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Hôtellerie : Perspectives encourageantes pour la haute saison

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La haute saison semble démarrer sur les chapeaux de roue pour les hôteliers. Les établissements sont d’ailleurs à pied d’œuvre afin d’accueillir comme il se doit les touristes avides de voyages et de découvertes après deux années de restrictions sanitaires. Toutefois, les opérateurs s’accordent à dire que le nombre de sièges et l’accès aérien doivent être revus.

LA HAUTE SAISON pointe le bout de son nez et viendra bientôt confirmer si Maurice a bien préparé sa reprise touristique tant attendue. Après 16 mois de paralysie avec la fermeture des frontières en raison de la pandémie de la Covid-19, la réouverture semble être sur la bonne voie. De janvier à juillet 2022 – période correspondant à la basse saison touristique – Maurice a accueilli 470 640 visiteurs. Bien que nous soyons loin des 650 000 arrivées touristiques prévues par les opérateurs et le gouvernement pour cette période, le pays semble tout de même surfer sur une bonne dynamique. De quoi renouveler l’objectif national en matière du nombre d’arrivées. Maurice ambitionne d’ailleurs de compter 1,4 million de touristes d’ici juin 2023.

Commentant cette performance et ces prévisions, François Eynaud, CEO de Sun Resorts, explique que la confiance est retrouvée au sein des opérateurs. «Après la réouverture des frontières en octobre, nous constatons que le secteur du tourisme a repris son envol et rattrape peu à peu, malgré l’incident Omicron, en décembre, le retard qu’il a pris face aux destinations comme les Maldives ou les Seychelles. Il faut souligner que la connectivité aérienne est aussi étroitement liée au grand nombre de touristes qui ont foulé le sol mauricien de janvier à juillet 2022. Nous sommes d’ailleurs confiants que le nombre d’arrivées pour la période de pointe devrait connaître une hausse conséquente avec les vols additionnels d’Air Mauritius, d’Emirates Airlines et de Turkish Airlines», se réjouit-il. Avant d’ajouter que la condition serait, bien entendu, que le contexte économique s’améliore. Le CEO enchaîne d’ailleurs qu’«une fois que la demande frustrée (pent-up demand), suite à la pandémie, sera épuisée, mais aussi que toutes les destinations concurrentes auront réouvert, nous aurons à juguler avec la baisse de la croissance, l’inflation et la perte de pouvoir d’achat dans nos marchés émetteurs».

Axelle Mazey, Chief Communication Officer de Rogers Hospitality, opte, elle, pour une analyse mathématique de la situation. «Les derniers chiffres partagés démontrent que sur le premier trimestre de cette année, Maurice a enregistré un ‘recovery rate’ de 45,1 % des arrivées touristiques de 2019. Sur le second trimestre, nous enregistrons un bien meilleur taux, qui est de 73,1 %, comparativement au même trimestre en 2019. On note donc une accélération de la reprise qui, bien que graduelle, est bel et bien présente. Il est d’ailleurs très encourageant de voir l’intérêt de notre destination auprès de nos marchés émetteurs.» La représentante de Rogers Hospitality soutient également, tout comme son homologue, qu’il est aussi important d’adapter le nombre de sièges au taux de réservation prévu dans les établissements hôteliers. «Pour l’instant, nous n’avons pas encore reçu le nombre de sièges nécessaire pour pouvoir atteindre l’objectif. Il faut donc rapidement nous y aligner afin d’atteindre cet objectif ambitieux», affirme Axelle Mazey.


LES DERNIERS CHIFFRES TOURISTIQUES CONFIRMENT LA REPRISE

Statistics Mauritius a publié vendredi les derniers chiffres des arrivées touristiques pour le mois d’août. Ainsi, de janvier à août 2022, Maurice a reçu la visite de 557 245 touristes qui ont voyagé par voie maritime et aérienne. En ce qu’il s’agit des pays émetteurs, le marché européen demeure toujours en pole position pour la période. Le nombre d’arrivées représente d’ailleurs les trois quarts du total, avec 379 351. Concernant la performance du mois d’août, le pays a reçu un total de 86 605 visiteurs. En dépit d’une baissé comparé au mois dernier (94 084 touristes), les chiffres demeurent supérieurs qu’en début d’année quand les voyageurs ont oscillé entre 40 000 et 70 000.


TAUX D’OCCUPATION RÉCONFORTANT

Concrètement, la haute saison touristique se reflète généralement sur le taux d’occupation prévu par les hôteliers au sein de leurs établissements. Ils arrivent à mesurer la performance d’une bonne saison à travers le taux de remplissage réalisé au mois de décembre. Qu’en est-il actuellement ?

Pour Isabelle Descroizilles, Managing Director de MJ Holidays, la tendance a clairement le goût d’une reprise bien amorcée du secteur touristique. «Nous avons très bien travaillé de janvier à août, avec des taux d’occupation de 70 % en moyenne. Pour les derniers mois de l’année, nous avons enregistré un taux d’occupation de 50 % en moyenne, ce qui est de bon augure dans un monde où les réservations de dernière minute sont la norme», confie-t-elle.

Abondant dans le même sens, François Eynaud évoque, lui, un autre aspect qui est d’autant plus important, à savoir le nombre de nuitées des touristes. «Nous prévoyons des taux d’occupation de nos hôtels proches de la période pré-Covid. Plus encore, nous constatons une augmentation de la durée moyenne de séjour d’environ 20 %, des dépenses par touriste en hausse et des réservations de très dernière minute.»

Ainsi, l’on s’active au niveau des préparatifs pour accueillir comme il se doit ces précieux visiteurs avides de retrouver notre soleil et notre cadre accueillant. Poursuivant son analyse, le CEO de Sun Resorts dit être au four et au moulin en ce moment. Il estime d’ailleurs qu’il se trouve dans une situation que vivent actuellement tous les opérateurs locaux de l’industrie hôtelière. «Comme tous les hôteliers et restaurateurs à Maurice et dans le monde, nous sommes en quête de personnel additionnel. Par ailleurs, nous intensifions la formation et la motivation de nos équipes au vu de la haute saison à venir», soutient François Eynaud.

C’est le même son de cloche auprès d’Isabelle Descroizilles. «Nous resserrons les rangs de nos équipes en priorité, tout en nous assurant d’offrir davantage de valeur à nos clients, plus de disponibilité et de flexibilité aussi», déclare-t-elle. Et de faire ressortir que les voyageurs sont maintenant plus exigeants, ce qui pousse les opérateurs à être davantage irréprochables dans leurs services.

Au niveau de Rogers Hospitality, qui gère les portefeuilles hôteliers de plusieurs établissements, ce sont également les mêmes intentions. Sauf que la compagnie mise sur les cachets culturels de ses établissements afin de séduire différents profils de touristes. «Au niveau de Veranda Resorts, par exemple, nous nous attelons à offrir une expérience encore plus forte et authentique avec notre concept revisité ‘Deep Into the Soul of Mauritius’, qui vise à faire découvrir à nos clients l’essence même de l’hospitalité mauricienne – ses saveurs, sa culture et ses atouts», met en exergue Axelle Mazey.


CONVOITER DE NOUVEAUX MARCHÉS OU CONSOLIDER LES MARCHÉS ACTUELS ?

Bien que les hôtels commencent à se remplir, une question demeure : Maurice doit-il diversifier son marché touristique et démarcher de nouveaux pays ? Les opérateurs répondent à l’unisson : il faut consolider les marchés acquis comme l’Europe tout en se diversifiant progressivement vers les marchés émergents.

C’est en ce sens qu’abonde Axelle Mazey. «Alors qu’il nous faut continuer à cultiver nos relations avec nos marchés prioritaires, il est aussi important de considérer d’autres marchés porteurs. Cela devrait contribuer à équilibrer les différentes hautes et basses saisons, mais aussi redynamiser les rentrées de devises étrangères, ainsi qu’ouvrir de nouvelles possibilités d’accords de dessertes aériennes. Autant d’initiatives qui seront bénéfiques à notre économie plus globalement. Diversifier nos marchés permettra également de renforcer la résilience de notre industrie touristique en cas de nouveau choc exogène», avance-t-elle.

Elle est rejointe par Isabelle Descroizilles qui indique que la population cosmopolite de Maurice est un atout sur lequel on pourrait davantage capitaliser. «Le monde change à une vitesse folle ; nous devons être visible sur tous les marchés. Soyons opportunistes et agiles en investissant selon le potentiel de chaque marché. C’est pour moi la stratégie la mieux adaptée.»

François Eynaud est d’avis que Maurice est déjà de plain-pied dans cette ère de diversification des marchés touristiques. «Nous avons très bien réussi ces derniers mois avec une hausse des arrivées de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Europe de l’Est. Il faut continuer à diversifier vers l’Asie et l’Afrique mais cela dépend grandement d’une bonne connectivité aérienne», souligne le CEO de Sun Resorts. Il constate par ailleurs une progression sur le marché de luxe. «L’île Maurice doit rester une destination de qualité, que ce soit dans le luxe ou le milieu de gamme. Nous constatons que le haut de gamme est plus en demande depuis la réouverture.»

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