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Marché Automobile : Une reprise qui tarde à venir

Une inflation galopante, un fret en hausse, des taux de change défavorables annexés à une roupie qui se déprécie s’ajoutent à des ventes en berne et aux problèmes d’approvisionnement des véhicules. Notre marché étant relativement petit, il faut s’attendre maurice.

Le marché automobile, comme tant d’autres secteurs économiques du pays, fait face à des moments difficiles. Confrontés à des problèmes d’approvisionnement, une inflation galopante, l’augmentation du coût du fret et des ventes en berne, les opérateurs tentent tant bien que s’en sortir malgré une absence de visibilité sur le long terme. Engluées dans des problèmes de trésorerie, les entreprises, quant à elle, réduisent leurs dépenses et revoient leur stratégie concernant la gestion de leur flotte automobile. Autant d’éléments qui se répercutent aujourd’hui sur les chiffres de ventes.

Les acteurs du secteur craignent, en effet, que la barre des 10 000 véhicules neufs ne soit pas franchie pour la troisième année consécutive en 2022. En effet, que 8 711 véhicules neufs ont été immatriculés en 2020 et 9 562 en 2021 contre 11 302 en 2019. Une tendance baissière qui pourrait encore perdurer à cause de la guerre en Ukraine et de la pénurie de semi-conducteurs. «Les stocks réduits de nouveaux véhicules seront définitivement le problème No. 1 pour l’automobile. Mais nous aurons aussi un autre défi de taille ; celui de prêter main-forte à l’économie locale, non seulement en investissant dans notre pays et dans les énergies renouvelables, un des secteurs dans lequel nous sommes déjà présent, mais aussi en aidant nos employés et concitoyens à surmonter ces temps difficiles dus à l’hyperinflation à laquelle le monde entier fait face», souligne Éric Leal. Et de prévenir : «Attendre plusieurs mois pour sa livraison est désormais la tendance générale.»

Si la situation demeure compliquée pour les opérateurs économiques, quel que soit leur secteur d’activité, il en est de même pour les consommateurs, dont le porte-monnaie ne cesse de s’alléger avec les augmentations successives. Les automobilistes ont ainsi vu le prix de l’essence s’envoler en février pour dépasser la barre des 60 roupies et s’établir à Rs 67,40 le 25 avril dernier. Cette augmentation fait suite à celle déjà enregistrée en décembre dernier. Au total, le prix du carburant à Maurice a augmenté de 40 % en deux ans. Une situation qui, en toute logique, a boosté la vente de véhicules hybrides et électriques durant cette période. «En 2021, le marché des voitures électriques (EV) neuves était d’approximativement 120 unités. En 2022, la MVDA (Motor Vehicle Dealers Association) prévoit environ 370 livraisons, soit une augmentation de plus de 300 %», fait ressortir le CEO du groupe Leal. Cette tendance, qui est appelée à s’accentuer dans les années à venir, est venue remettre au-devant de la scène la question d’un réseau national de bornes de recharge. Les principaux acteurs du marché automobile ont multiplié ces dernières années les réunions de travail avec les pouvoirs publics pour concrétiser ce projet qui, selon certains observateurs, tarde à se matérialiser. Pour l’heure, les seules rares bornes de recharge disponibles sont le fruit d’initiatives d’entreprises privées.

RENDRE L’INDUSTRIE DU TRANSPORT MOINS POLLUANTE

Afin de faire avancer la réflexion et accélérer la création d’un réseau de bornes de recharge électrique alimentées en énergies propres, l’université des Mascareignes a lancé, début avril, un projet de recherche intitulé Green charging of electric vehicles in Mauritius. Ce projet de recherche, mené en partenariat avec l’université de Perpignan de France et qui bénéficie du soutien de HSBC Mauritius, se déroulera sur trois ans. «L’université des Mascareignes a relevé le défi de contribuer à l’initiative gouvernementale d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030. Le climat mondial est fortement affecté par les émissions de dioxyde de carbone dues à une industrie des transports de plus en plus polluante, nous ne pouvons rester insensibles. Le passage à la mobilité électrique s’avère essentiel. Cependant, nous devons encourager l’utilisation d’énergies propres et renouvelables pour alimenter notre flotte croissante de véhicules électriques», expliquait le Dr Latchoomun, responsable du projet, à l’occasion du lancement.

«Nous sommes très fiers de soutenir l’université des Mascareignes à hauteur de Rs 745 000, pour la première année de son programme de recherche. Comme la transition vers les véhicules électriques est importante pour le climat, il est essentiel de s’assurer qu’ils sont alimentés à l’énergie propre et verte. Par conséquent, rendre la recharge solaire économiquement et techniquement viable pour les propriétaires de véhicules électriques est une étape essentielle pour placer Maurice sur la voie de devenir une plaque tournante pour les véhicules électriques verts», a pour sa part déclaré Bonnie Qiu, CEO HSBC Mauritius. Pour montrer la voie, l’université des Mascareignes a fait installer dans son enceinte une borne de recharge solaire qu’elle envisage, à terme, de mettre à la disposition des habitants de la région. Une première étape qui en appellera sans doute d’autres à l’avenir.

Confrontés à une nouvelle crise, après celle de la Covid-19, les acteurs du marché automobile multiplient les initiatives pour relever la tête et préserver la pérennité de leurs activités. Loin de se laisser abattre, ils affichent par leurs investissements leur optimiste quant à une reprise économique d’ici la fin de l’année.


LES CONCESSIONNAIRES OPTIMISTES

Malgré une situation économique compliquée, le groupe Leal continue d’investir et prévoit de démarrer la construction de nouveaux showrooms et de garages à Montebello Smart City. Ceux-ci seront situés de l’autre côté de l’autoroute, en face des showrooms KIA, à Pailles. «À travers nos investissements, les distributeurs de voitures neuves montrent leur con¾ance dans le futur de l’économie mauricienne. Pour rappel, le secteur automobile représente aujourd’hui plus de Rs 6 milliards de revenus annuels pour le gouvernement et ce chiffre n’a pas baissé au ¾l des années», déclare Éric Leal. Tout comme le groupe Leal, d’autres groupes, tels qu’Axess et le groupe Bamyris ont également investi dans de nouveaux showrooms, convaincus de la résilience de l’économie mauricienne en général, et du marché automobile en particulier.


EXTERNALISATION DE LA GESTION DES VÉHICULES D’ENTREPRISES

En attendant la révolution électrique que l’on nous promet depuis quelques années maintenant, les entreprises, elles, doivent conjuguer avec une situation économique précaire. Inquiètes des possibles conséquences du conflit russo-ukrainien, nombre d’entreprises ont décidé de réduire leurs coûts d’opération. Et cela passe par la réduction de leur flotte mais également l’externalisation de la gestion des véhicules d’entreprises. Une aubaine pour les entreprises spécialisées dans ce secteur et qui ont vu arriver de nouveaux clients. «Aujourd’hui, le secteur est en constante évolution et les entreprises ont de bonnes raisons d’adopter le fleet management outsourcing», constate David Ramsay, Senior Manager de Fleetleader Mauritius. Conscientes des difficultés rencontrées par leurs clients, les entreprises de gestion de flotte ont, pour la plupart, adapté leurs services. «Chez Fleetleader, nous comprenons que certains clients peuvent se retrouver en difficulté financière. C’est la raison pour laquelle nous offrons la possibilité à nos clients de restructurer leur contrat le temps de traverser une période délicate. Nous avons, par ailleurs, mis en place un système de moratoire afin de soulager le cash-flow de certains clients», explique David Ramsay.


David Ramsay (Senior Manager, Fleetleader Mauritius) : “La gestion de flotte est de plus en plus envigasée”

La crise sanitaire fait place à une nouvelle crise économique dans le sillage du conflit russo-ukrainien. Dans quelle mesure cette situation affecte-t-elle la bonne marche de vos opérations ?

Le conflit russo-ukrainien est venu accroître un contexte économique déjà difficile suivant la crise sanitaire liée à la Covid-19. Nous notons du retard sur l’approvisionnement, que ce soit en termes de pièces de rechange ou encore de véhicules neufs. Chez Fleetleader Mauritius, nous nous assurons cependant que la mobilité de nos clients ne soit pas affectée car nous mettons des véhicules de remplacement à leur disposition afin qu’ils puissent opérer normalement.

Quel regard jetez-vous sur le marché de la gestion de flotte de véhicules ? La situation économique a-t-elle poussé les entreprises à revoir le fonctionnement de leur flotte automobile ?

Depuis quelques années déjà, de plus en plus d’entreprises font le choix d’externaliser la gestion de leur flotte pour diverses raisons, dont l’efficience et surtout pour se concentrer davantage sur leurs cœur de métier. Avec la crise sanitaire liée à la Covid-19, obligeant les entreprises à réduire les coûts opérationnels, ce service est de plus en plus envisagé. Aujourd’hui, le secteur est en constante évolution et les entreprises ont de bonnes raisons d’adopter le fleet management outsourcing.

Comment proposez-vous de les accompagner durant des moments difficiles ?

Chez Fleetleader, nous comprenons que certains clients peuvent se retrouver en difficulté financière. C’est la raison pour laquelle nous offrons la possibilité à nos clients de restructurer leur contrat, le temps de traverser une période délicate. Nous avons, par ailleurs, mis en place un système de moratoire afin de soulager le cash-flow de certains clients. Toutefois, à part quelques exceptions où les décisions de renouvellement ont été reportées, la plupart de nos clients ont maintenu le renouvellement de leur flotte automobile.

Quels sont les produits et services que vous leur offrez ?

Fleetleader, entreprise du groupe ABC, est spécialisée dans la gestion de flotte pour les entreprises. Le fleet management est une activité qui consiste à gérer une flotte de véhicules de la façon la plus optimale en termes d’utilisation et de coûts. Depuis le lancement de nos activités en 2009, la flotte n’a jamais cessé de grandir. Aujourd’hui, ce n’est pas un hasard si nous sommes le leader dans ce secteur à Maurice. En parallèle à notre service de gestion de flotte, nous proposons des solutions de maintenance aux entreprises et aux particuliers ainsi qu’un service de dépannage 24/7, AAA. Notre clientèle, composée de firmes locales et internationales, opère dans divers secteurs d’activités.

Comment vous y prenez-vous pour vous différencier dans ce secteur très concurrentiel ?

Fleetleader propose une relation client personnalisée et un suivi méthodique des flottes sous gestion. Cet accompagnement client tout au long du contrat nous donne un avantage concurrentiel certain. D’ailleurs, un sondage indépendant réalisé récemment nous conforte dans notre approche client avec un score 90 % en termes de satisfaction clientèle. Notre excellence opérationnelle est non seulement axée sur le service clientèle, mais aussi l’expertise technique et l’optimisation des coûts. Notre service est également basé sur l’écoute et la transparence, sans oublier notre éthique et notre politique de bonne gouvernance.

D’ailleurs, notre portefueille client comporte des renouvellements de flotte qui en sont à leur deuxième voire troisième cycle, ce qui est un gage certain de la confiance placée en Fleetleader par nos clients et nous leur en sommes reconnaissants.

De même, la qualité de l’équipe en termes d’expérience et de leadership contribue grandement à nous démarquer ; l’obtention de la certification Great Place to Work vient confirmer la fierté de nos collaborateurs de faire partie de notre entreprise et d’œuvrer pour une experience client unique.


Naveo : La référence de la gestion de flotte automobile

Vishant Unathras, General Manager de Naveo

Spécialisée dans les solutions de gestion de flotte et de télémétrie, Naveo est une entreprise que l’on ne présente plus. La plateforme que l’entreprise met à disposition de ses nombreux clients offre une vue globale et en temps réel des opérations quotidiennes des flottes automobiles, permettant ainsi de réduire les coûts, d’augmenter la productivité et de tirer le meilleur parti du temps productif. Cet outil est aujourd’hui plus que jamais indispensable pour les entreprises désireuses de mieux contrôler leurs coûts mais également le comportement routier de leurs salariés. «Dans un contexte déjà agité de pressions inflationnistes mondiales sur fond de hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et de chaînes d’approvisionnement perturbées à la suite de la pandémie de coronavirus, la guerre entre la Russie et l’Ukraine exacerbe les tensions entre l’offre et la demande, nuit à la confiance des consommateurs et menace la croissance économique mondiale. Nous proposons justement la gestion des flottes de véhicules avec une solution innovante qui consiste à avoir une vue détaillée sur la consommation de carburant, l’itinéraire effectué à ce qui a été planifié, le comportement du conducteur et aussi d’avoir un aspect de sécurité comme avoir des alertes en temps réel, par exemple les accélérations brusques», explique Vishant Unathras, General Manager de Naveo. Forte de 35 salariés, Naveo est aujourd’hui un interlocuteur de référence en matière de gestion de flotte automobile.

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