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«Le MICE est la colonne vertébrale de l’événementiel»

Il est nécessaire de représenter une île qui a à cœur son environnement. Selon Jean-luc Manneback, ce critère est devenu important pour les étrangers.

Comment le MICE influence-t-il l’événementiel ?

Le MICE est à l’événementiel ce que la colonne vertébrale est à notre squelette. À lui seul, il représente les meetings (réunions), les incentives (les voyages de motivation et autres voyages d’affaires), les conférences et les expositions. Le MICE fait fonctionner tout un écosystème qui passe par le voyage, l’accueil et les transferts, l’hôtellerie, les loisirs, l’événementiel et à partir de là, tous les métiers qui oscillent autour de ces domaines. C’est dire si le MICE représente une partie importante de notre tourisme car il ne faut pas oublier que chaque invité deviendra ensuite un ambassadeur en puissance pour notre destination. Il est donc capital afin de préserver une grande partie du chiffre d’affaires du pilier économique que représente le tourisme à Maurice, de trouver toutes les pistes pour s’assurer de redynamiser le secteur du MICE par rapport aux destinations compétitrices.

Quelles sont les stratégies à ce niveau ?

Bien évidemment, le secteur du MICE est pratiquement à l’arrêt depuis début 2020 suite à la pandémie de la Covid-19. Cependant, il faut noter que ce qui pour certains est un marché de niche était déjà en perte de vitesse car le marché du MICE a toujours eu pour période de prédilection la basse saison. Or, le tourisme individuel fonctionnait tellement qu’il n’y avait plus de place dans les hôtels pour accueillir les groupes et il était de plus en plus rare de voir de beaux groupes à Maurice. Par ailleurs, les restrictions, notamment en termes de tourisme médical et pharmaceutique au départ de certains pays comme la France, avaient aussi plombé ce marché. Enfin, les crises successives n’ont pas aidé.

«Le MICE représente une partie importante de notre tourisme car chaque invité deviendra ensuite un ambassadeur pour notre destination»

Comment vendre Maurice comme une destination pour le MICE ?

Tout d’abord, il faut que notre destination renoue avec son fonds de commerce initial qui était le sourire qui, il faut le dire, s’était un peu figé et ce, bien avant la Covid-19. L’accueil légendaire de notre population était et doit rester notre marque de fabrique.

Il est dommage de constater que les nouvelles générations sont moins enclines à travailler dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie, ce qui oblige beaucoup d’établissements à trouver de la main-d’œuvre étrangère et la Covid-19 a encore précipité cette situation. Il faut reformer nos “bataillons” mauriciens mais aussi nettoyer notre île et avoir un esprit écoresponsable à une époque où la cause de l’environnement est devenue un critère primordial aux regards des visiteurs étrangers. Il suffit de regarder l’état de nos routes et toutes les saletés qui traînent malgré les efforts du gouvernement et de quelques rares associations. Là c’est au niveau de l’éducation qu’il faut agir.

Enfin, s’il y a des efforts importants entrepris pour promouvoir notre destination, il faudrait peut-être multiplier les incentives pour le MICE, par exemple éliminer totalement la TVA sur les prestations pour les groupes MICE. Il y a beaucoup d’autres pistes à explorer mais au niveau de la technologie et des services événementiels, il est clair que notre île n’a plus rien à envier aux autres destinations.

Quels sont les projets à venir ?

Tout a été très dur ces deux dernières années et il est évident que l’avenir n’est pas tout rose mais il faut avoir des objectifs et surtout continuer à rêver car si en tant que créateur d’événements nous perdons ce qui fait partie intégrante de l’ADN de nos équipes : le rêve, que restera-t-il ?

Nous avons beaucoup de projets comme nous en avons toujours eu et notamment celui de créer un parc événementiel unique dans la zone de l’océan Indien. Avec nos partenaires, nous y avons beaucoup travaillé ces 24 derniers mois car nous avions du temps à y consacrer et il verra peut-être le jour bientôt. Croisons les doigts car cela permettrait de proposer un produit innovant et exclusif à la fois pour les Mauriciens et pour le tourisme en général et le secteur du MICE en particulier.

Pour le reste, nous avons fait beaucoup de marketing et dès l’ouverture “sans contrainte de quatorzaine” en octobre, ces efforts ont porté leurs fruits. Il faut maintenant lever la contrainte des groupes de 50 personnes et les choses vont redémarrer, nous en sommes convaincus. Car notre destination reste une île magnifique et notre culture un exemple pour l’humanité dans des temps de plus en plus troubles.

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