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«Il y a eu une prise de conscience sur l’importance de produire et de consommer local»

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Bruno Dubarry (CEO, AMM)

Depuis sa création, l’association des manufacturiers mauriciens rassemble et représente les intérêts des manufacturiers locaux. Bruno Dubarry, CEO de l’AMM, fait un survol des enjeux liés à ce secteur.

Depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, les Mauriciens comme les autorités optent davantage pour la consommation locale. À première vue, comment se porte le secteur en ce moment ?

La crise de la Covid-19 a remis sur le tapis l’urgence d’améliorer notre sécurité alimentaire et nutritionnelle. Dans cette optique, l’AMM et le Made in Moris ont un rôle essentiel à jouer. Les producteurs locaux ont été en première ligne pour fournir au pays des produits de première nécessité pendant l’apparition de la pandémie en 2020. Non seulement ils ont assuré la production et la livraison de denrées alimentaires dans les supermarchés, mais ils ont aussi été solidaires en soutenant des familles démunies.

Le système alimentaire de Maurice comporte certaines vulnérabilités qui peuvent faire peser d’importants risques sur sa sécurité. Depuis la pandémie, l’AMM a beaucoup échangé sur ces enjeux avec ses partenaires publics et privés : Chambre d’Agriculture, ministère de l’Agroindustrie et de la sécurité alimentaire, FAREI, coopération régionale. Il y a un lien naturel et vital entre les industriels ainsi que les agriculteurs et éleveurs. Ensemble, nous avons un rôle à jouer dans le développement de nouvelles filières agroalimentaires.

Depuis 2016, nous rappelons l’urgence d’avoir des mécanismes de soutiens publics afin d’anticiper et de résister à des épisodes perturbateurs pour la sécurité d’approvisionnement de notre territoire ; en privilégiant la production et la transformation locales plutôt que de dépendre excessivement de l’étranger. Il y a eu une prise de conscience sur l’importance de produire et de consommer local. Nous pouvons être optimistes, mais nous devons être proactifs. Nous avons des exemples de filières agroalimentaires qui ont marché comme la filière avicole, le poulet et les oeufs. Il est temps de dupliquer cette success-story pour d’autres denrées alimentaires. Sans cela, notre sécurité alimentaire n’est pas assurée.

«Industriels, agriculteurs et éleveurs ont ensemble un rôle à jouer dans le développement de nouvelles filières agroalimentaires»

 On parle de plus en plus de la nécessité pour le pays de se réindustrialiser. C’est une tendance qu’on ne constate pas uniquement à Maurice, mais aussi dans des pays développés comme la France où la réindustrialisation est devenue un argument de campagne électorale. Si on bouge dans cette direction, ne faudraitil pas une stratégie concertée entre le gouvernement et le secteur privé ?

Il y a déjà une stratégie concertée avec le gouvernement qui s’est matérialisée via l’assistance technique de l’UNCTAD : IPSP – Industrial Policy Strategic Plan 2020-2025. Des comités de suivi ont été institués et des recommandations budgétaires suivront, comme cela a déjà été le cas en 2021 (fonds de transformation et autres mécanismes d’accompagnement). Maintenant, ce qui me semble indispensable, c’est d’ajouter un niveau de diplomatie économique qui sache tirer le meilleur des capacités locales et exportatrices de Maurice.

À ce titre, un comité présidé par le ministre du Développement industriel contribue à cette ambition. En d’autres mots, le temps est propice à une poussée collective avec une assistance technique sur la révision de nos ambitions dans la région et hors-région en termes de marchés et l’offre collective que nous pourrions y amener. Toute la clé sera de pouvoir construire le bon programme national de capacitation des entreprises pour une industrie plus régionalisée.

Comment pourra-t-on augmenter l’effet multiplicateur ?

La question à se poser est d’être clair sur l’ambition dont nous souhaitons être partie prenante. La priorité est d’éviter d’accroître le déficit. Puis vient la nécessité de reconquérir des champs perdus au profit de l’importation ou de les conquérir tout simplement, surtout là où est reconnu un élément de sécurité alimentaire et nutritionnelle, sécurité d’approvisionnement et de maintenance technique locale, etc.

C’est justement sur ces points qui devraient se traduire en objectifs et critères de performance, que non seulement la vision du pays n’est pas encore aboutie et de facto, la mise en œuvre et l’évaluation ne sont pas appréciables pour des opérateurs privés.

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