Business Magazine

Services de sécurité – Un marché en plein essor

Les agents de sécurité postés dans des guérites devant des immeubles de bureaux, des bâtiments commerciaux et des propriétés privés font désormais partie du paysage quotidien. De même, être scruté en permanence par des caméras de surveillance n’émeut plus personne. Et pour cause, les mesures de sécurité n’ont cessé ces dernières années de se durcir face à l’augmentation de l’insécurité sur l’île. Une tendance qui, selon les principaux opérateurs du secteur, devrait encore se maintenir à l’avenir.

COMME tous les autres secteurs, celui de la sécurité a connu un coup d’arrêt, en 2020, avec la pandémie, suivi de la fermeture des hôtels, avant de reprendre des couleurs en fin d’année dernière. « Le marché du gardiennage à Maurice est tributaire des biens et des valeurs que nous générons. Il va donc de soi que depuis le début de la pandémie qui nous a frappé, le marché s’est rétréci avec la fermeture de nos frontières, entraînant le déclin de l’industrie de l’hospitalité et les coupes budgétaires dans la majeure partie de nos industries », explique Yves Gourel de St Pern, Managing Director chez Avacor. Une situation délicate qui a mis les finances d’entreprises plus petites dans le rouge ces derniers mois. « Nous avons heureusement pu retrouver une grande partie de nos activités à l’issue du confinement, ce qui nous a permis de retrouver une certaine stabilité », laissent entendre les dirigeants de ces petites structures.

Si la demande pour la surveillance humaine est en croissance  constante, l’intérêt des jeunes pour le métier d’agent de sécurité fait quant à elle défaut. Les principaux opérateurs du secteur confient, en effet, leurs difficultés à recruter de bons candidats en nombre suffisant. « D’une part, le métier n’est pas professionnalisé et, d’autre part, on retrouve beaucoup de personnes de plus de 65 ans qui travaillent dans ce domaine et de moins en moins de jeunes voulant y faire carrière », déplore Vilas M. Soopramanien, Chief Executive Officer de Caudan Security Services. Une situation souvent pointée du doigt par de nombreux observateurs et clients. « Le manque de personnel est décrié par tous les opérateurs, et cela même si le Remuneration Order a été amendé pour rendre le secteur plus attrayant – moins de 72 heures de travail par semaine, paiement d’heures supplémentaires –, mais force est de constater que c’est encore loin d’être suffisant pour attirer les jeunes », note Bernard Leong Son, directeur de First Response Ltd. Ces changements, ajoutés à d’autres, destinés à améliorer les conditions de travail, ont par la même occasion eu pour effet de faire grimper les coûts d’opération. « Le Workers Rights Act, qui a été promulgué à la même période, a résulté en une hausse constante de nos coûts de gardiennage. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de passer à nos clients en augmentant nos tarifs de façon substantielle. Par ailleurs, ce qui nous cause le plus de frustration reste la concurrence déloyale que nous subissons des petites sociétés qui pratiquent des tarifs dérisoires. Cela découle selon toute probabilité du non-respect des nouvelles législations en matière de salaires et autres conditions d’emploi », souligne, pour sa part, Yves Gourel  de St Pern.

Conscientes d’opérer dans un secteur sensible, les entreprises de sécurité ont recours à un exercice de sélection draconien. « Nous assurons que nos agents n’ont pas d’antécédents judiciaires et pour cela, nous exigeons qu’ils aient un certificat de caractère libre de toute mention. Ce qui les qualifie pour l’obtention d’une Private Security Licence octroyée par le Commissaire de Police, après avoir reçu les formations nécessaires », explique Bernard Leong Son. Une fois sélectionnés, les heureux élus bénéficient d’une formation pointue afin qu’ils puissent accomplir leurs tâches de manière professionnelle.

En effet, la clientèle étant de plus en plus exigeante, elle accorde une attention particulière à la qualité du personnel qui sera chargé de veiller sur ses biens. «N otre programme de formation ainsi que nos formateurs sont homologués par le HRDC et enregistrés auprès des autorités de police qui régissent notre secteur d’activité. Nous ne cessons pas de répéter et de consolider cette formation. Du reste, cette année nous avons pour but d’étoffer davantage la formation de notre main-d’œuvre à tous les niveaux. Des rappels de formations sont aussi mis en place pour l es employés moins performants», souligne Yves Gourel de St Pern.

“Si la demande pour la surveillance humaine est en croissance constante, l’intérêt des jeunes pour le métier d’agent de sécurité fait quant à elle défaut.”

CLIENTÈLE RASSURÉE

Outre la surveillance humaine, la commercialisation, l’installation et l’entretien d’équipements de sécurité représentent également un marché en plein essor à Maurice. Les entreprises spécialisées dans ce secteur proposent aujourd’hui une multitude de produits innovants. « Les alarmes et caméras de sécurité sont le résultat des nouvelles technologies en vigueur. L’utilisateur peut désormais être averti de toute infraction et même visualiser, notamment à distance et à tout moment, ce qui se passe chez lui. Si la mission première des caméras de surveillance maison consiste à contrôler une situation en cas d’alerte, elle est tout aussi efficace lorsqu’il s’agit de rassurer l’utilisateur en cas d’absence prolongée », explique Maxime Rambert, Managing Director de Kosi Xpanda.

Avec l’avènement de l’Internet des objets, les caméras de sécurité ainsi que les détecteurs de mouvements se sont fait de plus en plus discrets et efficaces. « Ces équipements connectés permettent non seulement de sécuriser ses biens mais aussi de les rendre plus ‘smart’. Les avantages sont que ces objets sont sur la même plateforme que le système d’alarme, donc à portée de main du client. Il est à noter que les produits connectés (dites IOT) n’offrent, en général, pas nécessairement le même protocole de sécurité informatique qu’un système d’alarme homologué et correctement installé », prévient tout de même Vilas M.  Soopramanien.

Côté budget, l’on estime, chez First Response, qu’il est possible d’équiper sa maison correctement à partir de  Rs 15 000 même si la facture peut vite s’élever à Rs 50 000, dépendant de l’étendue de la zone à sécuriser et du type d’équipement choisi. Devant la pléthore d’équipements plus ou moins abordables, la demande pour les équipements de sécurité enregistre depuis quelques années une croissance constante. Une tendance qui devrait encore s’accentuer à l’avenir.

Manque de main-d’œuvre qualifiée

Les opérateurs s’accordent à dire que le secteur de la sécurité et du gardiennage pourrait mieux se porter si la main-d’œuvre disponible était qualifiée et disposait d’une formation adéquate. Ainsi, bien que le nombre de clients grandit, le développement des opérateurs est quelque peu freiné par le manque d’agents de sécurité à travers l’île mais aussi le vieillissement de la population. Le gros problème, c’est que les agents ne sont pas stables dans le secteur de la sécurité et que c’est très difficile d’avoir des agents qui fassent toute une carrière dans le secteur du gardiennage. Par conséquent, si l’importation de la main-d’œuvre n’est pas envisagée, comme c’est le cas dans d’autres secteurs, le développement des compagnies est endigué. La dangerosité du métier est aussi mise en exergue, avec des risques d’agression sur les agents de sécurité.

 

Exit mobile version