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Immobilier de luxe, un secteur bâti autour de la résilience et de l’IDE

Les investissements directs étrangers locaux sont tirés vers le haut par le secteur de l’immobilier, notamment l’immobilier de luxe. Bien qu’ayant démontré sa pleine résilience depuis l’éclatement de la crise de la Covid-19, les opérateurs du secteur ne souhaitent pas se reposer sur leurs lauriers et cherchent à innover. D’autant qu’ils affirment que les investisseurs d’aujourd’hui étudient le contexte économique local avant de placer leur argent.

C’est un secteur qui ne connaît pas la crise. L’immobilier de luxe a, durant ces trois dernières années, bercé par la crise de la pandémie de la Covid-19 et les retombées du conflit russo-ukrainien, démontré sa pleine résilience. Un secteur prisé par les investisseurs étrangers et qui est porteur en termes de devises étrangères pour le pays. D’ailleurs, cette tendance se confirme par les chiffres officiels de la Banque de Maurice.

Selon les Preliminary Gross Direct Investment Flows, le flux des investissements directs bruts à Maurice a été estimé à Rs 15,417 millards en 2021, contre Rs 16,944 millards en 2020. En chef de file des secteurs porteurs de cette manne d’argent figurent les activités immobilières qui se sont élevées à Rs 8,373 millards en 2021. En dépit d’une légère baisse d’une année à l’autre – le secteur ayant rapporté Rs 9,210 millards en 2020 – l’immobilier domine les investissements directs étrangers. De ces deux sommes, une grande part des flux entrants est représentée par l’immobilier de luxe, dont les projets IRS/RES/ IHS/PDS et SCS1. À titre indicatif, ce segment a rapporté près de Rs 6,308 millards en 2020 et Rs 5,919 millards en 2021.

Commentant ces chiffres, Jyoti Jeetun, CEO de Mont Choisy Group, avise qu’il faut bien comprendre le processus de vente aux étrangers afin de pouvoir faire une analyse complète du secteur des investissements directs étrangers. «C’est important de bien comprendre le processus de vente aux étrangers pour faire une analyse de ces données en termes d’investissements directs étrangers. Pour la procédure de vente dite «VEFA», qui est la méthode de vente aux étrangers, il faut savoir qu’il y a un laps de temps entre la réservation d’un client par le biais d’un dépôt et la rentrée d’argent une fois la vente conclue. Cela peut prendre jusqu’à deux ans. Donc, les chiffres liés aux investissements directs étrangers pour 2020 et 2021 doivent très probablement correspondre aux ventes effectuées avant l’arrivée de la Covid-19», fait-elle ressortir. Avant de soutenir que «mis à part les IDE, une chose est certaine : le secteur immobilier rapporte des revenus pour la trésorerie gouvernementale en termes de taxes directes et indirectes. En effet, le secteur crée des activités économiques sous-jacentes par le biais des consultants, des contracteurs et sous-contracteurs, des fournisseurs ainsi que toute une chaîne d’activités liées au secteur, à l’instar des restaurants, des écoles et d’autres loisirs. Il y a un ‘multiplier effect’ conséquent lié au secteur de l’immobilier.»

D’un avis contraire, Charles Devieilhe, directeur de PLEION Real Estate, estime qu’il y a une réelle tendance dynamique autour de l’immobilier de luxe à Maurice. Pour lui, c’est la résilience du secteur qui est à la base de sa performance. «Nous avons constaté une activité positive ces deux dernières années. Les ‘crises’ accélèrent le besoin pour différents profils d’investisseurs d’investir dans l’immobilier, et les retraités de concrétiser leurs projets», explique-t-il. Il soutient que les investissements dans les biens immobiliers, notamment de luxe, agissent comme une valeur refuge, tout comme l’or en période de crise. «Diversifier son investissement est une des clés de la bonne gestion de son patrimoine. L’immobilier se positionne effectivement comme une valeur refuge permettant de générer des revenus «passifs», tout en spéculant sur une évolution positive du marché. En offrant une sécurité en termes de placements, l’immobilier permet d’organiser sa planification successorale.»

C’est le même constat pour Bénédicte Duvivier, Head of Sales à Evaco Property. Elle trouve que l’investissement dans la pierre est plus rassurant pour les investisseurs. Pour cause, l’incertitude engendrée par le contexte économique actuel et les taux d’intérêt faibles dans d’autres secteurs riment souvent avec instabilité. «En temps de crise, les systèmes bancaires sont bien souvent ceux où les taux d’intérêt fluctuent le plus. Il n’est pas profitable d’épargner et moins intéressant de garder les fonds dans un compte bancaire. Grosso modo, en temps de crise, les taux sont généralement en baisse au niveau de l’épargne et augmentent au niveau de l’emprunt. De facto, il est moins intéressant de laisser son argent en banque, d’autant que cela devient plus risqué pour des placements quand le marché est incertain. Il est donc plus prudent pour les investisseurs de privilégier des investissements dans l’immobilier, car il s’agit d’un placement sûr et rentable!», souligne-t-elle.

DÉPRÉCIATION DE LA ROUPIE : UN ARGUMENT BÉNÉFIQUE OU UNE CONTRAINTE ?

Mais la situation est-elle réellement tout aussi rose ? En effet, bien que la dépréciation de la roupie face aux devises étrangères fasse le jeu des investisseurs, n’a-t-elle aucun impact sur la perception économique de l’investisseur dans le pays où il investit son argent ? Ces questions semblent diviser les opérateurs, donnant lieu à deux écoles de pensée. D’une part, ceux qui sont d’avis que la dépréciation de la roupie est un argument de taille pour convaincre les investisseurs, et, d’autre part, ceux qui pensent que cette situation est un frein aux potentiels futurs résidents – car les investisseurs sont d’avis qu’une roupie faible rime avec une forte inflation.

Au niveau de PLEION Real Estate, Charles Devieilhe indique que la dépréciation est un argument convaincant auprès des investisseurs. «La dépréciation de devises demeure un atout pour certains projets commercialisés en roupies», affirme-t-il. Mais il nuance tout de même ses propos en soutenant que la qualité du projet reste l’argument principal de vente. «La qualité des projets et l’attrait pour Maurice constituent davantage des arguments à la bonne santé du marché immobilier à l’international.»

Même analyse pour Patrice Legris, CEO du cluster Property d’Alteo. Selon lui, le levier de la devise est un atout pour attirer les investisseurs. Cela dit, il indique que c’est une manœuvre à double tranchant, car une importante dépréciation de la roupie face aux devises étrangères impacte les importations de matières premières. «Il est vrai que les investisseurs étrangers raisonnent beaucoup en devises et qu’effectivement, la baisse de la roupie peut avoir à court terme un effet positif, mais à moyen terme, cela impactera considérablement les coûts de base du secteur immobilier tels que la construction et les infrastructures, notamment.»

Bénédicte Duvivier, pour sa part, est plus catégorique. Selon la directrice commerciale d’Evaco, la dépréciation de la roupie n’est pas un argument solide pour convaincre les futurs acquéreurs potentiels. Pour cause, les investisseurs examinent attentivement les indicateurs économiques d’un pays avant d’effectuer un placement financier. Elle ajoute que la situation inflationniste retarde aussi les projets pour les promoteurs, à l’instar de sa compagnie qui importe ses matériaux de l’étranger. «Le fait que la roupie se déprécie n’est pas une bonne chose, car nous vendons en devises étrangères et nos dépenses sont en partie en roupies, telles que les frais fixes. La dépréciation apporte de l’inflation dans le pays, et les devises fluctuent trop. Cela entraîne un sentiment d’incertitude pour les investisseurs, qui ne sont pas rassurés. De ce fait, je suis d’avis qu’il faut maîtriser les taux de change ! La stabilité de la devise est importante pour les investisseurs», rappelle-t-elle.

Mais, toujours selon la représentante d’Evaco Property, ce n’est pas le seul point sur lequel Maurice devrait travailler. À cet effet, elle estime que l’argument du «Sea, Sun and Beach» est dorénavant obsolète et qu’il faut des mesures incitatives afin de ne pas laisser échapper des acquéreurs potentiels qui pourraient se tourner vers nos concurrents directs. «Il faut considérer plusieurs facteurs afin de séduire davantage les investisseurs étrangers, comme un allégement des impositions fiscales ou encore de nouvelles lois immobilières en faveur des investissements directs étrangers. Nous devons de même renforcer la qualité de vie que nous offrons, ainsi que miser sur la sécurité de la population qui va aussi rassurer les étrangers !».

L’immobilier de luxe est loin d’être une vache à lait ; si rien n’est fait pour continuer d’attirer les investisseurs, les investissements directs étrangers et les précieuses devises s’envoleront vers d’autres terres aux arguments percutants qui nous manquent en ces temps ô combien difficiles et surtout incertains !


Le marché Français domine les achats ; le marché Africain offre de nouvelles opportunités

La France et Maurice sont des partenaires clés, notamment d’un point de vue économique. D’après les chiffres de la Banque de Maurice, la contribution de la France en termes d’investissement direct étranger en 2020 et 2021 pour les neuf premiers mois de l’année ont été respectivement de Rs 3 milliards et Rs 2 milliards. Cette contribution s’observe aussi dans le secteur de l’immobilier local. Selon les chiffres de l’Economic Development Board, la contribution des investisseurs français en matière d’IDE a augmenté de 30 % depuis que Maurice s’est lancé dans le secteur immobilier. Plus encore, les acheteurs français représentent 45 % des ventes nationales.

De l’analyse de Bénédicte Duvivier, «le marché français a toujours été le principal client pour l’immobilier. En effet, les Français sont amoureux de l’île Maurice et ont une attache historique et culturelle avec le pays».

Elle est rejointe dans son analyse par Patrice Legris. Prenant l’exemple d’Anahita, il observe que les Français sont friands des biens que propose notre pays. «La France est la nationalité la mieux représentée en termes d’acheteurs à Anahita, avec 36 % de nos ventes. Cela nous semble logique et s’explique par plusieurs facteurs, comme le fait que la France est le premier partenaire économique de Maurice ou encore la première nationalité pour les arrivées touristiques et pour les investissements immobiliers dans le pays. Et puis, les Français se sentent parfaitement à l’aise à Maurice parce que nous avons une langue et une culture communes mais aussi un très bon niveau d’infrastructures, des services de santé aux normes européennes, des écoles françaises de grande qualité, un faible niveau d’insécurité, un faible décalage horaire avec la France et également une fiscalité légère. Si nous ajoutons la Belgique et la Suisse, les francophones représentent même plus de 50 % de nos ventes.»

Même constat pour le représentant de PLEION Real Estate, qui soutient que le partenariat France-Maurice va bien au-delà de simples accords commerciaux. «Historiquement, le marché français est important pour Maurice. L’on observe ce fort lien au niveau du tourisme, des affaires et dans le secteur immobilier.»

Par ailleurs, les deux opérateurs soutiennent que Maurice doit aussi diversifier son portefeuille clients. À cela, ils pensent que l’Afrique ou encore d’autres marchés européens sont des pistes à explorer. «Nous voyons une dynamique se développer sur l’Europe du Nord. Mais nous notons essentiellement une nouvelle tendance au niveau des marchés africains, qui sont eux aussi à prendre en considération dans le futur», note Charles Devieilhe.


Jyoti Jeetun (CEO, Groupe Mont Choisy) : «Il y a eu des signes clairs d’une forte dynamique de reprise»

Le groupe Mont Choisy veut maintenir la dynamique dans l’immobilier, étant donné l’importance du secteur de la construction dans la reprise économique de Maurice après deux années de turbulences liées à la Covid-19.

 

Jyoti Jeetun (CEO, Groupe Mont Choisy)

Dans ce contexte d’incertitude, nous assistons à une forte inflation mondiale qui impacte le prix des matériaux de construction. Comment gérez-vous la situation au niveau de la commercialisation et de la construction de vos biens immobiliers ?

Effectivement, le climat local et international est très compliqué pour les entreprises en ce moment à plusieurs niveaux. Il y a actuellement trois dynamiques principales en jeu ; à savoir, l’inflation qui est causée par un certain nombre de facteurs (dont l’augmentation mondiale dans la demande pour les produits et services après deux années de Covid-19, la guerre en Ukraine), les retards et autres perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ainsi que les fluctuations en devises. À titre d’exemple, les prix de la majeure partie de notre offre immobilière est fixée en euros. Si le cours de cette devise s’échangeait à plus de Rs 48 il y a quelque temps, il a connu une chute significative pour atteindre Rs 44 à Rs 45 en avril 2022. Ainsi, nous nous devons de suivre cette situation de près pour ensuite prendre les mesures qui s’imposent. L’agilité reste primordiale en ces temps de crise.

Nous avons plusieurs chantiers de construction avec ce qu’on appelle le contrat à prix fixe. Donc, nous sommes protégés contre les augmentations sur les contrats en cours, mais il faut que les contracteurs en fassent de même avec leurs sous-contracteurs et leurs fournisseurs, sinon ils ne pourront pas tenir. De ce fait, les chantiers actuels ne sont pas impactés par l’inflation. Le souci concerne plutôt les appels d’offres que nous soumettons actuellement, car nous constatons une hausse colossale qui dépasse largement nos prévisions. C’est là où ça devient très inquiétant, car on vend et après, on construit. Une fois le contrat signé, il faut savoir que l’on ne peut plus changer le prix de vente.

Nous sommes constamment en train de naviguer autour de ces nouvelles perturbations tout en gérant plusieurs défis. Il faut aussi souligner qu’il y a un manque de personnel qualifié pour exécuter ces travaux. En effet, tous nos contracteurs font actuellement face à cette problématique qui retarde inévitablement l’achèvement des travaux.

L’Economic Development Board a organisé un ‘roadshow’ dans cinq villes françaises. Vous faites partie des opérateurs ayant participé à ce voyage. Pouvez-vous nous en parler ?

Je dois d’emblée souligner que c’était une superbe initiative de marketing pour promouvoir la destination mauricienne. Le roadshow était nécessaire, car l’investissement immobilier à Maurice était absent du marché international depuis trois ans. Il ne fait aucun doute que l’affluence autour des six événements en France et à Bruxelles a dépassé toutes nos attentes. De plus, il y a eu des signes clairs d’une forte dynamique de reprise. Nous devons désormais travailler dur pour concrétiser ces intérêts en faisant venir les acheteurs potentiels à Maurice afin que nous puissions conclure le plus de transactions possible.

Dans cette optique, ce roadshow organisé par l’EDB, et cofinancé par tous les participants, est la plateforme idéale pour améliorer la visibilité, le branding et le positionnement de Maurice en tant que destination préférentielle pour vivre, travailler et les loisirs. Outre les promoteurs immobiliers tels que le groupe Mont Choisy, nous étions également accompagnés de juristes, de fiscalistes, de notaires ainsi que d’investisseurs qui ont témoigné en faveur de Maurice. Pour ma part, il faut reconnaître que l’EDB a fait un superbe travail avec cette campagne intense qui s’est déroulée dans six grandes villes en l’espace de dix jours.

J’estime que c’est crucial de réaliser de tels événements bien planifiés sur nos marchés principaux ainsi que d’autres marchés émergents (par exemple, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Allemagne) afin de renforcer la visibilité de Maurice, car la compétition reste très forte au niveau international.

Parmi les gros projets de Mont Choisy, l’on retrouve des développements immobiliers au niveau de votre smart city qui sera rattaché à un projet résidentiel nommé La Réserve. Où en êtes-vous avec sa construction ?

Mont Choisy La Destination est aujourd’hui bouillonnant avec de très beaux projets qui sortent de terre. Depuis notre lancement en 2020, nous avons sans cesse innové et répondu à la demande croissante des investisseurs. Nous comptons actuellement sept projets en cours dont le plus conséquent est Mont Choisy La Réserve.

Les phases 1 et 2 de Mont Choisy Le Parc ont été livrées en 2018 et 2019. Alors que la construction de la phase 3 de Mont Choisy La Réserve est en progression. Je dois dire que les travaux avancent avec satisfaction et celle-ci sera normalement livrée en 2023. Il y a eu un tel engouement que nous avons aussi lancé la phase 4. Celle-ci comprend quelque 45 unités résidentielles, 29 appartements, 5 penthouses et 11 sanctuary villas. Ces différentes unités variant entre 131 m2 et 393 m2 allieront luxe, confort et architecture moderne. La construction de cette phase démarrera en août 2022, car nous voulons maintenir cette dynamique de reprise, étant donné l’importance du secteur de la construction dans la reprise économique de Maurice après deux années de turbulences liées à la Covid-19.

À ce jour, il reste uniquement quelques unités à vendre. Pour cause : les investisseurs croient désormais au potentiel de la région du Nord. De notre côté, nous mettons un point d’honneur à développer un projet qui allie à la fois le développement durable, intégré et inclusif. À la suite de ce succès sur toute la ligne, nous allons très prochainement lancer la commercialisation de la phase 5 de Mont Choisy La Réserve.

Dans le concret, pouvez-vous nous brosser un profil de votre clientèle au niveau de l’immobilier de luxe ?

Dans l’ensemble, nous suivons la tendance nationale avec 40 à 50 % de clients français, suivi d’environ 30 % d’investisseurs sud-africains. Toutefois, depuis la Covid-19, nous avons noté une hausse au niveau des Sud-Africains, qui est peut-être liée à des problématiques internes en Afrique du Sud, sans parler des émeutes de l’année dernière. Je dois souligner que nous avons une solide base mauricienne parmi la clientèle de Mont Choisy. À titre d’exemple, Bois des Champs est composé d’une clientèle à 100 % mauricienne et Les Allées du Golf compte 50 % de clientèle mauricienne. Par ailleurs, nous avons aussi constaté l’arrivée de plus en plus de jeunes étrangers sur le sol mauricien.

Parmi nos clients étrangers, qui sont majoritairement des Français et des Sud-africains, nous retrouvons aussi des acheteurs issus du Danemark, de Belgique, de la Slovaquie, de la Suède, de la Chine, de Singapour ou encore de la Grèce. Pour un appartement comprenant deux chambres à coucher à Mont Choisy La Réserve, nos prix débutent à 395 000 euros. Nous avons également des penthouses qui se vendent à partir de 1,4 million d’euros ainsi que des villas exclusives de luxe au coût de 1,3 million d’euros.


Patrice Legris (CEO, Alteo Property) : «La politique de Maurice d’avoir une ouverture sur l’international est un point clé pour attirer les investisseurs étrangers»

Le groupe Alteo œuvre à offrir aux habitants de l’est des services qui permettront de faire de cette région un lieu de vie épanouissant pour les familles qui souhaitent y habiter mais aussi pour les entrepreneurs qui recherchent le meilleur cadre pour leurs entreprises.

Patrice Legris (CEO, Alteo Property)

Dans ce contexte d’incertitude, nous assistons à une forte inflation mondiale qui impacte le prix des matériaux de construction. Comment gérez-vous la situation au niveau de la commercialisation et de la construction de vos biens immobiliers ?

Nous sommes très attentifs et inquiets quant à l’évolution des coûts de construction pour nos prochains projets et nous travaillons étroitement avec nos Quantity Surveyors pour avoir l’estimation la plus précise entre la phase de commercialisation et la phase de construction. Dans nos études de faisabilité nous devons prévoir des indices d’augmentation de hausse de prix annuelle suffisamment confortables pour gérer les éventuelles variations. Il faudra impérativement identifier des solutions en vue d’être plus compétitifs et réduire ces coûts.

De plus en plus l’on constate que l’argument du «Sea, Sun and Beach» devient obsolète pour la vente de biens immobiliers de luxe. Selon vous, quels sont les arguments que l’on pourrait mettre en avant ?

Effectivement, les caractéristiques intrinsèques de notre pays demeurent critiques pour promouvoir notre pays, à savoir, la population, le climat, les plages, la nature, etc. Par ailleurs, quand nos discussions avec les investisseurs potentiels vont au-delà du lifestyle, le cadre et l’environnement des affaires à Maurice sont des éléments clés pour eux. La politique de Maurice d’avoir une ouverture sur l’international favorisant les investissements et les affaires, est un point clé pour attirer les investisseurs étrangers.

Au niveau des programmes immobiliers eux-mêmes, le groupe Alteo a axé sa philosophie autour des notions de sustainable & wellness living pour ses développements futurs. Notre ambition est de construire un environnement de vie dans la région Est qui en fera un cadre de vie le plus épanouissant possible pour les familles mauriciennes et internationales qui décideront d’y vivre mais aussi pour les entrepreneurs qui recherchent le meilleur cadre pour leurs entreprises.

Le groupe Alteo compte Anahita, sa marque principale d’immobilier de luxe. Quels sont les projets associés à son développement ? Nous arrivons à la fin de la commercialisation d’Anahita, notre projet IRS dans lequel il reste actuellement une dizaine de lots disponibles. Ce sont essentiellement des terrains viabilisés mais aussi des villas en VEFA avec l’un de nos concepts architecturaux. L’acquéreur peut aussi faire appel à sa propre équipe de consultants dans le respect de notre cahier des charges.

D’ici à la fin de l’année, nous allons lancer une ultime phase qui sera composée de 12 lots. Nous pensons pouvoir achever la commercialisation d’Anahita dans les deux ans qui viennent pour pouvoir nous tourner ensuite vers nos futurs projets.

Avez-vous envisagé d’autres projets immobiliers de luxe ?

Nous avons annoncé il y a quelques semaines le lancement fin 2022 – début 2023 de notre nouveau projet. Il s’agit de la smart city Anahita Beau Champ. Elle se situera le long du programme IRS et s’étendra sur 100 hectares englobant notre ancienne usine qui sera réhabilitée. L’ambition pour ce projet avec des lots d’une superficie plus réduite qu’Anahita est de conserver les mêmes standards de qualité et de confort.

Nous avons décidé d’avoir un positionnement innovant pour notre smart city puisqu’elle aura une identité rurale très forte, lui donnant un caractère affirmé. Nous souhaitons en faire un lieu de vie où le bien-être sera au cœur de ce cadre de vie avec des espaces productifs agricoles ou encore récréatifs.

Nous voulons offrir aux habitants de l’Est des services qui permettront de faire de cette région un lieu de vie épanouissant pour les familles y vivant ou qui souhaitent y habiter ou y investir. Nous aurons aussi une offre immobilière variée pouvant répondre aux attentes des Mauriciens, des résidents mauriciens et des investisseurs étrangers avec des terrains à bâtir, des concepts en VEFA ou encore des appartements.


Maxwell Ternel (Managing Director, Property Hunters) : «Le marché du luxe n’est pas l’apanage des étrangers»

L’immobilier de luxe ne concerne pas que les étrangers, ce segment suscitant également l’intérêt des mauriciens. D’autant qu’avec les restrictions de voyage et les facilités d’investir dans la pierre, l’on assiste à une tendance qui s’affirme.

Maxwell Ternel (Managing Director, Property Hunters)

Property Hunters est une agence spécialisée dans l’immobilier local qui propose des biens dits de luxe aux Mauriciens. Peut-on dire que ces derniers sont attirés par l’immobilier de luxe ?

L’immobilier a toujours été, et davantage avec la pandémie, une valeur refuge par excellence. La Covid-19 a mis en lumière l’importance de l’habitat qui aujourd’hui devient le logement familial autant qu’un espace de travail grâce au développement du ‘Work from Home’. Par voie de conséquence, l’immobilier devient un placement incontournable. La demande de biens haut de gamme a donc augmenté du fait de ce changement de statut de la maison. Il est primordial de dénicher la perle rare, d’offrir des volumes plus importants et des terrains plus grands, même à des prix élevés. Par extension, cela accroît aussi la demande pour le sur-mesure.

Le marché du luxe n’est pas l’apanage des étrangers ! Un grand nombre de Mauriciens gagnent très bien leur vie, même si la discrétion prime. Un essor poussé par les difficultés à voyager ou encore le Home Owner Scheme introduit l’année dernière. Tout cela a contribué à une année record pour le secteur de l’immobilier.

Aujourd’hui, le marché économique est sensible et se caractérise par une poussée inflationniste, tant sur les plans local qu’international. Comment le secteur de l’immobilier, notamment celui du luxe, se comporte-t-il face aux facteurs exogènes économiques ?

L’immobilier est une des réponses à l’inflation mondiale pour les investisseurs en quête de rendement. Étant présent dans la sphère immobilière depuis plusieurs années, je peux avancer que «le luxe ne connaît pas la crise» comme le dit l’adage. Toutefois, il est évident que les événements récents et les tensions géopolitiques sur les marchés financiers ont entraîné des changements. Les coûts des travaux, le fret, les délais ont drastiquement augmenté et parfois au péril des entreprises du bâtiment qui ne peuvent plus garantir leurs prix.

Cette poussée inflationniste se couple à notre roupie fortement dévaluée. Cela a été une aubaine pour les investisseurs étrangers aisés qui, malgré la crise, bénéficient de leur «effet devise». De plus, le ‘Premium Visa’ introduit par le gouvernement a eu un impact positif sur cette clientèle qui n’avait pas forcément choisi notre pays au départ. Ce faisant, cela génère des locations à long terme, mais aussi de réelles opportunités d’investissements directs. Nous avons dernièrement traité plusieurs cas dans ce sens, et nous les accompagnons actuellement à finaliser des achats sur le territoire mauricien. De notre côté, cela s’est fait très naturellement, car nous avions depuis le départ axé une majorité de notre activité sur cette clientèle.

Comment Property Hunters se démarquet-elle sur ce marché spécialisé ?

Des concurrents sur ce si petit territoire, il y en a. Et c’est une bonne chose. J’accueille favorablement la concurrence qui génère une motivation supplémentaire ! Depuis le début, après une profonde analyse du marché, nous avons misé sur certaines lacunes dans le monde de l’immobilier que nous avons transformées en points forts. Chez nous, le client n’est pas qu’un numéro : il est au cœur de nos préoccupations. Je ne le cache d’ailleurs pas : j’ai une ‘obsession’ pour un service client hors pair. Notre entité est d’ailleurs aujourd’hui reconnue pour cela.

Nous comptons parmi nos clients d’importants hommes d’affaires qui aiment la discrétion, et qui travaillent avec nous en exclusivité. Comme vous l’avez souligné, notre expertise se résume principalement au marché local. Nous travaillons également sur notre implémentation sur d’autres territoires afin d’améliorer notre visibilité. Ce projet se concrétisera très bientôt.


Charles Devieilhe (Directeur, Pleion Real Estate) : «L’immobilier a toujours été un investissement refuge pendant les crises»

Le groupe PLEION Maurice maximise les investissements immobiliers de ceux désireux de se positionner sur Maurice, tant sur le plan structurel que financier.

Charles Devieilhe (Directeur, Pleion Real Estate)

PLEION Real Estate agit comme un facilitateur pour les investisseurs souhaitant acquérir un bien à Maurice. Pouvez-vous nous en dire plus ?

PLEION Real Estate a un rôle de conseil et d’accompagnement pour les investisseurs désireux de se positionner sur Maurice. Nous avons une réelle expertise du marché immobilier à l’international.

À Maurice, nous avons une neutralité par rapport aux différents produits, ce qui nous permet d’être objectifs. Nous analysons la pertinence de l’investissement en fonction de sa nature, qu’elle soit résidentielle, de rendement, mixte (c’est-àdire pour des clients qui souhaiteraient un rendement avec une location de type court terme mais aussi pouvoir passer du temps dans leur bien une partie de l’année ou pendant leurs vacances), ou commerciale (bureaux).

Nous sommes présents en amont de cet investissement (en tant que conseil) tout au long du processus d’acquisition, mais aussi sur le long terme pour la bonne gestion du bien immobilier ou du portefeuille immobilier.

Nous possédons, en parallèle, des services annexes pour répondre à toutes les attentes de nos clients. Tout d’abord, des services de maintenance (pour les suivis de construction et les suivis de travaux de maintenance), des services de conciergerie (déménagements, mise en place à la livraison du bien, installation, etc.), et des services de gestion administrative (permis de résidence, gestion des factures). Enfin, le groupe PLEION Maurice regroupe plusieurs activités nous permettant de maximiser les investissements immobiliers de nos clients, tant sur le plan structurel que financier.

En tant qu’expert accompagnateur pour l’achat d’immobilier de luxe, l’on constate que le secteur reste résilient en dépit de la crise. Comment l’expliquer ?

Maurice est un pays attrayant sur de nombreux points souvent cités. Son climat, ses loisirs et ses paysages diversifiés (mer, lagons et montagne), sa stabilité, son développement (nous pouvons dire que Maurice bénéficie de services identiques aux pays européens en termes d’infrastructure et de services de santé), les différentes langues parlées sur le territoire (français et anglais qui sont les langues les plus demandées), le fuseau horaire (nous avons un faible décalage avec les principales nationalités des investisseurs, tout d’abord l’Europe mais aussi l’Afrique du Sud et les Émirats arabes unis), et la facilité à faire des affaires (s’installer et créer une entreprise à Maurice est simple et rapide, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays).

Surtout, la qualité et le sérieux des développements immobiliers mauriciens jouent un rôle important dans le choix des investisseurs. L’encadrement et les garanties sont aujourd’hui plus poussés (les garanties en état futur d’achèvement et décennale), ce qui rassure les investisseurs. On constate aussi sur Maurice une diversité des biens immobiliers proposés, avec une fourchette assez large dans les budgets d’investissement.

Les accords diplomatiques et économiques influencent-ils les investisseurs immobiliers à opter pour la juridiction mauricienne ?

Les accords contractés entre de nombreux pays et Maurice sont un atout important dans le choix des investisseurs étrangers de se positionner sur Maurice (non-double imposition sur les revenus fonciers, et absence d’imposition sur les plus-values immobilières). La dynamique et l’évolution du marché sont tout aussi importants. Si l’on prend un recul de quelques années et que l’on analyse les transactions, on constate que l’évolution de la valeur des biens se traduit par des plus-values intéressantes. L’immobilier a toujours été un investissement refuge pendant les crises, et Maurice a su rester attrayant en regroupant tous ces arguments.

Comment PLEION Real Estate accompagne-t-il les étrangers souhaitant s’installer à Maurice ?

Le client est notre priorité. Nous mettons un point d’honneur à pouvoir nous rendre au plus proche d’eux afin de pouvoir répondre à leurs besoins. Cependant, suite à ces deux années de Covid, il a été difficile de nous déplacer dans les différents pays.

Nous avons repris les déplacements en 2022 et allons continuer en ce sens. Nous allons continuer à analyser le marché de l’immobilier dans les principaux pays d’Europe, à Dubaï et en Afrique du Sud, pour pouvoir avoir une expertise globale du marché de l’immobilier à l’international, mais aussi du portefeuille immobilier de nos clients.

Nous allons donc continuer à développer notre expertise afin de répondre avec précision aux attentes de nos clients.


BÉNÉDICTE DUVIVIER (RESPONSABLE DES VENTES, EVACO PROPERTY) : «Les acteurs et les autorités doivent continuer à travailler de concert pour vendre la destination»

Grâce à son intégration verticale, regroupant la logistique, l’achat, la construction et la fabrication, evaco property a su minimiser l’impact de l’inflation sur les prix de vente de ses biens immobiliers.

BÉNÉDICTE DUVIVIER (RESPONSABLE DES VENTES, EVACO PROPERTY)

Avec la forte inflation et la hausse du prix des matériaux, comment se déroulent la commercialisation et la construction de vos nouveaux biens immobiliers ?

En effet, 2020 et 2021 ont été des années très complexes à gérer pour la majorité des sociétés. Le coût des matières premières connaît une augmentation sans précédent. Également, on assiste à des retards de livraison sur l’île, qui impactent les délais de construction. Pour faire face aux difficultés induites par cette hausse des prix, nous avons réactualisé nos prix de vente et nous avons identifié les leviers sur lesquels nous pouvons minimiser l’impact financier tels que les achats, améliorer les délais d’exécution, mieux optimiser les coûts lors de commandes groupées, entre autres. Grâce à notre intégration verticale, regroupant la logistique, l’achat, la construction ou encore la fabrication, nous avons pu minimiser l’impact de l’inflation sur nos prix de vente.

Selon les chiffres de la Banque de Maurice, les investissements directs étrangers sont tirés vers le haut par le secteur de l’immobilier de luxe. Cela se reflète-t-il sur vos ventes ?

Malgré la crise, nous avons eu des retours positifs des acquéreurs qui ont énormément apprécié notre projet. Cap Marina est le plus important projet immobilier en cours de construction. C’est une opération qui se vend très rapidement de par son concept, mais aussi de par ses avantages en termes de propriétés et de services proposés. Plusieurs espaces de vie sont prévus : un espace commercial, un marché artisanal, une salle de gym, un spa, deux musées, entre autres.

Les premières phases du projet sont déjà bien entamées et la livraison des premières propriétés est prévue pour 2023. Les travaux de terrassement sont complétés sur l’ensemble du projet et la construction des autres phases avance à grands pas. Plus de 65 % du projet a été vendu et nous lançons prochainement la commercialisation de la dernière phase constituée de 54 villas de prestige. Après 20 ans sur le marché immobilier, nous avons acquis un savoir-faire unique. Notre force réside dans notre capacité à innover grâce à la multiplicité de nos expertises et de nos métiers.

L’Economic Development Board a organisé un roadshow en France visant à séduire la clientèle française. En tant qu’opérateur ayant participé à cet événement, que pouvez-vous nous en dire ? Nous remercions l’EDB pour avoir organisé ce roadshow. Cela nous a permis de rencontrer des professionnels du secteur ainsi que des investisseurs et de nouveaux clients potentiels. Après plus de deux ans de fermeture de frontières, ce genre d’exposition ne peut qu’être bénéfique pour les entrepreneurs. Plusieurs professionnels tels que des banquiers, des notaires ou encore des fiscalistes étaient présents pour donner de précieux conseils. En termes d’accueil, cela a été très positif. Il est important que tous les acteurs et les autorités continuent à travailler de concert pour vendre la destination.

Quel est le profil type de votre clientèle ?

Nos clients sont généralement des retraités ou des familles. Cela veut dire que la majorité d’entre eux sont des professionnels âgés de plus quarante ans et qui ont généralement des enfants. Concrètement, ils représentent environ 70 % de notre portefeuille clients. Leurs objectifs en venant à Maurice est d’y installer leur activité professionnelle, mais aussi de profiter d’un cadre de vie reposant sous le soleil.

Vers quels autres marchés comptez-vous désormais vous tourner ?

On va se concentrer sur des marchés phares tels que la France et l’Afrique du Sud. Nous allons également continuer à proposer des offres uniques sur le marché mauricien, qui est pour nous un marché important. Cap Marina propose un éventail de biens aussi bien aux Mauriciens qu’aux étrangers.

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