Type to search

Business files Entreprendre

Industrie locale une fenêtre d’opportunités s’ouvre en cette ère de disruption

Share
BUSINESS FILES BM1529 INDUSTRIE LOCALE

Après une phase d’industrialisation réussie, l’industrie locale a été reléguée au second plan au profit de l’économie des services. Un développement mal planifié qui fait qu’aujourd’hui, maurice fait face à un problème structurel majeur : on est beaucoup trop dépendant des importations, d’où la nécessité d’opérer un retour en arrière et d’enclencher un processus de réindustrialisation

AVEC le grand confinement et la paralysie des chaînes d’approvisionnement, l’on a constaté un retour au protectionnisme à travers le monde. En France, par exemple, le président Emmanuel Macron a fait de la ré-industrialisation son cheval de bataille dans le cadre de la campagne présidentielle. À Maurice, les industriels ont joué un rôle majeur, notamment en assurant la sécurité alimentaire et la sécurité d’approvisionnement pour les produits de première nécessité. Paradoxalement, c’est dans cette période noire qu’un lien très fort a été tissé entre l’industrie locale et les consommateurs. Le localisme n’est aujourd’hui plus un concept à la mode, mais il est adopté par un nombre grandissant de Mauriciens qui, de surcroît, ont compris que le Made in Mauritius n’a rien à envier aux produits importés.

Le redémarrage de la machine économique donne une fantastique fenêtre d’opportunités pour une réindustrialisation de notre économie. Valeur du jour, le secteur manufacturier contribue à hauteur de 10,5 % du PIB. Outre des recettes de Rs 40 milliards, il génère 50 000 emplois directs et 100 000 autres indirectement. Mais certainement, avec les perturbations actuelles aux chaînes d’approvisionnement et la flambée des prix des produits importés, les entrepreneurs locaux auraient tort de ne pas s’engouffrer dans la brèche et récupérer des parts de marché

«La production locale doit désormais se retrouver au cœur de notre économie»

À la base, quand le secteur manufacturier a été développé, c’était surtout pour devenir une industrie de substitution à l’importation. Par la suite, faute sans doute à une absence de planification économique, l’industrie locale a décliné. La conséquence majeure, on la connaît : on s’est retrouvé avec un dysfonctionnement dans notre modèle économique. En clair, on est trop dépendant des produits importés, avec pour conséquence un déficit commercial supérieur à Rs 120 milliards en 2021 alors que la balance courante est calculée à 13,6 % du PIB. Ainsi, en s’appuyant sur une base industrielle forte, l’on pourra corriger cette problématique structurelle pour réduire notre vulnérabilité à l’inflation importée, freiner la dépréciation de la roupie et l’exode des devises qui part dans le paiement de nos factures d’importation.

Tous ces arguments en faveur d’une consolidation du secteur industriel donnent davantage de poids aux actions d’organisations comme l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) qui mettent l’accent sur la production locale et dont le label Made in Moris n’épargne aucun effort pour valoriser les marques locales.

Favoriser la consommation locale

Interrogé sur l’apport des marques locales au secteur manufacturier, Bruno Dubarry souligne d’emblée que les producteurs locaux ont su répondre à l’appel en fournissant des produits de première nécessité durant les deux confinements liés à la pandémie de la Covid-19. En 2019, avant le début de la pandémie, nos importations en termes de nourriture tournaient autour des Rs 40 milliards avec des produits provenant de plus de 80 pays. Face à cette dépendance, le Chief Executive Officer de l’Association of Mauritian Manufacturers ne se voile pas la face. Selon sa lecture des faits, il est indéniable que le système alimentaire de Maurice n’est pas infaillible à certains risques par rapport à sa sécurité et sa stabilité.

Son analyse du secteur est partagée par Magalie Lo Hun. Confirmant que la pandémie de la Covid-19 a exposé notre fragilité et mis au jour notre sur-dépendance sur les produits importés, la Brand Manager de La Trobe affirme que «la production locale doit désormais se retrouver au cœur de notre économie». Estimant que nous avons déjà une production locale de qualité, elle indique qu’il faut continuer d’innover pour lancer d’autres produits de qualité sur le marché afin de permettre aux «entreprises locales de contribuer à l’import de substitution».

Magalie Lo Hun en profite pour rappeler que les consommateurs sont de plus en plus conscients des produits qu’ils achètent. S’il ne faut pas négliger l’aspect sanitaire et les conditions dans lesquelles les produits sont fabriqués, elle explique que les consommateurs font dorénavant également attention aux «taux de sucre, de sel, nombre de calories ou la quantité de matière grasse».

Business Files Industrie LocalePermettre aux entreprises locales de contribuer à l’import de substitution

C’est dans cette optique que la Brand Manager estime que le choix d’un produit ne dépend plus uniquement «du prix, du goût, de la forme ou du packaging». Ainsi, la prise en compte de la santé des consommateurs est tout aussi importante si l’on veut pousser les consommateurs vers la production locale.

Le label made in moris

Alors que l’un des principaux objectifs de l’Association of Mauritian Manufacturers est d’accompagner la transformation de l’industrie mauricienne, Shirin Gunny déclare que «le label Made in Moris est la seule vitrine qui valorise la qualité de la production locale». Soulignant que Made in Moris mène des campagnes de communication au niveau national depuis maintenant dix ans, la directrice générale du label mauricien indique que leur travail se focalise sur «la reconnaissance de l’industrie locale, la participation au dialogue entre le secteur privé et le secteur public» ainsi que l’évolution du secteur manufacturier de par une approche thématique et programmatique.

Réagissant sur l’impact de ce label, Alexis Delamaire assure que l’adhésion au label Made in Moris permet de surfer sur le succès d’une stratégie de développement territorial synonyme de qualité des produits. D’après le Managing Director de Credit Guarantee Insurance Ltd, cela apporte «une visibilité commerciale et une dynamique nécessaire à moyen terme». Même son de cloche du côté de La Trobe. Magalie Lo Hun confirme qu’après dix ans d’activité, «Made in Moris s’est fermement établi dans le paysage commercial mauricien, faisant presque figure d’autorité suprême en ce qui concerne la qualité des produits et l’authenticité de leur provenance». S’appuyant sur leurs marques Nature’s Juice et Krusty, qui font partie de l’aventure Made in Moris depuis le tout début, elle révèle que «les produits locaux de La Trobe ont grappillé pas mal de parts de marché à des marques internationales ces dernières années».

Stimuler l’exportation

Depuis le Budget 2020-21, l’État accorde une subvention qui couvre les frais d’adhésion des entreprises au label Made in Moris. Tout en saluant l’impact positif de cette mesure incitative, Alexis Delamaire précise qu’il faut inclure aussi d’autres subventions telles que celle de l’Economic Development Board qui permet le remboursement de la prime d’assurance-crédit à l’exportation. Rappelant que ce programme a pour objectif «d’encourager les exportateurs éligibles à souscrire une assurance pour leurs exportations directes dans le monde entier» afin de sécuriser les échanges tout en stimulant les exportations de Maurice, le Managing Director indique que cette aide est «exclusivement réservée aux entreprises mauriciennes qui fabriquent ou produisent des biens locaux».

Ainsi, cette mesure encourage les entreprises à adhérer au label Made in Moris et de souscrire à l’assurance-crédit pour les exportations dans le but de sécuriser leurs opérations commerciales, faisant ainsi d’une pierre deux coups. Sur l’année 2021, l’expert en assurance révèle que «l’État a contribué au remboursement de la prime à hauteur de Rs 5 000 000 pour nos clients, ce qui leur a permis d’avoir la sérénité de faire des affaires avec des clients en Afrique» tout en couvrant le risque lié au défaut de paiement ou d’insolvabilité de leurs clients. Au final, cela accroît leur engouement pour produire plus afin de développer le label Made in Moris à la fois sur le marché local et celui de l’exportation.

 

Tags:

You Might also Like