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Révolution numérique : quelles conséquences pour l’entreprise ?

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Révolution numérique : quelles conséquences pour l’entreprise ? | business-magazine.mu

Fondateur d’une dizaine de journaux traitant d’informatique, Luc Fayard était à Maurice le jeudi 12 mai pour animer une série de conférences sur la révolution numérique. Il nous présente quelques-unes des idées fortes qu’il développe lors de ses exposés.

Journaliste indépendant, Luc Fayard a fondé pas moins de dix journaux sur l’informatique. Selon lui, la révolution numérique est un phénomène planétaire qui se traduit par un usage intensif de l’Internet, des mobiles et des réseaux sociaux, aussi bien au sein du grand public que dans l’entreprise. «Le fait que les citoyens se soient approprié les premiers ces usages et ces outils a contaminé l’entreprise», estime-t-il. Un phénomène particulièrement frappant avec l’arrivée au travail de la génération Y, née avec ces outils et qui réclame au bureau ou à l’usine un environnement de travail aussi performant que celui qu’elle a à la maison.

«Deux éléments essentiels caractérisent la numérisation de l’entreprise et de la société : la vitesse et l’agilité», poursuit Luc Fayard. La vitesse est le résultat d’une croissance de l’innovation technologique de manière exponentielle alors qu’elle était plutôt, jusqu’à présent, en mode linéaire : imaginez qu’en une minute sur Internet, une app de smartphone comme WhatsApp traite 20 millions de messages ! Le traitement de ces quantités phénoménales d’informations a été rendu possible par le développement de l’«hypercomputing» et de nouveaux logiciels de traitement de données non structurées.

Résultat : l’information est toujours à portée de clic. L’usage par le citoyen et l’entreprise de ces outils numériques se traduit par une présence sur Internet 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Chacun s’attend à un résultat immédiat de sa commande ou de sa transaction. Le numérique fluidifie les process, accélère les cycles de production et de livraison. On peut même fabriquer soi-même ses produits avec une imprimante 3D: une prothèse de main comme une voiture ! Couplée avec l’offre concurrentielle du cloud computing et la disponibilité de données que procure le Big Data, la capacité opérationnelle du business devient indépendante de la taille de l’entreprise.

La deuxième caractéristique de la révolution numérique, l’agilité, est une conséquence de la vitesse : pour aller vite, il faut assouplir le fonctionnement de l’entreprise, passer du silo et de la hiérarchie au collaboratif et au circulaire. Il faut changer les relations au travail, susciter les bonnes motivations des collaborateurs, s’ouvrir à un écosystème qui comprend aussi bien les clients que les employés et les partenaires.

Quant aux projets, il faut les gérer différemment : finis les schémas directeurs, les plans à cinq ans ! Vive les petits projets à résultats immédiats, portés par de petites équipes mixtes, travaillant sur le mode de la «pizza team», c’est-à-dire une équipe de huit personnes en moyenne, capable de partager une pizza sur un coin de table. Selon un expert en psychologie organisationnelle, Richard Hackman, au-delà de ce nombre, les idées partent dans trop de directions et entraînent des résultats négatifs sur la productivité.

Vitesse et agilité sont les qualités à obtenir dans le fonctionnement de l’entreprise : elles doivent donc en premier lieu s’appliquer au management et venir de lui. Les managers sont les leviers du changement : ils doivent eux-mêmes se réorganiser en équipes collaboratives pour accélérer la prise d’information et la prise de décisions. L’allocation de temps et de ressources entre préparation des projets et exécution doit être différente : désormais, on se prépare plus vite et, quand on agit, on met en route une procédure de feed-back permanent qui permet d’améliorer le projet au fur et à mesure. «Tel est le cercle vertueux de la révolution numérique!», conclut Luc Fayard.