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Commerce : S’adapter à une inflation galopante

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Le commerce local est fortement dépendant des importations. Pour cause : étant un état insulaire, Maurice se trouve limité au niveau de sa production. La consommation locale est ainsi exposée à la conjoncture économique internationale. Maurice a d’ailleurs traversé une période sensible récemment, avec la conjugaison de l’impact de la Covid-19 et du conflit russo-ukrainien qui a mis à mal les chaînes d’approvisionnement dans le monde et fait grimper l’inflation. Avant 2020, la facture des importations locales tournait autour de rs 195 millions. En 2020, avec la fermeture des frontières et le nombre limité d’intrants avec la Covid-19, la facture s’est établie à Rs 165 millions. Mais c’était sans compter sur les impacts différés de la pandémie sur la production mondiale de divers produits et équipements. En 2021, les importations se sont hissées à Rs 215 millions, sans pour autant résulter d’une augmentation du nombre d’intrants. 2022 est également une année compliquée pour les importations. Car la guerre en Ukraine est venue accentuer la pression sur les chaînes d’approvisionnement. Les derniers chiffres de Statistics Mauritius soulignent que les importations aux trois premiers trimestres de 2022 se chiffrent à Rs 214 millions. Une situation qui pousse les entreprises à établir des stratégies afin de minimiser l’impact de ces hausses sur le consommateur. C’est d’ailleurs un défi qui se poursuivra en 2023 avec la menace d’une récession mondiale.

GM Punjabi : Vers une croissance de 43 % pour le prochain exercice financier

FONDÉE en 1974 par Golpadas Punjabi, GM Punjabi était spécialisée dans l’importation de vêtements indiens. À sa reprise par Padam Punjabi, il insuffle aux activités de l’entreprise une nouvelle vision. GM Punjabi se lance alors dans l’importation d’articles électroménagers et propose des marques comme Hisense, Ferre, Wahl, Suzuki Time ou encore Ingco, entre autres. Toujours avec son esprit visionnaire, le CEO de GM Punjabi s’est récemment lancé dans l’importation d’équipements intelligents, notamment des articles IOT (objets connectés). Cette stratégie est d’ailleurs l’un des moteurs de croissance de l’entreprise et lui a permis de se placer comme un acteur incontournable du secteur du commerce à Maurice. GM Punjabi réalise d’ailleurs une belle performance financière en 2021, avec un chiffre d’affaires de Rs 614 millions.

Mais quels sont les autres facteurs qui ont permis cette croissance financière alors que les chaînes d’approvisionnement subissent des pressions avec la guerre en Ukraine ? Padam Punjabi répond que la consommation a repris après les périodes de confinement. Et cela, en dépit d’un cycle inflationniste persistant. Mais le vrai secret de cette réussite réside dans un plan d’action établi après la crise de la Covid-19. «Nous avons élaboré toute une stratégie pour optimiser les ventes. Dans un premier temps, nous nous sommes assurés de disposer de stock conséquent pour tous nos produits. Ensuite, nous avons accepté de réduire notre profitabilité en absorbant les coûts supplémentaires engendrés par la crise économique. En maintenant nos prix d’avant la crise, nous avons misé sur une stratégie quantitative en vendant le plus possible», explique- t-il. S’ajoute à cette stratégie, la récente Coupe du Monde qui a dynamisé la vente des téléviseurs. «Nous anticipons une croissance de 43 % pour l’exercice financier 2022».

En 2023, Padam Punjabi projette la fusion de ses deux entrepôts sous un seul toit. «Cela nous permettra une optimisation de nos coûts, mais facilitera également nos ventes», explique-t-il. Autre projet phare, la compagnie tend à avoir plus de visibilité sur le marché mauricien.

Courts Mammouth : Investissement dans le digital

COURTS Mammouth occupe la première place des entreprises de commerce à Maurice. Avec un chiffre d’affaires de Rs 2,9 milliards en 2021, elle réalise une progression de 42 % en com- paraison avec sa performance financière de 2020. Cette croissance a permis à la compagnie de se classer à la 39e position de l’édition 2022 des Top 100 Companies. Une année prolifique car l’entreprise s’était classée à la 51e position dans l’édition d’avant. Pour Andrew Cohen, CEO de Courts Mammouth, cette performance vient récompenser les efforts effectués par la compagnie pour améliorer ses services et proposer des produits pertinents aux Mauriciens.

Cette performance est également le fruit d’investissements dans la digitalisation des opé- rations de la compagnie. Courts Mammouth récolte ainsi les bénéfices de sa plateforme e-com- merce lancée en 2020. La compagnie a d’ailleurs profité de la dernière année pour optimiser ses services de livraison. Parallèlement, Courts Mammouth a implémenté des solutions de paie- ment adaptées au contexte économique avec la hausse de l’inflation. Elle a aussi ouvert deux magasins en décembre, à Bel Air et Vacoas.

Redline distribution : Des campagnes promotionnelles pour contrer l’inflation

FONDÉE il y a 16 ans par Pierre Lee, RedLine Distribution est une entreprise qui commercialise divers articles d’électroménager. Avec près de 70 employés, elle représente pas moins de quinze marques internationales dont SHARP, AEG ou encore Kuvings. Dominique Lee, Sales Manager de RedLine Distribution, explique que les produits proposés vont de l’électroménager à l’équipement de maison ainsi que des accessoires. «Tous nos produits sont disponibles chez nos revendeurs à travers l’île, ainsi qu’à nos showrooms de Bagatelle Motorcity et de Grand Baie. Nous avons aussi un portail d’achat en ligne sur lequel tous nos produits sont disponibles», explique-t-elle.

S’étant placée à la 22e place des entreprises de commerce les plus prolifiques de 2021, RedLine Distribution a généré un chiffre d’affaires de Rs 201 millions. Dominique Lee attribue le secret de cette réussite à l’adoption d’une approche résiliente des opérations de la compagnie. «Nous misons beaucoup sur du personnel qualifié et engagé envers notre entreprise. Nous nous tenons également à leur disposition afin de les aider dans leur tâche. Nous avons aussi une appétence particulière pour les produits innovants. On est d’ailleurs à l’écoute aussi bien de nos partenaires que de nos clients afin de trouver les équipements dernier cri. Le service est également une partie primordiale de notre business. Nous avons d’ailleurs des techniciens qualifiés et un département où toutes les requêtes sont traitées dans les plus brefs délais. Grosso modo, les clés de la longévité sont nombreuses, et le travail assidu est primordial», explique-t-elle.

Mais ce ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent la performance de l’entreprise. Étant exposée aux difficultés des chaînes d’approvisionnement, RedLine Distribution a élaboré une stratégie pour mitiger les effets de l’inflation. «Les coûts du fret ont considérablement augmenté avec l’éclatement de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne. Plutôt que de passer directement ces coûts additionnels aux clients, RedLine a pris l’engagement de les absorber


Padam Punjabi (CEO, Gm Punjabi) : «Le principal souci sera l’inflation en 2023»

Quels sont les enjeux du secteur du commerce en 2023 ?

Le principal souci demeurera l’inflation en 2023. Cela entraînera très probablement une baisse de la consommation, d’autant que l’on parle de plus en plus d’une possible récession de l’économie mondiale. Il faudra également avoir un œil sur le key rate qui risque de mettre une charge importante sur les finances des entreprises importatrices comme la nôtre. L’autre enjeu important sera le manque de main-d’œuvre à Maurice. Toutefois, pour terminer sur une bonne note, les importa- teurs constatent que les prix du fret sont actuelle- ment en baisse et on espère que cela durera.

Comment votre entreprise compte-t-elle s’adapter à ces nouveaux enjeux ?

GM Punjabi travaille actuellement sur un «Operation Cost Optimisation» qui nous permettra d’être plus efficient. On pense d’ailleurs finaliser cette partie d’ici février 2023. Le secret pour parer aux crises économiques est d’avoir une stratégie propice à toutes les situations. Les recettes générées et la croissance de notre entreprise vont nous permettre le recrutement de 25 personnes en janvier. Avec l’aide de collaborateurs, nous espérons consolider nos opérations.

Quels sont vos conseils pour gérer une entreprise de distribution à Maurice ?

Premièrement, il faut avoir un esprit innovant et un goût particulier pour entreprendre et manager des équipes. Un entrepreneur doit aussi savoir gérer ses propres tâches, mais être également à l’écoute de ses collaborateurs. Personnellement, je mets également un point d’honneur dans la gestion des ressources humaines. J’aime voir mes collaborateurs grandir avec moi. Nous comptons d’ailleurs des employés avec près de 35 ans de service chez nous.

Il faut aussi que l’entrepreneur «think outside the box». Gérer une entreprise de manière traditionnelle rapporte généralement bien moinsnirqu’une personne qui prend des risques.

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