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Leadeuses de demain

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Nathalie Fanchin

Ce 8 mars 2021. Une seconde Journée internationale des droits des femmes placée sous le coup de la pandémie. Même si tout un chacun est impacté, les femmes sont les plus touchées.

Confinées ou déconfinées, elles subissent désormais le poids du décloisonnement de leurs deux univers : travail et famille, cette crise sanitaire ayant redéfini les pourtours de leur vie. Elles affichent aussi un taux de perte d’emplois supérieur aux hommes. Les statistiques à l’international le prouvent. On parle d’ailleurs de she-cession, anglicisme qui résume parfaitement la récession féminine à laquelle on assiste impuissantes.

Au-delà, la Covid-19 aura été un révélateur d’inégalités face aux différents enjeux de société. L’égalité des sexes est plus que jamais à la traîne, les cas de violences faites aux femmes ont pris l’ascenseur et les avancées obtenues sont hypothéquées. Pour preuve, un rapport d’ONU Femmes lié aux effets de la Covid-19 sur les femmes et les filles, qui fait état d’«inégalités structurelles», d’«impacts disproportionnés» et d’«acquis menacés».

Quel leadership ? Sur ces entrefaites, cette Journée des femmes 2021 se place sous le thème du Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19. Un thème qui interpelle à plus d’un titre. D’autant plus dans un contexte où les lignes sont floutées par une horde d’incertitudes quant à l’avenir à court, moyen et long termes.

Est-ce possible dans un environnement, croulant sous le poids des préjugés, qui n’est ni inclusif ni égalitaire ? Que faire pour que les femmes participent au processus décisionnel dans cette nouvelle ère imposée par la Covid-19 ? Comment procéder pour que les perspectives féminines soient intégrées dans les politiques de relance ?

Parler d’un leadership féminin présuppose que certaines spécificités féminines permettent de contribuer autrement au développement de notre société. Il présuppose également que le désir de prendre le lead existe. Mais ce besoin existe-t-il chez la femme lambda, sachant que les freins réels et perçus (plafond de verre, boys’ club fermé, syndrome de l’imposteur, sacrifices, etc.) sont légion ?

Que faire ? Car les femmes leaders restent rares même si les talents existent, même si elles sont plus que capables de résilience, de se réinventer. Attendre que ça se fasse ou que ça se passe n’est définitivement pas une option. Se bouger, passer à l’action à différentes échelles, se faire entendre serait un début prometteur.

Il ne s’agit pas non plus de confronter le leadership féminin au masculin. Une catégorisation par genre est contraire à l’objectif. On ne le soulignera jamais assez : la lutte pour l’égalité ne se remportera pas sans les hommes. Il s’agit plutôt de trouver une voie et de donner une voix aux femmes dans les lieux décisionnels. Mais cela ne se fera pas sans qu’elles ne croient en elles et qu’elles ne s’autorisent à y accéder.

Des lendemains meilleurs ? Pour cela, il faudrait s’attaquer au problème à la source en révisant notre système éducatif encore très genré. Il faudrait digérer le fait que le sens du leadership tient aussi d’une construction sociale. Il faudrait favoriser des rencontres avec des leadeuses de tous bords. Que celles-ci racontent leurs parcours, leurs victoires, leurs échecs, leurs doutes, leurs difficultés. Ainsi, les femmes comprendraient que la notion même de réussite a changé, qu’on peut être humaines et réussir.

Puis il y aurait les outils à fournir pour leur donner les moyens de progresser, d’atteindre leurs objectifs. Cela impliquerait des changements structurels au sein des entreprises, un volontarisme politique et l’engagement des hommes. Car dans un monde égalitaire, il n’existerait pas de leadership féminin ou masculin, mais un leadership tout court basé sur les compétences. Et Dieu sait que les femmes en ont !

 

– Nathalie Fanchin.

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