patrimoine. Aujourd’hui, nous sommes non seulement reconnus pour notre capacité à fournir des solutions de financement attrayantes et adaptées, en particulier aux clients internationaux qui cherchent à acquérir une propriété à Maurice, mais aussi pour notre offre de gestion de patrimoine, qui couvre de nombreux services, y compris la gestion de portefeuille non discrétionnaire et discrétionnaire. La croissance de ce segment devrait se poursuivre malgré les défis actuels auxquels nous faisons face, notamment la pandémie et la liste noire. Par ailleurs, avec la demande croissante pour les services de Private Banking, nous devons constamment améliorer notre offre, notamment la gestion de patrimoine tout en y intégrant la transformation digitale comme levier de développement.

<<Nos conseils à notre clientèle sont adaptés à leurs objectifs financiers mais aussi à leur profil de risque>>

Quelle est la valeur des actifs que vous gérez ? Quelle est la part provenant des clients locaux ?

En excluant les dépôts fixes, et en considérant uniquement la valeur se trouvant sur les comptes titres, nous avons aujourd’hui sous le segment Private Banking & Wealth Management un montant dépassant les Rs 4 milliards. Les clients locaux représentent 70 % de ces actifs. Ce chiffre témoigne de la confiance grandissante que nous accordent nos clients.

Quelles sont vos perspectives dans un environnement économique et financier qui s’annonce durablement complexe et difficile avec la pandémie de la Covid-19 ?

Les perspectives sont loin d’être réjouissantes. La crise sanitaire continue d’impacter lourdement les économies, entraînant dans son sillage des conséquences humaines et sociales réelles. La liste noire de l’Union européenne est un autre défi. Ces facteurs ont amené AfrAsia à revoir sa stratégie, qui a été recentrée sur la protection des actifs de son bilan et la préservation efficace du capital. Au niveau du Private Banking, les conditions actuelles ont surtout créé des opportunités avec un nombre grandissant de clients qui veulent avoir accès aux marchés financiers, surtout à certains secteurs spécifiques tels que les achats en ligne ou la pharmaceutique.

Quels sont les conseils que vous prodiguez à vos clients en matière d’investissement en cette période de forte volatilité des marchés des capitaux ?

Nos conseils à notre clientèle sont adaptés à leurs objectifs financiers mais aussi à leur profil de risque. Au niveau du marché local, le SEMDEX a perdu un peu moins de 25 % depuis le début de la pandémie. Certaines actions aujourd’hui représentent des opportunités d’achat, surtout avec la progression de la vaccination au niveau mondial et la réouverture graduelle des économies. Sur le plan international, par contre, les marchés sont à des niveaux record avec le risque d’une légère remontée des taux. Nous conseillons donc une allocation d’actifs balancée et au niveau des secteurs, nous avons récemment réduit notre exposition à la partie technologie en faveur de segments plus défensifs. À ceux qui recherchent de la performance mais avec un niveau de protection, nous proposons des produits structurés principalement en roupies, euros et dollars avec des rendements potentiels pouvant atteindre 6 % – 7 % par an.

 

Amit Bakhirta (fondateur et CEO, Anneau)

«Nous voulons démocratiser l’accès à la gestion de fortune»

Une performance d’investissement à la pointe du marché et durable définira de plus en plus l’avantage concurrentiel des acteurs du marché, observe le CEO d’ANNEAU.

Quels sont les services que vous offrez à vos clients fortunés pour les aider à faire fructifier leur patrimoine ?

En gros, nous nous occupons de presque tout pour eux. Chez Anneau, chaque client dispose d’une stratégie sur mesure dédiée et adaptée à son exigence unique sur le long terme. Nous leur proposons des services de gestion de portefeuille et de conseil qui couvrent la majorité des classes d’actifs localement mais aussi à l’international ; en vue de générer des rendements ajustés au risque de premier plan du marché, à moyen et long termes. D’où des investissements dans des actions traditionnelles, des obligations à un monde d’investissement plus complexe de l’art, des objets de collection, de haute technologie, de la génomique et des cryptomonnaies.

Chez Anneau, nous sommes focalisés à démocratiser l’accès à la gestion de fortune et des investissements quelle que soit la valeur nette du patrimoine d’un client. Nous pensons que le service doit être accessible à tous (par exemple, comme un service de téléphonie), sous des nuances variées dans l’offre mais pas dans la qualité des rendements ou du niveau de service. Parallèlement aux progrès technologiques dans le service à la clientèle, la concurrence accrue signifie que de plus en plus, la performance des investissements, la qualité du service à la clientèle et la proactivité du gestionnaire de fortune différencieront le secteur de la gestion de fortune. En fin de compte, tout dépend de la performance et de la sécurité des actifs du client.

Quelle est votre philosophie dans le domaine de la gestion de fortune ?

Chez Anneau, nos philosophies d’investissements font partie intégrante de nos valeurs, croyances et principes d’investissement fondamentaux. Ces philosophies – uniques à chaque classe d’actifs – guident nos processus d’investissements et de gestion des risques ainsi que nos pratiques au quotidien.

Un certain nombre de principes ont caractérisé notre approche de l’investissement au cours des dernières décennies. Entre autres, donner la priorité aux intérêts des clients est au cœur de la philosophie de gestion des placements d’Anneau. Nous croyons également en la création de solutions et de stratégies d’investissement de grande valeur formulées par nos meilleurs talents internes afin que les objectifs de placement de nos clients soient toujours dépassés. Nous avons, en outre, élaboré au fil des ans des processus d’investissement robustes, fiables et efficaces fondés sur des principes de gouvernance solides ainsi que sur des freins et contrepoids.

À quelles évolutions du jeu concurrentiel, faut-il s’attendre à moyen terme dans ce

secteur ?

Une performance d’investissement à la pointe du marché et durable définira de plus en plus l’avantage concurrentiel des acteurs du marché. Cela a toujours été, sur le long terme, un jeu de performance d’investissement concurrentiel sur le marché. À court terme, il s’agit davantage de relations et de la solidité du nom de marque. Mais ceux-ci sont malheureusement amortis sur le long terme comme proof is in the pudding en matière de performance d’investissement et de prestation du service client.

«Nos philosophies d’investissements font partie intégrante de nos

valeurs, croyances et principes d’investissement fondamentaux»

L’environnement macroéconomique complexe dans lequel évoluent les marchés estil source d’opportunités dans ce secteur ?

Je suis d’avis que les environnements macroéconomiques complexes créent des opportunités multigénérationnelles incroyables pour les clients. Dans notre secteur, plus l’environnement économique est faible, plus la volatilité est longitudinale ; donc la capacité pour nous de générer des rendements ajustés au risque de marché supérieurs à ceux du marché pour nos clients. Et nous l’avons fait à juste titre au cours des dernières années. Les clients éclairés le comprennent. D’autres ne le font pas et il est de notre devoir de les éclairer. Certes, le sentiment des clients est aussi affecté car la faiblesse des fondamentaux macroéconomiques influence le revenu disponible, mais cela reste temporaire et cyclique.

 

«Chaque client a un patrimoine unique»

Swan Wealth Managers Ltd s’appuie sur l’expertise des équipes de conseil, d’investissement et de financement du groupe pour créer des solutions répondant aux besoins et objectifs du client, indique Leila Djakour-Ghurburrun

Prenant en considération que chaque client a un patrimoine unique, que propose la Swan Wealth Managers Ltd ?

Swan Wealth Managers Ltd s’appuie sur l’expertise des équipes de conseil, d’investissement et de financement du groupe pour créer des solutions répondant aux besoins et objectifs du client. Chaque client a un patrimoine unique et l’approche pour faire fructifier et pérenniser son patrimoine doit tenir compte de son environnement et de ses projets futurs. Notre offre complète nous permet de structurer des solutions sur mesures adaptées au profil du client pour l’accompagner dans son développement. Notre approche est basée sur la connaissance et la compréhension du client, qui est unique, afin de formuler la meilleure stratégie en cohésion avec ses valeurs, sa vision et ses ambitions.

Nous nous appuyons sur les équipes de Swan Wealth Managers Ltd, de Swan Securities Ltd, de Swan Corporate Advisory et du département de Loans, qui ont développé depuis quelques années une expertise indéniable dans leur domaine. Notre valeur ajoutée se situe dans la compilation de ces diverses expertises utilisant différents leviers et mécanismes afin de concevoir des solutions innovantes et exclusives.

«UN MONTANT DE RS 6,7 MILLIARDS D’ACTIFS

SOUS GESTION»

Dans une démarche de diversification, comment assistez-vous et orientez-vous vos clients ?

La stratégie élaborée doit prendre en considération le patrimoine dans son ensemble. Nous assistons et orientons nos clients dans la démarche de diversification qui permet d’optimiser les retours et de saisir les opportunités dans les différents marchés et à travers la panoplie d’instruments financiers disponibles.

L’accès aux différentes solutions proposées permet de contrôler l’impact de la volatilité et d’en exploiter au maximum les opportunités qui en résultent. Par exemple, toujours dans l’optique de préserver et faire fructifier le capital, nous avons adopté depuis des années, et surtout durant l’année stressante que nous avons vécue en 2020, une gestion proactive et un contrôle des allocations dans nos trois fonds Swan Global Funds, à savoir, deux equity funds et un international bonds fund qui se positionne comme une alternative au dépôt traditionnel.

Pour preuve : cette diversification existante dans nos différents produits de placement nous a permis d’obtenir des retours plus que satisfaisants et nos equity funds ont affiché une performance de plus de 20 % pour l’année 2020. Le Swan Emerging Markets Fund a ainsi pu distribuer des dividendes annualisés d’environ 4,55 % sur ces deux dernières années. Quant à nos produits structurés, le Swart Achiever Notes et le Smart Dynamics Notes, ils ont permis à nos clients de bénéficier de retours sécurisés tout en participant à la hausse des marchés.

Comment concevez-vous la gestion de fortune ?

Nous avons un montant de Rs 6,7 milliards actifs sous gestion. Nous faisons partie d’un groupe qui a plus de 165 ans d’existence et qui prône les valeurs suivantes : Passion, People, Performance. Notre équipe adopte les mêmes valeurs en plaçant le client au centre d’un partenariat qui vise à protéger, faire prospérer et pérenniser le patrimoine de ce dernier. Et avec Rs 62,7 milliards sous gestion, nous accordons la même attention et la même qualité de service à chaque client car nous considérons que tout patrimoine a sa propre valeur et fait partie intégrante de l’histoire de la personne qui l’a construit.

 

 

Louis Lallia (Managing Director – Client Coverage, AXYS)

«Nous avons autour de Rs 9,5 milliards d’actifs sous gestion»

Le marché de la gestion patrimoniale reste assez traditionnel et on a pas fini de voir l’impact de la révolution digitale sur cette industrie, observe Louis Lallia.

Vous vous spécialisez dans la gestion patrimoniale. Comment ce marché a-t-il évolué ces dernières années et comment se développera-t-il dans les années à venir ?

Depuis une dizaine d’années, notre industrie a connu une mutation très importante en se professionnalisant. Cela s’explique d’abord par un environnement global de taux intérêt bas qui a forcé les gérants à trouver d’autres classes d’actifs pour créer de la performance. Mais le client aussi a changé. S’il y a dix ans il passait par un homme de confiance pour acheter/vendre des actions, aujourd’hui il peut le faire de son téléphone, car il a accès au cours de l’or ou de l’USD à tout instant. Cela le rend plus exigeant et, par effet domino, a obligé notre industrie à combler le vide technologique par de la valeur ajoutée cérébrale. Enfin, je crois que c’est une industrie qui a réalisé qu’elle devait être absolument transparente.

Nous n’avons pas fini de voir l’impact de la révolution digitale sur notre industrie, finalement encore assez traditionnelle. Il faudra aussi prendre en compte l’aplatissement fiscal à travers le monde qui va supprimer le jeu de la compétitivité juridictionnelle. AXYS a toujours été convaincu que notre valeur ajoutée se trouve dans l’émulation de notre intelligence collective au service d’une gestion performante et dynamique. Notre investissement humain est important et nous partageons autant que possible nos convictions à travers des notes de recherche ou nos Quarterly Insights. Par ailleurs, nous avons, bien entendu, entamé notre révolution digitale avec le lancement d’un écosystème en ligne permettant à nos clients un accès live à leur portefeuille.

<<La digitalisation au service du client est un facteur clef pour naviguer dans ce contexte durablement complexe et difficile>>

Quelle leçon tirez-vous de la crise de la Covid-19 ?

Schumpeter nous a appris que chaque crise est un processus de destruction créatrice, une période d’où émerge un nombre important d’opportunités. Donc l’agilité des acteurs de notre industrie face à la crise sanitaire est primordiale. La relation que nous entretenons avec nos clients a été maintenue malgré l’éloignement physique. Elle a même été enrichie puisque cet éloignement physique a été l’occasion pour nous de créer des webinaires où nos équipes d’investissement ont pu échanger avec nos clients sur l’évolution des marchés. La continuité de notre service a été garantie par le déploiement en amont de la technologie. La digitalisation au service du client est un facteur clef pour naviguer dans ce contexte durablement complexe et difficile.

Votre offre de gestion se décline sous trois formes. Que comprennent-elles ?

Cela comprend le mandat discrétionnaire où nous avons toute latitude sur le portefeuille, le mandat de conseil où le client se réserve le droit de décision. Enfin, le client peut investir à travers les différents fonds d’investissements AXIOM. Mais un patrimoine, ce n’est pas que des actions ; nous avons également un service de Family office qui permet d’aider le client à travers le prisme entier de son patrimoine et de ses différents actifs.

Notre approche repose sur deux piliers : la planification patrimoniale et la gestion patrimoniale. La planification est essentielle pour comprendre les besoins de nos clients : que ce soit leur appétit de risque, le niveau de rendement attendu ou leur horizon d’investissement. Sans ce travail, il nous est impossible d’envisager la gestion de leur portefeuille, qui est le cœur de notre métier et notre passion. Nous sommes d’abord très pragmatiques au sens où la constitution d’un portefeuille s’établit selon des critères objectifs ; nos investissements sont sélectionnés selon les besoins propres de chacun de nos clients et, enfin, sont revus continuellement. Car notre philosophie émerge, elle, à travers l’échange et la confrontation permanente d’idées. C’est cette émulation qui permet d’éviter des erreurs de jugement ou de se laisser emporter par nos biais subjectifs, et souvent aux conséquences négatives.

Quel est le montant de vos actifs sous gestion ?

AXYS gère Rs 5 milliards en mandat discrétionnaire, ce à quoi il faut rajouter les Rs 4,5 milliards investis dans notre gamme de fonds AXIOM, soit autour de Rs 9,5 milliards. Par ailleurs, nous sommes très bullish sur les actions africaines ; c’est une classe d’actifs qui a longtemps été négligée et qui offre pourtant des opportunités importantes : notre fonds AXIOM Africa a ainsi connu une progression de +7 % depuis le début de l’année.

 

«Passer d’une banque traditionnelle à un modèle de service plus contemporain»

Absa Mauritius compte un portefeuille diversifié de clients locaux et étrangers, à qui elle propose un ensemble de produits et services dédiés, souligne Rozina Abia.

Le segment Private Banking est très important pour Absa. Comment voyez-vous son évolution dans les années à venir ?

Absa Mauritius est présente sur le marché depuis plus de 100 ans, maintenant avec une évolution constante de nos offres pour s’adapter aux besoins du marché et celui de nos clients. Notre business s’est considérablement développé dans ce segment au fil des ans et nous prévoyons de nouvelles relations prometteuses basées sur nos clients existants et nouveaux. Nos produits et services ne sont pas seulement adaptés aux besoins actuels du marché, mais nous les adaptons également constamment aux besoins changeants des clients. Nous continuerons d’évoluer dans cette direction à l’avenir. L’offre Premier Banking d’Absa Mauritius offre une expérience enrichissante avec des fonctionnalités conçues sur mesure et des avantages uniques en matière de services bancaires, de style de vie, de voyage et d’autres avantages pour nos clients. À savoir que nous travaillons constamment à l’amélioration de notre service et de notre offre de produits afin de nous adapter à l’évolution du style de vie de nos clients Premier.

Absa Mauritius dispose d’un portefeuille diversifié de clients locaux et étrangers. Nous proposons un ensemble de produits et services conçus pour eux. Nous comprenons que leurs besoins peuvent être différents et nous fournissons l’expertise appropriée par le biais de nos Experience Relationship Managers. Par ailleurs, étant donné que nous avons une solide assise sur le continent africain, nous sommes bien placés pour nous connecter aux clients expatriés désireux d’investir à Maurice. De plus, nous offrons des solutions financières adaptées à leurs besoins.

Diriez-vous que l’émergence de la Covid-19 a fait naître des challenges en termes d’attentes des clients de la banque privée et de la technologie de pointe ?

Tout à fait ! Afin de faire face à ces difficultés, Absa a accéléré sa transformation digitale visant à fournir des produits et services plus sophistiqués à nos clients. Alors que la demande des clients pour des digitally-enabled remote interactions augmente, les banques doivent de toute urgence repenser leurs interactions avec les clients telles que les services bancaires en ligne, les services bancaires mobiles, le chat sécurisé, la téléconférence et l’investissement dans la cybersécurité pour garantir la sécurité d’utilisation de ces canaux. Les banques privées devront offrir des services bancaires numériques transparents avec un accès à tout moment et en tout lieu à leurs clients.

«LA DIGITALISATION PERMETTRA DE SE CONCENTRER SUR LA CONSTRUCTION D’UNE RELATION SIGNIFICATIVE AVEC LES CLIENTS POUR MIEUX ANTICIPER LEURS BESOINS»

Notre ambition est de passer d’une banque traditionnelle à un modèle de service plus contemporain. En investissant dans les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, les membres de notre équipe n’auront plus besoin d’effectuer des tâches banales et seront libres de fournir des conseils à valeur ajoutée à nos clients. La digitalisation permettra ainsi à la banque de se concentrer sur la construction d’une relation significative avec nos clients pour mieux anticiper leurs besoins. Nous comptons ainsi poursuivre cette stratégie digitale en investissant dans des agences futuristes ainsi que dans des solutions digitales plus poussées afin que le banking devienne encore plus simple, plus rapide et plus sécurisé. Plusieurs innovations sont prévues et seront annoncées bientôt.

Dans un environnement économique et financier rendu complexe par la Covid-19, qu’en est-il de vos perspectives dans ce segment ?

La pandémie est l’une des crises les plus graves auxquelles l’humanité a dû faire face à l’époque moderne. Absa Mauritius a montré sa résilience depuis le début de la pandémie. Nous nous sommes adaptés rapidement aux environnements changeants et avons soutenu nos investissements dans l’expérience client et la transformation digitale afin de nous assurer d’être prêts au retour des perspectives de croissance. Notre objectif est de construire un modèle économique en croissance rapide et durable à l’aide d’outils numériques, permettant à nos équipes de satisfaire nos clients et de leur proposer des solutions financières adaptées. Compte tenu de l’environnement opérationnel difficile, Absa Mauritius doit fournir à ses clients des alternatives sécurisées aux services bancaires en succursale, plutôt que de simplement fournir des canaux bancaires supplémentaire.

 

 

Guillaume Passebecq (Head of Private Banking and Wealth Management, Bank One)

«Une offre d’investissement et de gestion en architecture ouverte»

L’offre de Bank One s’adresse à l’ensemble des investisseurs privés et institutionnels, locaux ou internationaux, qui recherchent une banque avec une plateforme internationale, rappelle Guillaume Passebecq

Comment a évolué votre segment Private Banking et comment voyez-vous l’avenir de ce segment pour Bank One ?

Bank One fait partie des banques mauriciennes qui rayonnent sur le continent africain grâce à ses deux actionnaires, Ciel Finance et I&M Holdings, qui ont des présences à Madagascar, au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda et récemment en Ouganda. Notre offre s’adresse à l’ensemble des investisseurs privés et institutionnels, locaux ou internationaux, qui recherchent une banque avec une plateforme internationale leur donnant accès à l’ensemble des marchés mondiaux. Notre offre Private Banking & Securities Services a remporté trois années consécutives le titre de Best Private Bank, décerné par Global Finance Magazine ainsi que le titre de Best Custodian Bank Mauritius 2020 par Global Finance review. Nous proposons un service innovant : une offre d’investissement et de gestion en architecture ouverte qui rencontre un succès certain. Bank One a sélectionné plusieurs gérants externes tant au niveau local qu’international.

Ces gérants externes sélectionnés pour la qualité de leurs prestations apportent une gestion sur mesure avec les standards internationaux en adéquation avec les attentes de cette clientèle. Enfin, la sécurité des titres des clients est garantie par Euroclear, notre principal Custodian, et ils sont donc ainsi conservés hors bilan de la banque. Euroclear, le plus grand système de règlement et livraison de titres au monde, bénéficie de notation AA par Standard & Poor’s, ce qui rassure nos clients. En effet, en matière de Private Banking, la sécurité des actifs confiés à la banque reste évidemment la priorité.

«Notre offre private banking & securities services a remporté trois années consécutives le titre de best private bank»

En cette période de forte volatilité des marchés des capitaux, à quoi peut-on s’attendre ?

Le VIX, qui est un indicateur de volatilité du marché financier américain, n’a dépassé les 70 qu’à deux reprises au cours de ses 30 ans d’existence : au plus fort de la crise de 2008-09 et en mars de 2020. Néanmoins, le rôle concerté des banques centrales a été déterminant depuis un an et a permis de stabiliser et de redonner confiance aux marchés obligataires et actions. En ce mois de mai 2021, soit plus d’un an après, les indices actions internationaux ont nettement rebondi avec des performances parfois inattendues. Pour autant, la “nature” a aussi ses limites selon le vieil adage boursier, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Nous devrons continuer à être vigilants car les marchés financiers resteront sensibles à une forte augmentation de l’inflation et à la remontée des taux d’intérêt des obligations d’État, ce qui contraindrait les banques centrales à devenir moins accommodantes.

Selon-vous, quelle sera la taille de ce marché à Maurice à l’avenir ? Sommes-nous prêts à vraiment fournir des services à valeur ajoutée adaptés aux besoins du client ?

Le secteur financier mauricien est en train de relever des challenges importants et je suis persuadé que la transparence attendue, notamment par les régulateurs, renforcera son attractivité. De son côté, Bank One continue d’investir dans l’ensemble de ses plateformes digitales car effectivement une relation personnalisée ne suffit pas, les outils qui sont mis à disposition des clients doivent suivre l’attente et l’évolution technologique.

 

Ashees Maunick (Head of Private Banking, ABC Banking Corporation)

«Faire du Private Banking un véritable relais de croissance»

Abc banking a investi des moyens importants pour mettre à la disposition de sa clientèle un ‘private banking lounge’ digne de ce nom, soutient Ashees Maunick

Votre segment Private Banking a tout juste trois ans. Quel bilan dressez-vous de ce segment  d’activité ?

Nous dressons un bilan très positif des trois premières années de notre service Private Banking. Pendant ces trois années, nous avons su poser les jalons de ce segment pour en faire un véritable relais de croissance pour la banque. Ayant adopté une approche fondée sur la centricité client, nous avons su faire notre percée tant sur le marché local que sur le marché des étrangers, et devenir un acteur incontournable. C’est la raison pour laquelle ABC Banking a investi des moyens importants pour mettre à la disposition de sa clientèle un Private Banking Lounge digne des plus grands, inauguré en juillet 2018, où se conjuguent élégance et confort dans un cadre professionnel et intimiste. Nous sommes aussi un des seuls acteurs bancaires à disposer au sein de notre Private Banking Lounge d’une cave à vin avec quelques belles références de l’univers des vins qui nous permettent de célébrer les moments marquants dans la vie bancaire de nos clients et qui témoigne de l’importance que nous accordons à la préservation du relationnel client.

De plus, nous avons réussi à avoir l’écoute des acteurs du marché en ayant une proposition axée autour du professionnalisme, de la réactivité, de l’agilité et de la compétitivité. Cette recette nous a permis de démontrer d’excellents résultats et d’être associés de près aux évènements et projets d’envergure liés directement à ce marché – preuve, s’il en fallait, de notre légitimité dans cette sphère. Étant convaincu des perspectives prometteuses de croissance dans le segment de la Gestion Privée, ABC Banking va continuer à parfaire l’offre de produits et services destinée à sa clientèle haut de gamme.

À plus long terme, comment comptez-vous répondre aux attentes et exigences spécifiques des nouvelles générations sur le point d’arriver sur le marché ?

Le postulat de départ consiste à comprendre que le comportement et les attentes bancaires des milléniaux sont si différents que d’essayer d’y répondre par des solutions de bancarisation traditionnelles serait voué à l’échec. Dès lors, il s’agit dans un premier temps de bien identifier ces attentes bancaires pour ensuite y répondre par des solutions adéquates. ABC Banking a pleinement conscience que cette clientèle hyper connectée cherche avant tout à vivre une expérience bancaire hors du commun. Cette expérience bancaire est certes centrée autour de solutions digitales mais la digitalisation seule n’est pas la panacée – elle n’est qu’un moyen d’atteindre un objectif bien plus important qui est la centricité client.

«Cette expérience bancaire centrée autour de solutions digitales n’est qu’un moyen d’atteindre un objectif bien plus important qui est la centricité client»

C’est en tout cas la promesse que nous voulons tenir à ABC Banking : offrir une expérience bancaire extraordinaire où notre approche omnicanale offre une agilité et une autonomie sans pareilles à notre clientèle sans pour autant effacer les interactions physiques avec la banque. Ces interactions physiques certes rares seront de qualité et serviront uniquement à répondre aux besoins d’accompagnement de nos clients dans la réalisation de leurs projets de vie.

Dans un contexte qui s’est durablement complexifié, à quoi peut-on s’attendre au niveau de la concurrence dans ce secteur particulier ?

Le secteur du Private Banking à Maurice était déjà un marché hyper concurrentiel où outre les acteurs bancaires traditionnels, qui ont tous vu le potentiel de ce segment et y ont alloué des ressources importantes, nous avons vu se développer en marge de notre secteur offshore une offre de Private Banking en provenance d’acteurs non bancaires de type Family office ou gérants de patrimoine indépendants. Nous y croisons souvent les grands noms du secteur ayant pignon sur rue en Europe ou en Afrique. Avec l’avènement de la pandémie de la Covid-19, il va sans dire que le jeu concurrentiel va se durcir davantage pour le plus grand bonheur des clients qui devraient en être les bénéficiaires. À ce titre, nous pensons que les intervenants démontrant les meilleures capacités d’adaptation à ce nouveau monde économique qui va s’ouvrir, se montrant les plus agiles et se tenant prêts à tirer profit des nouvelles opportunités d’affaires vont être ceux qui survivront et ABC Banking met tout en œuvre pour faire partie de ceux-là.

 

Sanjaiye Rawoteea (Divisional Leader – Consumer Banking & Wealth Management, SBM Bank Mauritius)

«Rester compétitif aussi bien à l’international qu’au niveau local»

Les banques privées opèrent autant dans le business du luxe que celui des prestations bancaires, souligne Sanjaiye Rawoteea

Depuis sa création, le département Private Banking and Wealth Management de la SBM a bien évolué. Comment voyez-vous l’avenir de ce segment pour la SBM ?

Les banques privées opèrent autant dans le business du luxe que celui des prestations bancaires, à proprement parler. De ce fait, la réputation de l’institution est vitale pour retenir les clients fortunés. Effectivement, depuis sa création, ce département a bien évolué en restant constamment à l’écoute des besoins et attentes des clients, mais aussi en suivant de près les tendances sur le marché de l’investissement. Ainsi, nous mettons l’accent sur l’innovation, le service et les solutions touchant à la planification financière des clients HNWI et UHNWI. Nous disposons d’une équipe dédiée de gestionnaires de patrimoine qualifiés et compétents qui sont non seulement à l’écoute mais sont aussi capables de répondre parfaitement aux attentes de nos clients. Quant au niveau du service, notre délai d’exécution a été considérablement réduit au cours des trois dernières années.

En ce qui concerne l’évolution de ce segment et conformément à notre expansion régionale, nous cherchons à être compétitifs aussi bien au niveau international qu’au niveau local. C’est pourquoi nous avons mis en œuvre une série de mesures allant dans ce sens. L’objectif est de fournir un service qui soit au niveau de ceux proposés par les banques privées suisses, la référence dans le domaine. La génération des milléniaux est devenue une force mondiale au cours des trois dernières décennies.

Quelle est la stratégie mise en place pour satisfaire cette clientèle ?

Il faut d’abord reconnaître que la génération des milléniaux est devenue une force mondiale au cours des trois dernières décennies. Grâce à l’innovation technologique reposant sur le Web, ceux-ci peuvent accéder à une multitude de produits et services sur le bout des doigts. L’e-commerce, les services bancaires numériques, les eWallet et les plateformes de courtage telles que Robinhood en sont quelques exemples.

Maurice n’échappe pas à cette tendance et nous devons tirer parti des Fintech afin de cibler les nouvelles générations. La SBM Bank s’est récemment lancée dans cette aventure, notamment avec l’offre AliPay et le développement de nouveaux outils numériques. Les milléniaux sont également plus préoccupés par les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des activités économiques. À cet égard, nos services doivent devenir plus respectueux des critères ESG, en mettant davantage l’accent sur l’environnement. L’intelligence artificielle (IA) pourrait être pertinente dans ce contexte. Bien que l’IA n’en soit encore qu’à ses débuts, elle a de nombreuses applications, comme les ‘robo-advisors’ et les contenus médiatiques ciblés. L’adoption de l’IA semble inévitable afin de fournir des services capables de nous distinguer de la concurrence.

«Nous visons à fournir un service qui soit au niveau de ceux proposés par les banques privées Suisses»

Le département Private Banking and Wealth Management de la SBM Bank mise ainsi davantage sur l’innovation et la technologie, tout en poursuivant sa stratégie de proposer des solutions adaptées aux besoins spécifiques des clients. De plus, si l’on se réfère une fois encore aux milléniaux, nous devons leur présenter une équipe jeune, dynamique et capable de bien comprendre leurs attentes et leurs aspirations, et c’est l’une de nos forces. Pour résumer, ils souhaitent interagir avec des personnes non seulement compétentes mais capables de parler leur langue et de proposer un accompagnement qui sied mieux à leurs besoins et à leurs modes de vie.

Qu’en est-il donc de vos investissements dans les nouveaux canaux de communication pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante en la matière ?

Nous avons mis l’accent sur la numérisation de nos services sans compromettre sur la sécurité et sur la facilité d’accès. La SBM travaille sur d’autres projets numériques et suit de près les tendances du marché afin d’être toujours en mesure d’offrir les outils numériques les plus performants aux investisseurs. Nous sommes aussi de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, renforçant ainsi notre image de banque dynamique et connectée. C’est dans cette même logique que nous avons lancé en 2019 un portail d’investissement convivial et interactif dans le cadre d’un mandat discrétionnaire qui offre de nombreux services aux investisseurs, notamment une vue d’ensemble de leur portefeuille d’investissement en un clic. De plus, la plateforme permet d’analyser la performance du portefeuille par le biais de rapports graphiques et analytiques et un accès aux dernières tendances en matière d’investissement et aux études de marché.

 

Virginie Constant (directrice de la Gestion Privée, BCP Mauritius)

«Attirer les ultra-riches est un enjeu essentiel pour les banques privées»

À la BCP Bank Mauritius, on met un point d’honneur à rester un interlocuteur privilégié pour la clientèle issue des pays de présence du groupe mais aussi, de manière plus large, pour la diaspora panafricaine, souligne Virginie Constant.

Le Private Banking de BCP Bank (Mauritius) a évolué d’une banque mauricienne pour s’ouvrir sur l’Afrique grâce au Groupe BCP. Que venez-vous proposer à cette clientèle exigeante ?

Tout d’abord, il faut savoir que le Groupe BCP est très présent en Afrique francophone, notamment à travers ses filiales Atlantic Business International (ABI), et nous avons régulièrement l’occasion de collaborer avec nos confrères. Chaque banque est appelée à chercher et trouver son terrain d’action, son marché de niche en fonction de sa stratégie. La concurrence sur le segment Gestion Privée dépasse, depuis longtemps déjà, le marché local. Avec la mondialisation et la digitalisation, les clients Private Banking sont partout dans le monde.

À la BCP Bank Mauritius, nous restons un interlocuteur privilégié pour la clientèle issue des pays de présence du groupe mais aussi, de manière plus large, pour la diaspora panafricaine. Cette clientèle recherche de nouveaux services et de nouvelles solutions pour sa gestion de patrimoine. Il s’agit avant tout d’être capable de fournir le bon conseil, au bon moment, que ce soit en matière de structuration patrimoniale, d’investissement immobilier, de gestion des actifs professionnels, de fiscalité ou d’accès au crédit, et ainsi d’apporter un soutien à forte valeur ajoutée. La Gestion Privée d’aujourd’hui, et celle en devenir demain, doit s’appuyer sur l’innovation pour renouer avec ces fondamentaux de service.

Vous concentrez-vous davantage sur les High-Net-Worth Individuals et les Ultra-High-Net-Worth Individuals pour assurer une marge suffisante ?

Attirer les ultra-riches est un enjeu essentiel pour les banques privées. Ce segment de marché connaît une forte évolution dans le monde et demeure une source de revenus importante pour le secteur. C’est aussi un marché particulièrement complexe qui exige une expertise pointue : deals cross-border, connaissance de l’environnement légal et fiscal de différents pays, capacité à s’adapter en fonction du client et de sa situation, pour ne citer que ces exemples. Par ailleurs, les grosses fortunes d’aujourd’hui font partie d’une nouvelle génération qui, bien plus que les précédentes, se soucie beaucoup de l’avenir de la planète et font, de plus en plus, de la durabilité un critère essentiel dans le choix de leurs investissements.

«L’accompagnement personnalisé a dépassé le concept de rencontrer le client ; aujourd’hui, nous sommes connectés au client»

Si le client privé continue à accorder une grande importance à un accompagnement personnalisé, il est néanmoins de plus en plus mobile et connecté. Où en êtes-vous concernant l’évolution technologique ?

S’agissant de l’évolution technologique, nous constatons l’accélération de la transition digitale des épargnants dans le monde : signatures électroniques, rendez-vous en ligne, transactions sans contact, souscription de produits en ligne, évolution de la règlementation pour accompagner ces changements. Maurice sera aussi appelé à aller de plus en plus dans cette direction tout en devant toujours mettre la sécurité au centre de cette évolution.

Aujourd’hui, nous sommes déjà très présents sur le digital. Nos clients n’ont aucun mal à se connecter de l’étranger ni à entrer en contact avec leur conseiller : nos équipes ont accès aux outils de communication les plus utilisés : WhatsApp, Teams, Zoom, etc. L’accompagnement personnalisé a dépassé le concept de rencontrer le client. Aujourd’hui, nous sommes connectés au client et l’arrivée de la pandémie a certainement accéléré cet état des choses.

 

Vincent Desvaux de Marigny (cofondateur, DMH Associates)

«Le Family office est un des piliers de notre activité»

Spécialisée dans le Family office, DMH Associates a une clientèle composée principalement de compagnies mauriciennes et d’étrangers ayant des intérêts financiers ou immobiliers à Maurice, indique Vincent Desvaux de Marigny

L’expertise et les services de DMH sont concentrés sur le marché local. Pourquoi avoir fait ce choix, contrairement à bon nombre de vos concurrents ?

Effectivement, notre clientèle est composée principalement d’individus et de compagnies mauriciennes et d’étrangers ayant des intérêts financiers ou immobiliers à Maurice. Nous sommes dédiés au marché local ; c’est en ce sens que nous avons développé nos compétences et nos services. Nous nous efforçons de maîtriser la législation, les rouages administratifs, la fiscalité, la Bourse et les investissements locaux. Le tissu patrimonial à Maurice diffère de ce qui existe à l’étranger : le nombre d’acteurs est limité, mais ces acteurs sont souvent liés entre eux. Certains conglomérats familiaux se sont diversifiés dans de nombreux secteurs. Il y a donc une interaction accrue entre les secteurs économiques et les entreprises, qui est spécifique au marché mauricien.

Le tissu social local aussi est particulier, la culture joue un grand rôle. Il faut comprendre à la fois l’historique des individus et des compagnies. Nous prenons en compte ces éléments, parfois un peu particuliers – relations familiales, historique professionnel, aspirations personnelles – dans notre travail quotidien, pour toutes les missions que nous menons pour nos clients.

Vous êtes spécialisé dans la gestion de patrimoine. On imagine que seuls les clients extrêmement fortunés font appel à ce genre de services ; est-ce une réalité ?

Oui et non. Ce n’est pas forcément vrai. Nous avons organisé notre firme de manière à servir tous types de clients et, surtout, nos services sont structurés de manière à proposer à tout moment une offre adaptée et évolutive. D’abord, chez DMH, tout le monde peut accéder à l’investissement. Nous avons un service de stockbroking via lequel n’importe qui peut acheter ne serait-ce qu’une action. Une fois que le portefeuille d’investissement du client a grandi, ce dernier peut bénéficier du service de Gestion discrétionnaire de Portefeuille, pour ensuite accéder au Family office, qui est un service intégré qui permet de préserver la fortune et la transmettre aux générations futures.

Justement, pouvez-vous nous parler du Family office ?

Le Family office est un des piliers de notre activité. C’est un service qui prend en charge tous les aspects financiers des familles de façon professionnelle et objective. Je fais une parenthèse pour souligner que, quand il s’agit d’investissement, tout le monde est différent, mais ce que nous avons en commun, c’est un manque d’objectivité et de recul quant à la meilleure manière de gérer nos avoirs. Pour revenir au Family office, ce service est d’autant plus utile sur une île où plusieurs individus détiennent par héritage ou relation des parts d’un même bien qu’ils doivent se partager ou faire fructifier. Ce sont des situations parfois complexes et délicates qui impliquent une grande part émotionnelle.

Le Family office est multifacettes. Nous accompagnons les clients dans la mise en place de structures de gouvernance uniques, qui s’inspirent des valeurs de la famille et qui permettent d’instaurer un rapport apaisé entre toutes les parties prenantes. C’est une partie de notre offre qui fait une grande différence dans la vie de nos clients car, dans les familles, tous n’ont pas les mêmes besoins. Nous offrons une expertise financière aussi bien qu’un soutien administratif à ces clients. Nous gérons les relations avec leurs banques, les autorités fiscales, leurs employés. En bref, c’est un service qui s’adapte aux exigences de nos clients.

«Nous offrons une expertise financière aussi bien qu’un soutien administratif»

Comment la crise a-t-elle affecté les portefeuilles de vos clients ?

En ce qui nous concerne, les portefeuilles ont été affectés au niveau des revenus qu’ils dégagent, ce qui a créé une dégradation du cash-flow. La situation actuelle appelle à prendre des mesures intelligentes et courageuses. Intelligentes, parce qu’il faut réorganiser certains portefeuilles et patrimoines pour arriver à dégager plus de revenus tout en respectant la tolérance au risque du client. Et courageuses, parce que dans certains cas, des dépenses prévues ont dû être décalées dans le temps ou rééchelonnées. Notre but ultime en 2021, c’est de préserver la qualité de vie de nos clients.

L’autre effet de la crise, c’est la baisse au niveau de la valeur des actifs. C’est dans ce cas précis que le principe de la diversification des portefeuilles prend tout son sens. Il est également important que chaque personne ait investi selon son profil de risque. Car les hausses et baisses des marchés financiers sont fréquentes, surtout dans un cas de pandémie. Celui qui investit avec des risques plus importants va faire face à plus de volatilité, mais bénéficiera également d’une performance supérieure sur le long terme. Celui qui est risk averse a sécurisé ses investissements, et par conséquent limité la baisse.

 

Rehma Imrith (Commercial Director, IQ-EQ Mauritius)

«La nouvelle génération de fortunés privilégie les investissements alternatifs»

L’on se dirige vers une spécialisation intersectorielle des services de Private Wealth ainsi que des services sur mesure, fait ressortir Rehma Imrith.

Quels sont les services qu’offre IQ-EQ à ses clients fortunés pour les aider à faire fructifier leur patrimoine ?

Parmi nos services variés, IQ-EQ offre aux clients fortunés la création et l’administration des structures de Private Wealth pour la préservation et protection de leurs actifs et la planification successorale, tout en nous assurant que les implications transgénérationnelles et transfrontalières sont prises en compte. À travers nos 23 locaux, nous offrons une large gamme de produits tels que le Trust, la Fondation, le Private Trust Company et les sociétés sous-jacentes. De plus, avec nos services de Family office tels que les services de conciergerie et la gestion de biens de luxe, la préparation des rapports de risques, de conformité et support dans les activités d’ESG et de philanthropie, nous visons à mieux encadrer les Family offices à travers plusieurs générations. Nous avons aussi développé des services spécialisés comme notre plateforme de reporting IQ-EQ Cosmos, qui est taillée sur mesure pour des classes d’actifs mixtes.

Dans ce contexte difficile, le secteur se dirige-t-il vers une spécialisation intersectorielle des services de Private Wealth ?

Effectivement, dans le contexte actuel, nous nous dirigeons vers une spécialisation intersectorielle des services de Private Wealth ainsi que des services sur mesure. Ayant servi nos clients fortunés pendant plus de 50 ans, nous les avons vu adopter une gouvernance plus sophistiquée, avec des stratégies d’investissements de plus en plus internationales et des investissements dans des classes d’actifs mixtes, voire des investissements alternatifs et à caractère ESG. Nous avons reconnu la nécessité d’une offre intersectorielle dédiée qui couvrirait à la fois les services fiduciaires et administratifs traditionnels ainsi que les exigences plus récentes, telles que les rapports ESG et KRI, le flux des transactions, la conformité réglementaire et fiscale, la philanthropie, les services d’actifs alternatifs et de luxe.

<<Nous nous dirigeons vers une spécialisation intersectorielle des services de Private Wealth ainsi que des services sur mesure>>

 Comment voyez-vous se développer le marché de la gestion patrimoniale dans les années à venir ?

Le profil de la nouvelle génération d’investisseurs, la démographie changeante, la réglementation internationale croissante ainsi que les innovations technologiques continueront de perturber le marché de la gestion de patrimoine. De plus, l’impact de la Covid-19, du moins à court terme, est déjà ressenti par les familles riches du monde entier. Non seulement cela les a obligés à changer leur mode de vie et leur façon de faire des affaires, mais cela les a également amenés à penser à l’avenir. Au cours des dernières décennies, les efforts de Maurice afin de créer un écosystème attrayant pour le secteur de la gestion patrimoniale ont été importants. Il est nécessaire de continuer sur cette lancée et d’apporter rapidement de l’innovation pour répondre à l’évolution des demandes des familles fortunées. Par exemple, la pandémie a suscité une prise de conscience de la part du patriarche des entreprises familiales concernant le transfert de richesse à la génération suivante ainsi que la planification successorale.

L’incertitude liée au démarrage économique continuera à inciter les personnes fortunées à changer leurs modes d’investissements, à diversifier leur portefeuille d’actifs et à vouloir plus de contrôle sur leurs investissements transfrontaliers. La nouvelle génération de fortunée privilégie davantage les investissements alternatifs, dans le domaine de la Fintech par exemple, ainsi que des placements à caractère durable. Cette tendance se poursuivra dans les années à venir et il est essentiel d’accompagner cette transformation de la gestion de patrimoine afin de demeurer une juridiction pertinente.

 

 

François Desvaux de Marigny (Deputy Head of Private Banking & Wealth Management, MCB)

«Nous souhaitons nous positionner comme une référence en matière de Wealth Management»

L’augmentation de la taille du marché et la diversité des clients nécessitent une segmentation nouvelle de la clientèle afin de pouvoir répondre au mieux aux besoins de chacun, souligne françois desvaux de marigny. Cela, afin de faire correspondre l’offre à la demande exprimée sur le marché.

La MCB est parmi les premières institutions bancaires du pays à créer son unité de Private Banking. Comment a évolué ce segment au fil des années ?

Il y a une vingtaine d’années, la MCB, fidèle à sa réputation de pionnière, a été la première banque locale à créer son unité de Private Banking. Dédiée au départ à la clientèle fortunée existante de la banque, ce service s’est rapidement étendu à de nouveaux clients, mauriciens comme étrangers. Aujourd’hui, la MCB Private Banking & Wealth Management capitalise sur les compétences de ses 130 collaborateurs, ainsi que sur l’expertise des autres entités du Groupe afin d’offrir une gamme complète de produits et services à ses clients aisés ou fortunés.

Sur le plan régional et international, nous souhaitons nous positionner comme une référence en matière de Wealth Management, aussi bien auprès du marché des particuliers que de celui des professionnels. S’agissant de ces derniers, nous disposons d’une équipe dédiée aux Assets Managers et aux Family offices permettant à ces professionnels de domicilier et gérer leurs clients dans nos livres. Nous disposons aussi de relais à travers nos implantations à l’étranger, nos filiales ainsi que nos bureaux de représentation en Afrique (Afrique du Sud, Kenya), à Dubaï et à Paris.

L’ensemble du secteur bancaire est soumis à un environnement de taux d’intérêt historiquement bas et à une augmentation des coûts qui exercent globalement une pression sur les marges. Quels sont les leviers d’action prioritaires pour se différencier ?

Paradoxalement, un environnement de taux bas est un catalyseur pour le développement du Private Banking. En effet, les épargnants confrontés à une baisse régulière des taux de rendement de leurs placements bancaires traditionnels (saving, dépôts à terme) voient leurs revenus s’éroder. Ils cherchent alors à diversifier leurs placements, notamment vers des produits plus sophistiqués. L’accès à la gestion de portefeuille est, entre autres, une solution à leurs préoccupations. S’agissant de l’évolution des coûts, notre segment supporte principalement des coûts fixes. L’augmentation des volumes permet naturellement de maintenir un cost to income raisonnable et, de facto, de préserver les marges. Par ailleurs, je dois faire ressortir que le Private Banking est un segment relativement résilient dans cet environnement difficile. Nos revenus entre interest et non-interest income sont équilibrés. Par ailleurs, nous dégageons presque autant de revenus de nos marchés étrangers que du marché local. Les périodes successives de confinement nous ont obligés à mieux nous organiser et à optimiser nos process. La période difficile que nous traversons a permis de resserrer les liens entre les collègues et avec nos clients, même si in fine rien ne remplace le contact direct avec ces derniers.

Le repositionnement de la clientèle sera l’un des défis majeurs à relever. La MCB Private Banking & Wealth Management capitalise-t-elle davantage sur les High-Net-Worth Individuals (HNWI) et les Ultra-High-NetWorth Individuals (UHNWI) pour assurer une marge suffisante ?

L’augmentation de la taille du marché et la diversité des clients nécessitent une segmentation nouvelle de notre clientèle afin que nous puissions répondre au mieux aux besoins de chacun. Cela ne répond pas à une logique de marge, mais plutôt à celle d’une meilleure adéquation de notre offre par rapport à la demande exprimée sur le marché. C’est un travail que nous menons depuis quelques années.

«LE PRIVATE BANKING EST UN SEGMENT RELATIVEMENT RÉSILIENT DANS CET ENVIRONNEMENT DIFFICILE»

À côté de notre marque «Select», déjà solidement ancrée, nous avons lancé la marque «M» qui s’adresse exclusivement à nos clients HNWI. La création de «M» répond à cette nécessité d’une offre qui leur est spécifiquement dédiée. «M» propose une gamme complète de produits et services personnalisés et leur niveau de sophistication s’adapte au profil de notre client. Selon le montant à investir, les clients «M» bénéficient de services tels que la planification financière, l’exécution d’ordre de bourse, la gestion discrétionnaire et non discrétionnaire, l’aide à la sélection de fonds et l’accès à certains deals de Private Equity. Le choix stratégique de «M» est l’architecture ouverte, permettant de ce fait au client de choisir son support d’investissement en toute indépendance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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