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«Le tourisme d’affaires est en train de se redessiner avec la digitalisation»

Le tourisme d’affaires à Maurice a toujours été le parent pauvre du tourisme, avec un pourcentage d’arrivées très négligeable, souligne le Managing Director, Tourism Business Intelligence, qui déplore que cette performance n’ait pas évolué au fil des années.

Comment se porte le tourisme d’affaires à Maurice ?

Le tourisme d’affaires à Maurice a toujours été le parent pauvre du tourisme avec un pourcentage d’arrivées très négligeable (4 % seulement) et cela dure depuis plusieurs décennies. Cette performance n’a pas vraiment évolué au fil du temps car le pays est plutôt connu pour son offre classique de destination carte postale depuis les années 70 alors que l’île Maurice d’aujourd’hui a un paysage économique dynamique et des infrastructures intéressantes pour faire de bonnes affaires. Mais aujourd’hui, avec la Covid, la situation a changé drastiquement car le tourisme dans son ensemble ne décolle pas vraiment.

Avec le télétravail qui a pris de l’ampleur dans le monde depuis la Covid, l’impact sur le tourisme d’affaires se fait davantage sentir car les gens n’ont pas besoin de voyager pour faire des affaires, assister à des conférences et même pour faire du shopping. Avec la digitalisation, la réalité augmentée et l’intelligence artificielle, le tourisme d’affaires est en train de se redessiner. D’où la nécessité pour la destination de faire preuve d’ingéniosité et d’innovation pour réussir le secteur du tourisme dans sa globalité et sa nouvelle normalité

Comment mieux vendre Maurice comme une destination pour le MICE ?

Maurice n’a jamais construit la réputation de son tourisme sur le MICE malgré le grand potentiel que ce sous-secteur pourrait avoir. C’est un créneau particulier et bien structuré sur le marché mondial. Il faut avoir les infrastructures nécessaires et du personnel formé pour ce type de tourisme qui valait à lui seul, avant la Covid, plus de 32 milliards d’euros globalement. Aujourd’hui, avec le télétravail qui a pris de l’ampleur, et surtout avec les incertitudes qui règnent partout dans le monde : la guerre, la flambée du prix du pétrole, le coût du billet d’avion, l’inflation et tant d’autres, les données changent et il devient encore plus difficile pour Maurice de se positionner maintenant dans ce créneau spécifique qu’est le MICE. Il va sûrement revenir en force sur la scène touristique mondiale, mais je ne pense pas que Maurice pourra en tirer de gros bénéfices de sitôt à cause d’un manque de facilités, de capacité d’accueil, de personnel formé, pour satisfaire cette clientèle spécifique. Plus tard peut-être que ce marché va reprendre de la couleur, surtout avec la technologie 5G. Si Maurice continue à ne vendre que le produit soleil-mer-plage avec une approche hautement sélective par rapport aux marchés cibles, nous continuerons à être à la traîne sur la concurrence qui a pris plusieurs longueurs d’avance sur nous.

Quelles sont les principales tendances sur ce marché spécialisé ?

Dans le cadre du tourisme d’affaires, une tendance fort intéressante se dégage au niveau mondial et Maurice pourra remodeler ses attraits pour se positionner dans ce créneau. C’est un nouveau concept connu comme Bleisure et qui propose un mélange de tourisme d’affaires et tourisme loisirs. Ce type de clientèle voyage pour les affaires mais se fait aussi accompagner par la famille pour prolonger le séjour et passer des moments de loisirs et de repos dans la destination. Elle vise à optimiser un voyage avec un bon mélange de travail, de découverte, de détente et de bien-être. Il faut savoir que nous entrons dans l’ère du tourisme expérientiel et donc il faut s’y préparer en conséquence.

«La qualité du service et la sécurité seront des facteurs déterminants pour la réussite du tourisme mice»

Suivant une reprise graduelle du tourisme, pouvons-nous nous attendre à une croissance dans le secteur du MICE ?

Le secteur MICE est très vaste et comporte beaucoup de facteurs clés à prendre en considération pour sa réussite. Il comprend beaucoup d’éléments, notamment, l’événementiel, l’art, la culture, la gastronomie, l’animation, le transport, et tout cela pour plusieurs milliers de visiteurs dans un seul lieu. Donc, beaucoup d’opportunités d’emplois et des rentrées de devises. Avec la Covid, les promoteurs vont réfléchir à deux fois avant d’organiser des activités MICE dans des destinations lointaines. Maurice n’est pas encore prêt pour s’embarquer sur la totalité de ce segment du marché. Cependant, pour la seule partie ‘incentives’ de MICE, je suis d’avis que Maurice a quelques cartes intéressantes à jouer. Mais il faut commencer par développer les infrastructures nécessaires et former nos jeunes pour faire face à la particularité de ce marché.

C’est un marché très exigeant et on n’a pas droit à l’erreur. Nous ne sommes pas encore connus pour ce type de tourisme qui a ses spécificités propres. Développer le marché MICE veut dire attirer de gros volumes d’arrivées avec des besoins particuliers, surtout en termes de capacité de sièges d’avion, capacité d’accueil à l’aéroport, capacité de chambres, de facilités médicales très sophistiquées, un système de transport sans encombre, des salles modernes pour des conférences et des expositions, ainsi qu’une connectivité Internet ultra rapide ainsi que des services digitalisés. La qualité du service et la sécurité seront des facteurs déterminants pour la réussite du tourisme MICE. Cela dit, tout repose sur la vision du gouvernement, la volonté du secteur privé et le professionnalisme de nos institutions pour un nouveau ‘business model’ pour notre tourisme.

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