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Construction : Le prix des matériaux toujours volatil

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Les compagnies de construction font face à de nombreux défis. En effet, la hausse de l’inflation, la compensation salariale, le coût de faire venir les travailleurs étrangers ou encore le prix volatil des matériaux de construction font de l’ombre à ce secteur important pour l’économie mauricienne. Un mécanisme de price adjustment est ainsi envisagé par la building and civil engineering contractors association.

COMMENTANT l’évolution des prix des matériaux depuis 2019 et l’impact sur les coûts de construction, Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA), estime qu’en trois ans, l’industrie a connu une hausse de 25 à 35 % des coûts d’exploitation. Même si depuis septembre dernier les prix ont amorcé une légère tendance à la baisse, ils demeurent toujours plus élevés comparé à la même période en 2021. L’indice des prix à la construction (CPI) a enregistré un léger déclin pour atteindre 131,9, et a ensuite maintenu une tendance à la baisse pour atteindre 130,8 en décembre. Toutefois, malgré cette tendance à la baisse, les prix dans le secteur demeurent toujours très élevés et volatils.

Ravi Gutty prévoit que le coût des intrants, notamment celui des matières premières, va poursuivre son influence négative sur le secteur de la construction cette année. «Ce n’est guère de bon augure et tout porte à croire que les coûts de production continueront à prendre l’ascenseur. L’industrie de la construction est toujours confrontée à des défis de taille dans cette ère post-pandémique et dans un climat économique mondial actuel instable. Les entreprises de construction locales ont besoin de l’aide du gouvernement pour rester à flot et rester compétitives sur le marché local.»

Anil Rambarun, président de la Building Materials Manufacturers Association (BMMA), affirme, lui, que depuis 2019, avant la Covid, et jusqu’à fin 2022, le prix des matériaux de construction de base

– concassage/béton/préfabriqué

– a connu un véritable bond estimé entre 18 % et 25 %. Les produits importés n’échappent pas à cette hausse.

HAUSSES INSOUTENABLES

La hausse des prix des matériaux de construction affecte des projets privés et publics. Ravi Gutty constate qu’en 2022, les prix des matériaux ont connu une envolée fulgurante. Il ajoute que les pénuries et les retards dans les livraisons de matériaux persisteraient à court terme ; cela est associé à des scénarios de perte pour les contrats à prix fixe. Il précise que le fait que les contrats ne font pas provision pour les fluctuations de prix sur le marché ne permet pas aux contracteurs de disposer d’‘une bouée de sauvetage’. Ravi Gutty préconise donc l’introduction d’un mécanisme de price adjustment transparent dans les contrats de construction.

«La majorité des projets à Maurice démarrent avec du retard par rapport au plan initial et à la date de soumission des prix, pour diverses raisons administratives ou autres. Nous nous retrouvons ensuite sous pression, avec l’inflation qui a augmenté entre-temps. Personne n’aurait pu prévoir que l’inflation allait prendre une telle envergure. Le gouvernement devrait légiférer sur la fluctuation des prix dans les contrats de durée au-delà de six mois pour assurer la survie des entreprises du bâtiment et aussi pour éviter qu’elles soient obligées de travailler sur de plus grosses marges, cela afin d’atténuer les risques d’augmentations de coûts», soutient Ravi Gutty.

Il fait ressortir que la compensation salariale de Rs 1 000 aura des répercussions importantes sur le coût de production. «Même si nous comprenons que le coût de la vie a augmenté, pour beaucoup d’entreprises il est difficile de soutenir cette compensation par les temps qui courent. Pour une entreprise de 500 employés, cela représente une hausse de Rs 500 000 par mois de sa masse salariale et de Rs 6 millions par an. Cela affectera définitivement la profitabilité de l’entreprise. Il en va de même pour le coût du transport, qui a connu une hausse importante au cours de ces trois dernières années, directement liée au coût du fuel et de la main-d’oeuvre», argue Ravi Gutty.

En ce qui concerne les matériaux de base, Anil Rambarun est d’avis que les clients constructeurs et consommateurs ont consenti aux augmentations. Chacun a dû s’ajuster et modifier son budget malgré les contraintes financières. Mais les fournisseurs subissent les conséquences des retards dans les paiements.

FAIBLE INTÉRÊT POUR LES 5 % DE CASH-BACK

Lors de la présentation du Budget 2021-2022, le gouvernement a introduit un plan de 5 % de cash-back sur le coût des logements pour encourager les Mauriciens à construire. Une enveloppe de Rs 2 milliards a été allouée à ce plan. Au niveau de la Building Materials Manufacturers Association, les effets de cette mesure budgétaire sont nuls. Du côté de la Building and Civil Engineering Contractors Association, Ravi Gutty indique que malgré ce plan salutaire pour le Mauricien et l’industrie de la construction, l’engouement est resté timide jusqu’ici car le pouvoir d’achat des particuliers peine à retrouver un niveau satisfaisant. Il estime que la hausse de l’inflation oblige le Mauricien moyen à attendre de meilleures conditions économiques avant de se lancer dans la construction. Cela concerne aussi les promoteurs et développeurs de projets privés tels les villas, les projets IRS, etc. qui ont dû revoir leurs budgets de développement initiaux à la hausse.

RÉVISER À LA BAISSE LES FRAIS DE PERMIS DE TRAVAIL

Le monde du travail, tous secteurs confondus, a subi de plein fouet le ralentissement économique de la crise mondiale. Le secteur de la construction n’y échappe pas. Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association, fait ressortir que la pénurie de main-d’oeuvre reste toujours problématique. Le secteur est toujours affecté par un manque de personnel, et le recours à l’importation de main-d’oeuvre n’est pas de tout repos, non plus. Selon lui, il faut non seulement avoir le permis, puis sélectionner les travailleurs, mais aussi avoir les permis de travail, les faire venir et les installer dans un dortoir. «Les procédures prennent du temps, soit entre trois et six mois au minimum. Nous appelons à réviser à la baisse les frais de permis de travail et les taux appliqués aux travailleurs migrants qualités importés pour être en ligne avec le secteur manufacturier. Cela soutiendrait la croissance de la construction, car l’industrie de la construction dépend fortement de l’importation de travailleurs étrangers pour respecter les délais et les engagements des projets», indique Ravi Gutty. Il ajoute qu’à court terme, le recours à la main-d’oeuvre étrangère est malheureusement un besoin essentiel, mais cela reste beaucoup trop coûteux.

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